06/03/2018
Ligue des champions. Le président oublié du Real Madrid
Nicolas Guillermin, L'Humanité
Militant communiste et républicain, Antonio Ortega a dirigé le club en 1937 et 1938. Un nom que le Real, longtemps lié au franquisme, a fait disparaître de son histoire officielle.
Club le plus titré au monde et parmi les plus riches, le Real Madrid CF incarne à lui seul la version capitaliste globalisée du football. Toujours prompte à signer de juteux partenariats avec de nouveaux sponsors ou à recruter des joueurs « galactiques » pour des montants mirobolants, la Maison blanche, un de ses nombreux surnoms, est bien plus discrète lorsqu’il s’agit d’évoquer son histoire en dehors des terrains de football.
On connaissait le passé franquiste du club merengue (meringue), incarné par Santiago Bernabeu, ancien footballeur, combattant franquiste puis président qui sut utiliser sa proximité avec le régime dictatorial de Franco pour favoriser le Real durant son règne de 1943 à 1978. On savait moins que le Real Madrid avait eu à sa tête un président communiste en 1937 et 1938 issu du Front populaire, en la personne d’Antonio Ortega Gutierrez, condamné à mort après un procès sommaire dans une prison d’Alicante et exécuté le 15 juillet 1939 à l’âge de 51 ans.
Si l’information était connue en Espagne, elle s’est peu diffusée par-delà les Pyrénées durant toutes ces années. Il a fallu que Sapiens, un magazine catalan d’histoire, fasse sa une sur le dixième président du Real Madrid « assassiné par Franco » pour que l’information resurgisse via les réseaux sociaux. Dans leur enquête, l’historien Ramon Usall et le producteur de télé Frédéric Porta s’intéressent tout particulièrement à sa disparition de l’histoire officielle du club. D’Antonio Ortega, colonel communiste devenu président martyr, pas la moindre trace ne subsiste sur le site Internet du club. Juste un grand vide entre Rafael Sanchez Guerra, qui quitta la présidence au début de la guerre d’Espagne, et Adolfo Melendez, premier président après le conflit.
Le Real Madrid Club de Futbol, renommé Madrid Football Club
Originaire de la petite ville de Rabé de las Calzadas, dans la province de Burgos, rien ne prédestinait Ortega, né en 1888, à accéder aux plus hautes fonctions de ce club « royal ». Issu d’une famille modeste, Ortega commence sa carrière militaire en 1906 et grimpe les échelons. Lorsque la guerre d’Espagne éclate, il est lieutenant de carabiniers à Irun, au Pays basque. Peu de temps après, il devient gouverneur civil de Guipuzcoa et conduit les troupes républicaines dans le Nord. En mai 1937, le nouveau gouvernement républicain de Juan Negrin appelle ce militant communiste à Madrid, où il est nommé directeur général de la sécurité.
À cette époque, le Real Madrid Club de Futbol, renommé Madrid Football Club depuis 1931, date de la dissolution de la monarchie et de l’avènement de la Seconde République, a entamé sa mue. La couronne, symbolisant le titre royal accordé par Alphonse XIII en 1920, a disparu du blason et a été remplacée par une « bande de lilas » dont la couleur violette est une référence au drapeau républicain. En août 1936, quelques semaines après l’insurrection militaire, le club est saisi par le Front populaire, et la Fédération du sport ouvrier, représentée par Juan José Vallejo, prend la tête du conseil d’administration. C’est en sa qualité de directeur général de la sécurité qu’Ortega est désigné, peu après, comme président de transition afin de superviser le processus électoral qui doit mener Vallejo à la présidence.
Rapidement Ortega se prend au jeu. Dans une interview accordée au supplément de ABC, Blanc et Noir, le 15 novembre 1938, il dévoile sa vision du futur pour ce sport, loin du mercantilisme et centrée sur la formation : « Le football ne ressemblera en rien à celui qui était pratiqué avant le 18 juillet. Je veux parler de son organisation, bien sûr. Les joueurs ne seront plus échangés comme des jetons, ni les as, ni les jeunes. »
Pour le club, Ortega voit grand avec la construction d’un nouveau stade : « Madrid doit obtenir le meilleur terrain de sport en Espagne, le stade le plus important. » Une idée qui sera ensuite reprise à son compte par Bernabeu avec l’inauguration d’une nouvelle enceinte en 1947 qui prendra le nom d’Estadio Santiago Bernabeu en 1955. C’est également durant cette période que le conseil d’administration entérina le principe d’« un socio, une voix » lors des élections à la présidence du club. Mécanisme toujours en vigueur.
