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15/12/2024

Au Moyen Âge, porter une couleur, c’était endosser un rôle

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Les couleurs des vêtements étaient bien plus que des choix esthétiques : elles reflétaient des hiérarchies sociales et des symboles religieux, définissant son statut dans la société.

Un point essentiel d'abord : les images des manuscrits ne sont pas des reflets fidèles de la réalité vestimentaire. Manuscrits et fresques utilisaient des codes symboliques : les couleurs et tenues servaient à exprimer des idées, non à documenter la mode de l’époque.

La durabilité des couleurs des vêtements médiévaux dépendait fortement de la qualité des matériaux. Les teintes vives se délavent avec le temps, particulièrement sur des tissus moins chers, tandis que les teintures coûteuses comme la pourpre tenaient mieux.

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Ancrée dans une tradition lointaine, les vêtements servaient à afficher visuellement le statut. Les fortunés pouvaient se permettre des couleurs vives et des tissus luxueux, tandis que les classes inférieures portaient des matériaux moins coûteux dont la couleur s'étiolait.

La laine, accessible mais souvent terne, contrastait avec la soie ou le velours, réservés aux élites et permettant des teintures éclatantes et durables. le lin et le chanvre, sobres et naturels, incarnaient modestie et piété, tandis que la soie affichait richesse et pouvoir.

Le clergé, lui, adoptait des couleurs spécifiques pour ses habits liturgiques. Le rouge symbolisait le sang du Christ, le blanc la pureté, et le vert la vie éternelle, chaque teinte correspondant à une fête religieuse ou un moment précis du calendrier liturgique.

Certaines couleurs étaient réservées à des usages spécifiques : le pourpre, par exemple, était une teinte royale, symbole de pouvoir et d’autorité. Seuls les rois et les empereurs pouvaient porter cette couleur en raison de sa rareté et de son coût élevé.

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Le bleu, aujourd’hui couleur royale par excellence, s’impose tardivement en Occident. D’abord lié à la Vierge Marie au XIIe siècle, il gagne son prestige avec les armoiries de Philippe VI. Avant lui, rouge et pourpre dominaient les symboles du pouvoir.

Les lois somptuaires, qui réglementaient l’usage des vêtements et des couleurs, limitaient l’accès à certaines teintes et tissus en fonction de la classe sociale.

La couleur noire, souvent perçue comme austère, était également une teinte de distinction. Les membres de l'élite portaient parfois des habits noirs pour afficher leur sérieux et leur respectabilité, loin des excès des couleurs vives.

La Réforme a aussi entraîné une réévaluation de l'extravagance dans l'habillement. Les protestants ont cherché à éviter les couleurs trop brillantes, qui étaient perçues comme des signes d’idolâtrie, au profit de vêtements plus modestes et plus fonctionnels.

Toutes les informations de ce fil/article proviennent de l'historien Michel Pastoureau, spécialiste de l'héraldique, de la sigillographie et du symbolisme des couleurs. Illustrations : Denis Gordeev Sa page FB : facebook.com/profile.php?id

 

16:30 Publié dans Culture, Moyen âge | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : moyen age, vetement | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

03/12/2024

Noël : l'Avent, des origines chrétiennes au calendrier allemand

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Cette période sainte, qui tire son nom de l’équivalent latin du mot "arrivée", sert de compte à rebours jusqu’à Noël, jour où les chrétiens célèbrent la naissance de Jésus-Christ.

De Erin Blakemore pour National Géographic

L’hiver venu, quand la nuit prend le pas sur le jour, les chrétiens observent une période de quatre semaines qui leur permet de se préparer pour leur fête la plus importante : Noël. L’Avent est l’occasion d’allumer des cierges, de se recueillir, et d’éprouver l’espérance suscitée par la naissance prochaine du Christ.

La date à laquelle commence l’Avent change chaque année. En 2024, l’Avent commencera le dimanche 1er décembre et prendra fin le mardi 24 décembre.

LES ORIGINES DE L'AVENT

L’Avent tire son nom du latin adventus, qui signifie arrivée. Au 5e siècle de notre ère, l’Église s’est consolidée, et avec elle les traditions qui précèdent le 25 décembre. Selon certains historiens, on aurait fêté l’Avent pour la première fois de manière formelle en Italie, où des pratiquants se préparaient pendant plusieurs semaines, notamment en jeûnant, en priant et en prenant le temps de réfléchir aux valeurs chrétiennes.

