HUMA MOSAIK - MOSAIK RADIOS - HISTOIREL'Histoire en marche avec des amis du journal l'Humanité2024-02-22T20:21:24+01:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://evry-mosaique91.hautetfort.com/diazdhttp://evry-mosaique91.hautetfort.com/about.html22 février 1944 : le poète Robert Desnos est arrêté, avant d'être déporté vers « Nuit et brouillard »tag:evry-mosaique91.hautetfort.com,2024-02-22:64864982024-02-22T20:17:25+01:002024-02-22T20:17:25+01:00 Il y a 80 ans, le résistant a été emmené pour un interrogatoire rue des...
<p><strong><span style="font-size: 14pt;"><a href="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/00/01/1010757855.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6513791" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/00/01/636327658.jpg" alt="Desnos.jpg" /></a>Il y a 80 ans, le résistant a été emmené pour un interrogatoire rue des Saussaies, à Paris, avant d’intégrer la prison de Fresnes. Ensuite le camp de Compiègne avant Auschwitz, puis Buchenwald, et encore les marches de la mort… pour finir à Terezin.</span></strong></p><p><span style="font-size: 14pt;"><em>Par Olivier Barbarant, poète pour l'Humanité<br /></em></span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Le téléphone est alors chose rare. Il vient d’être installé au 19, rue Mazarine. Il sonne fort tôt au matin de ce 22 février 1944, et une voix féminine put prévenir que la Gestapo sortait de la rédaction d’<em>Aujourd’hui</em> où elle pensait trouver Robert Desnos. Le poète contribue alors au journal depuis sa fondation, en septembre 1940, par Henri Jeanson, lequel a trouvé durant un bref automne le moyen d’y faire régner un esprit de liberté.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Jeanson vite écarté, Desnos a fait le choix d’y rester, glissant dans des chroniques apparemment anodines sur le cinéma, la musique ou la chanson un air plus pur que celui de la propagande, et souvent parfumé d’allusions. Il publie, anime des émissions de radio, travaille pour le cinéma, trouvant ainsi les moyens de subvenir aux besoins de sa compagne, Youki, mais aussi d’Alain Brieux, que le couple cache comme <a href="https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/sto/septembre-1942-le-sto-quand-vichy-offrait-des-travailleurs-au-reich" target="_blank" rel="noopener">réfractaire à la loi du service du travail obligatoire</a> (STO).</span></p><h2 class="wp-block-heading"><span style="font-size: 14pt;">Desnos, le résistant</span></h2><p><span style="font-size: 14pt;"><a href="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/00/00/296907070.png" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6513792" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/00/00/2803268849.png" alt="desnos2.png" /></a>Ce 22 février, Desnos lui ordonne de s’enfuir en lui confiant un paquet à jeter à l’égout. Brieux racontera plus tard qu’il croise dans l’escalier les trois agents en civil. Après la fouille mettant à sac une bibliothèque que Desnos a pris soin d’expurger en janvier, il est interrogé rue des Saussaies, puis expédié à la prison de Fresnes.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Les motifs de l’arrestation ne manquent pas. Matricule P2 du réseau de résistance Agir, ajoutant des publications interdites sous pseudonyme aux contributions autorisées, hébergeant des clandestins, Desnos a parfois mêlé à l’action une certaine imprudence verbale. Une vieille polémique avec Céline dans <em>Aujourd’hui</em> en mars 1941, une plus violente querelle avec le secrétaire du collaborateur Alain Laubreaux avec lequel il en est venu aux mains au Harry’s Bar en 1942 ne sont que la part la plus parisienne d’autres audaces.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Il semble par exemple que les fusils cachés dans la cour, rue Mazarine, n’aient pas été trouvés par la Gestapo. Mais la suractivité artistique, militante et combattante de ces mois brouille les cartes. On peine à savoir ce que savaient les Allemands.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Il fallait l’aveuglement vitupérant des émules surréalistes de<em> la Main à plume</em> pour prétendre condamner en août 1943 <em>« M. Desnos, collaborateur d’</em>Aujourd’hui<em> »</em>, quand le journal lui permettait d’accéder à des informations dont il glissait les transcriptions à son réseau…</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Malgré ses incartades furieuses, la discrétion de Desnos lui fait taire aussi sa participation à la destruction d’un train de munitions en gare de Maintenon le 18 février 1944, où son camarade André Verdet affirme qu’il se trouvait. C’est le résistant Desnos qui est arrêté, peu après son chef Michel Hollard, torturé début février sans avoir lâché le moindre nom.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Commence alors un terrible chemin de croix. Transféré le 20 mars à Compiègne où il composera l’admirable poème <em>Sol de Compiègne</em>, comme un oratorio en amont des autres camps (<em>« Craie et silex et herbe et craie et silex/Et silex et poussière et craie et silex »…</em>), Desnos aurait pu être maintenu à Royallieu. Cette faveur arrachée par Youki auprès du responsable du camp est annulée par Laubreaux, qui a appris la nouvelle le 1<sup>er</sup> avril chez Maxim’s : <em>« Pas déporté ! Vous devriez le fusiller. C’est un homme dangereux, un terroriste, un communiste. » </em>L’assassin finira, lui, des jours tranquilles en 1968 dans l’Espagne de Franco…</span></p><h2 class="wp-block-heading"><span style="font-size: 14pt;">Auschwitz et les marches de la mort</span></h2><p><span style="font-size: 14pt;">Arrivé le 30 avril à Auschwitz, réexpédié à Buchenwald le 12 mai, où l’on ajoute au tatouage d’identification le triangle rouge des politiques, transféré le 25 à Flossenbürg, Desnos trouve enfin le 2 juin sa destination dans la bureaucratie nazie tournant à plein régime : Flöha, où les détenus valides sont employés dans une usine d’armement. Par maladresse d’intellectuel ou sabotage (ils sont nombreux), Desnos est éloigné des machines et cantonné au balayage.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Tous les survivants racontent comment le poète, à chacune de ces destinations, est pour ses compagnons de malheur un soleil. Chansons, improvisations poétiques, organisation des séances d’épouillage sont opposées à l’enfer, tant qu’il en eut la force, la voix <em>« chaude et joyeuse et résolue »</em> <a href="https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/printemps-des-poetes/desnos-alias-robert-le-diable-le-veilleur-du-pont-au-change" target="_blank" rel="noopener">du <em>Veilleur du Pont-au-Change</em></a>. Mais c’est roué de coups, les lunettes brisées après un conflit avec le kapo cuisinier que Desnos, épuisé, sera jeté sur les routes de l’évacuation des camps devant l’avancée des troupes alliées, du 14 avril au 7 mai 1945.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">À Terezín enfin rejoint, où il est identifié par deux étudiants en médecine tchèques qui l’accompagneront jusqu’à sa fin, Desnos figure sur une photographie datée du 8 mai 1945. Celui qui peut donc apprendre la victoire, crâne rasé, maigre à faire peur, offre pout tout sourire à l’objectif qu’il peine à discerner une douloureuse grimace. Le typhus aura raison de ce qui lui reste de forces le 8 juin, à 5 h 30 du matin. <em>Le Bain avec Andromède</em>, publié clandestinement en 1944, avait su prédire le dernier mot : <em>« Plus loin le monstre fuit./ Le ciel est dépassé ».</em></span></p>
diazdhttp://evry-mosaique91.hautetfort.com/about.htmlFaits historiques ou libertés de Ridley Scott ? Le vrai du faux de "Napoléon"tag:evry-mosaique91.hautetfort.com,2023-11-30:64735492023-11-30T18:35:06+01:002023-11-30T18:15:00+01:00 Le réalisateur britannique a tenté de condenser l'immense saga...
<p style="text-align: center;"><a href="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/00/02/282476772.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6493904" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/00/02/1046518135.jpg" alt="Napoleon.jpg" /></a></p><h2 class="article-header__chapo"><span style="font-size: 14pt;">Le réalisateur britannique a tenté de condenser l'immense saga napoléonienne dans un film d'action hollywoodien. Voici quelques-uns de ses procédés et les libertés qu'il a prises avec l'histoire.</span></h2><p><span style="font-size: 14pt;">Il n'est pas très difficile de comprendre ce qui attire les réalisateurs dans l'histoire de <a href="https://www.slate.fr/dossier/34717/napoleon-bonaparte" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Napoléon Bonaparte</a>, un homme sorti de l'ombre pour mobiliser d'innombrables soldats et du matériel à foison, afin de réaliser une vision prétendument impossible. L'un des premiers à s'y aventurer, en 1927, fut le Français Abel Gance qui produisit <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Napol%C3%A9on_(film,_1927)" target="_blank" rel="noopener noreferrer">une épopée de cinq heures trente</a>, restée l'étalon-or dans le domaine.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Plus tard, <a href="https://www.slate.fr/dossier/13459/stanley-kubrick" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Stanley Kubrick</a> s'est lancé dans la réalisation d'un <a href="https://www.slate.fr/dossier/14713/biopic" target="_blank" rel="noopener noreferrer">biopic</a> qui s'est avéré trop ambitieux et trop cher pour voir le jour, bien que Steven Spielberg ait récemment caressé l'idée d'en adapter les notes <a href="https://www.marianne.net/culture/quel-est-le-film-oublie-de-kubrick-sur-napoleon-dont-spielberg-veut-faire-ladaptation-en-serie" target="_blank" rel="noopener noreferrer">pour réaliser une mini-série</a> sur sept heures. Et voilà que Ridley Scott s'est invité dans la danse avec un film de deux heures et demie pour le <a href="https://www.slate.fr/dossier/43/cinema" target="_blank" rel="noopener noreferrer">cinéma</a> (une version longue d'au moins quatre heures est <a href="https://www.ecranlarge.com/films/news/1496691-napoleon-ou-est-version-longue-ridley-scott-sortie-apple" target="_blank" rel="noopener noreferrer">supposée être diffusée plus tard sur Apple TV+</a>).</span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><a href="https://www.slate.fr/dossier/34115/ridley-scott" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Ridley Scott</a> a voulu s'attaquer à la nature démesurée des épopées napoléoniennes en les réduisant à leur essence: les principales campagnes militaires, des batailles captivantes et, au cœur du film, <a href="https://www.slate.fr/story/256839/napoleon-histoire-amour-josephine-mythe-tomperie-passion" target="_blank" rel="noopener noreferrer">la relation compliquée et passionnée entre Napoléon et Joséphine</a>, sa première épouse.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Le problème, c'est qu'adapter l'histoire de Napoléon I<sup data-widget="footnotemarker">er</sup> n'est pas aussi simple que d'adapter celle de, disons, <a href="https://www.slate.fr/dossier/16883/jules-cesar" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Jules César</a> (un de ses modèles) –c'est-à-dire «maintenant, je vais envahir la Gaule, et après j'envahirai la Germanie, et ensuite Carthage». Parce que les hauts faits de Napoléon I<sup data-widget="footnotemarker">er</sup> s'inscrivaient dans le patchwork européen diablement complexe d'alliances toujours changeantes et renforcées par des mariages dynastiques (un arrangement qui restera en place jusqu'à ce que la <a href="https://www.slate.fr/dossier/9875/premiere-guerre-mondiale" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Première Guerre mondiale</a> le réduise en miettes). On comprend aisément pourquoi Ridley Scott a préféré dédier du temps d'écran à une charge de cavalerie plutôt qu'à des querelles autour d'un traité.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Réduire ou condenser les détails historiques est tout à fait légitime si cela peut contribuer à rendre l'<a href="https://www.slate.fr/dossier/1011/histoire" target="_blank" rel="noopener noreferrer">histoire</a> plus compréhensible et moins susceptible de prendre le pas sur le récit dramatique. Le danger, c'est que cela affadit les personnages et leurs relations. Le personnage de Napoléon Bonaparte de Ridley Scott en est réduit à être obsédé par trois choses uniquement: les tactiques militaires, Joséphine et son «destin».</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">L'initiateur du code Napoléon (ou code civil), qui constitue toujours le fondement de la plus grande partie des systèmes juridiques européens, et <a href="https://www.slate.fr/story/208655/mythe-napoleon-commemoration-bicentenaire-mort-genie-face-sombre-empereur-dictateur" target="_blank" rel="noopener noreferrer">l'autocrate</a> qui n'en prônait pas moins l'égalité de tous devant la loi (pour les hommes blancs) en sont totalement absents.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Ridley Scott a clairement affiché ce qu'il pensait de ses choix historiques faits à la carte. <em>«Quand je suis en désaccord avec les historiens, </em><em>je leur demande: “Pardon gars, mais tu y étais? Non? Bon, alors ferme ta gueule.”»</em>, <a href="https://www.thetimes.co.uk/article/ridley-scott-i-didnt-listen-to-historians-to-make-my-napoleon-epic-snq5f7x68" target="_blank" rel="noopener noreferrer">a-t-il confié au journal britannique Sunday Times</a>. Au risque d'encourir les foudres de Sir Ridley, nous nous sommes permis de jeter un œil sur les différences entre <a href="https://www.slate.fr/dossier/1841/fiction" target="_blank" rel="noopener noreferrer">fiction</a> et faits historiques de son <a href="https://www.imdb.com/title/tt13287846/" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Napoléon</em></a>, sorti en salles le 22 novembre.</span></p><h3><span style="font-size: 14pt;">Napoléon avait-il la quarantaine quand sa carrière a décollé ?</span></h3><p> </p><p><span style="font-size: 14pt;">Dans le film, Napoléon Bonaparte, tel qu'il est incarné par <a href="https://www.slate.fr/dossier/14869/joaquin-phoenix" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Joaquin Phoenix</a>, semble avoir dépassé les 40 ans lorsque, malgré son grade modeste de capitaine d'artillerie, il est chargé de forcer le blocus de Toulon, où les navires de guerre de la marine britannique défendent les forces royalistes occupant ce port essentiel de la <a href="https://www.slate.fr/dossier/64615/mer-mediterranee" target="_blank" rel="noopener noreferrer">mer Méditerranée</a>.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">L'habile stratagème de Napoléon consiste à prendre le contrôle du fort, relativement mal défendu et qui donne sur le port, puis d'utiliser ses canons pour réduire en miettes les navires <a href="https://www.slate.fr/dossier/87/grande-bretagne" target="_blank" rel="noopener noreferrer">britanniques</a>. Il se déguise et part lui-même en reconnaissance dans le fort pour déterminer où placer des explosifs. Puis, après qu'il ont détoné alors que les soldats britanniques faisaient la bringue, il envoie des soldats français escalader le mur pour se battre au corps-à-corps (et se joint à eux). Cette audacieuse victoire lui vaudra d'être nommé général de brigade.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Tout cela est à peu près exact. Napoléon Bonaparte a en effet échafaudé cette efficace <a href="https://www.slate.fr/dossier/19743/strategie-militaire" target="_blank" rel="noopener noreferrer">stratégie</a>, montrant le génie tactique qui définirait sa carrière militaire, et il fut bien promu en conséquence. Cependant, la prise de <a href="https://www.slate.fr/dossier/31029/toulon" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Toulon</a> eut lieu en 1793, alors qu'il n'avait que 24 ans et qu'il n'était encore qu'un jeune homme pressé. En outre, son plan n'a pas été adopté parce qu'il était copain avec Paul Barras (joué par Tahar Rahim), député et représentant spécial de la Convention. C'est parce qu'il a gagné la bataille qu'ils sont devenus amis.</span></p><h3><span style="font-size: 14pt;">Joséphine était-elle plus jeune que Napoléon ?</span></h3><p> </p><p><span style="font-size: 14pt;">Napoléon assiste à l'un des célèbres «bals des victimes», ces fêtes tapageuses organisées par des aristocrates qui avaient été emprisonnés à la Bastille où ils attendaient leur exécution, mais avaient réussi à survivre jusqu'à la fin de la <a href="https://www.slate.fr/dossier/11617/terreur" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Terreur</a> en juillet 1794 [ndt: en réalité, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bal_des_victimes" target="_blank" rel="noopener noreferrer">bals des victimes</a> étaient organisés par les jeunes membres survivants des familles des nobles exécutés].</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Là, à l'autre de bout de la pièce bondée, il aperçoit la séduisante Joséphine de Beauharnais (Vanessa Kirby), l'attirante veuve d'un aristocrate et ancien prisonnier de la <a href="https://www.slate.fr/dossier/29815/bastille" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Bastille</a>, apparemment dans la trentaine. Il tombe sous le charme, mais elle est plus réservée. Elle accepte sa carte, mais rien de plus.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Là, à l'autre de bout de la pièce bondée, il aperçoit la séduisante Joséphine de Beauharnais (Vanessa Kirby), l'attirante veuve d'un aristocrate et ancien prisonnier de la <a href="https://www.slate.fr/dossier/29815/bastille" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Bastille</a>, apparemment dans la trentaine. Il tombe sous le charme, mais elle est plus réservée. Elle accepte sa carte, mais rien de plus.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">On voit aussi Joséphine lui apprendre les bonnes manières à table. En réalité, Napoléon n'était pas le soldat rustre décrit par Ridley Scott. Il venait plutôt d'une famille de petits aristocrates <a href="https://www.slate.fr/dossier/1067/corse" target="_blank" rel="noopener noreferrer">corses</a> (Joséphine était issue du même type de famille de la petite noblesse de Martinique). Ce n'était donc pas un homme fruste qui n'aurait pas su se tenir. De fait, son amour de la littérature était notoire –il créa une bibliothèque personnelle <a href="https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/iconographie/bibliotheque-de-napoleon/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">restée célèbre</a>– tout comme sa pensée affiliée aux Lumières.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">De même, Napoléon ne rencontra pas Joséphine dans une pièce bondée; ce fut son ami Paul Barras, dernier en date de toute une série d'amants influents et de protecteurs cultivée par la jeune veuve, qui les présenta l'un à l'autre –on disait que Joséphine était au boudoir ce que Napoléon était au champ de <a href="https://www.slate.fr/dossier/47915/bataille" target="_blank" rel="noopener noreferrer">bataille</a>.</span></p><h3><span style="font-size: 14pt;">La campagne d'Égypte est-elle fidèlement racontée ?</span></h3><p> </p><p><span style="font-size: 14pt;">Paul Barras envoie Napoléon Bonaparte en Égypte en 1794 dans le but de «libérer» le pays de l'influence britannique et d'attaquer le <a href="https://www.slate.fr/dossier/2547/royaume-uni" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Royaume-Uni</a> par le biais de son empire oriental. Comme d'habitude, Napoléon déploie l'artillerie. Il <a href="https://youtu.be/A3xaMZZooVs?feature=shared&t=68" target="_blank" rel="noopener noreferrer">tire sur les pyramides</a> –ce qui <a href="https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=1000051848.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">ne s'est pas produit</a> et était même <a href="https://www.lefigaro.fr/cinema/trois-petites-erreurs-historiques-dans-la-bande-annonce-du-napoleon-de-ridley-scott-20230718" target="_blank" rel="noopener noreferrer">techniquement impossible pour l'époque</a>. <em>«Je ne sais pas s'il a vraiment fait ça, mais c'était un moyen rapide de dire qu'il avait pris l'Égypte»</em>, <a href="https://www.thetimes.co.uk/article/ridley-scott-i-didnt-listen-to-historians-to-make-my-napoleon-epic-snq5f7x68" target="_blank" rel="noopener noreferrer">a expliqué le réalisateur</a>.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Puis il inspecte un sarcophage en <a href="https://www.slate.fr/dossier/3341/or" target="_blank" rel="noopener noreferrer">or</a> qui a été retiré d'un tombeau, l'ouvre et endommage la momie desséchée qui s'y trouve rien qu'en la touchant. Lorsqu'il apprend que Joséphine a un amant, il se rue à Paris au risque d'être accusé de désertion.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Si tirer sur les pyramides et détruire une momie renforce la vision du long métrage présentant Napoléon Bonaparte comme une brute dotée d'une intelligence <a href="https://www.slate.fr/dossier/2421/strategie" target="_blank" rel="noopener noreferrer">stratégique</a> (un genre de proto-Hitler qui correspond très bien à la vision britannique –mais pas à la vision européenne– du personnage historique), il amena en réalité avec lui 167 savants, dont des géographes, des historiens, des économistes et des architectes, parce qu'il voulait que cette campagne ne soit pas seulement une expédition <a href="https://www.slate.fr/dossier/7583/militaire" target="_blank" rel="noopener noreferrer">militaire</a>.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Napoléon remporta une victoire majeure contre l'armée des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mamelouk" target="_blank" rel="noopener noreferrer">mamelouks</a> et passa les trois mois où il contrôla Le Caire à introduire l'éclairage et le nettoyage des rues, à réformer le système d'imposition pour soulager un peu la paysannerie égyptienne, à faire construire des hôpitaux modernes pour combattre la <a href="https://www.slate.fr/dossier/4723/peste" target="_blank" rel="noopener noreferrer">peste</a> et à réformer la structure administrative de la ville pour la faire sortir de la féodalité. Il établit également un institut scientifique dédié à l'étude des mathématiques, de la physique, de l'économie politique et des <a href="https://www.slate.fr/dossier/3441/art" target="_blank" rel="noopener noreferrer">arts</a>.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Il apprit en effet que Joséphine entretenait une liaison, mais lui-même en faisait autant de son côté (avec l'épouse d'un officier subalterne, qui écopa du sobriquet de «Cléopâtre de Napoléon»). Son retrait de la ville eut donc davantage de rapport avec les difficultés à trouver à manger dans le désert, ainsi qu'avec l'épidémie de peste et la résistance renouvelée des <a href="https://www.slate.fr/dossier/63/egypte" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Égyptiens</a> soutenus par les Britanniques.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">En 1801, ce qu'il restait de l'<a href="https://www.slate.fr/dossier/8691/armee-francaise" target="_blank" rel="noopener noreferrer">armée française</a> battit en retraite, vaincue, mais l'expédition donna naissance à une encyclopédie en vingt-trois volumes sur le pays et sans doute à la création de l'égyptologie en tant que champ d'études.</span></p><h3><span style="font-size: 14pt;">La mère de Napoléon mit-elle une jeune femme dans son lit ?</span></h3><p> </p><p><span style="font-size: 14pt;">Dans le film, après que Napoléon I<sup>er</sup> a été sacré <a href="https://www.slate.fr/dossier/7865/empire" target="_blank" rel="noopener noreferrer">empereur</a> et a fait de Joséphine son impératrice (le 2 décembre 1804), il devient de plus en plus conscient de la nécessité de produire un héritier pour assurer sa lignée et s'inquiète de l'incapacité de sa femme à lui en fournir un. Pour savoir si la faute en incombe à Joséphine (alors qu'elle a déjà eu deux enfants, ce qui aurait dû régler la question) ou à son époux, la mère de Napoléon introduit une charmante créature de 18 ans dans le lit de son fils et l'enjoint de la mettre <a href="https://www.slate.fr/dossier/51329/femme-enceinte" target="_blank" rel="noopener noreferrer">enceinte</a>.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Si Madame Bonaparte a bien agi ainsi, cela semblait totalement superflu. Joséphine de Beauharnais avait déjà surpris son époux dans la chambre de sa dame d'honneur <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lisabeth_Le_Michaud_d%27Ar%C3%A7on_de_Vaudey" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Élisabeth de Vaudey</a>, peu de temps avant le couronnement de 1804. Et Napoléon avait menacé de <a href="https://www.slate.fr/dossier/4653/divorce" target="_blank" rel="noopener noreferrer">divorcer</a> à la suite de son incapacité à produire un héritier (divorce qui fut officialisé en 1810).</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Puis, en 1805, il rencontra <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89l%C3%A9onore_Denuelle_de_La_Plaigne" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Éléonore Denuelle de La Plaigne</a>, 18 ans, qui appartenait à la maison de sa sœur Caroline (et couchait avec son mari). Napoléon I<sup>er</sup> installa Éléonore dans une maison à <a href="https://www.slate.fr/dossier/1221/paris" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Paris</a> et en décembre 1806, elle lui donna un fils. Il eut un second enfant illégitime en 1810 avec une autre maîtresse, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Walewska" target="_blank" rel="noopener noreferrer">la comtesse Marie Walewska</a>.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">On disait du <a href="https://www.slate.fr/dossier/2917/couple" target="_blank" rel="noopener noreferrer">couple</a> de Napoléon Bonaparte et Joséphine de Beauharnais qu'elle avait eu des amants en série, tandis qu'il était d'une grande fidélité avant de devenir Premier consul (1799-1804). Puis, une fois qu'il était au pouvoir, que les positions s'étaient inversées.</span></p><h3><span style="font-size: 14pt;">Napoléon a-t-il été vaincu par l'hiver russe ?</span></h3><p> </p><p><span style="font-size: 14pt;">Le long métrage suit la vision traditionnelle selon laquelle en septembre 1812, après avoir remporté la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Moskova" target="_blank" rel="noopener noreferrer">bataille de la Moskova</a>, Napoléon I<sup>er</sup> se dit qu'étant donné qu'il n'est qu'à 125 kilomètres de <a href="https://www.slate.fr/dossier/8705/moscou" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Moscou</a>, il peut tout aussi bien continuer à avancer. Mais lorsque la Grande Armée arrive, elle trouve la ville désertée et détruite aux trois-quarts par les habitants qui y ont mis le feu dans un élan patriotique avant de fuir.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Sans nourriture ni approvisionnement, les soldats sont obligés de battre en retraite vers la <a href="https://www.slate.fr/dossier/287/france" target="_blank" rel="noopener noreferrer">France</a>, dès octobre 1812 et pendant le rigoureux hiver <a href="https://www.slate.fr/dossier/235/russie" target="_blank" rel="noopener noreferrer">russe</a>, avec des chevaux qui, selon les termes d'un général, <em>«ne sont pas habitués à ça»</em>. Parti avec plus de 600.000 hommes, Napoléon ne reviendra qu'avec 40.000 d'entre eux, en ayant perdu son aura pour toujours.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Ce sont là les grandes lignes de ce qu'il s'est passé, mais il a toujours paru peu probable que quelqu'un d'aussi soucieux d'organisation que Napoléon n'ait pas pris en compte la férocité de l'<a href="https://www.slate.fr/dossier/8151/hiver" target="_blank" rel="noopener noreferrer">hiver</a> russe. En 2001, à Vilnius (Lituanie), <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/2002/04/26/des-spectres-de-l-armee-de-napoleon-resurgissent-a-vilnius_4239514_1819218.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">la découverte de 2.000 à 3.000 squelettes</a>, vestiges de la Grande Armée napoléonienne, offre une explication plus plausible: ce ne fut pas l'hiver (ou du moins <a href="https://www.musee-armee.fr/fileadmin/user_upload/Documents/Support-Visite-Fiches-Presentation/5-archeo-mod.pdf" target="_blank" rel="noopener noreferrer">pas seulement l'hiver</a>) qui décima les forces française, mais le typhus.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">En juillet 1812, trois généraux, constatant que l'Armée était réduite de moitié et que les problèmes d'approvisionnement allaient en s'aggravant, exhortèrent <a href="https://www.slate.fr/dossier/729/napoleon" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Napoléon</a> d'abandonner la campagne de Russie. En septembre, avant même d'avoir atteint Moscou, la Grande Armée ne comptait plus que 103.000 hommes. Un minuscule parasite avait eu raison de l'homme le plus puissant d'<a href="https://www.slate.fr/dossier/373/europe" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Europe</a>.</span></p><p> </p><p><span style="font-size: 14pt;"></span></p>
diazdhttp://evry-mosaique91.hautetfort.com/about.htmlLA PASONARIAtag:evry-mosaique91.hautetfort.com,2023-11-12:64705862023-11-12T10:41:09+01:002023-11-12T10:41:09+01:00 L’Espagnole Dolorès Ibárruri (1895-1989), surnommée “La Pasionaria”,...
<p><span style="font-size: 14pt;"><strong class="chapo"><a href="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/02/00/1218873269.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6488965" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/02/00/1944001043.jpg" alt="Pasonaria.jpg" /></a>L’Espagnole Dolorès Ibárruri (1895-1989), surnommée “La Pasionaria”, est née en bas de l’échelle sociale dans une bourgade minière proche de Bilbao. Elle est pourtant devenue une héroïne de la guerre civile espagnole, députée des Asturies. C’est au printemps 1918 que cette fervente défenseuse de la République signe pour la première fois un article dans la presse ouvrière, avec ce pseudonyme étincelant: “La Pasionaria”. Si l’expression désigne aujourd’hui dans le dictionnaire “toute femme passionnée par une cause et capable de galvaniser les foules par son éloquences”, c’est grâce à elle. Retour sur la vie mouvementée d’une femme combative et passionnée</strong>.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Huitième de onze enfants, Dolores Ibárruri nait le 9 décembre 1895 dans la bourgade minière de Gallarta, proche de Bilbao. Sa mère, Juliana Gómez Pardo, est d’ascendance castillane ; son père, Antonio Ibárruri, est un mineur basque. Antonio est catholique et militant <a title="Carlisme (Espagne)" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Carlisme_%28Espagne%29">carliste</a>.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Encouragée par son institutrice, Dolores rêve de devenir enseignante et dévore les livres qu’on lui prête. Mais ses parents n’ont pas les moyens de payer ses études et la jeune fille doit abandonner son rêve à l’âge de quinze ans. Elle se lance dans l’apprentissage de la couture avant de devenir femme de ménage.</span></p><h2><span style="font-size: 14pt;">La Pasionaria</span></h2><p><span style="font-size: 14pt;">Dolores Ibárruri rencontre Julián Ruiz, un mineur et militant socialiste, qu’elle épouse en 1916 ; ils auront six enfants, dont des triplés. Seuls deux atteindront l’âge adulte.L’année suivante, le couple participe au mouvement de <a title="Grève générale de 1917 en Espagne" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_g%C3%A9n%C3%A9rale_de_1917_en_Espagne" target="_blank" rel="noopener">grève générale de 1917</a>, et Julián est arrêté et emprisonné. Il le sera encore à plusieurs reprises dans les années 1920 ; entre ses périodes d’emprisonnement, la mort de plusieurs de leurs enfants en bas âge et une situation financière compliquée, les conditions de vie de la famille Ibárruri Gómez sont particulièrement difficiles.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Julián introduit dans les milieux militants son épouse, qui partage ses idéaux socialistes. Dolores lit de nombreux auteurs, parmi lesquels Karl Marx, forme sa pensée politique et milite au sein de la Fédération des Jeunesses socialistes. En 1917, la révolution russe l’enthousiasme et marque un tournant dans son engagement. En 1918, Dolores écrit un premier article dans la presse ouvrière, dans le journal <em>El Minero Vizcaino</em> ; l’article paraissant la Semaine sainte et portant en particulier sur l’hypocrisie religieuse, elle le signe du pseudonyme <em>La Pasionaria</em>.</span></p><h2><span style="font-size: 14pt;">Mundo Obrero</span></h2><p><span style="font-size: 14pt;">En 1919, elle se rapproche de l’<a title="Internationale communiste" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Internationale_communiste" target="_blank" rel="noopener">Internationale communiste</a> avant de participer à la fondation du <a title="Parti communiste espagnol" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_communiste_espagnol" target="_blank" rel="noopener">Parti communiste espagnol</a> (PCE). Elle devient membre du comité provincial de Biscaye, au sein duquel elle joue un rôle important. Après dix ans de militantisme, elle est élue au Comité central du PCE en 1930. L’année suivante, à la demande du parti, Dolores Ibárruri déménage à Madrid et quitte son mari ; bien que séparés, ils garderont des liens d’amitié.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">A Madrid, Dolores devient responsable du journal du parti, <em>Mundo Obrero</em> (monde ouvrier). Remarquée pour ses articles dans <em>El Minero Vizcaino</em> puis <em>Mundo Obrero</em>, elle est étroitement surveillée et arrêtée pour la première fois en septembre 1931. En prison, Dolores persuade ses co-détenues d’entamer une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention. Emprisonnée à nouveau en mars 1932, elle fait chanter l’Internationale à ses co-détenues et les encourage à refuser les emplois mal payés en prison.</span></p><h2><span style="font-size: 14pt;">Mujeres Antifascistas</span></h2><p><span style="font-size: 14pt;">En 1933, Dolores Ibárruri fonde <em>Mujeres Antifascistas</em>, une association de femmes contre le fascisme et la guerre. La même année, le PCE l’envoie comme déléguée à Moscou et ce voyage la marque profondément. En 1934, après la violent répression de la révolution asturienne, le comité Mujeres Antifascistas se transforme en protection des enfants d’ouvriers devenus orphelins. Dolores prend de gros risques pour faire passer clandestinement les enfants vers Madrid.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Les activités militantes de Dolores ne lui permettent plus de s’occuper correctement de ses deux enfants encore en vie, Rubén et Amaya, ni de leur assurer une existence stable. Elle prend alors la décision de les éloigner et de les envoyer vivre en Union soviétique.</span></p><h2><span style="font-size: 14pt;">¡No Pasarán!</span></h2><p><span style="font-size: 14pt;">En 1936, lorsque le Front Populaire remporte les élections, Dolores Ibárruri est élue députée des Asturies. Dès son élection, elle se rend à Oviedo où sont emprisonnés des militants politiques socialistes, communistes et républicains ; après d’âpres négociations avec la direction de la prison, elle obtient la libération des prisonniers.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">En juillet 1936, quand la guerre civile d’Espagne éclate, Dolores prend la parole au ministère de l’Intérieur pour défendre la république. « Ouvriers ! Paysans ! Antifascistes ! Espagnols ! Patriotes ! Face au soulèvement militaire fasciste, tous debout pour défendre la République, pour défendre les libertés populaires et les conquêtes démocratiques. Tout le pays vibre d’indignation devant ceux qui veulent engloutir l’Espagne dans un enfer de terreur et de mort. Les fascistes ne passeront pas. No pasaran. »</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Ce cri <em> ¡No Pasarán!</em>, prononcé avec tant de ferveur, devient le mot d’ordre officiel, le cri de ralliement des républicains contre les nationalistes. Cet épisode transformera Dolores en icône, en symbole populaire, au point que le mythe dépasse souvent la réalité.</span></p><h2><span style="font-size: 14pt;">Exil en Union Soviétique</span></h2><p><span style="font-size: 14pt;">Infatigable, Dolores Ibárruri mobilise les travailleurs, les soldats, se rend en France pour rencontrer Léon Blum, organise un rassemblement au vélodrome d’Hiver avant de rentrer en Espagne pour participer à la défense de la capitale. Elle participe à des comités de défense de la république, organise des manifestations, s’efforce de soutenir le moral des soldats républicains. Certains lui reprochent de rester à l’arrière tandis que son mari et son fils Rubén, revenu d’Union Soviétique, mais les actions de Dolores lui valent une grande popularité dans l’opinion publique coommuniste.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Lorsque les troupes franquistes entrent finalement dans Madrid en avril 1939, Dolores s’exile en Union Soviétique où elle poursuit ses activités militantes. En août 1942, son fils Rubén meurt au front au cours de la bataille très meurtrière de Stalingrad. Terrassée par ce nouveau drame, Dolores endosse malgré tout le rôle de secrétaire générale du PCE, qu’elle gardera jusqu’en 1960 ; cette année-là, elle devient présidente du parti.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">A la mort de Franco en 1975, Dolores rentre en Espagne, où elle se fait rapidement élire députée aux Cortes, plus de quarante ans après sa première élection de 1936.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Dolores Ibárruri meurt le 12 novembre 1989, à l’âge de 93 ans, d’une pneumonie.</span></p><p><a title="lien" href="https://histoireparlesfemmes.com/2018/06/11/dolores-ibarruri-la-pasionaria/" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: 14pt;">Source HistoireParolesdefemmes</span></a></p><h2><span style="font-size: 14pt;">Liens utiles</span></h2><p><span style="font-size: 14pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dolores_Ib%C3%A1rruri" target="_blank" rel="noopener">Page Wikipédia de Dolores Ibárruri</a></span><br /><span style="font-size: 14pt;"><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Dolores_Ib%C3%A1rruri" target="_blank" rel="noopener">Page Wikipédia de Dolores Ibárruri en anglais (plus complet)</a></span><br /><span style="font-size: 14pt;"><a href="http://www.universalis.fr/encyclopedie/dolores-ibarruri-gomez/" target="_blank" rel="noopener">Dolores Ibárruri (Universalis)</a></span><br /><span style="font-size: 14pt;"><a href="https://www.legrandsoir.info/Dolores-Ibarruri-Pasionaria-pour-toujours.html" target="_blank" rel="noopener">Dolores Ibárruri : Pasionaria pour toujours</a></span><br /><span style="font-size: 14pt;"><a href="https://clio.revues.org/414" target="_blank" rel="noopener">Le mythe de Dolores Ibárruri</a></span></p>
diazdhttp://evry-mosaique91.hautetfort.com/about.htmlANGLETERRE : LE PAYS OU EST NE LE RUGBYtag:evry-mosaique91.hautetfort.com,2023-09-10:64606612023-09-10T11:41:08+02:002023-09-10T11:41:08+02:00 Selon la légende, c’est à Rugby, au nord de Londres, que ce dérivé de...
<p><strong><span style="font-size: 14pt;"><a href="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/02/00/1826830232.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6473975" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/02/00/637723823.jpg" alt="Rugby angleterre naissance.jpg" /></a>Selon la légende, c’est à Rugby, au nord de Londres, que ce dérivé de la soule aurait vu le jour. On imagine ce sport issu des meilleures écoles anglaises offrant à la jeunesse dorée l’occasion de devenir des hommes sain de corps et d’esprit. Mais l’histoire n’est pas cousue de fil blanc.</span></strong></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Les clichés et images d’Épinal ont la vie dure, surtout lorsque l’on évoque le rugby en Angleterre. Commençons d’abord par la légende. L’histoire qui a fait que tout aurait débuté en novembre 1823 lors d’une partie de folk-football – variante de la soule – entre lycéens dans la ville de Rugby, dans le centre de l’Angleterre.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">William Webb Ellis, alors un garçon frêle de 17 ans et sans grand talent sportif, se serait emparé du ballon avec les mains, au mépris des règles les plus élémentaires du jeu, puis aurait couru jusqu’à la ligne de but de ses adversaires.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Selon certains historiens britanniques, cette « légende » serait l’œuvre d’anciens élèves du collège de Rugby car d’autres témoignages indiquent que l’usage des mains était toujours interdit plus d’une décennie après le prétendu geste d’Ellis. Néanmoins, une pierre gravée et un monument commémorent ce geste sur le campus de l’école.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">La tombe d’Ellis, dans le cimetière de Menton (Alpes-Maritimes), signale ainsi que <em> « William Webb Ellis, avec un parfait mépris pour les règles du football tel que joué à son époque, a le premier pris le ballon dans les bras et couru avec, créant ainsi le caractère distinctif du rugby »</em>.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">L’histoire est donc belle ! Mais enjolivée. <em>« D’abord, Webb Ellis n’a jamais prétendu être l’inventeur du jeu, </em>explique Angus Gordon, le conservateur du musée de Rugby <em>. Ensuite, il était un garçon frêle de 17 ans. Si jamais l’idée insensée lui était venue de prendre le ballon dans les mains, il aurait été massacré par ses aînés. »</em> Dans les public schools – écoles privées et payantes –, sévissent bizutage et châtiments corporels et la transgression n’y est pas bien vue. Quoi qu’il en soit, il y a bien un fond de vérité dans tout cela. Le rugby a bien trouvé ses origines dans les milieux les plus aisés. Ce n’est pas parmi les classes populaires que le sport a grandi dans un premier temps.</span></p><h2 class="IT"><span style="font-size: 14pt;">Une lutte des castes</span></h2><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Reste qu’au début des années 1830, il se passe quelque chose à Rugby. Le collège, alors dirigé par un nouveau proviseur, Thomas Arnold, franc-maçon et humaniste, promeut les activités sportives, et en particulier ce qui deviendra officiellement le rugby, qui permet de canaliser la violence des étudiants.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Il n’y a pas de règles. Tout le monde joue. Les équipes se constituent ensuite par affinités. Puis le jeu de rugby acquiert sa vraie dimension quand les matchs opposent les différentes maisons (school houses) du collège, où les étudiants, tous pensionnaires, passent l’essentiel de leur temps. <em>« L’orgueil devient collectif</em>, explique <a href="https://www.humanite.fr/node/439544">Daniel Herrero</a> dans son <em>Dictionnaire amoureux du rugby. On n’aspire qu’à une chose, être digne de son équipe. »</em></span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">La structure de la population du rugby en Angleterre semble donc être le produit de l’histoire de la discipline : protestant et aristocratique. Les public schools considèrent le rugby comme important pour la discipline, l’équité et la cohésion de la communauté. Il est censé créer des gentlemen et promouvoir une forte solidarité entre leurs membres tout au long de leur vie. L’engagement, la discipline, le respect, le travail et l’esprit d’équipe sont d’ailleurs des préceptes que l’on retrouve encore aujourd’hui gravés au pied de la monumentale statue à l’entrée <a href="https://www.humanite.fr/twickenham-cherche-son-ame-47671">du stade de Twickenham</a>.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Dans leur étude sociologique <em>Barbarians, Gentlemen and Players</em> (1979), Eric Dunning et Kenneth Sheard expliquent clairement que les écoles les plus prestigieuses telles que Eton, Harrow, Rugby et tant d’autres avaient pour vocation la formation de <em>« gentlemen chrétiens »</em>. Pourtant, ce sport de combat collectif va très vite dépasser les portes de ces écoles du sud de l’Angleterre pour tracer sa voie vers un Nord en pleine révolution industrielle.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Ce sport de voyous ne sera pas seulement joué par des gentlemen. Ainsi, très vite dans le Lancashire, le Yorkshire, le Cumberland, mais aussi en Écosse dans la région textile des Borders, se constituent des équipes socialement composites. Au pays de Galles, le processus est similaire : le rugby est d’abord pratiqué à Newport puis se développe dans d’autres villes où les responsables des sociétés industrielles et des mines favorisent une pratique qui vise à mélanger les classes sociales afin de créer une supposée cohésion.</span></p><h2 class="IT"><span style="font-size: 14pt;">La querelle du professionalisme</span></h2><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Le ver est dans le fruit du rugby prôné par les public schools du Sud : un sport de riches pratiqué en amateur. Car, au Nord, la mixité sociale fait son chemin, des équipes créées autour des industries se multiplient et avec elles, l’idée de rémunérer un tant soit peu les pratiquants qui jouent le samedi, leur jour de repos. Ainsi va naître un conflit entre deux visions.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Les clubs du Sud voient, à travers leurs instances dirigeantes, d’un mauvais œil ce professionnalisme naissant et ceux du Nord, cette volonté affichée d’un indécrottable entre-soi. C’est ainsi que va naître le rugby à XIII dans le Nord, qui ne cache pas sa volonté de rémunérer les joueurs. Mais toutes ces questions – la monétisation du jeu, l’ouverture des compétitions aux clubs à recrutement populaire et le contrôle de l’organisation sportive – révèlent aussi d’autres tensions qui n’ont rien à voir avec le sport.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;"><a title="lien" href="https://www.humanite.fr/sports/coupe-du-monde-de-rugby-2023/en-angleterre-au-sud-les-aristos-au-nord-le-populo" target="_blank" rel="noopener">Eric Serres, l'Humanité</a></span></p>
diazdhttp://evry-mosaique91.hautetfort.com/about.htmlFEMME PEINTRE CELEBRE - TAMARA DE LEMPICKAtag:evry-mosaique91.hautetfort.com,2023-08-24:64579772023-08-24T19:29:36+02:002023-08-24T19:19:00+02:00 La jeunesse en Russie Tamara Rozalia Górska est née le 16 mai 1898 à...
<h3 class="western" style="line-height: 115%;"><span style="font-size: 14pt;">La jeunesse en Russie</span></h3><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;"><img id="media-6470347" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/00/02/3058850623.jpg" alt="Tamara2.jpg" /><strong>Tamara Rozalia Górska est née le 16 mai 1898 à Varsovie, capitale polonaise, qui était à l’époque rattachée à la Russie. Fille de Boris Górski, un avocat russe de confession juive, et de Malwina Dekler, une mondaine polonaise qui passe la majeure partie de sa vie à l’étranger, Tamara fréquente brièvement un pensionnat de Lausanne en 1911.</strong></span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;"> Sa grand-mère l’emmène ensuite en voyage en Italie où elle découvre les chefs-d’œuvre de la Renaissance. Après le divorce de ses parents en 1912, elle vit avec sa tante Stefa à Saint-Pétersbourg et y rencontre en 1915 un riche avocat polonais, Tadeusz Łempicki (1888-1951). Elle l’épouse en 1916 à Saint-Pétersbourg. Leur vie luxueuse est bousculée par la Révolution russe de 1917. Lempicki est arrêté, mais Tamara obtient sa libération en faisant intervenir le consul de Suède. Le couple s’exile : Copenhague, Londres puis Paris.</span></p><h3 class="western"><span style="font-size: 14pt;">L’exil à Paris</span></h3><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;"><img id="media-6470348" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/02/00/4059177455.2.jpg" alt="Tamara1.jpg" width="321" height="426" />Les Lempicki sont recueillis pas des cousins de Tamara qui avaient également trouvé refuge à Paris. Leur fille Maria-Krystyna, dite Kizette, naît en 1919. Tadeusz Łempicki ne parvenant pas à s’adapter professionnellement à la France, Tamara décide de devenir peintre. En 1920, elle s’inscrit, à l’académie Ranson et également à l'académie de la Grande Chaumière. Dans la première, elle a pour professeur Maurice Denis (1870-1943), peintre du mouvement <a href="https://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-19e-siecle/le-nabisme.html" target="_blank" rel="noopener">nabi</a>, et dans la seconde André Lhote (1885-1962), l’un des représentants du <a href="https://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-20-21e-siecles/le-cubisme.html" target="_blank" rel="noopener">cubisme</a>. Cet enseignement déterminera le style très original qui est le sien, brillante synthèse du <a href="https://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-15-16e-siecles/manierisme.html" target="_blank" rel="noopener">maniérisme</a> du 16<sup>e</sup> siècle italien et du cubisme du début du 20<sup>e</sup> siècle. Ses premières peintures sont des natures mortes et des portraits de sa fille Kizette.</span></p><h3 class="western"><span style="font-size: 14pt;">L’artiste célèbre</span></h3><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;"><img id="media-6470349" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/00/02/2335339151.jpg" alt="Tamara3.jpg" />La carrière de Tamara de Lempicka démarre vraiment en 1925. Elle présente quelques œuvres à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes qui se tient à Paris en 1925 et qui lancera le style Art déco. La même année, le comte Emmanuele Castelbarco (1884-1964) organise à Milan une exposition de ses œuvres. Elle peint 28 tableaux en quelques mois en vue de cette exposition et rencontre à plusieurs reprises l’écrivain Gabriele d’Annunzio (1863-1938) dans sa villa du lac de Garde. Ses tableaux, en harmonie avec le style Art déco qui connaît son heure de gloire dans les années 1920, sont de plus en plus appréciés. En 1927, elle remporte le premier prix à l’Exposition Internationale des Beaux-Arts de Bordeaux pour son portrait de <em>Kizette</em> <em>au balcon</em>.</span></p><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: 14pt;">Désormais célèbre, Tamara de Lempicka participe à la vie mondaine parisienne. En 1929, elle acquiert rue Méchain, dans le 14<sup>e</sup> arrondissement de Paris, un <a href="https://www.rivagedeboheme.fr/medias/images/appartement-atelier-lempicka.jpg" target="_blank" rel="noopener">appartement-atelier</a> situé dans un immeuble conçu par l'architecte français Robert Mallet-Stevens (1886-1945). La décoration de style Art déco est réalisée par Mallet-Stevens et la propre sœur de Tamara de Lempicka, Adrienne Gorska (1899-1969). Depuis 1984, cet immeuble est inscrit à l’Inventaire des Monuments historiques.</span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;">Tamara de Lempicka se rend pour la première fois aux États-Unis en 1929 pour peindre un portrait de la fiancée du magnat américain du pétrole américain Rufus T. Bush. Elle expose également ses œuvres avec succès au Carnegie Institute de Pittsburgh.</span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;">Elle divorce en 1928 puis se remarie en 1933 avec le baron Raoul Kuffner (1886-1961). Tamara de Lempicka est considérée comme bisexuelle. Elle ne cachait pas son attirance pour les femmes, ce qui paraissait à l’époque particulièrement scandaleux. On lui prête des relations avec l’écrivaine française Colette (1873-1954), la chanteuse Suzy Solidor (1900-1983), les écrivaines anglaises Violet Trefusis (1894-1972) et Vita Sackville-West (1892-1962).</span></p><h3 class="western"><span style="font-size: 14pt;">Les États-Unis et le Mexique</span></h3><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;"><img id="media-6470355" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/00/01/1263101300.jpg" alt="Tamara44.jpg" />Au cours de l’hiver 1939, après le déclenchement de la seconde guerre mondiale, Tamara de Lempicka, d’origine juive, et son mari émigrent vers les États-Unis. Ils s’installent d’abord à Los Angeles, puis à New York en 1943. Les expositions et la vie mondaine très active se poursuivent. Mais son style Art déco n’est plus au goût du jour lorsque de nouvelles tendances picturales apparaissent, orientées vers <a href="https://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-20-21e-siecles/l-art-abstrait-apres-1945.html" target="_blank" rel="noopener">l’abstraction</a> ou une <a href="https://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-20-21e-siecles/art-figuratif-apres-1945.html" target="_blank" rel="noopener">figuration beaucoup plus provocante</a>.</span></p><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: 14pt;">Le baron Kuffner meurt en 1961. Tamara de Lempicka s’installe alors à Houston, au Texas, où vit sa fille Kizette, qui a épousé un géologue texan, Harold Foxhall. En 1974, l’artiste part vivre à Cuernavaca, au Mexique, à 80 kilomètres de Mexico. Cuernavaca, située à une altitude moyenne, bénéficie d’un climat doux toute l’année et a été surnommée <em>la ville de l’éternel printemps</em>. Elle accueille à cette époque de nombreuses célébrités. Kizette y rejoint sa mère en 1979, après la mort de son mari.</span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;">Tamara de Lempicka meurt dans son sommeil le 18 mars 1980, à l’âge de 81 ans. Suivant ses souhaits, ses cendres sont dispersées sur le volcan Popocatépetl.</span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;">Tamara de Lempicka était une forte personnalité à l’activité débordante. Sa vie entière le montre et en particulier sa capacité à affronter l’adversité. Fuyant la Révolution russe, elle arrive à Paris en 1917 et devient une artiste connue dès 1925. N’ayant pas pratiqué la peinture dans sa prime jeunesse, elle avait tout à apprendre, mais aussi une volonté de fer de réussir. Sa fille Kizette, dans des <a href="https://www.delempicka.org/kizette-de-lempicka-foxhall/" target="_blank" rel="noopener">interviews en anglais</a> évoque d’ailleurs « une personne tellement dynamique que cela ne favorise pas vraiment la proximité. ». Et elle ajoute : « Elle était stricte avec les autres, mais également avec elle-même. On n’avait pas le droit d’être fatigué, on n’avait pas le droit de remettre au lendemain. »</span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;"> </p><h2 class="western" style="margin-top: 0cm; margin-bottom: 0.11cm;" align="CENTER"><span style="color: #ff6600; font-size: 14pt;">Œuvre</span></h2><p style="text-align: center;"><img id="media-6470352" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/02/01/74614575.jpg" alt="Tamara5.jpg" /></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;">L’œuvre de Tamara de Lempicka se rattache au mouvement Art déco qui prend naissance en Belgique avant la Première guerre mondiale. Il s’internationalise dans les années 1920 et 1930 puis décline. Il s’agit d’un mouvement artistique global qui concerne aussi l’architecture, la sculpture, la décoration. Influencé par le cubisme, il se caractérise par des formes géométriques arrondies, car les angles droits sont proscrits, et un goût pour l’ornementation répétitive.</span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;">Le style de Tamara de Lempicka est accueilli avec enthousiasme dans la période des <em>années folles</em> (décennie 1920) car il exprime picturalement la sensibilité Art déco. Cette artiste n’est pas une grande innovatrice mais une remarquable technicienne utilisant les acquis des siècles précédents pour les adapter à l’état d’esprit du moment. Venant d’un milieu favorisé dans lequel la vie mondaine a une importance primordiale, elle comprend vite ce que souhaite la haute société parisienne de l’entre-deux-guerres.</span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;">Ses plus grands succès sont des portraits qui restent classiques par le dessin apparent, la surface parfaitement lissée, les ombrages appuyés. <a href="https://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-18e-siecle/ingres.html" target="_blank" rel="noopener">Ingres</a>, le dernier grand portraitiste académique, utilisait la même technique. Les fonds, tout en nuances de gris, contrastent puissamment avec les couleurs vives habillant les figures.</span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;">Le modelé des étoffes et des visages est travaillé avec soin, comme le faisaient les artistes de la Renaissance. Mais l’influence cubiste apparaît nettement dans l’assemblage des formes géométriques (ci-dessus, les immeubles en arrière-plan) et dans le refus de la convention perspectiviste. La composition rappelle le baroque, avec un plan rapproché sur le personnage, qui déborde généralement du cadre.</span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;">Mais au-delà de son style, Tamara de Lempicka fait évoluer l’image de la femme. Cheveux courts, regard assuré, corps libéré, sensualité revendiquée, tout cela correspond au climat <em>années folles</em> dans les hautes sphères de la société et débouchera après la seconde guerre mondiale sur une réflexion (Simone de Beauvoir, <em>Le deuxième sexe</em>) et de nombreux mouvements de libération des femmes dans les pays occidentaux. Tamara de Lempicka propose donc une lecture nouvelle de la féminité, d’autant que sa bisexualité assumée constitue un acte de liberté rarissime à cette époque.</span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;">Classicisme stylistique mâtiné de cubisme et rupture sémantique sur l’univers féminin feront la fortune de Tamara de Lempicka. Ses commanditaires, aristocrates et bourgeois aisés, ne sont pas heurtés par son langage pictural et peuvent s’imaginer que leur image se situe à la pointe des évolutions artistiques. Les plus grands artistes ont souvent été rejetés mais les artistes simplement talentueux, intelligents et habiles parviennent à se faire admettre s’ils trouvent le compromis acceptable pour leur clientèle potentielle. Ce fut le cas de Tamara de Lempicka pendant une quinzaine d’années, de 1925 à 1940.</span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><span style="font-size: 14pt;">Par la suite, elle ne semble plus être en adéquation avec l’époque. Elle tente brièvement l’abstraction, le trou noir pictural de la fin du 20<sup>e</sup> siècle. Elle ne s’y perdra pas comme certains. Ses productions classiques restent en définitive les plus convaincantes, comme cette nature morte qui aurait pu être peinte par <a href="https://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-17e-siecle/francisco-de-zurbaran.html" target="_blank" rel="noopener">Zurbarán</a> au 17<sup>e</sup> siècle.</span></p><p style="margin-bottom: 0.11cm;" align="JUSTIFY"><a title="lien" href="https://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-20-21e-siecles/tamara-de-lempicka.html" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: 14pt;">Source Le Rivage</span></a></p><p style="margin-bottom: 0cm;"> </p>
diazdhttp://evry-mosaique91.hautetfort.com/about.htmlLES BONS MOTS DE L'HISTOIRE : Le nez de Cléopâtre s'il eut été plus court, toute la face de la Terre aurait changée"tag:evry-mosaique91.hautetfort.com,2023-08-21:64575062023-08-21T09:56:45+02:002023-08-21T09:50:00+02:00 Le nez de Cléopâtre s'il eut été plus court, toute la face de la...