Alors comment expliquer l’absence de Vallejo et d’Ortega dans les annales du club ? La direction du club s’est toujours retranchée derrière les mêmes arguments selon lesquels « pendant la guerre civile, le football était paralysé » (le club n’a disputé aucune compétition entre 1936 et 1939) et que ces deux présidents n’ont pas été élus. Durant l’ère Bernabeu, la direction « madridiste » ira même jusqu’à dire que le violet est la couleur de la Castille et, au fil des années, le ton changera jusqu’à devenir bleu aujourd’hui.
Avec le temps, ce déni n’a guère évolué. Comme Sapiens le rappelle, en 2002 déjà, l’historien du football espagnol Bernardo Salazar déplorait dans le quotidien sportif AS que « dans le livre officiel du centenaire pas un mot n’est écrit sur la saisie du club par la Fédération du sport ouvrier ou la nomination d’Antonio Ortega comme président du Madrid FC ». Durant leur enquête, les deux auteurs n’ont jamais pu consulter les archives du club, trouvant porte close malgré leurs demandes répétées. Le Centre du patrimoine historique du Real Madrid « ne peut être visité, n’est pas ouvert au public », leur a-t-on expliqué.
Finalement, c’est le journaliste et écrivain de livres historiques Julian Garcia Candau qui dans Sapiens résume le mieux la vraie raison pour laquelle le Real Madrid a toujours refusé de reconnaître Ortega : « Parce qu’il est communiste, tout simplement. »
12:48 Publié dans Deuxième guerre mondiale, Espagne, Guerre d'Espagne, L'Humanité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : foot, réal madrid, communiste, président, antonio, ortega | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |
11/09/2013
SALVADOR ALLENDE : EL PRESIDENTE !
Chili, 40 ans. Anniversaire du coup d’Etat de Pinochet (11 septembre 1973, 11 septembre 2013)
"Savez-vous pourquoi il n'y a jamais eu de coup d'Etat aux Etats-Unis ? Parce qu'il n'y a pas d'ambassade des Etats-Unis aux Etats-Unis..." Michelle Bachelet, ancienne Présidente du Chili (fille d'un général assassiné avec la complicité des Etats Unis).
Président du Chili sous le gouvernement d'Unité populaire, Salvador Allende restera dans l'histoire comme le premier leader politique ayant dirigé une tentative de " transition pacifique " et dans la légalité vers le socialisme.
Issu d'une famille de la bonne bourgeoisie de Valparaiso se réclamant de la libre pensée, il adhère très tôt à la franc-maçonnerie. Étudiant en médecine, vice-président de la Fédération des étudiants de Santiago, il est plusieurs fois emprisonné et chassé de l'université. Mais c'est sa découverte de la misère, à travers son travail de médecin dans les bidonvilles, qui le lance dans l'action politique.
En 1933, il est cofondateur du Parti socialiste chilien auquel il ne cessera d'appartenir ; en 1938, élu député, il dirige la campagne du radical Aguirre Cerda, premier président du Front populaire ; en 1942, ministre de la Santé, il administre la sécurité sociale ouvrière ; il est sénateur à partir de 1945. À trois reprises, il sera candidat malheureux à la présidence de la République, en 1952, en 1958 et en 1964, avant de l'emporter le 4 septembre 1970 avec 36,30 % des voix face aux candidats Jorge Alessandri, du Parti national (34,98 %) et Radomiro Tomic, de la Démocratie chrétienne (27,84 %). La gauche ne représente alors donc qu'un tiers des votes de la population. La constitution ne prévoyant pas de second tour, Allende est désigné à la présidence par la chambre des députés, comme le prévoit la constitution dans un tel cas, avec l'appui des démocrates chrétiens qui font signer à Allende un pacte de respect de la constitution chilienne.
Soutenu par une coalition d'Unité populaire allant des communistes aux radicaux et aux chrétiens de gauche, Salvador Allende dut aussi son élection à son prestige auprès des masses populaires. On appréciait chez lui à la fois sa conviction politique, sa chaleur humaine et son goût des plaisirs de la vie.
Son gouvernement se proposait de transformer dans la légalité les structures économiques et sociales du Chili et de le libérer de l'emprise économique des États-Unis.
La vigueur avec laquelle Allende soutint certaines mesures, comme la nationalisation des mines de cuivre en juillet 1971, ne l'empêcha pas d'adopter, sur le plan intérieur comme sur le plan international, une attitude modérée. Il était d'ailleurs minoritaire à l'intérieur de son propre parti qui prônait des mesures plus radicales, et il s'appuyait sur les sociaux-démocrates et les communistes qui voulaient " consolider " les acquis avant " d'avancer ".
