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28/02/2016

TINA MODOTTI, OUVRIERE, COMMUNISTE

tina1.jpgAssunta Adelaide Luigia Modotti Mondini dite «Tina Modotti», née le 17 août 1896 à Udine, Italie.

Ouvrière, mannequin, photographe, militante communiste et antifasciste. Accusée d'être, pour beaucoup, une " prostituée " pour sa vie sexuelle libre et pour les photos où elle pose nue, par d'autres accusée d'être une " espionne " pour son activité au secours rouge, elle à de nombreuses fois sauver les camarades persécutés par les fascistes.

Accusée de stalinisme pour sa relation avec Valter Vidali, mal perçue par une partie des milieux staliniens pour sa relation avec l'exilé cubain Juan Antonio Mella (en odeur de trotskisme).Aujourd'hui on ne peut pas dire si Tina était stalinienne ou trotzkiste, certainement elle fut une militante généreuse et courageuse, certainement elle fut une grande artiste, l'une des rares femmes à être des deux côtés d'une caméra, certainement elle fut une femme indépendante et libre (tant politiquement que sexuellement), dans une époque où c'était inconcevable pour une femme comme Tina aux origines prolétaires.

Fille d’ouvriers du Frioul, dans le nord-est de l’Italie, Tina Modotti émigre en 1913, à 17 ans, en Californie. Elle y trouve l’amour avec le poète et peintre Roubaix de l’Abrie Richey, dit Robo, fréquente la bohème artiste et devient actrice. Entre 1919 et 1922, elle joue dans trois films à Hollywood. Tout semble aller pour le mieux, mais Robo meurt au Mexique.

La disparition de Robo, hâte les événements. Elle est complètement libre. Weston le sera bientôt. Il abandonne son épouse, Flora May Chandler, fille d’une famille riche et puissante de Californie et mère de ses quatre enfants. Il lâche son studio de Los Angeles où il commence à se faire un nom comme portraitiste. A 35 ans, il refait sa vie. Ce sera au Mexique puisque Tina ne veut plus habiter à Los Angeles.

La culture du peuple. Quand ils arrivent en août 1923 à Mexico, ce ne sont pas des touristes mais des gens qui désirent s’intégrer. Tina aime le climat. Mexico est alors une merveille, une ville où l’air est pur, où règnent le soleil, la lumière, l’absence totale de pollution.

Elle veut devenir photographe, comme son amant mais aussi comme son oncle Pietro, à Udine. Weston de son côté est encouragé par l’accueil favorable que reçoivent ses travaux. Avant la fin septembre, il commence à travailler. Dès octobre, il croule sous les commandes. C’est Tina qui a permis à Weston de percer.

tina4.jpgAidée de sa culture et de son charme, elle trouve facilement le chemin des cercles artistiques et intellectuels mexicains. C’est ainsi qu’à l’automne 1923, Modotti présente Diego Rivera à son amant et que peu de temps après elle organise sa première exposition de photos de Weston. Très vite le couple est de toutes les soirées qui comptent. Il y a un revers à la médaille. Weston s’inquiète de l’ascendant qu’exerce sa compagne sur les autres hommes.

Son éventuelle jalousie n’empêche pas l’Américain d’accomplir sa part de contrat. S’il fait de Tina son modèle nu préféré, il lui apprend aussi les secrets de la photographie. Elle se révèle une élève très douée, s’oriente vite vers les appareils les plus maniables et notamment ceux qui peuvent se passer du tripode, pénible à transporter, que Weston utilisait tout le temps.

Dans ses compositions, elle mêle deux tendances, la construction rigoureuse à la limite de l’abstraction qui lui vient de son maître (et que l’on voit à l’oeuvre dans ses photos de fleurs ou d’intérieurs d’église que Weston admirait) et une spontanéité attirée par la rue, les visages des gens et la situation sociale très contrastée de son pays d’accueil. Modotti a fait siennes la culture et les aspirations du peuple.

Elle s’inscrit ainsi dans le courant moderniste mondial qui se manifeste déjà au Mexique sous le double signe des estridentistas et des muralistes.

A la manière des futuristes, les premiers rejettent l’art classique; les seconds conçoivent une peinture monumentale, inspirée par les fresques précolombiennes, pour la mettre sur les murs des grandes villes devant les yeux du peuple. Tina est adoptée par ces deux rameaux de la révolution artistique mexicaine. Sa photo de fils de téléphone est acclamée par les estridentistas. Elle partage avec les peintres Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros et autres Jose Clemente Orozco une attirance pour le Mexique indien. De plus elle collabore avec eux à El Machete, journal qui se veut révolutionnaire et n’est pas encore contrôlé par le Parti communiste.

En novembre 1924, Tina Modotti présente dix tirages dans une exposition collective au Palacio de la Minera, à Mexico. Weston, qui les voit, écrit: «Les photos de Tina ne perdent rien à être comparées aux miennes. Elles sont différentes, elles sont sa propre expression, mais ne leur sont pas inférieures.»

L’apprentissage est terminé. En décembre, l’Americain revient en Californie et laisse son studio à sa compagne. Cadrant des amis et des clients fortunés, elle y démontre un grand talent de portraitiste, sensible et précise.

tina2.jpgMilitante proche du PC. En son absence, elle approfondit sa contradiction avec Weston: «Je ne peux pas, comme tu me l’as proposé, lui écrit elle, résoudre le problème de ma vie en me perdant dans des problèmes artistiques.» Weston est un partisan de l’art pour l’art, Modotti s’engage de plus en plus dans la réalité sociale et politique.

La guerre d'Espagne

Comme elle l’envisageait déjà depuis quelque temps, elle abandonne complètement la photographie pour se consacrer essentiellement à la lutte contre le fascisme en travaillant pour le Secours rouge international. Déjà au Mexique, après l’assassinat de Mella, le traumatisme du meurtre et de son intimité violée, de sa vie privée exposée au grand public par des journalistes malveillants plus l’incompréhension et le rigorisme des dirigeants du Parti communiste, tout cela avait dû faire naître en elle un sentiment de malaise vis-à-vis de sa propre beauté, sentiment qu’elle ne pouvait sans doute apaiser qu’en s’immergeant avec humilité dans le travail en faveur de la «  cause  ». Sous différents pseudonymes elle se rend ainsi dans les pays à régime fasciste pour apporter de l’aide aux familles des prisonniers politiques.

En 1936, dès le début de la guerre d’Espagne, elle est à Madrid avec Vidali. Sous le nom de Carlos, il participe à la défense de la capitale contre les fascistes franquistes tandis qu’elle travaille activement à l’organisation de l’aide internationale à la république, fait des traductions et écrit pour Ayuda, le journal du Secours rouge espagnol et s’occupe particulièrement de l’évacuation des enfants de Madrid et Valence vers Barcelone. Elle fera également partie de la garde chargée de la protection de Dolores Ibárruri, La Pasionaria, la présidente du Parti communiste espagnol. En 1937 elle représente le SRI au Congrès international des intellectuels pour la défense de la culture à Valence. Jusqu’à la fin de la guerre d’Espagne elle s’occupe de l’organisation du SRI et de l’évacuation vers l’étranger des orphelins de guerre.

Retour en Amérique

En 1939, Barcelone est occupée par les franquistes et elle parvient à fuir avec Vidali pour Paris. Elle arrive avec un faux passeport espagnol à New York, en avril, où est déjà Vidali, mais on ne la laisse pas débarquer et elle est transférée sur un bateau en partance pour le Mexique où Vidali la rejoindra quelque temps après. Elle vit sous la fausse identité de Carmen Ruiz et évite ses anciens amis. Elle travaille au soutien des réfugiés de la guerre d’Espagne. Lorsqu’elle rencontre Manuel Alvarez Bravo, elle lui confie qu’elle a abandonné la photographie. Elle ne se réinscrit pas au Parti communiste car elle est en désaccord avec le parti sur le Pacte germano-soviétique.

En 1940, le président Lázaro Cárdenas annule l’ordre d’expulsion qui la frappait. Elle reprend progressivement contact avec ses anciens amis et, vers 1941, on peut penser qu’elle envisageait d’acheter un appareil pour recommencer à photographier. Vidali est arrêté, soupçonné d’avoir trempé dans le meurtre de Trotsky, survenu en à Mexico. Terrorisée, elle n’ose presque plus quitter sa maison, passe quand même le réveillon de la Saint-Sylvestre chez le poète chilien Pablo Neruda.

Elle meurt d’une crise cardiaque dans le taxi qui la ramène chez elle, dans la nuit du 6 janvier 1942, à l’âge de 45 ans, après un dîner chez son ami l’architecte du Bauhaus Hannes Meyer.

Sources Wikipédia et Histoires et société

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10/02/2016

COMPANERAS, LE ROLE DES FEMMES DANS LA DEFENSE DE LA REPUBLIQUE ESPAGNOLE

campagnera.jpgDocumentaire Compañeras, de Dominique Gautier et Jean Ortiz.

Le film retrace la participation et le rôle des femmes dans la défense de la République espagnole, dans l'anti-franquisme. Elles qui ont été longtemps reléguées, comme effacées. Une longue absence. Significative.

Leur reconnaissance, relativement récente, n'est pas encore au niveau de ce que fut l'engagement des femmes espagnoles dans le combat antifasciste. La République de 1931 commença à changer la condition quasi-esclave des femmes espagnoles, mais ne put mener à terme ce combat émancipateur.

Avec la victoire des franquistes en 1939, les femmes, surtout celles du peuple, furent doublement perdantes. Et d’abord de leurs droits. Leur condition régressa à ce qu'elle était avant 1931 : soumission, aliénation, négation...

Pendant 10 ans, Dominique Gautier et Jean Ortiz ont interviewé, rencontré, suivi, ces femmes courage, mères, épouses, en première ligne ou à l’arrière du front, miliciennes, combattantes, guérillas, agents de liaison, recueillant des heures de témoignages plus forts et plus poignants les uns que les autres. Des portraits chaleureux de femmes anarchistes, communistes, socialistes..., des mots dits, des silences, des regards. Beaucoup de dignité.

Gautier et Ortiz ont ciselé, dans la lignée de leurs précédents documentaires (« Espejo rojo - Rouge miroir », « Le cri du silence », « La traversée solidaire », « Les ombres de la mémoire », « Fils de Rouge » ... ), un film délicat, tonique, qui ne cache ni les problèmes, ni les limites de la République, ni les contradictions d’une époque.

Le documentaire "Compañeras" raconte l'avant 1931, la République, la Guerre d'Espagne, l'anti-franquisme, une « transition » sans rupture, le rétablissement d'une démocratie bancale... Il termine par la condition de la femme sous le très conservateur gouvernement Rajoy, sur le nécessaire combat de mémoire, mais tourné vers le futur, ainsi que sur le ressenti de la troisième génération « républicaine ».

Dominique Gautier et Jean Ortiz bouclent ainsi plus de 20 ans de travail sur cette histoire qui tient à cœur à des millions d’hommes et de femmes, en Espagne et au sein de l’exil, et qui ne passe pas. Qui réclame ses droits.

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29/12/2015

Déchéance de nationalité : le précédent de Vichy

C’est un moment grave : « il est quelquefois nécessaire de changer certaines lois, soulignait Montesquieu en 1721. Mais le cas est rare, et, lorsqu’il arrive, il n’y faut toucher que d’une main tremblante ». La main des parlementaires a d’autant plus de raisons de trembler que la seule fois où la France a dénaturalisé des Français, c’était par loi du 22 juillet 1940, sous Vichy, pendant l’Occupation - juste avant de voter une loi sur le statut des juifs.

Le parallèle n’est pas absurde : « les étrangers ne doivent pas oublier que la qualité de Français se mérite », déclarait Raphaël Alibert, le ministère de la justice du maréchal Pétain, selon Le Journal des débats du 24 juillet 1940. « Etre Français, ça se mérite », écrit Robert Ménard, maire de Béziers sur le site Boulevard Voltaire. « Etre Français, ça se mérite. La nationalité française, ça se mérite. Tous les droits et les devoirs qui vont avec, ça se respecte », assurait Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, le 31 juillet 2010.

Une loi sans précédent

déchéance de nationalité,pétainLa loi du 22 juillet 1940 n’était en effet que la première pierre d’une législation raciste et xénophobe sans précédent dans l’histoire du pays. Un mois plus tard, le 16 août, la loi conditionnait la profession de médecin aux Français, nés de père français. Le 27 août, le décret qui punissait la propagande antisémite est abrogé. Le 3 octobre est adopté le premier Statut des juifs, qui les exclut de la fonction publique, de l’armée, de l’enseignement et de la presse.

Le lendemain une loi prévoit l’internement des étrangers d’origine juive ; le 29 mars 1941 est créé le Commissariat aux questions juives, avant un deuxième Statut des juifs, qui allonge la liste des interdictions professionnelles. Une loi permet enfin « d’aryaniser » les biens des juifs absents – déportés – jusqu’à la loi du 11 décembre 1942 qui impose aux Juifs cette mention sur leur carte d’identité, ils étaient sommés de porter l’étoile jaune depuis le mois de juin 1942.

Le décret-loi du 22 juillet 1940 prévoyait, lui, la révision systématique de toutes naturalisations accordées depuis 1927 – 1927, parce que la loi du 10 août 1927, qui en remplaçait une fort ancienne de 1889, facilitait l’acquisition de la nationalité française en réduisant de dix à trois ans la durée de domiciliation sur le territoire (cinq ans aujourd’hui) et en multipliant les cas d’accession automatique. De fait, de 1917 à 1940, près de 900 000 personnes ont acquis la nationalité française. Nous sommes aujourd’hui dans une fourchette nettement supérieure, puisque 100 000 personnes, bon an mal an, acquièrent la nationalité française aujourd’hui (105 613 en 2014 selon l’INSEE).

Naturalisation et acquisition de nationalité

déchéance de nationalité,pétainLa loi de 1940 était ambiguë : elle portait officiellement sur « la révision des naturalisations » mais son article premier évoquait « la révision de toutes les acquisitions de nationalité française ». C’est très différent, la naturalisation et l’acquisition de nationalité n’ont rien à voir. Numériquement d’abord, les acquisitions de nationalité sont deux fois plus nombreuses que les naturalisations. Juridiquement ensuite, les enfants de parents naturalisés français sont Français, alors que les personnes naturalisées sont nées étrangères.

Le code civil français prévoit déjà la déchéance de nationalité d’un binational « s’il se comporte en fait comme le national d’un pays étranger », même s’il n’a pas été condamné (article 23-7) : une disposition étonnante - pour ne pas dire plus - quasiment tombée en désuétude et qui n’a jamais été examinée par le Conseil constitutionnel. L’article 25 prévoit lui une déchéance de nationalité pour les condamnés à « un crime ou délit constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation », pour trahison – ou pour s’être soustrait aux obligations du service national, une disposition qui pourrait toucher nombre de quinquagénaires aujourd’hui.

« Même s’il est né Français »

Il ne s’agit dans le code civil que de déchoir de leur nationalité des étrangers qui ont acquis la nationalité française. Le projet de révision constitutionnelle va plus loin : François Hollande l’a bien précisé le 16 novembre devant le Congrès, « nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou un acte de terrorisme, même s’il est né Français, je dis bien même s’il est né Français, dès lors qu’il bénéficie d’une autre nationalité ».

Il y a une différence, mais de taille, avec la loi du 22 juillet 1940 : il n’est question aujourd’hui de déchoir de leur nationalité que les binationaux, et non pas tous les Français. Le chef de l’Etat n’a pas le choix – la loi Guigou de 1998 interdit de créer des apatrides, la ministre l’a fait ajouter dans ce fameux article 25 du code civil. Par ailleurs, François Hollande ne veut déchoir un binational que « lorsqu’il est définitivement condamné pour acte qualifié de crime ou de délit constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation » ou « pour un crime ou un délit constituant un acte de terrorisme », alors que Philippe Pétain entendait réviser « toutes les acquisitions de nationalité française ».
A noter d’ailleurs la distinction que fait la loi entre les atteintes aux intérêts fondamentaux du pays et le terrorisme. Le terrorisme trouve là une existence juridique propre et entre pour la première fois dans la Constitution, notre loi fondamentale – l’organisation Etat islamique n’imaginait sans doute pas qu’elle amènerait la France à changer sa loi suprême.

Des magistrats pour les basses besognes

La loi de 1940, comme toujours, a pris soin de s’entourer de précautions d’apparence juridique, et a laissé à une commission, composée par le garde des sceaux, le soin de donner un avis sur chaque déchéance de nationalité. La décision de dénaturalisation est prise, après avis de la commission, par décret du ministre de la justice. La loi ajoute une mention qui fait froid dans le dos : « cette mesure pourra être étendue à la femme et aux enfants de l’intéressé ». Une commission est donc mise en place – Vichy a toujours trouvé un magistrat pour les basses besognes -, elle est présidée par un conseiller d’Etat, et compte neuf autres membres, un magistrat de la Cour de cassation, quatre magistrats de cours d’appel, un représentant du ministère des affaires étrangères, un autre du ministère de l’intérieur, un troisième de la défense, un dernier du secrétariat d’Etat à la jeunesse et la famille.

Pendant quatre ans, la Commission va exclure de la communauté française 15154 personnes, dont le Journal officiel va publier les listes – un peu moins de la moitié auraient été juifs, encore qu’il soit difficile de l’établir. C’est peu, sur le nombre de personnes susceptibles d’être déchues (900 000) – c’est que la Commission, même si la loi n’en soufflait mot, était d’abord dirigée contre les juifs. Les étrangers juifs étaient depuis octobre 1940 internés dans un camp spécial ou en groupement d’étrangers – les dénaturalisés aussi. Le premier convoi de déportés (27 mars 1942) change la nature de la dénaturalisation, c’est bien vers la mort que les sages de la commission envoyaient désormais les déchus juifs de la nationalité.

Alibert condamné à mort et gracié

Bernard Laguerre (les dénaturalisés de Vichy, 1940-1944, Vingtième siècle, revue d’histoire, n°20, octobre-décembre 1988) voit ainsi trois phases dans l’application de la loi du 22 juillet 1940. Une première, de juillet 1940 à mars 1942, purement française, « les retraits de nationalité sont en effet effectués au nom des critères propres à l’idéologie de la Révolution nationale », où l’on épure le pays en enferment les déchus dans des camps d’internement.
Une seconde, de l’été 1942 à l’été 1943, où l’Etat français, par le biais de la dénaturalisation, rend possible la déportation de personnes qui auraient autrement bénéficié de sa protection. Une troisième enfin, de l’automne 1943 à 1944, alors que les Nazis ont aboli toute distinction entre juifs français et juifs étrangers. La commission continue pourtant tranquillement à dénaturaliser, parce que, explique Bernard Laguerre, « on ne dénaturalise pas en fonction de la politique allemande, on dénaturalise au nom d’une certaine idée de la France et des Français ».

Raphaël Alibert, le garde des sceaux de la loi de 1940, a été condamné à mort par contumace à la Libération. En exil en Belgique, il a été gracié par le général de Gaulle en 1959. En 1945, le procureur général André Mornet a requis la peine de mort contre Pierre Laval et le maréchal Pétain. Il avait été membre de la commission de dénaturalisation du régime de Vichy.

 Franck Johannès

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