LES MASSACRES DE TULLE
10/06/2017
99 noms, ceux de 99 civils, des hommes raflés au hasard, le matin du 9 juin 1944 à Tulle, avant d'être pendus aux balcons et lampadaires de la ville. Aujourd'hui encore, ce drame reste largement méconnu. 7 juin 1944 au petit matin: plusieurs centaines de maquisards, des Francs-tireurs et partisans, attaquent la ville pour la libérer. La veille, jour du Débarquement des alliés, le général de Gaulle a lancé un appel à la Résistance. Les combats vont durer deux jours. Au soir du 8 juin, la ville est quasiment libérée.
Les Tullistes ont eu la sensation d'être libérés à ce moment-là. La joie se lisait sur les visages. C'est en fin de soirée du 8 juin, qu'une colonne est arrivée au sud de la ville par la route de Brives.
Pas n'importe quelle colonne.
Les gens qui ont vu arriver une colonne blindée, ont cru que c'était les Américains ou les Anglais. La joie était là. On s'est vite rendu commpte qu'il s'agissait de la sinistre colonne Das Reich venant de Montauban.
Les maquisards l'ignoraient, mais la 2e division SS Das Reich n'était qu'à quelques kilomètres. Dans la soirée, elle prend possession de la ville. Les résistants doivent se replier. Ces soldats SS n'ont qu'une devise: la politique de la terreur. Partie de Montauban en direction de la Normandie, ces troupes aguerries vont multiplier les massacres sur leur chemin, dont ceux de Tulle et d'Oradour-sur-Glane. A Tulle, en représailles des morts allemands, le général de la division ordonne de pendre une centaine d'hommes.
2.000 à 3.000 hommes sont rassemblés dès le petit matin du 9 juin, et, en colonne, chemine dans la ville sous la menace des blindés, vers la manufacture d'armes où ils sont parqués et triés.
Jean Viacroze fait partie des hommes raflés ce jour-là. Il a accepté de nous y amener, mais en arrivant sur les lieux, le viel homme ne pourra finalement traverser la rue, qui nous sépare de la place où ses compagnons furent triés.
Vous êtes déjà revenu là.
Non, c'était trop dur. On n'oublie pas.
Pendant des heures, une sélection cruelle s'opère. A la demande des autorités françaises, des boulangers, des bouchers, des fonctionnaires sont écartés, aussitôt remplacés par d'autres. Les hommes choisis seront conduits vers leur potence.
Ils sont partis dignement se faire pendre. Il n'y a pas eu de cris. C'était le silence. Certains ont passé la tête dans le noeud coulant. Un homme silencieux a reçu un coup de baïonnette pour le faire hurler. Il a hurlé avant d'arriver aux cordes. C'était terrible.
C'était leur courage face aux rires.
Les Allemands s'en foutaient. Ils rigolaient, étaient à la fête.
Pierrette Barrat n'a pas assisté directement aux pendaisons, mais n'oubliera jamais l'effroi ressenti.
On ne peut rien dire devant l'horreur. Ils avaient bien calculé, depuis la Russie, que les pendaisons étaient une arme très efficace pour tenir une population. Là, on ne réagit plus.
Les jours suivants, 140 Tullistes seront de nouveaux sélectionnés, puis déportés à Dachau. Pourquoi ce tri arbitraire ? Pourquoi tel homme ? Y a-t-il eu des dénonciations ? Autant de questions aujourd'hui encore sans réponses.
Sources France Infos
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