Cette préparation est devenue ce que l'on nomme désormais « Avent ». Au 6e siècle, les chrétiens de France célébraient le Carème de Saint-Martin : le jeûne et l'abstinence étaient de mise les cinq semaines précédant Noël.

Aujourd’hui, l’Avent marque le début de l’année liturgique (le calendrier d’observance des solennités chrétiennes). À l’instar de leurs ancêtres, les chrétiens considèrent que c’est une période de préparation à la naissance corporelle du Christ. L’Avent débute quatre dimanches avant Noël et se termine la veille du 25 décembre.

Chacun de ces dimanches porte une signification qui lui est propre, mais également des prières et des rites spécifiques ; ils représentent, dans l’ordre, les vertus chrétiennes de l’amour, de la joie, de l’espérance et de la paix. Pour les croyants, l’Avent est une période à plusieurs facettes au cours de laquelle ils se préparent à la naissance corporelle du Christ, célèbrent la foi et la conversion au christianisme, et anticipent la résurrection du fils de Dieu à la fin des temps (la Parousie).

LA COURONNE DE L'AVENT

Saison de lumière au cœur de l’obscurité hivernale, l’Avent est symbolisé dans les églises par une couronne sempervirente ornée de cierges. En 1838, Johann Wichern, pasteur luthérien allemand, a commencé à se servir de cette couronne pour aider sa congrégation à faire le décompte des jours avant Noël. 

Aujourd’hui, la couronne de l’Avent compte quatre cierges. Les deux premiers et le quatrième sont violets (couleur traditionnelle de l’Avent). Le troisième est rose et on l’allume à mi-chemin entre le début de l’Avent et Noël pour symboliser la joie que procure la naissance à venir.

Traditionnellement, les chrétiens prient, chantent et allument un cierge supplémentaire chaque dimanche de l’Avent de façon que la couronne soit entièrement illuminée au quatrième dimanche. Il arrive qu’on pose un cinquième cierge (blanc) au centre de la couronne. Celui-ci n’est allumé qu’au réveillon.

CALENDRIERS DE L'AVENT

Le calendrier de l’Avent est également une tradition allemande. Au 19e siècle, les adultes s’ingéniaient à trouver des façons d’aider les enfants à compter les jours avant Noël. À partir du 1er décembre, pour marquer l’anticipation de la naissance du Christ, certains luthériens allemands faisaient des traits à la craie sur les portes. Mais d’autres parents avaient recours à des méthodes plus personnelles mêlant bonbons et versets bibliques.

En 1908, l’imprimeur allemand Gerhard Lang a créé le premier calendrier de l’Avent imprimé. Dans sa jeunesse, sa mère lui avait fabriqué un calendrier à la main avec des portes en carton et des friandises à l’intérieur. Il a décidé d’adapter l’idée dans une presse d’imprimerie. Ses produits ont alors rencontré un succès phénoménal en Allemagne. Mais les pénuries liées à la Seconde guerre mondiale et la sécularisation de la période de Noël par le régime nazi ont failli mettre un terme au calendrier de l’Avent.

Après la guerre, un autre imprimeur allemand du nom de Richard Sellmer a obtenu l’autorisation des forces américaines d’imprimer un calendrier de l’Avent pour l’année 1946. Grâce à ses réseaux américains, il est parvenu à introduire son calendrier aux États-Unis. Et par le truchement du président Eisenhower, photographié en train d’en ouvrir un avec ses petits-enfants en 1953, ils sont devenus de plus en plus populaires aux États-Unis.

Bien que l’Avent débute normalement à la fin du mois de novembre, les calendriers d’aujourd’hui commencent généralement le 1er décembre. Ils comportent de petites portes ou casiers contenant des images, des colifichets ou des friandises qui marquent les jours précédant Noël. Les commerçants ont massivement investi dans les calendriers de l’Avent, si bien qu’il en existe pour tous les goûts : beauté, personnages célèbres, dégustation d’alcool…

Comme d’autres traditions liées à Noël, les calendriers de l’Avent se sont de plus en plus sécularisés aux 20e et 21e siècles. Ces traditions restent néanmoins une façon amusante pour les enfants comme les adultes de cristalliser l’enchantement de Noël dans un mois d’obscurité et d’hiver.

 

19:27 Publié dans Actualité, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : calendrier de l'avent | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |