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22/09/2014

DEPORTATION : DRANCY-LE BOURGET / LA GARE OUBLIEE

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La Seconde Guerre mondiale fit 55 millions de morts, dont une majorité de civils. Aux victimes militaires, à celles de la répression (résistants, otages et personnes massacrées), à celles des bombardements, s’ajoutent les morts des persécutions nazies (les Juifs, les tziganes, les handicapés physiques et mentaux ou les homosexuels).

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la destruction d’un peuple fut programmée sur les bases d’une haine antisémite qui allait conduire à un génocide massif et industrialisé d’au moins 5,2 millions de Juifs d’Europe. 2 700 000 personnes furent assassinées dans les chambres à gaz des centres de mise à mort, 1 300 000 par les Einsatzgruppen, 800 000 de privations dans les ghettos.

En France, la « solution finale » entraîna la déportation de près de 74 000 déportés, par 74 convois, entre mars 1942 et août 1944. Moins de 5 000 revinrent.

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Avec le camp de Drancy et les gares du Bourget et de Bobigny, la banlieue Nord-Est de Paris fut au coeur de cette machinerie du meurtre.

D'août 1941 à août 1944, le camp d'internement de Drancy ou camp de Drancy a été la plaque tournante de la politique de déportation antisémite en France.

déportation,le bourget,drancySitué au nord-est de Paris, dans la ville de Drancy (alors département Seine, aujourd'hui Seine-Saint-Denis, ce camp a été pendant trois ans le principal lieu d'internement avant déportation depuis la gare du Bourget (1942-1943) puis la gare de Bobigny (1943-1944) vers les camps d'extermination nazis ; pour la majorité des convois ce fut pour Auschwitz. Neuf Juifs déportés de France sur dix passèrent par le camp de Drancy lors de la Shoah.

Si la gare de Bobigny est devenue un lieu de mémoire consacré au souvenir des déportés, cela n'est pas le cas pour la gare du Bourget-Drancy où seule une seule plaque rappelle ce souvenir. A Drancy, Cité de la Muette où était le camps de détention un wagon témoigne de cet épisode historique dramatique.

bourgetdrancy.jpgRappel historique : les départs massifs depuis la gare du Bourget, été 1942-été 1943

(photo : Arrivée à la gare du Bourget des enfants internés dans les camps du Loiret en août 1942)

La réunion du 11 juin 1942, qui se tient à Berlin autour d'Adolf Eichmann, initie la déportation systématique de l'ensemble des Juifs d'Europe de l'Ouest.

La déportation de 40 000 Juifs de France est programmée. Drancy devient le camp de rassemblement et de départ des déportés juifs de France.
Pour disposer d'un nombre suffisant de personnes à déporter, la grande rafle dite du Vel'd'Hiv' est organisée à Paris les 16 et 17 juillet 1942.

Plus de 37 000 Juifs sont déportés depuis la gare du Bourget de la mi-juillet à début novembre 1942.

Après cet important programme, les convois ne reprennent qu'en février 1943, à un rythme moins soutenu, dû à des difficultés de transport. Il s'agit aussi de ne pas braquer les autorités de Vichy, toujours opposées aux arrestations systématiques des Juifs français. L'Italie s'oppose également à l'arrestation des Juifs dans sa zone du sud-est de la France.

Deux gares, très proches l’une de l’autre, sont situées au Bourget. Elles font parties d’un même ensemble ferroviaire, à proximité également d’une importante gare de triage et d’un noeud permettant la connexion entre le réseau de la grande ceinture et un des réseaux du Nord-Est de la France, qui relie la Gare du nord à Soissons et au-delà jusqu’à la frontière Belge. La station du Bourget-Drancy (aujourd’hui RER B) est aujourd’hui desservie par la ligne reliant la gare du Nord à Soissons.

Cette ligne construite entre 1860 et 1864, par la compagnie des chemins de fer du Nord est alors appelée ligne de la Plaine (Saint-Denis) à Hirson. La gare est construire dans cette période et complètement détruite par les Prussiens lors de la guerre franco-prussienne de 1870, elle est reconstruite en 1871.

Elle est rénovée en 2008, dans le cadre du programme RER B Nord, le bâtiment principal est remis à neuf, des ascenseurs installés et les quais modernisés.

deportph1.jpgDu 27 mars 1942 au 23 juin 1943, quarante-deux convois de déportation du camp de Drancy sont partis de la gare du Bourget-Drancy (réseau Nord), essentiellement pour Auschwitz.

Les 21 convois de déportation de Drancy partis du 18 juillet 1943 au 17 août 1944 sont partis de la gare de Bobigny Grande Ceinture.

Selon le décompte de Serge Klarsfeld et des FFDJF (Fils et filles des déportés juifs de France), 40 450 déportés sont partis de la gare du Bourget-Drancy et 22 450 de la gare de Bobigny.

Sources : l’Association pour l’Histoire du Chemin de fer Français. Bruno Carrière et Bernard Collarday « L’aventure de la grande Ceinture ». Thomas Fontaine-Guillaume Tozer, Les gares de déportation de la région parisienne, brochure du CG9, Wikipédia

TEMOIGNAGES

déportation,le bourget,drancyMon oncle Hersz Wolf a été interné à Drancy (Seine) du 21/08/1941 au 26/03/1942. Il figure sur la liste des internés juifs avec le n° 373 (raturé n° 366) chambre 12 escalier 8, profession manutentionnaire.

Il a été déporté à Auschwitz du 27/03/1942 au 24/05/1942 par le convoi n° 1, gare de départ du Bourget-Drancy, via le camp de Royallieu-Compiègne.

Ce train sera escorté jusqu'à la frontière allemande par des gendarmes français. Il a été déclaré Mort pour la France. Il avait 22 ans. Sa fiancée Paule se suicidera en apprenant sa mort.


[Klarsfeld II pages 345-348]

déportation,le bourget,drancyJosef et Necha GOLDMANN alors agés respectivement de  38 et 37 ans sont arrétés à leur domicile dans la région de Poitiers par la police française du régime de Vichy sous les yeux de leur enfants cachés Léon et Sophie. Sophie GOLDMANN STEINLING, la grand-mère de mon époux vie toujours à Metz.

Ses parents sont donc incarcérés dans un premier temps dans un camps à Poitier puis transféré à Drancy. Le 06/11/1942 ils sont 1.000 enfants, femmes et hommes regroupés dans un train en gare du Bourget, il s’agit du convoi n°42.

Après 3 jours de voyages ils arrivent à Auschwitz où ils sont presque tous gazés et brûlés dès leur arrivés. La grand-mère d’Arnaud, nous a raconté qu’à la fin de la guerre elle allait tous les jours à la gare d’où revenaient les « survivants » des camps dans l’espoir de retrouver ses parents… qui ne sont jamais rentrés !

ML - Soissons