L’URSS et le lourd fardeau de la guerre (07/05/2025)
Le 22 juin 1941, l’armée allemande envahit le sol soviétique. S’ensuivent 47 mois de conflit d’une violence inouïe avec plus de 20 millions de morts côté soviétique. Le front russe sera déterminant dans la capitulation de l’Allemagne nazie.
La Pravda du 9 mai 1945 exulte. « Le peuple soviétique n’oubliera jamais ce jour. Comme il n’oubliera jamais le 22 juin 1941 ! Entre ces deux dates, on aurait dit qu’un siècle s’était écoulé (…) Nous attendions avec impatience le jour où le coup final viendrait abattre le monstre noir qui insultait la vie. Et nous avons porté ce coup (…) Et le ciel nocturne de Moscou semble refléter la joie qui emplit le pays soviétique. Nous avons été témoins d’événements qui pourraient remplir des volumes. Mais aujourd’hui, nous pouvons tous les résumer en un seul mot : victoire ! »
Cette victoire est fêtée le 24 juin 1945 avec un grand défilé des troupes couronnées de gloire sur la place Rouge à Moscou. Après la parade, Staline reçoit au Kremlin 2 500 généraux et officiers de l’Armée rouge. À la surprise générale, ce n’est pas à eux qu’il adresse son toast mais aux millions de citoyens soviétiques de l’arrière sans l’engagement et l’abnégation desquels la victoire eut été impossible.
L’URSS représente 85 % des pertes alliées en Europe
En attaquant l’URSS le 22 juin 1941, les Allemands comptaient sur la division entre les diverses nationalités que comptait l’Union soviétique et sur l’effondrement du régime lui-même. Il n’en fut rien : l’État multinational a résisté, mis à part quelques milliers, voire centaines de milliers de collaborateurs nationalistes dans les pays Baltes (annexés en 1940) et en Ukraine, qui ont prêté leur concours aux nazis dans les massacres de juifs, les représailles contre les populations civiles et les partisans. Les Soviétiques dans leur majorité ont fait bloc avec leur gouvernement, leur armée et le PCUS.
De 1941 à 1944, l’URSS est bien seule à supporter le poids de la guerre. Du 22 juin 1941 au 9 mai 1945, les pertes militaires soviétiques s’élèvent à 11 444 100 personnes, selon les statistiques russes de 2009. Le nombre de morts civils s’élevait à plus de 13 684 000. Parmi ces derniers, 7 420 370 ont été délibérément exterminés dans les territoires occupés, 4 100 000 personnes sont mortes des conditions cruelles du régime d’occupation (faim, maladie), 2 164 313 personnes dans les camps de travail forcé en Allemagne.
Les pertes militaires de l’Union soviétique représentent 85 % du total des pertes alliées en Europe (Royaume-Uni 3,7 %, France 2,9 %, États-Unis 2,6 %). Enfin, le front ouvert en juin 1944 en France a eu, militairement, environ 11 mois d’existence, contre 47 mois pour le front russe depuis juin 1941.
La gigantesque mobilisation des travailleurs soviétiques
L’Armée rouge a retenu sur son front jusqu’à 80 % des forces terrestres allemandes ; elle a dû faire face à 190 divisions en 1941, à 268 au moment de la bataille de Stalingrad, et à 189 au début de 1945 alors qu’elle avait déjà porté des coups décisifs à l’ennemi. À titre de comparaison, les Anglo-Américains n’ont eu à combattre que 15 divisions en 1941-1942 et de 60 à 75 après le débarquement en Normandie.
Au total, 1 700 villes, 70 000 villages et 32 000 entreprises industrielles furent rasés. Entre Brest (Biélorussie) à l’ouest et Moscou à l’est, entre Leningrad au nord et Sébastopol au Sud, le pays n’était plus qu’un champ de ruines. Une gigantesque mobilisation des travailleurs soviétiques avait permis, dès l’été 1941, d’évacuer des usines entières.
Démontées et transportées en Sibérie ou dans l’Oural, elles continuent à produire des armes et des équipements essentiels dès l’automne 1941. Elles ont permis d’approvisionner les troupes qui ont repoussé les Allemands devant Moscou et jouer un rôle crucial dans la capacité de l’Union soviétique à soutenir un effort de guerre tout au long du conflit.
La tardive ouverture d’un « second front »
Dès les mois d’août-septembre 1941, Staline avait réclamé sans répit – mais en vain – l’ouverture d’un « second front » occidental à l’Ouest, en France par exemple. Il ne l’obtint qu’en juin 1944, alors qu’il était clair que Hitler avait perdu la guerre et que rien ne pouvait plus arrêter l’Armée rouge dans sa poussée à l’Ouest. L’opération « Bagration », du 22 juin – jour d’anniversaire de l’attaque allemande de 1941 – au 19 août 1944 en est un exemple.
Visant à libérer la Biélorussie et à éliminer le groupe d’armées Centre de la Wehrmacht, elle fixe aussi à l’Est des divisions allemandes qui, sans cela, se seraient portées au-devant des Alliés qui venaient de débarquer en Normandie. L’Armée rouge y enregistre là 178 507 tués et 587 308 blessés. Mais elle parvient à parcourir de 500 à 600 km, libérer la Biélorussie, terre de partisans mais aussi terre martyre aux 628 « Oradour ». Elle atteint la Vistule, en Pologne, libère Sandomierz et surtout Lublin, où va siéger le Comité polonais de libération nationale (PKWN).
Le 19 août 1944, l’Armée rouge est devant Varsovie. Elle n’est plus, alors, qu’à 600 km de Berlin. Ce même jour, à 1 500 km de là, l’insurrection parisienne commençait avec l’occupation de la préfecture de police dans l’île de la Cité, à plus de 1 000 km de la capitale du Reich.
19:32 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : urss, 2 ème guerre mondiale | |
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