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11/09/2018

C’était un 11 septembre…au Chili

Chili coup état.jpg

11 septembre 1973, Santiago du Chili, Palais présidentiel. Il est près de 12h. Les bombardements viennent de prendre fin, une partie du bâtiment est en feu, les militaires putschistes encerclent « La Moneda ». L’assaut final se prépare.

salvador allende.jpegSalvador Allende vient de refuser de se plier à l’ordre de Pinochet de prendre le chemin de l’exil à bord d’un avion militaire. Le président adresse son dernier message sur les ondes de Radio Magallanes : « Ils vont sûrement faire taire la radio et vous ne pourrez plus entendre le son de ma voix. Peu importe, vous continuerez à m’écouter, je serai toujours près de vous, vous aurez au moins le souvenir d’un homme digne qui fut loyal avec la patrie. Le peuple doit se défendre et non pas se sacrifier, il ne doit pas se laisser exterminer et humilier. Allez de l’avant, sachant que bientôt s’ouvriront de grandes avenues où passera l’homme libre pour construire une société meilleure ».

Des années de répression de masse, de tortures et d’assassinats s’annonçaient sur l’ensemble du continent latino-américain. Aux manettes, les généraux formés aux Etats-Unis et les oligarchies locales. A la coordination et l’inspiration, les gouvernants nord-américains, le « Prix Nobel de la Paix » Henry Kissinger et son maître, le célèbre affabulateur Richard Nixon. Une longue nuit de terreur s’abattait sur l’Amérique du Sud.

Objectif de Washington et de ses tueurs : exterminer les forces de gauche du continent : communistes, socialistes, révolutionnaires de toutes tendances, curés proches de la théologie de la révolution, démocrates mêmes engagés timidement devaient disparaître. Si possible sans laisser de traces, les bébés rescapés des massacres étant livrés à des militaires en mal d’enfants avec la plupart du temps le silence complice des autorités ecclésiastiques, seuls quelques évêques osant protester et le payant de leur vie comme le courageux archevêque de San Salvador, Mgr Romero. En ce temps là, le pape François, chef des Jésuites en Argentine, ne pipait mot. Les persécutés franchissant les frontières, il fallait trouver une parade : le « Plan Condor », du nom du célèbre oiseau de proie des Andes, était mis en place.


26 novembre 1975, 11 heures. Dans un sous sol de la police secrète à Asunción au Paraguay, la « coordination » regroupant les représentants des dictatures d’Argentine, du Chili, de l'Uruguay, du Paraguay, de Bolivie, du Brésil et du Pérou s’installe. Autour de la table, le général Manuel Contreras, chef de la police secrète chilienne, le capitaine argentin Jorge Casas, le major Carlos Mena (Bolivie), le colonel Benito Guanes Serrano (Paraguay), le colonel José A. Fons (Uruguay), et les Brésiliens Flávio de Marco et Thaumaturgo Sotero Vaz. La CIA est représentée par deux « chefs de haut niveau » dont les véritables noms ne sont toujours pas connus. Sur les documents de la CIA déclassés, seuls apparaissent les pseudos avec un oubli volontaire ou pas : les Péruviens. La réunion se prolonge jusqu’à l’heure du dîner. Le plan ficelé, le repas pris, chacun reprend le chemin de la capitale des pays respectifs. Le massacre pouvait commencer.

Peu de temps après, la vague de tortures et de meurtres démarre sur l’ensemble du continent. Elle durera près de dix ans. Parmi les victimes, Orlando Letelier, ancien ministre des Affaires étrangères du Chili et l'ex-président bolivien, Juan José Torres. Bilan de l’opération Condor : 50.000 assassinés, 30.000 disparus, 400.000 emprisonnés.
Chaque dictature, au delà des pratiques courantes, a ses préférences répressives et de mort : en Argentine, les prisonniers sont jetés à la mer depuis les hélicoptères ; en Uruguay et au Paraguay, la torture est poussée jusqu’au raffinement avec un goût prononcé pour la baignoire et la découpe de membres. Au Chili, la technique de la « disparition » pure et simple devient monnaie courante ; au Brésil, on rassemble les familles puis, un par un, enfants, père et mère sont abattus pour faire parler les derniers. Au Paraguay, le dictateur Strossner aime alimenter les fauves avec de la chair humaine sortie des prisons. En Bolivie comme au Pérou, il est courant de voir débarquer dans les villages au petit matin des pelotons de militaires fusillant sans distinction la population coupable de protéger des opposants.

L’horreur, dix ans durant. La barbarie planifiée depuis Washington a plongé le continent dans la nuit noire du fascisme dans le plus grand silence où presque des prétendues « démocraties » occidentales. Aujourd’hui, la plupart des tortionnaires sont morts. Leurs descendants se distinguent actuellement dans l’opposition aux gouvernements progressistes de Bolivie et du Venezuela. Quant à Trump qui a signé lundi l’ordre d’embargo contre Cuba, il n’exclut pas une intervention armée contre le Venezuela se contentant pour l’instant d’organiser avec les bourgeoisies locales la pénurie et la déstabilisation. L’impérialisme nord-américain caresse l’espoir de reprendre totalement pied en Amérique latine. Aux côtés des peuples de la région, ne laissons pas faire.

José Fort, journaliste

09:24 Publié dans Actualité, Chili : 1973-2013, Etats Unis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chili, allende, pinochet | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

11/09/2013

SALVADOR ALLENDE : EL PRESIDENTE !

chili_allende_pinochet_18b_hr_fr.jpgallende3.jpgChili, 40 ans. Anniversaire du coup d’Etat de Pinochet (11 septembre 1973, 11 septembre 2013)

"Savez-vous pourquoi il n'y a jamais eu de coup d'Etat aux Etats-Unis ? Parce qu'il n'y a pas d'ambassade des Etats-Unis aux Etats-Unis..." Michelle Bachelet, ancienne Présidente du Chili (fille d'un général assassiné avec la complicité des Etats Unis).

Président du Chili sous le gouvernement d'Unité populaire, Salvador Allende restera dans l'histoire comme le premier leader politique ayant dirigé une tentative de " transition pacifique " et dans la légalité vers le socialisme.

Issu d'une famille de la bonne bourgeoisie de Valparaiso se réclamant de la libre pensée, il adhère très tôt à la franc-maçonnerie. Étudiant en médecine, vice-président de la Fédération des étudiants de Santiago, il est plusieurs fois emprisonné et chassé de l'université. Mais c'est sa découverte de la misère, à travers son travail de médecin dans les bidonvilles, qui le lance dans l'action politique.

En 1933, il est cofondateur du Parti socialiste chilien auquel il ne cessera d'appartenir ; en 1938, élu député, il dirige la campagne du radical Aguirre Cerda, premier président du Front populaire ; en 1942, ministre de la Santé, il administre la sécurité sociale ouvrière ; il est sénateur à partir de 1945. À trois reprises, il sera candidat malheureux à la présidence de la République, en 1952, en 1958 et en 1964, avant de l'emporter le 4 septembre 1970 avec 36,30 % des voix face aux candidats Jorge Alessandri, du Parti national (34,98 %) et Radomiro Tomic, de la Démocratie chrétienne (27,84 %). La gauche ne représente alors donc qu'un tiers des votes de la population. La constitution ne prévoyant pas de second tour, Allende est désigné à la présidence par la chambre des députés, comme le prévoit la constitution dans un tel cas, avec l'appui des démocrates chrétiens qui font signer à Allende un pacte de respect de la constitution chilienne.

Soutenu par une coalition d'Unité populaire allant des communistes aux radicaux et aux chrétiens de gauche, Salvador Allende dut aussi son élection à son prestige auprès des masses populaires. On appréciait chez lui à la fois sa conviction politique, sa chaleur humaine et son goût des plaisirs de la vie.

allende4.jpgSon gouvernement se proposait de transformer dans la légalité les structures économiques et sociales du Chili et de le libérer de l'emprise économique des États-Unis.

La vigueur avec laquelle Allende soutint certaines mesures, comme la nationalisation des mines de cuivre en juillet 1971, ne l'empêcha pas d'adopter, sur le plan intérieur comme sur le plan international, une attitude modérée. Il était d'ailleurs minoritaire à l'intérieur de son propre parti qui prônait des mesures plus radicales, et il s'appuyait sur les sociaux-démocrates et les communistes qui voulaient " consolider " les acquis avant " d'avancer ".

Lorsque les difficultés économiques se multiplièrent à partir de 1972, Salvador Allende accorda une importance toute particulière au problème de l'armée. Malgré la réputation de professionnalisme et d'apolitisme de cette dernière, un secteur militaire avait tenté, en 1970, d'empêcher l'installation d'Allende à la tête de l'État. Le président comptait avant tout sur ses relations personnelles avec un certain nombre d'officiers, par le biais de la franc-maçonnerie en particulier, et sur son habileté manœuvrière. Après la démission, le 23 août 1973, du général Prats, son soutien le plus ferme à l'intérieur de l'armée, il fit une entière confiance au général Augusto Pinochet qui remplaça ce dernier comme commandant en chef.

allende.jpgLes désordres s'aggravèrent durant l'hiver austral de 1973 (inflation galopante, émeutes, pressions du M.I.R., ou Mouvement de la gauche révolutionnaire, et du mouvement fasciste Patrie et Liberté) et les partis de l'Unité populaire ne parvinrent pas à s'accorder sur la politique à suivre ; Salvador Allende s'apprêtait à annoncer le 11 septembre un référendum concernant la politique de son gouvernement quand il fut pris de vitesse par la rébellion militaire.

Lorsque, dans la matinée, l'armée entra en dissidence il s'enferma avec une poignée de fidèles dans le palais présidentiel de la Moneda. Refusant les offres de la junte de quitter le pays, il en dirigea lui-même la défense pendant de longues heures. Le gouvernement militaire annonça le 12 septembre qu'il s'était suicidé après avoir estimé toute résistance vaine. Mais les contradictions des versions successives données par le nouveau pouvoir, autant que le caractère de Salvador Allende, donnent à penser qu'il est mort les armes à la main.

18/08/2013

VICTOR JARA : ON LUI COUPA LES DOIGTS PUIS LES MAINS POUR QU‘IL NE CHANTE PLUS !

Jara1.jpgTout d'un coup Victor essaya péniblement de se lever et comme un somnambule, se dirigea vers les gradins, ses pas mal assurés, et l'on entendit sa voix qui nous interpellait :

" On va faire plaisir au commandant. " Levant ses mains dégoulinantes de sang, d'une voix angoissée, il commença à chanter l'hymne de l'Unité populaire, que tout le monde reprit en choeur.

C'en était trop pour les militaires ; on tira une rafale et Victor se plia en avant.

Chili, 40 ans. Anniversaire du coup dEtat de Pinochet (11 septembre 1973, 11 septembre 2013)

"Savez-vous pourquoi il n'y a jamais eu de coup d'Etat aux Etats-Unis ? Parce qu'il n'y a pas d'ambassade des Etats-Unis aux Etats-Unis..." Michelle Bachelet, ancienne Présidente du Chili (fille d'un général assassiné avec la complicité des Etats Unis).

VICTOR JARA

Les mots ne sont pas innocents. On ne défie pas impunément le pouvoir, surtout s'il est entre les mains de dictateurs sanguinaires. Victor Jara en fit l'amère constat, payant de sa vie son engagement militant auprès de Salvador Allende au Chili.

Chantre de la révolution communiste, Victor Jara chantait le partage des terres, critiquait le conformisme bourgeois, dénonçait la répression militaire, condamnait la guerre du Vietnam…

Après le coup d'état du Général Pinochet, Victor Jara fut arrêté et emprisonné dans le stade de Santiago, lieu de triste mémoire. Il fut torturé et exécuté.

Pinochet a échappé à ses juges. Le monde de justice rêvé par Jara n'est pas pour demain.

" On amena Victor et on lui ordonna de mettre les mains sur la table. Dans celles de l'officier, une hache apparut.

D'un coup sec il coupa les doigts de la main gauche, puis d'un autre coup, ceux de la main droite.

On entendit les doigts tomber sur le sol en bois. Le corps de Victor s'écroula lourdement. On entendit le hurlement collectif de 6 000 détenus.

L'officier se précipita sur le corps du chanteur-guitariste en criant : " Chante maintenant pour ta putain de mère ", et il continua à le rouer de coups.

Tout d'un coup Victor essaya péniblement de se lever et comme un somnambule, se dirigea vers les gradins, ses pas mal assurés, et l'on entendit sa voix qui nous interpellait :

" On va faire plaisir au commandant. " Levant ses mains dégoulinantes de sang, d'une voix angoissée, il commença à chanter l'hymne de l'Unité populaire, que tout le monde reprit en choeur.

C'en était trop pour les militaires ; on tira une rafale et Victor se plia en avant.

D'autres rafales se firent entendre, destinées celles-là à ceux qui avaient chanté avec Victor. Il y eut un véritable écroulement de corps, tombant criblés de balles. Les cris des blessés étaient épouvantables. Mais Victor ne les entendait pas. Il était mort. "

Miguel Cabezas (extrait d'un article paru dans l'Humanité du 13 janvier 2000).

Le stade porte aujourd'hui son nom.