Lorsque les difficultés économiques se multiplièrent à partir de 1972, Salvador Allende accorda une importance toute particulière au problème de l'armée. Malgré la réputation de professionnalisme et d'apolitisme de cette dernière, un secteur militaire avait tenté, en 1970, d'empêcher l'installation d'Allende à la tête de l'État. Le président comptait avant tout sur ses relations personnelles avec un certain nombre d'officiers, par le biais de la franc-maçonnerie en particulier, et sur son habileté manœuvrière. Après la démission, le 23 août 1973, du général Prats, son soutien le plus ferme à l'intérieur de l'armée, il fit une entière confiance au général Augusto Pinochet qui remplaça ce dernier comme commandant en chef.
Les désordres s'aggravèrent durant l'hiver austral de 1973 (inflation galopante, émeutes, pressions du M.I.R., ou Mouvement de la gauche révolutionnaire, et du mouvement fasciste Patrie et Liberté) et les partis de l'Unité populaire ne parvinrent pas à s'accorder sur la politique à suivre ; Salvador Allende s'apprêtait à annoncer le 11 septembre un référendum concernant la politique de son gouvernement quand il fut pris de vitesse par la rébellion militaire.
Lorsque, dans la matinée, l'armée entra en dissidence il s'enferma avec une poignée de fidèles dans le palais présidentiel de la Moneda. Refusant les offres de la junte de quitter le pays, il en dirigea lui-même la défense pendant de longues heures. Le gouvernement militaire annonça le 12 septembre qu'il s'était suicidé après avoir estimé toute résistance vaine. Mais les contradictions des versions successives données par le nouveau pouvoir, autant que le caractère de Salvador Allende, donnent à penser qu'il est mort les armes à la main.
10:24 Publié dans Actualité, Biographie, Chili : 1973-2013 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allende, président, chili, pinochet, usa | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |
17/04/2013
LINCOLN, PRESIDENT DES ETATS UNIS D'AMERIQUE
Né le 12 février 1809 Abraham Lincoln est né de parents pauvres dans une cabane en bois dans le Kentucky pour devenir président des Etats Unis d'Amérique "par le peuple, pour le peuple, avec le peuple". Il a symbolisé ainsi bien "le rêve Américain".
Après bien d'épreuves personnelles, professionnelles, et politiques il est devenu président au début de la guerre civile qui a opposé les états esclavagistes et non esclavagistes, et est mort assassiné le 14 avril 1865, 5 jours avant la fin de la guerre civile.
Abraham Lincoln a évolué dans sa réflexion sur l'esclavagisme et les rapports humains toute sa vie, jusqu'à son dernier soufle, avec courage, honnêteté, et une profonde sincérité parfois empreinte d'ambiguïté.
Il s'est opposé pratiquement seul à l'anexion sauvage de la Californie et du Nouveau Mexique après une guerre injuste et rapide contre le Mexique. Les Etats Unis déjà justifiaient ainsi les conflits pour des intérêts inavoubles.
Toute sa vie Abraham Lincoln a été d'une honnêteté que certains ont même considérée maladive, remboursant l'intégralité des dettes de son père, ou refusant de payer sur les deniers publics les achats de son épouse effectués pourtant pour améliorer le cadre de vie de la Maison Blanche lorsqu'il était président.
Opposé à l'esclavagisme, il n'était pas opposé aux esclavagistes, pour des raisons opportunistes et de compromis, mais à son extension. "Je ne me prétends pas plus exempt d'égoïsme que le commun des mortels, mais j'ai le sentiment que toutes mes opinions devraient, et par conséquent, doivent être placées là où elles sembleraient avoir le plus de chances de faire progesser notre cause, et nulle part s'il le faut".
Ses convictions contre l'intolérance sont restées constantes et profondes "de même que je refuse d'être un esclave, je refuse d'être un maître. Telle est mon idée de la démocratie".
Abraham Lincoln s'est toujours prononcé pour l'idéal américain de la réussite basée sur l'effort et l'individualisme, avec pourtant des nuances qui choqueraient aujourd'hui de nombreux américains et européens. "Le gouvernement a pour objet légitime, de faire ce qui est nécessaire pour le bien des citoyens lorsque ceux-ci ne peuvent le faire eux-mêmes, ou du moins le faire aussi bien, grâce à l'effort individuel".
Bien que Républicain Lincoln a peu de rapport avec Bush., sa politique, son fanatisme religieux (Lincoln était peu croyant), et sa richesse acquise de manière très douteuse.
Le rêve Américain est aujourd'hui brouillé et dévoyé par des individus sans scrupules. Pourtant comme le disait Lincoln "aucun homme n'a assez de mémoire pour réussir dans le mensonge".
16:52 Publié dans Biographie, Etats Unis, Monde | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : abraham lincoln, usa, président | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |