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25/09/2016

L’entrée des communistes dans la Résistance avant le 22 juin 1941 : la preuve par le sang

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Pierre Chaillan, L'Humanité

résistances,communistes,fusillésUn des premiers actes de résistance dans Paris occupé: le 11 novembre 1940, les lycéens et étudiants bravent l’interdit et manifestent pour commémorer la victoire de la France contre l’Allemagne en 1918. Parmi eux, beaucoup sont venus à l’appel de l’UEC.

Les communistes n’ont pas attendu l’invasion de l’URSS par l’armée nazie pour entrer dans la Résistance. Ils s’organisent à partir de 1940, forment les premiers noyaux clandestins de la Résistance armée. La lecture du dictionnaire des fusillés permet de mesurer la réalité de cet engagement des militants.

Nous sommes en 1940. Marcel Delattre, jeune militant, est arrêté à Bègles (Gironde) suite à une distribution de tracts du Parti communiste clandestin. Interné au camp de Mérignac, il est fusillé le 21 octobre 1941 au camp de Souge. 148 communistes sont arrêtés dans la région bordelaise le 22 novembre 1940. La plupart seront fusillés… Jean Lemoine vit à Romainville (Seine-Saint-Denis). Le 26 avril 1941, il y est interpellé par des policiers français pour « activités de propagande communiste ».

Il est condamné à dix ans de travaux forcés, transféré à la prison de Caen (Calvados). Le 11 mai 1942, il est désigné pour faire partie du contingent d’otages exécutés en représailles d’une action de la Résistance en Seine-Maritime. Recherché pour « menées communistes » et pour avoir participé à la grande grève des 100 000 mineurs du Nord et Pas-de-Calais de mai-juin 1941, Léon Bailleux est fusillé le 14 avril 1942 au fort du Vert-Galant, à Wambrechies (Pas-de-Calais).

Ouvrier tourneur chez Hispano-Suiza, Georges Vigor est interpellé à son domicile le 20 janvier 1941 par des policiers de Gentilly (Val-de-Marne), étant considéré comme un « meneur très actif et dangereux ». Fin septembre 1940, la mairie avait informé le commissariat que l’ouvrier était susceptible de s’occuper d’impression et de distribution de tracts communistes clandestins. Il est fusillé le 15 décembre 1941 à Châteaubriant (Loire-Atlantique).

Ces vies retirées par l’occupant nazi avec l’aide active de l’État vichyssois que l’on retrouve parmi les milliers de biographies de fusillés dans le dictionnaire qui vient de paraître à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la Libération (1) illustrent tragiquement à quel point l’engagement des communistes est considéré comme une menace à anéantir aux premières heures de l’Occupation. Les militants du PCF qui s’organisent dans les premiers réseaux clandestins se voient sévèrement réprimés. Emprisonnés dès 1940, nombreux sont internés. Certains sont exécutés. D’autres, dont de nombreuses femmes, sont déportés…

Force clandestine et Organisation spéciale : l’engagement est total

Au regard de ce travail biographique sans précédent, la thèse qui voudrait que les communistes aient attendu l’invasion de l’URSS le 22 juin 1941 pour entrer en résistance ne tient pas. L’engagement incontestable des militants mené au péril de leur vie dans de nombreuses régions de France et secteurs de travail se trouve mis en lumière. Par dizaines, ils participent ou sont à l’initiative des premières manifestations antinazies et actes de sabotage, comme le note la Gestapo le 21 février 1941 (2). Les communistes pour leur part commencent à se constituer en force clandestine, capable de mener des campagnes de distribution de tracts, de journaux et des attentats.

Au niveau national : Charles Tillon, futur responsable des FTP, lance un appel le 17 juin 1940, les deux dirigeants politiques du PCF Maurice Thorez et Jacques Duclos le 10 juillet de la même année. L’Organisation spéciale (OS) est constituée, elle est chargée de protéger les imprimeries clandestines, ainsi que les responsables pourchassés. À la Libération, l’OS est reconnue « unité combattante à partir d’octobre 1940 ». On en retrouve les acteurs, pour la plupart fusillés entre 1941 et 1942. La liste des noms est trop longue pour qu’ils soient tous énumérés, citons Gaston Carré, Raymond Losserand, Antonin Revéreault, Louis Coquillet, Louis Marchandise, Marcel Viaud…

Autres organisations ayant joué un rôle important dans la lutte armée, les FTPF et les FTP-MOI combattent à partir de mai 1941. En zone occupée ou « libre », les militants dans leur entreprise, leur ville ou village, les anciens des Brigades internationales ayant combattu en Espagne, les étrangers, juifs, Arméniens, antifascistes italiens, ceux de l’Affiche rouge… Là encore, leurs biographies jalonnent le dictionnaire et sont éloquentes. Une preuve irréfutable. Les communistes, par milliers, ont pris une part conséquente à la lutte contre l’occupant et ont subi la répression nazie à partir de 1940 et jusqu’aux dernières heures de la Libération.

(1) Les Fusillés (1940-1944). 
Éditions de l’Atelier, 1 952 pages, 30 euros. 

(2) Lire la France dans la tourmente, 1939-1944, de Roger Bourderon et Germaine Willard. Éditions sociales, 1982.
 
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12/07/2015

Ils ont été fusillés d’avoir voulu vivre libres

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28 mars 1944, après avoir combattu dans le maquis de Valveron, ces jeunes hommes de la commune de Saint-Eugène (Saône-et-Loire) vont être assassinés par l’occupant nazi.
Photo : Lapi/Roger-Viollet
 
"Les Fusillés, 1940-1944", dictionnaire sous la direction 
de Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier, 
Thomas Pouty et Delphine Leneveu. L’ouvrage est hors normes : un dictionnaire comportant 4 425 biographies publiées 
sur… 1 952 pages ! Fruit de huit ans de travail, 111 auteurs ont participé à cette œuvre colossale.

Morts pour la France, la justice, la dignité et la liberté. Qui étaient-ils ? Grâce à un travail de mémoire salutaire, la réponse devient vive. La lecture de ces milliers de biographies ravive leur combat. Ils ne sont pas morts pour rien. La bête immonde a été vaincue. Combat colossal. L’ouvrage est hors normes. Fruit de huit ans de travail, 111 auteurs y ont contribué. Claude Pennetier, qui a codirigé les équipes, en souligne toute la portée : « Les fusillés occupent une place à part dans notre mémoire collective. Ils participent au grand mythe de la Résistance, au sens de vision collective génératrice d’action. La dimension exemplaire ne doit pas pour autant cacher l’épaisseur humaine et la ­complexité des itinéraires. »

De nombreuses rencontres prévues 
avec les auteurs dans toute la France

Le dictionnaire propose l’histoire sociale des fusillés. Il fallait pour que « cette entreprise éditoriale un peu folle » se concrétise le concours d’un éditeur et de nombreux partenaires. Bernard Stephan, directeur des éditions de l’Atelier, met l’accent sur une responsabilité liée à l’actualité : « Le passé n’est pas définitivement passé.

Nous voulions répondre en écho à la phrase de Georges Pitard, fusillé au Mont-Valérien le 20 septembre 1941 : “L’avenir nous redonnera la place qui nous convient.” A l’heure où un essai fait la part belle à Pétain, ce travail établit que le régime de Vichy a permis que des milliers d’opposants résistants soient fusillés. » Le projet, à l’initiative de l’historien Jean-Pierre Besse disparu au cours de sa ­réalisation en 2012, était de rédiger les biographies des exécutés (pour la plupart fusillés) par condamnation en France occupée.

Ce travail s’est alors tout naturellement inscrit dans la ­dynamique du Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social. Un grand nombre de ces victimes, plus de la moitié, peuvent être considérées comme des militants liés à des syndicats, des partis, des associations : syndicalistes, militants communistes, socialistes, chrétiens, issus du sport ouvrier, nombreux étrangers des FTP-MOI, etc.

Bien qu’un grand nombre de collectivités locales aient tenu à donner le nom de fusillés à des voies et lieux publics, de nombreux suppliciés demeurent encore dans l’ombre. Le mérite de ce dictionnaire est d’engager partout ce travail de mémoire.

De nombreuses rencontres autour de sa parution et en présence des auteurs vont se ­dérouler aux cinq coins du pays.

La première c'est tenue à l’Hôtel de Ville de Paris, grâce au soutien de la mairie et de la maire adjointe adjointe communiste Catherine Vieu-Charrier.

Autre initiative, celle de Nicolas Bonnefoix qui, en publiant un témoignage (Jean-René, fusillé le 11 août 1942, éditions de l’Atelier), rend hommage à son arrière-grand-père, Jean-René, et qui a reçu l’appui de la ville d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). « Ce passé de l’héroïsme surgit dans le présent comme imaginaire. Nous en avons un besoin politique et culturel vital, mais encore faut-il asseoir ce passé sur une connaissance historique solide », précise Claude Pennetier.

Outre les fusillés suite à une condamnation, un ensemble de biographies concernent les femmes exécutées hors de France et un autre est consacré aux morts sous la torture et suicidés. Et l’historien d’ajouter : « L’impôt du sang par fusillade est bien plus élevé, avec sans doute 20 000 exécutés et massacrés. » Au total, la répression peut être évaluée à 30 000 morts. Les notices des exécutés et fusillés sommaires seront publiées sur le site Maitron en ligne (code numéro d’accès dans le dictionnaire papier). Un site Internet verra le jour d’ici la fin de cette année du 70e anniversaire de la Libération.

"Les Fusillés, 1940-1944", dictionnaire sous la direction 
de Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier, 
Thomas Pouty et Delphine Leneveu. Éditions de l’Atelier. 1952 pages, 30 euros.

Pierre Chaillan, L'Humanité
 
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