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22/05/2016

22 mai 1946 : le rêve de la Résistance devient réalité

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Porté par Ambroise Croizat et un mouvement populaire puissant, le projet de Sécurité sociale né du programme du Conseil national de la Résistance prend forme. Le 22 mai 1946, le ministre fait voter une loi posant le principe de sa généralisation à tous. La classe ouvrière s’en empare.

« Désormais, nous mettrons l’homme à l’abri du besoin. La tâche qui vous incombe est immense, car la Sécurité sociale n’est pas qu’une affaire de lois et de décrets. Elle naîtra de vos mains. Tout dépendra de vous ! » C’est en ces termes rapportés par Roger Petit, président de la caisse primaire de Savoie, qu’Ambroise Croizat, ministre du Travail, ouvrit le 15 janvier 1946, devant une assemblée de militants CGT, le chantier de la Sécurité sociale. Les mots ont l’audace d’un véritable pari. Dans un pays où la majorité des habitants ne bénéficient que d’une protection sociale limitée, il s’agira de transformer ce qui n’était qu’un simple mécanisme d’assurance inégalitaire en un droit universel, solidaire et obligatoire couvrant l’ensemble de la population.

Tel est l’esprit du « plan de sécurité sociale » inspiré par le programme du CNR. L’ambition est de réunir en un régime unique la floraison de caisses professionnelles, confessionnelles, patronales subsistant avant 1945. Autrement dit de substituer aux 1 093 caisses existantes 138 caisses de sécurité sociale, chacune regroupant l’ensemble des « risques sociaux » : maternité, maladie, vieillesse, accident du travail. Outre l’unicité, la charpente du nouveau système repose sur deux grands principes : la solidarité et la démocratie. Ce dernier, inscrit dans l’ordonnance du 4 octobre 1945, sera plus tard réitéré par Ambroise Croizat : « Jamais nous ne garantirons le droit à la santé pour tous si l’institution n’est pas gérée par les intéressés. Désormais, les conseils d’administration des caisses seront dirigés ainsi : 3/4 des sièges aux salariés, 1/4 aux patrons… »

« Le bâti des caisses s’est fait dans un enthousiasme indescriptible, raconte Roger Petit. Nous allions en finir avec la peur de la maladie et c’est nous-mêmes qui allions prendre en main cette fabuleuse conquête ! » « Il fallait bien cet enthousiasme pour porter l’ampleur de la tâche, ajoute Jolfred Fregonara, secrétaire du conseil d’administration de la caisse de Haute-Savoie. Tout était à créer. Il fallait voir les gars, essentiellement des copains de la CGT, comment ils bossaient. Construire une à une les caisses parfois même de nos mains, sur nos congés ou après notre temps de travail. Certains montaient de simples baraques en planches, d’autres aménageaient un wagon en accueil pour installer des correspondants et recevoir les assurés. » De multiples résistances vont se faire jour pour tenter de retarder l’œuvre des bâtisseurs. Aux contre-projets de la droite et l’opposition d’un patronat paniqué par le pouvoir ouvrier se joint la violence de la réaction des médecins libéraux affolés par ce qu’ils avaient baptisé la « médecine de caisses socialisée sous les ordres de la CGT ».

Il faut y ajouter les réticences de certains mutualistes au régime unique qui se voyaient dépossédés de leur bien et particulièrement de professions déjà organisées autour de leur propre caisse. « Ce fut le cas des agriculteurs, artisans, commerçants, ajoute Roger Petit, mais aussi de corporations comme les fonctionnaires, les cheminots, les notaires... Il y avait là de vraies crispations corporatistes, mêlant la volonté de ces professions de rester entre elles et de garder leurs propres avantages. » Ambroise Croizat n’a cure de ces oppositions. Soutenu par le rapport de forces de la Libération (29 % des voix au PCF, 5 millions d’adhérents à la CGT, une classe ouvrière grandie par sa résistance et un patronat déconsidéré par sa collaboration), il impose la loi du 22 mai 1946 qui pose le principe de la généralisation de la Sécurité sociale intégrant « tout résident français dans un régime unique ».

Ce qui n’était que provisoire va devenir définitif

L’article 29 vient toutefois limiter la portée de la loi en spécifiant que les professions déjà organisées pourront « provisoirement » garder leurs réglementations autour de leurs propres caisses le temps de construire le régime général et de « tout aligner vers le haut ». Pourtant, dans le contexte difficile de l’année 1947 avec la remobilisation patronale et de la droite, la pression américaine et l’éviction des ministres communistes, ce qui n’était que provisoire va devenir définitif.

La promulgation de la loi Morice du 4 mars 1947, qui autorise la mutualité à gérer le régime obligatoire de la protection sociale, met fin à l’ambition de créer un régime unique, qui ne verra jamais le jour. Dans un entretien, Pierre Laroque, haut fonctionnaire porteur de cette avancée sociale, déclarait : « Il aura fallu moins de six mois pour construire cette énorme structure, Cette réussite prouve l’attachement des gens. Mais ce plan, dans ce qu’il pouvait avoir de “révolutionnaire” par sa volonté d’affirmer une solidarité nationale, a néanmoins buté sur l’obstacle de structures sociales existantes qui se sont révélées parfois plus puissantes que les forces de renouvellement. Les éléments conservateurs, qui aujourd’hui encore n’osent pas se dire contre la Sécurité sociale, recherchent toutes les raisons d’en critiquer les institutions, satisfaisant ainsi leur opposition inavouée. »

historien Michel Etiévent
Vendredi, 20 Mai, 2016
L'Humanité
 
Auteur d’Ambroise Croizat ou l’invention sociale, disponible à l’adresse : Michel Etiévent, 520, avenue des Thermes, 73600 Salins-les-Thermes. 25 euros + 5 euros de frais de port.
 
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La modernité de « la Sociale » 

Déjà en avant-première dans de nombreuses salles, la Sociale, le film de Gilles Perret produit par Rouge Productions, sortira sur les écrans le 9 novembre 2016. Entre archives inédites et paroles vivantes, ce documentaire raconte la fabuleuse épopée de la naissance et de l’évolution de la Sécurité sociale en tendant pour la première fois le micro aux acteurs qui l’ont bâtie et à ceux qui, quotidiennement, luttent encore pour la sauvegarder et l’améliorer. Un combat pour la dignité, une formidable aventure collective au fil desquels se croisent témoignages de militants de l’époque, médecins hospitaliers, analyses d’historiens ou de syndicalistes pour dire la force de la solidarité, la modernité et les enjeux futurs de ce qui demeure comme l’un des systèmes de protection sociale les plus enviés au monde. (www.lasociale.fr)


Bande Annonce "La Sociale" par leimal74

15/01/2016

LE LIVRE NOIR DE LA REPRESSION COLONIALE FRANCAISE !

Guerre_dAlgérie_1954-1962.jpg

Longtemps après, les chiffres restent approximatifs et ne fournissent guère qu’un ordre de grandeur. Pour la répression de Sétif (1945), les estimations vont de 6 000 à 45 000 morts.

madagascar1947.jpg A Madagascar (1947), il y aurait eu 80 000 victimes. En Indochine (1946-1954), les chiffres varient selon les sources de 800 000 à 2 millions de morts, et en Algérie (1954-1962) de 300 000 à 1 million.

Même sans tenir compte de la Tunisie et du Maroc, et en s’abstenant d’évoquer les responsabilités françaises dans des catastrophes plus récentes, comme le génocide rwandais, cette sinistre comptabilité atteste que, si l’on rapporte le nombre de ses victimes à celui - médiocre - de sa population, la France se place dans le peloton de tête des pays massacreurs de la seconde partie du siècle.

Elle persévéra avec tant d’obstination que l’observateur pourrait en déduire que le crime était ontologiquement lié au régime politique en place. Car c’est bien de crime qu’il faut parler.

La répression menée pendant deux décennies sur deux continents présente les caractéristiques du crime contre l’humanité tel que défini par le nouveau code pénal français : « Pratique massive et systématique d’exécutions sommaires, d’enlèvements de personnes suivis de leur disparition, de la torture ou d’actes inhumains (...) »

humanite-charonne.jpgLa seule organisation politique d’importance à se dresser contre cet enchaînement aussi cruel qu’imbécile fut le Parti communiste français (PCF). La mémoire de ses vétérans est peuplée des souvenirs d’une lutte difficile menée dans une solitude presque absolue.

En face, ce passé-là passe très aisément, et M. François Bayrou, héritier politique d’une démocratie- chrétienne impliquée plus qu’aucune autre formation dans la répression colonialiste, ne s’encombrait pas de réminiscences importunes lorsqu’il brandissait, à la Chambre, Le Livre noir du communisme vers le bord opposé de l’hémicycle.

La mémoire aussi peut être à géométrie variable.

Gilles Pérrault

Source article du Monde diplomatique

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07/11/2015

LE VRAI FRONT NATIONAL

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fnaffiche.jpgLe Front national, ou Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France, est un mouvement de la Résistance intérieure française créé par le Parti communiste français (PCF) vers mai 1941 pour irriguer les différentes composantes de la société française dans un esprit d'ouverture vis-à-vis des non-communistes. À l'exception d'une certaine implantation dans les milieux intellectuels par le biais du périodique L'Université libre, il fut mis en sommeil à partir de l'automne 1941 et ne se développa véritablement qu'à partir de la fin 1942 sous l'impulsion de Pierre Villon qui fut le représentant du mouvement au sein du Conseil national de la Résistance (CNR).

Il a été homologué par décision ministérielle après la Libération (J.O. du 22 juillet 1948), puis mis en liquidation par ses membres, n'ayant plus de raison d'être, après avoir accompagné les demandes de reconnaissance des droits de ces résistants et des familles des disparus.

Pendant la guerre, on a également nommé « Front national » :

  • Un organe du comité directeur du « Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France » ;
  • Différentes revues clandestines liées à ce mouvement de résistance ;
  • Par extension, le terme désignait différents groupes de résistants à l'occupation nazie, disséminés à travers la France.

Ne pas confondre le Front national, mouvement de résistance avec

  • Le Front national, organisation de coordination des partis nationalistes français de droite, active entre 1934 et 1938,
  • Le parti politique créé en 1972 encore existant en 2015.

Sources Wikipédia

© Mathilde FILLOZ

 

RESISTANCE INTERIEURE FRANCAISE 1939-1945

 

FRONT NATIONAL

 

De lutte pour la Libération et l’indépendance de la France

 

fncarte.jpgC’est ce qui est écrit sur ma carte d’adhérente au Front National de la Résistance durant la deuxième guerre mondiale.

Durant cette campagne électorale des élections présidentielles de 2012, nous avons assisté, et nous assistons encore, à une glorification des Le Pen sous le titre de Front National !

Savez-vous qu’ils ont emprunté ce titre au premier et au principal mouvement de la Résistance française au nazisme ?

Savez-vous ce que vous trouverez sur Google si vous tapez « Front National de la Résistance?»  Vous trouverez ceci : «Le Front National de lutte pour la Libération  et l’indépendance de la France est une organisation de la Résistance Intérieure Française créée par le Parti Communiste Français durant la deuxième guerre mondiale. Dès l’occupation allemande en juin I940 (Dès la prise de pouvoir de Pétain - n.d.l.r-) des petits groupes étaient organisés par les communistes dans tout le Pays. »

Savez-vous ce qu’en dit le dictionnaire "Le Petit Robert" de 1977 à  "Front National"  : «Mouvement de Résistance française à l’occupation allemande créé en mai 1941, d’origine Communiste, il s’ouvrit à toutes les tendances, chercha à réunir les divers mouvements mais refusa de s’intégrer aux regroupements opérés à partir de 1943. Il fut le seul mouvement à couvrir les deux zones nord et sud. A la Libération, il était devenu le plus important des mouvements de la Résistance ! » 

Peu de jeunes connaissent l’histoire de la lutte contre l’occupant nazi, la lutte de leurs parents, de leurs grands-parents parfois. Ce n’est pas de leur faute. 

...

Notre histoire de France des lycées et collèges tient ces événements en quelques lignes discrètes sans autres informations. Surtout pas sur le rôle des communistes !

J’étais membre du Front National de la Résistance. Je vais avoir, peut-être, bientôt cent ans. J’avais vingt-huit ans au premier juillet 1940, quand j’y suis entrée.  Je peux encore vous dire ce qu’il était, comment il est né, comment ses membres ont lutté, comment il y en a tant et tant qui ont été déportés, fusillés, torturés, ou comme Jacques Decour,  ont eu  la tête tranchée…

Notre idéal était de détruire le fascisme ! Nos valeurs étaient aux antipodes des Le Pen!

Et quand je les vois, sous ce beau titre ensanglanté du sang de nos camarades disparus dans cette apocalypse, jouer la gloriole, les ambitions, avantageusement soutenus par la Droite et ses médias, je ne peux me défendre d’une espèce de nausée devant une profanation!

Le Front National de la Résistance est né dès l’occupation nazie en juin 1940, à l’appel du Parti Communiste Français 

(Jacques Duclos et Pierre Villon) nous avons  constitué dans tout le pays une toile d’araignée de tout petits groupes, clandestins, bien sûr.

Dès l’automne les groupes étaient agissants et progressaient. Dès le 3 avril, l’ordre fut donné de se regrouper pour créer un grand mouvement dans tout le pays. Ce qui fut réalisé le 15 mai 1941! Le 20 mai, L’Humanité clandestine imprimait l’appel du 15 mai 1941 !

 Sur ma carte d’adhérente que j’ai photocopiée pour vous, vous trouverez la liste des principaux responsables.

Vous constaterez la diversité des philosophies, des croyances, des professions. Seul le patriotisme, le courage, la détermination, l’amour de la France les conduisaient, les unissaient.

Le mouvement était organisé en sections. 

On trouvait les Médecins, les Scientifiques, les Musiciens, les Ecrivains, les Mineurs, les juristes, le Front national de la Police, l’Union des Femmes Françaises, les paysans, etc. et le Front des Jeunes Patriotiques qui furent un important vivier des Francs Tireurs et Partisans Français créés par le Front National  et qui devint le bras armé du Front National de la Résistance en 1942.

Lorsque le Front National de la Résistance se réunit pour la première fois légalement, c’était du 30 janvier au 3 février 1945 à Paris. Il déclarait : Deux millions et demi de membres adhérents !

On reconnaît l’influence du Front National de la résistance et du Parti Communiste Français dans le Programme de progrès social du Conseil National de la Résistance et appliqué après la Libération.

Ce programme avait été construit pour la réunion du Conseil National  de la Résistance où il fut adopté, sous la présidence de Jean Moulin, le 27 mai 1943 à Paris dans la clandestinité.

C’est peut-être pour cela que Sarkozy s’est tant acharné à le détruire durant son mandat.

Vous comprenez, devant tous ces éléments que, combattants contre l’occupation nazie, nous rejetions très fort pour les Le Pen, le droit de se parer de notre titre qui est l’honneur et la propriété des combattants.

Dans un jugement de Tribunal de première instance  en 1999, lors de la brouille entre Maigret et Le Pen, ils ont été déboutés. 

Le juge avait estimé que le titre n’appartenait ni à Maigret, ni à Le Pen, mais que « La Cour faisait droit au mouvement de Résistance Front National à revendiquer l’appellation pour son seul usage ».

La procédure juridique s’est poursuivie. Elle est devenue politique. Qui peut bien retenir des décisions qui semblent s’imposer devant l’Histoire ? 

Nous ne céderons  jamais !

Il faut informer le peuple afin qu’il ne se laisse pas abuser par ces tristes  politiciens.

Qu’il ne confonde jamais le bon grain et l’ivraie !