28/03/2021
28 mars 1871 : PROCLAMATION DE LA COMMUNE DE PARIS
"La Commune a voulu assumer la France, à ce titre, elle fait partie de notre histoire"
Le Général de Gaulle
LA PROCLAMATION DE LA COMMUNE
8 mars 1871 : l'Assemblée nationale supprime la solde des gardes nationaux ainsi que le moratoire sur les loyers et les dettes.
Ces derniers événements exaspèrent les Parisiens. La Garde nationale s'organise en une Fédération des bataillons avec pour mot d'ordre l'instauration de la République. Elle reçoit le soutien du Comité central des vingt arrondissements de Paris. L'Assemblée nationale, qui craint une rébellion, s'installe à Versailles.
Adolphe Thiers, fait arrêter Auguste Blanqui et envoie des troupes pour désarmer la Garde nationale. Celles-ci fraternisent avec la foule et la Garde nationale. Adolphe Thiers exige le désarmement de la Garde nationale avant toute négociation.
17 au 18 mars 1871
Suite à la capitulation de la France face à la Prusse, les Parisiens se sentent trahis. Dans ce climat de tension extrême, Adolphe Thiers prend la décision de faire retirer les canons qui servaient à la défense de la capitale installés à Montmartre et Belleville et achetés par souscriptions.
La population en est informée et se réunit aussitôt pour empêcher les soldats d'agir. Dans un mouvement d'abord pacifique, la foule encercle les troupes qui fraternisent avec elle. Inquiet par la tournure que prennent les événements, Lecomte, le général chargé de la mission, donne l'ordre d'ouvrir le feu sur la foule.
De nouveaux ordres tombent, l'armée doit tirer sur la foule pour se faire obéir. Les soldats s'y refusent. L'événement ravive la haine du peuple, qui capture les généraux Lecomte et Thomas et les fusille malgré l'intervention du maire du XVIIIe arrondissement, Georges Clemenceau.
Le Comité central de la Garde nationale invite la population à se rendre aux urnes pour choisir ses représentants.
18 mars 1871 : La Commune de Paris est instaurée
Le nouveau gouvernement préfère s'éloigner de Paris et s'installer à Versailles. La capitale est ainsi abandonnée au Comité central de la Garde nationale. L'Hôtel de ville est investi et des élections sont organisées le 26 mars pour la mise en place de la Commune de Paris.
26 mars 1871, le Conseil de la Commune est élu
Il se compose principalement de membres de la petite et moyenne bourgeoisie et d'ouvriers. Tous sont issus des mouvements blanquistes, proudhoniens ou jacobins.
Le Comité central de la Garde nationale, détenant le pouvoir à la capitale, invite les Parisiens à élire leurs représentants. Seulement 229 000 personnes remplissent les bulletins, pour un total estimé à 485 000 habitants. Mais il faut alors prendre en compte la fuite de bon nombre d'entre eux lors de la journée du 18 mars. Le conseil de 90 membres élus s'installe le 28 mars à l'Hôtel de ville, hérite des pouvoirs du Comité central et prend le nom de Commune de Paris et se présente comme un contre-gouvernement rival de celui des "Versaillais".
L’OBJECTIF DE LA COMMUNE
L'objectif principal est de renforcer la République. Mais des désaccords naissent rapidement entre communards. Certains se positionnent en faveur d'une dictature parisienne sur toute la France et d'autres veulent obtenir l'association des communes françaises.
Si de grands changements ne sont pas immédiatement entrepris, quelques décisions sont toutefois appliquées malgré la lutte contre les troupes régulières des "Versaillais", les discussions et les querelles internes, la Commune décide d'importantes mesures sociales : liberté d'association pour les ouvriers, séparation de l'Église et de l'État, la suppression du budget des cultes et la sécularisation des biens des congrégations religieuses, début de l’égalité salariale, versement des pensions aux veuves des gardes nationaux mariées ou non ainsi qu’à leurs enfants, transformation en sociétés ouvrières des entreprises abandonnées par leurs propriétaires, gratuité de l’enseignement pour tous les enfants, adoption du drapeau rouge et du calendrier révolutionnaire, élection des fonctionnaires, interdiction du travail de nuit dans les boulangeries, récupération des biens du mont-de-Piété, reconnaissance de l’union libre… La liberté de la presse est réaffirmée.
13:32 Publié dans La Commune | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : commune de paris | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |
20/03/2021
Histoire. La Commune. Mars 1871, l’insurrection algérienne d’El Mokrani
D’innombrables révoltes ont secoué l’Algérie dès l’aube de la colonisation française. L’une des plus importantes, conduite par le cheikh El Mokrani, s’est étendue aux trois quarts du pays avant son sanglant écrasement.
REPÈRES HISTORIQUES
1832-1837 Abd El Kader s’élève contre l’occupation coloniale française, ce qui aboutit au traité de la Tafna.
1848 Après la reddition d’Abd El Kader, l’Algérie est officiellement proclamée « territoire français ».
1850-1870 Révoltes dans les Aurès et en Kabylie, réprimées dans le sang. La famine ravage l’Algérie.
Mars-avril 1871 L’insurrection kabyle conduite par El Mokrani et cheikh Aheddad s’étend aux régions voisines.