<p style="text-align: center;"><a href="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/01/01/2145106207.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6469711" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/01/01/968697632.jpg" alt="Cleopatre.jpg" /></a></p><p style="margin-bottom: 0cm;"><strong><span style="font-size: medium;">Le nez de Cléopâtre s'il eut été plus court, toute la face de la Terre aurait changée" a été imaginée et créée par Blaise Pascal, grand Physicien Français, mathématicien, et moralisateur. Né à Clermont-Ferrand (France) le 19/06/1623 ; Mort à Paris (France) le 19/08/1662</span></strong></p><p align="JUSTIFY"><span style="font-size: medium;">Probablement, moins belle, avec un nez plus court la face de la Terre aurait changée, tant le rôle historique de Cléopatre et tant sa prodigieuse beauté ont fasciné à l'époque les plus grands puissants, </span><em><span style="font-size: medium;">« Son commerce familier avait un attrait irrésistible, </span></em><span style="font-size: medium;">écrit Plutarque, </span><em><span style="font-size: medium;">et l’aspect de sa personne, joint à sa conversation séduisante et à la Grâce naturelle répandue dans ses paroles, portait en soi une sorte d’aiguillon. Quand elle parlait, le son même de sa voix donnait du plaisir. Sa langue était comme un instrument à plusieurs cordes dont elle jouait aisément dans le dialecte qu’elle voulait, car il y avait très peu de barbares avec qui elle eût besoin d’interprète. »</span></em><span style="font-size: medium;">. </span></p><p align="JUSTIFY"><span style="font-size: medium;">Reine d'Égypte, Cléopâtre VII est née en 69 av. J.-C. et morte en 30 av. J.-C., à Alexandrie, à l'âge de 39 ans. Cléopâtre VII, mariée à son frère Ptolémée XIII, devient reine d'Egypte à 17 ans, en 51 av. J.-C. Elle partage le pouvoir avec son frère, qui intrigue afin de l'évincer du trône. Il y parvient en 48 av. J.-C. </span></p><p align="JUSTIFY"><span style="font-size: medium;">Cependant, grâce à l'aide de <a href="https://www.linternaute.fr/actualite/biographie/1776034-jules-cesar-biographie-courte-dates-citations/">Jules César</a>, la reine retrouve sa place dès 46 av. J.-C. Ptolémée XIII est assassiné et Cléopâtre est contrainte d'épouser son autre frère, Ptolémée XIV. Elle devient malgré tout la maîtresse de <a href="https://www.linternaute.fr/actualite/biographie/1776034-jules-cesar-biographie-courte-dates-citations/">César</a> et lui donne un fils, Césarion. A la mort du dictateur romain, Cléopâtre s'éprend de <a href="https://www.linternaute.fr/actualite/biographie/1776324-marc-antoine-biographie-courte-dates-citations/">Marc Antoine</a>, avec qui elle aura trois enfants (Alexandre Hélios, Cléopâtre Séléné et Ptolémée Philadelphe). Les liens entre leurs royaumes se resserrent, ce qui attise la colère d'<a href="https://www.linternaute.fr/actualite/biographie/1776106-auguste-biographie-courte-dates-citations/">Octave</a> (le futur empereur romain Auguste). </span></p><p align="JUSTIFY"><span style="font-size: medium;">Ce dernier déclare la guerre à la reine d'Egypte en 32 av. J.-C. Cléopâtre est vaincue à la suite de la bataille d'Actium. Son royaume tombé aux mains des Romains, et Marc Antoine mort, la reine décide de se suicider, en se faisant mordre par un <a href="https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/aspic/" target="_blank" rel="noopener">aspic</a>, comme le veut la tradition. </span></p><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">On ne compte plus les adaptations en films et romans de la vie de Cléopâtre VII, reine d’Egypte au destin tragique. C’est son image de femme fatale qui lui vaut de passer à la postérité, occultant le fait que Cléopâtre était avant tout une souveraine, préoccupée du destin de son peuple. </span></p><p><span style="font-size: medium;">Les études récentes ont permis de découvrir le visage d’une femme de pouvoir et d'une intellectuelle passionnée, certes libre dans ses mœurs, mais comme l’étaient depuis longtemps les femmes égyptiennes. Familière du Musée et de la Bibliothèque d’Alexandrie, elle était une grande lectrice d’Homère et se nourrissait des hauts faits d’Alexandre le grand. </span></p><p><span style="font-size: medium;">Elle fut la première de sa famille à parler l’égyptien et huit autres langues, à avoir su communiquer avec les gens de la province et pas seulement avec les Alexandrins. Elle reprit les rites pharaoniques que ses prédécesseurs avaient laissé tomber en désuétude. </span></p><p><a title="lien" href="https://on.soundcloud.com/Azjwe" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: medium;">Ecoutez le podcast de cet article en cliquant sur cette ligne}}}</span></a></p><p><span style="font-size: medium;"></span></p>
diazdhttp://evry-mosaique91.hautetfort.com/about.htmlLa bataille de Koursk. La Wechmacht ne se remettra pas de cette défaite imposée par l'armée Rougetag:evry-mosaique91.hautetfort.com,2023-07-30:64546392023-07-30T10:25:19+02:002023-07-30T10:21:00+02:00 Cinquante jours : c’est le temps qu’a duré la bataille de Koursk,...
<p style="text-align: center;"><a href="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/00/02/511916951.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6465429" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://evry-mosaique91.hautetfort.com/media/00/02/56469095.jpg" alt="Koursk.jpg" /></a></p><p><strong><span style="font-size: 14pt;">Cinquante jours : c’est le temps qu’a duré la bataille de Koursk, opposant la Wehrmacht à l’Armée rouge du 5 juillet au 23 août 1943. La plus grande bataille de chars de l’histoire – et une des plus importantes dans les airs –, avec ses pertes humaines et matérielles gigantesques, est moins connue que celle de Stalingrad. Elle n’en est pas moins décisive en cet été 1943, où la Seconde Guerre mondiale bascule.</span></strong></p><p><span style="font-size: 14pt;">Si elle a duré beaucoup moins longtemps que la bataille de Stalingrad (six mois et vingt-deux jours, du 11 juillet 1942 au 2 février 1943), la bataille de Koursk (cinquante jours, du 5 juillet au 23 août 1943) n’en a pas moins été décisive – elle l’a même peut-être été davantage. Stalingrad marquait un tournant plus politique que militaire, mais les Allemands gardaient leurs capacités offensives et demeuraient à l’initiative, comme le montra la contre-offensive de von Manstein sur Kharkov en février-mars 1943.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Après leur défaite à Koursk, les nazis perdirent cette capacité d’initiative et furent contraints de reculer. Il fallut encore deux longues années avant que le drapeau rouge ne flotte sur le Reichstag, mais, en août 1943, Hitler avait déjà perdu la guerre. C’est ce qu’écrivit le journaliste Alexander Werth, correspondant britannique en URSS pendant le conflit mondial, dans son magistral « la Russie en guerre. De Stalingrad à Berlin » (1) : « En gagnant la bataille de Koursk, la Russie avait gagné la guerre. »</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Après la reddition de von Paulus à Stalingrad en février 1943, Hitler et ses généraux cherchèrent à prendre leur revanche et à frapper un grand coup à l’est, afin de redonner le moral aux Allemands et plus particulièrement à l’armée.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">La défaite soviétique à Kharkov avait conduit à la formation d’un saillant (2) sur le front à Koursk. Il mesurait 200 kilomètres de large et s’avançait vers l’ouest jusqu’à 150 kilomètres. Les troupes soviétiques des fronts centre et de Voronej qui s’y trouvaient menaçaient les flancs et l’arrière des groupes d’armées allemands du centre et du sud. À leur tour, ces groupements ennemis, occupant les têtes de pont d’Orel et de Belgorod-Kharkov, pouvaient infliger de puissantes attaques de flanc aux troupes soviétiques à Koursk.</span></p><h2 class="IT"><span style="font-size: 14pt;">Opération Citadelle</span></h2><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Dès le mois de mars 1943, les Allemands lancèrent les préparatifs d’une grande offensive estivale. L’opération (nom de code « Citadelle ») prévoyait des frappes dans des directions convergentes du nord et du sud sur les flancs du saillant de Koursk. Ensuite, il était prévu de frapper à l’arrière du front sud-ouest (opération « Panther ») et de lancer une offensive en direction du nord-est afin d’atteindre l’arrière profond du groupe central des troupes soviétiques et de créer une menace pour Moscou. Les meilleurs généraux de la Wehrmacht et les troupes les plus prêtes au combat furent mobilisés. Au total, 900 000 hommes, environ 10 000 canons et mortiers, jusqu’à 2 700 chars et canons d’assaut, et environ 2 050 avions. Cela représentait près de 70 % des chars dont disposaient les forces du Reich, jusqu’à 30 % des divisions motorisées et plus de 20 % des divisions d’infanterie, ainsi que plus de 65 % de tous les avions de combat opérant sur le front soviéto-allemand.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">La Stavka – le quartier général soviétique – reçut de diverses sources des renseignements sur les préparatifs des nazis. Les agents du renseignement soviétique opérant à l’étranger obtinrent des informations sur l’offensive allemande. Le groupe du communiste hongrois Alexandre Sandor Rado, en Suisse, transmit des indications précises, jusqu’à la date et l’heure de l’offensive. En Grande-Bretagne, sous la houlette du général de division Sklyarov, les officiers du renseignement avaient obtenu un rapport analytique préparé pour Churchill et intitulé « Évaluation des intentions et actions allemandes possibles dans la campagne russe de 1943 ». Les partisans soviétiques, à l’arrière, livraient aussi des informations sur les convois d’hommes et de chars qui confirmaient les préparatifs allemands.</span></p><h2 class="IT"><span style="font-size: 14pt;">Pour Joukov, il faut « saigner l’ennemi »</span></h2><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Le commandement soviétique était confronté à un choix difficile : attaquer ou défendre. Joukov, maréchal chef de l’état-major soviétique, et son adjoint le maréchal Vassilievski proposèrent de « saigner l’ennemi » dans une bataille défensive, puis de passer à la contre-offensive. Un certain nombre de chefs militaires s’y opposèrent – Vatoutine, Malinowski, Timochenko, Vorochilov –, mais Staline soutint la proposition de Joukov et Vassilievski. La décision finale fut prise fin mai-début juin. La date de l’attaque était fixée au 5 juillet 1943.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Du côté soviétique, les fronts du centre et de Voronej comptaient, à la veille de l’assaut, 1 300 000 hommes, plus de 19 000 canons et mortiers, 3 444 chars et canons automoteurs, 2 172 avions. La défense soviétique reposait sur un échelonnement de lignes défensives comprenant mines, pièces d’artillerie, lance-roquettes et chars. Ces lignes étaient disposées en profondeur, jusqu’à 250 à 300 kilomètres. Le tout était soigneusement dissimulé.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Les troupes soviétiques étaient dirigées par des commandants célèbres tels que Joukov, Vatoutine, Koniev, Rokossovsk. Ils étaient opposés à des généraux allemands non moins expérimentés – Man-stein, Model, Goth.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Prévenus que l’attaque allemande aurait lieu le 5 juillet à 3 heures du matin, les quartiers généraux des fronts centre (commandant Rokossovski) et Voronej (commandant Vatoutine) décidèrent de mener une contre-préparation d’artillerie dans la nuit. Elle commença à 1 h 10. Les Allemands subirent des pertes et durent retarder le début de leur offensive de trois heures.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">En quelques jours, les chars allemands réussirent à pénétrer de 10 à 12 kilomètres sur la face nord du saillant de Koursk et jusqu’à 35 kilomètres sur la face sud. En matière de chars, la Wehrmacht avait la supériorité sur l’Armée rouge, non pas en nombre mais en qualité des équipements. Le T-34 soviétique n’avait qu’un canon de 76 mm et le T-70 un canon de 45 mm ; le char lourd allemand T-VI Tiger avait un canon de 88 mm qui pouvait percer le blindage du « Trente-Quatre » – son surnom – à une distance pouvant atteindre 2 kilomètres. Le canon du T-34 ne pouvait pénétrer le blindage des chars Tiger et Panther qu’à une distance de 300 à 400 mètres, c’est-à-dire au corps-à-corps. C’est ce qui se produisit au cours de cette première et gigantesque bataille de chars, notamment près de Prokhorovka.</span></p><h2 class="IT"><span style="font-size: 14pt;">Des pertes gigantesques</span></h2><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Le matin du 12 juillet, les chars soviétiques concentrés là passèrent à l’attaque. Ils étaient plus nombreux que ceux des Allemands – 3 contre 2 environ. Les chars soviétiques allèrent à la rencontre des chars allemands au plus près, à bout portant. Les formations de combat des adversaires étaient si mélangées que les Tiger et les Panther exposaient leur blindage latéral, qui n’était pas aussi solide que le frontal, au feu des canons soviétiques.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Lorsque la bataille commença finalement à se calmer vers la fin de la journée du 13 juillet, on put compter les pertes. Elles étaient gigantesques. La 5e armée de la garde soviétique avait pratiquement perdu sa puissance de combat. Les Allemands, de leur côté, n’avaient plus que 250 chars en état de service. Ils disposaient encore du 24e Panzer Corps, mais l’envoyer au combat signifiait perdre la dernière réserve. Le potentiel du côté soviétique était incommensurable. Le 15 juillet, la Stavka décida de déployer les forces du front de la steppe du général Koniev sur l’aile sud du saillant de Koursk. Les chars soviétiques furent concentrés à la hâte au nord-est de Prokhorovka et reçurent l’ordre, le 17 juillet, de passer à l’offensive. Les unités allemandes, cependant, avaient commencé à s’éloigner du champ de bataille.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Des deux côtés, jusqu’à 1 200 chars et canons automoteurs participèrent à la bataille de Prokho- rovka. Les pertes en matériel des troupes soviétiques s’élevèrent à 500 chars, sur les 800 engagés (soit 60 % de la composition d’origine) ; les Allemands avaient perdu 300 chars sur 400 (75 %). Mais la bataille de Koursk ne fut pas seulement une bataille de chars. L’aviation y joua aussi un grand rôle. Les pilotes français du régiment Normandie-Niémen s’y distinguèrent particulièrement (3). Le 14 juillet 1943, les Français exécutèrent 25 missions et remportèrent 3 victoires dues au commandant Pouyade et aux lieutenants Albert et Castelain. Mais, ce même soir, le sous-lieutenant Jean de Tedesco manquait à l’appel, abattu dans la région de Bolkhov. Au total, le groupe déplorera 6 morts et remportera 17 victoires homologuées.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">Après Prokhorovka, la phase offensive de la bataille commença du côté de l’Armée rouge. Le 3 août, après que les troupes des fronts de Voronej et des steppes eurent repoussé l’ennemi vers leurs positions d’origine sur l’aile sud du saillant de Koursk, l’opération « Belgorod-Kharkov » commença (opération « Roumiantsev »). Le 5 août, l’Armée rouge libéra Orel et Belgorod. Le soir même, sur ordre de Staline, le premier salut d’artillerie fut donné à Moscou – 12 salves tirées par 124 canons – en l’honneur des libérateurs. « Oui, le temps des salves victorieuses avait commencé », note Alexander Werth (4). Le 23 août 1943, l’Armée rouge libéra Kharkov. C’était la fin de la bataille de Koursk. Les Soviétiques avaient repoussé l’ennemi vers l’ouest de 140 à 150 kilomètres.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">La Wehrmacht perdit 30 divisions, dont 7 de chars, 1 500 tanks, plus de 3 000 avions, 3 000 canons et environ 500 000 soldats furent tués, blessés ou portés disparus. Les pertes des troupes soviétiques furent encore plus importantes : 860 000 tués ; plus de 6 000 chars et canons automoteurs, 5 000 canons et mortiers, 1 500 avions. Néanmoins, l’équilibre des forces au front avait changé en faveur de l’Armée rouge. Elle disposait d’un nombre incomparablement plus élevé de nouvelles réserves que la Wehrmacht.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">La victoire soviétique près de Koursk, puis dans la bataille du Dniepr (24 août-23 décembre 1943) acheva un tournant radical dans la Grande Guerre patriotique. La stratégie offensive de la Wehrmacht subit une faillite définitive. À la fin de 1943, 37 pays étaient en guerre contre les puissances de l’Axe. L’effondrement du bloc fasciste avait commencé.</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">En novembre-décembre 1943, lors de la conférence de Téhéran, première rencontre entre Staline, Roosevelt et Churchill, la décision finale fut prise d’un débarquement allié en Normandie en 1944. « À la fin de l’année 1943, l’Armée rouge avait libéré la moitié du territoire occupé par les Allemands en 1941-1942 », note l’historien américain Geoffrey Roberts (5).</span></p><p class="TX"><span style="font-size: 14pt;">La bataille de Koursk donne encore matière à réflexion : c’est une leçon à la fois tactique et stratégique pour les militaires du monde entier. Elle fut l’une des plus grandes batailles de l’histoire de l’humanité.</span></p><p class="TX"><a title="lien" href="https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/2e-guerre-mondiale/la-bataille-de-koursk-la-wechmacht-ne-s-en-remettra-pas-804134" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: 14pt;">Source L'Humanité</span></a></p><div class="footnotes">(1) « La Russie en guerre. De Stalingrad à Berlin, 1943-1945 » (tome 2), d’Alexander Werth, Tallandier, 2010 ; rééd. coll. « Texto » 2022. (2) Partie du front formant une avancée, une saillie. (3) Voir « l’Humanité magazine » n° 830 du 10 novembre 2022, « Des ailes françaises dans le ciel soviétique », par Bernard Frederick, et sur humanite.fr (4) « La Russie en guerre », ouvrage cité. (5) « Les Guerres de Staline. De la guerre mondiale à la guerre froide », de Geoffrey Roberts, préface d’Annie Lacroix-Riz, Delga, 2014.</div>