Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/09/2016

Le saint communiste

saint.jpgLa photo ci-contre fut prise en septembre 1936 aux alentours de Huesca (province d’Aragon). Cet homme fut identifié comme un curé qui, quelques instants après avoir été photographié, allait être fusillé par des miliciens républicains dans le village de Sietamo.
 
Durant des décennies, cette image de curé martyr fit l’objet d’un véritable culte à Huesca et dans ses environs. On édita de petites estampes, des calendriers, on l’invoquait dans des prières. Mais en 1995, Jean-Paul II franchit un pas supplémentaire et, dans l’une de ses fournées de béatification de martyrs de la guerre civile, sanctifia ce jeune et beau curé qui défiait la mort avec le sourire de celui qui sait se trouver dans le bon camp. Dieu soit loué !
Ce cliché avait été réalisé par Hans Guttman, membre des Brigades internationales et photographe professionnel, qui en Espagne changea son nom en Juan Guzman.
Son problème était qu’il ne comprenait pas l’espagnol et pas toujours tout ce qui se passait autour de lui. Ainsi, lorsque les combattants républicains s’emparèrent du village de Pompenillo, sur la route de Huesca, Guttman ou Guzman, comme on voudra, réalisa une série de photos : un garde civil mort, un habitant prisonnier, le curé du village quelque temps avant d’être fusillé… et bien d’autres photos qu’il identifia à sa manière.

A la fin de la guerre civile, Guttman partit au Mexique où il vécut le reste de sa vie. Sans doute ne sut-il jamais que le pape avait sanctifié le martyr qu’il avait eu face à lui durant quelques instants.
 
Le photographe mourut de vieillesse, et c’est en ordonnant ses papiers et ses négatifs qu’est apparue la surprise : le « curé » fusillé de la photo n’était pas du tout curé. Guttman s’était trompé en référençant son cliché. En réalité ce jeune homme était un brigadiste communiste allemand ! La preuve en est fournie par d’autres photos, prises quelques jours plus tard, où ce même jeune homme figure, en compagnie de ses camarades, avec la salopette typique que revêtaient alors les combattants républicains.

Ainsi donc, les bigots de la région du Haut-Aragon ont adoré durant des décennies les petites estampes et images sacrées d’un prétendu martyr qui, pour avoir été communiste et probablement mécréant, devait sans aucun doute séjourner en enfer. Et alors ? Va-t-on le faire redescendre des hauteurs célestes ? Peut-on déloger un saint de son poste ? Le pape n’est-il pas infaillible, et par là même censé ne pas s’être trompé en le sanctifiant ? Mon Dieu, que de questions sans réponses ! »

(D’après une info publiée dans le quotidien El Periodico de Catalunya.)

Google-Translate-English to French Traduire français en German  Traduire français en Italian Google-Translate-English to Japanese BETA   Traduire français en Portuguese   Traduire français en Russian   Traduire français en Spanish Traduire français en Arabic   Traduire français en danish Traduire français en Greek

13:37 Publié dans Espagne, Guerre d'Espagne, Photos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : saint, espagne, curé, photo | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

10/02/2016

COMPANERAS, LE ROLE DES FEMMES DANS LA DEFENSE DE LA REPUBLIQUE ESPAGNOLE

campagnera.jpgDocumentaire Compañeras, de Dominique Gautier et Jean Ortiz.

Le film retrace la participation et le rôle des femmes dans la défense de la République espagnole, dans l'anti-franquisme. Elles qui ont été longtemps reléguées, comme effacées. Une longue absence. Significative.

Leur reconnaissance, relativement récente, n'est pas encore au niveau de ce que fut l'engagement des femmes espagnoles dans le combat antifasciste. La République de 1931 commença à changer la condition quasi-esclave des femmes espagnoles, mais ne put mener à terme ce combat émancipateur.

Avec la victoire des franquistes en 1939, les femmes, surtout celles du peuple, furent doublement perdantes. Et d’abord de leurs droits. Leur condition régressa à ce qu'elle était avant 1931 : soumission, aliénation, négation...

Pendant 10 ans, Dominique Gautier et Jean Ortiz ont interviewé, rencontré, suivi, ces femmes courage, mères, épouses, en première ligne ou à l’arrière du front, miliciennes, combattantes, guérillas, agents de liaison, recueillant des heures de témoignages plus forts et plus poignants les uns que les autres. Des portraits chaleureux de femmes anarchistes, communistes, socialistes..., des mots dits, des silences, des regards. Beaucoup de dignité.

Gautier et Ortiz ont ciselé, dans la lignée de leurs précédents documentaires (« Espejo rojo - Rouge miroir », « Le cri du silence », « La traversée solidaire », « Les ombres de la mémoire », « Fils de Rouge » ... ), un film délicat, tonique, qui ne cache ni les problèmes, ni les limites de la République, ni les contradictions d’une époque.

Le documentaire "Compañeras" raconte l'avant 1931, la République, la Guerre d'Espagne, l'anti-franquisme, une « transition » sans rupture, le rétablissement d'une démocratie bancale... Il termine par la condition de la femme sous le très conservateur gouvernement Rajoy, sur le nécessaire combat de mémoire, mais tourné vers le futur, ainsi que sur le ressenti de la troisième génération « républicaine ».

Dominique Gautier et Jean Ortiz bouclent ainsi plus de 20 ans de travail sur cette histoire qui tient à cœur à des millions d’hommes et de femmes, en Espagne et au sein de l’exil, et qui ne passe pas. Qui réclame ses droits.

Google-Translate-English to French Traduire français en German  Traduire français en Italian Google-Translate-English to Japanese BETA  Traduire français en Portuguese  Traduire français en Russian  Traduire français en Spanish Traduire français en Arabic  Traduire français en danish Traduire français en Greek

28/10/2015

L'ADIEU AUX BRIGADES INTERNATIONALES

espbi.jpgÀ la demande du comité de non-intervention, le gouvernement républicain de Juan Negrín consentit à retirer du front ses volontaires étrangers des Brigades internationales pendant que l'Allemagne Nazie et l'Italie fasciste continuaient à équiper et aider Franco, le gouvernement français de Léon Blum fermant les yeux devant ce marché de dupes.

Une parade d'adieux a lieu à Barcelone le 29 octobre 1938.

espasionaria1.jpgExtraits émouvant du discours de Dolores Ibarruri (La Pasionaria)

"Mères ! Femmes ! Lorsque les années auront passé et que les blessures de la guerre seront cicatrisées ; lorsque le souvenir des jours de détresse et de sang se sera estompé dans un présent de liberté, d'amour et de bien-être ; lorsque les rancœurs seront mortes et que tous les espagnols sans distinction connaîtront la fierté de vivre dans un pays libre, alors, parlez à vos enfants. Parlez leur des hommes des Brigades Internationales.

capa1.jpgDites-leur comment, franchissant les océans et les montagnes, passant les frontières hérissées de baïonnettes, épiés par des chiens dévorants avides de déchirer leur chair, ces hommes sont arrivés dans notre pays comme des croisés de la liberté. [...]
Ils abandonnèrent tout : tendresse, patrie, foyer, fortune, mères, épouses, frères, sœurs et enfants, et vinrent nous dire : Nous voici. Votre cause, la cause de l'Espagne, est la nôtre. C'est la cause de toute l'humanité éprise de progrès !

Aujourd'hui, ils s'en vont. Beaucoup d'entre eux, des milliers, restent ici, avec comme linceul, la terre espagnole, et tous les espagnols se souviennent d'eux avec une émotion profonde. [...]

brigade.jpgCamarades des Brigades Internationales ! Des raisons politiques, des raisons d'État, l'intérêt de cette même cause pour laquelle vous avez offert votre sang avec une générosité sans limites, font que vous repartez, certains de vous dans leur pays, d'autres vers un exil forcé.

Vous pouvez partir la tête haute. Vous êtes l'histoire, la légende, l'exemple héroïque de la solidarité et de la démocratie universelle[...]. Nous ne vous oublierons pas ; et quand l'olivier de la paix se couvrira de nouveau de feuilles mêlées aux lauriers victorieux de la République espagnole, revenez ! "

Despedida.jpg

LES BRIGADES INTERNATIONALES

Dès le mois d'août 1936, en dépit des accords dits de non intervention, l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste soutiennent activement les troupes de Franco. Celui-ci proclame qu'il prendra Madrid avant le 12 octobre.
La passivité des pays démocratiques indigne les antifascistes du monde entier. Le 1er octobre 1936, le premier noyau de volontaires appelés à former les Brigades Internationales arrive à Alicante.
On en comptera 35.000 accourus d'Europe et d'Amérique pour défendre la jeune République Espagnole. 10.000 d'entre eux y feront le sacrifice de leur vie.

Des volontaires venus du monde entier
Les réfugiés italiens (3 500), allemands et autrichiens (5 000) voient dans la guerre civile espagnole leur première chance de prendre leur revanche sur le fascisme.
Les Français (qui représentent le contingent le plus nombreux avec 10 000 hommes, dont 3 000 seront tués), les Britanniques (200 volontaires) et les volontaires d'Amérique du Nord (au nombre de 2 800) viennent en Espagne pour stopper l'agression fasciste, à l'encontre de l'attitude officielle de leurs gouvernements respectifs, lesquels optent pour la neutralité officielle en signant l'accord de non-intervention du 28 août 1936.

Les volontaires sont rassemblés par la IIIe Internationale ou Komintern qui décide le 18 septembre de procéder au recrutement, parmi les ouvriers de tous les pays, de volontaires ayant une expérience militaire, en vue de leur envoi en Espagne. 23 bataillons forment 6 Brigades internationales.
Les Soviétiques, dont le nombre est certainement inférieur à 2 000 et ne dépasse jamais plus de 500 à la fois, occupent des positions relativement importantes : par exemple, à l'état-major général ou comme instructeurs sur les aérodromes militaires. Les premiers volontaires passent la frontière franco-espagnole clandestinement dès le mois d'octobre 1936.

Après un entraînement rudimentaire à Albacete, où le Français André Marty est inspecteur des Brigades, les premières unités sont engagées pour défendre Madrid assiégée le 8 novembre, à la Casa del Campo. Ces volontaires sont alors amalgamés aux défenseurs espagnols dans la proportion d'un homme pour quatre, dans le but de les soutenir moralement et de pouvoir transmettre leur expérience du service militaire aux civils.

Le rôle militaire des Brigades internationales
Les Brigades internationales représentent une force vitale pour la défense de Madrid. Au début de 1937, elles contribuent à empêcher, en subissant des pertes énormes, l'encerclement de Madrid par les troupes nationalistes, notamment lors de la bataille de Jarama en février, où elles gardent le contrôle de l'axe routier Madrid-Valence.
Les pertes sont toujours importantes. En mars 1937, les Brigades sont aussi impliquées dans la bataille de Guadalajara.

Elles jouent un rôle substantiel dans les offensives ultérieures, comme la prise de Belchite et de Teruel. Dans la phase défensive finale de la guerre, les Brigades jouent un rôle stratégique dans l'attaque de diversion spectaculaire des républicains sur l'Èbre, afin de tenter de rétablir le contact avec la Catalogne. Cependant, malgré leurs premiers succès et après avoir subi trois mois de bombardements d'artillerie intenses sous une chaleur torride, les républicains doivent se retirer.

Le nombre total des étrangers qui ont ainsi combattu ainsi est de 40 000, représentant cinquante-deux nationalités différentes. Pourtant, les effectifs n’ont jamais dépassé plus de 18 000 hommes à la fois. En tout, 9 934 membres des Brigades internationales sont morts et 7 686 ont été sérieusement blessés. Nombre d’entre eux sont arrêtés et internés dans des camps en France après qu’ils ont passé la frontière.

Parmi les étrangers engagés qui sont devenu célèbres, Josip Brosz, le futur Tito, qui se charge à Paris du passage vers l'Espagne des Brigades internationales ; Walter Ulbricht, qui a été président de la RDA ; Palmiro Togliatti, le chef du Parti communiste italien (PCI) ; Gueorgui Dimitrov, le futur chef du gouvernement bulgare ; Klement Gottwald, qui est devenu président de la République tchécoslovaque ; les communistes français André Marty, Charles Tillon et Rol-Tanguy, chefs des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTP ou FTPF) en 1944. André Malraux dépendait du commandement aérien central et non des Brigades.

espbi1.jpg

L'épopée de la Brigade Abraham Lincoln
De janvier 37 à novembre 38, plus de 2800 volontaires américains ont combattu aux côtés des républicains espagnols au sein des Brigades Internationales.

Marins de San Francisco, étudiants et professeurs du Wisconsin ou de l'Illinois, mineurs de Pennsylvania et de l'Ohio, ouvriers, poètes, artistes-peintres de New York et du New Jersey, ils venaient des quatre coins des Etats-Unis. Modèle d'intégration antifasciste, 30% des brigadistes américains étaient d'origine juive et 90 volontaires d'origine noire, dont un commandant . Tous ensemble, ils formaient la légendaire Brigade Abraham Lincoln

L'American Medical Service comptait 125 médecins, infirmières et ambulanciers.
Environ huit cent volontaires américains tombèrent en Espagne.

Google-Translate-English to French Traduire français en German  Traduire français en Italian Google-Translate-English to Japanese BETA  Traduire français en Portuguese  Traduire français en Russian  Traduire français en Spanish Traduire français en Arabic  Traduire français en danish Traduire français en Greek