La liberté est le plus contagieux des désirs et, lorsqu’un peuple se soulève, il allume toujours, ailleurs, le feu de la révolte. Ainsi la Commune fut-elle contemporaine d’une insurrection qui aurait pu mettre un coup d’arrêt à l’entreprise coloniale française en Algérie. En mars 1871, à la faveur de l’instabilité créée par la défaite de Sedan et du climat insurrectionnel qui gagnait Paris, de l’autre côté de la Méditerranée, en Kabylie, les confédérations de tribus s’organisèrent pour déclencher une véritable guerre contre l’occupant. L’insurrection, la plus importante par son ampleur et son issue tragique depuis le début de la conquête en 1830, fut conduite par un chef énigmatique et craint, le cheikh El Mokrani, de son vrai nom Mohand Aït Mokrane.
Un « grand seigneur d’épée »
Fils d’un chef coutumier de la Medjana, sur les hautes plaines, El Mokrani, né en 1815, n’avait pas toujours incarné la rébellion contre les envahisseurs français. Les siens refusèrent même, en 1830, de se ranger sous la bannière de l’émir Abd El Kader. L’historiographie coloniale brosse d’El Mokrani le portrait d’un « grand seigneur d’épée » à la « bravoure chevaleresque », disposant « en maître souverain de toutes les contrées avoisinant son commandement », dont la France chercha d’abord sinon l’appui, du moins la neutralité. La barbarie des conquérants, l’arbitraire et l’injustice de l’ordre colonial se chargèrent de briser ce pacte tacite de non-agression. Soumise en 1857 après avoir résisté à 14 campagnes successives, au prix d’une dévastation d’une rare brutalité, la Kabylie ne s’était en fait jamais résignée à la domination coloniale.
De la misère naît la rébellion
De nombreuses révoltes avaient déjà éclaté en réaction à l’humiliation, à la confiscation des terres, aux déplacements des populations, au démantèlement de l’organisation sociale. Surtout, la misère à laquelle était réduite la population, les famines, en particulier la grande famine de 1857, attisèrent la rébellion. « C’en était fait de ces révoltes. Jusqu’au moment où la guerre contre la Prusse allait de nouveau réveiller les idées d’indépendance des indigènes », relate Just-Jean Étienne Roy en 1880, dans son Histoire de l’Algérie. « Aussi bien, pour nous faire respecter, nous n’avions plus d’armée en Afrique. L’occasion était donc trop favorable pour que ces populations, qui ont toujours supporté notre domination avec impatience et ne se sont jamais soumises que pour reprendre des forces en attendant de se soulever de nouveau, ne cherchassent pas à en profiter », rapporte l’Illustration dans son récit de l’insurrection.
Une armée de 10 000 hommes
L’effervescence s’était emparée des communautés villageoises l’année précédente : malgré l’interdiction formelle des autorités coloniales, des tijmaain, des assemblées de village, avaient été élues. Dès le 12 juin 1869, le maréchal Mac Mahon alertait Paris : « Les Kabyles resteront tranquilles aussi longtemps qu’ils ne verront pas la possibilité de nous chasser de leur pays ! » C’est El Mokrani, à la tête d’une armée de 10 000 hommes, qui donna, le 15 mars 1871, le signal de l’insurrection. Mais celle-ci prit une ampleur spectaculaire à partir du 8 avril, avec l’appel au soulèvement du vieux cheikh Aheddad, chef spirituel de la confrérie rahmaniya, auquel répondirent 250 tribus capables d’aligner plusieurs dizaines de milliers de combattants.
L’insurrection s’étendit comme une traînée de poudre à l’est et au sud du pays, gagna le littoral, s’empara du Constantinois. À l’ouest, les insurgés parvinrent jusqu’aux portes d’Alger. Mais l’écrasement de la Commune devait perdre les insurgés algériens. Le peuple de Paris massacré, l’autorité militaire avait les mains libres pour reconstituer une puissante armée d’Afrique : l’amiral Gueydon mobilisa 100 000 soldats et un dispositif militaire supérieur à celui qui avait permis d’asservir la Kabylie en 1857.
Tués, déportés, enrôlés de force...
Le 5 mai, El Mokrani fut abattu. Avec lui disparaissait l’âme de l’insurrection. Celle-ci se poursuivit pourtant, neuf mois durant, et avec elle une répression impitoyable : plusieurs dizaines de milliers d’insurgés furent tués, toute la population fut prise pour cible. Des villages entiers furent détruits, des familles décimées ou jetées sur les chemins de l’errance. La rébellion écrasée, 450 000 hectares de terres furent confisqués et distribués aux nouveaux colons que l’on fit venir d’Alsace-Lorraine. Plus de 200 chefs insurgés furent traduits devant la cour d’assises de Constantine, en 1873, et condamnés à la déportation dans les bagnes de Cayenne ou de Nouvelle-Calédonie, où ils retrouvèrent les communards. « Nous vîmes arriver, dans leurs grands burnous blancs, les Arabes déportés pour s’être eux aussi soulevés contre l’oppression. Ces Orientaux (…) étaient simples et bons et d’une grande justice. Aussi ne comprenaient-ils rien à la façon dont on avait agi avec eux », écrit Louise Michel dans ses mémoires (1).
Des hommes ayant pris part à l’insurrection furent enrôlés de force pour la campagne de Madagascar. Au nom de la « responsabilité collective des tribus insurgées », la Kabylie se vit infliger une amende de 36 millions de francs or. Meurtries, les communautés villageoises vécurent alors une véritable tragédie, dont la mémoire fut transmise de génération en génération par la littérature et la poésie orale.
12:33 Publié dans Colonies, L'Humanité, La Commune | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la commune, algérie | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |