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20/03/2021

Histoire. La Commune. Mars 1871, l’insurrection algérienne d’El Mokrani

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D’innombrables révoltes ont secoué l’Algérie dès l’aube de la colonisation française. L’une des plus importantes, conduite par le cheikh El Mokrani, s’est étendue aux trois quarts du pays avant son sanglant écrasement.

REPÈRES HISTORIQUES

1832-1837 Abd El Kader s’élève contre l’occupation coloniale française, ce qui aboutit au traité de la Tafna.

1848 Après la reddition d’Abd El Kader, l’Algérie est officiellement proclamée « territoire français ».

1850-1870 Révoltes dans les Aurès et en Kabylie, réprimées dans le sang. La famine ravage l’Algérie.

Mars-avril 1871 L’insurrection kabyle conduite par El Mokrani et cheikh Aheddad s’étend aux régions voisines.

La liberté est le plus contagieux des désirs et, lorsqu’un peuple se soulève, il allume toujours, ailleurs, le feu de la révolte. Ainsi la Commune fut-elle contemporaine d’une insurrection qui aurait pu mettre un coup d’arrêt à l’entreprise coloniale française en Algérie. En mars 1871, à la faveur de l’instabilité créée par la défaite de Sedan et du climat insurrectionnel qui gagnait Paris, de l’autre côté de la Méditerranée, en Kabylie, les confédérations de tribus s’organisèrent pour déclencher une véritable guerre contre l’occupant. L’insurrection, la plus importante par son ampleur et son issue tragique depuis le début de la conquête en 1830, fut conduite par un chef énigmatique et craint, le cheikh El Mokrani, de son vrai nom Mohand Aït Mokrane.

Un « grand seigneur d’épée »

Fils d’un chef coutumier de la Medjana, sur les hautes plaines, El Mokrani, né en 1815, n’avait pas toujours incarné la rébellion contre les envahisseurs français. Les siens refusèrent même, en 1830, de se ranger sous la bannière de l’émir Abd El Kader. L’historiographie coloniale brosse d’El Mokrani le portrait d’un « grand seigneur d’épée » à la « bravoure chevaleresque », disposant « en maître souverain de toutes les contrées avoisinant son commandement », dont la France chercha d’abord sinon l’appui, du moins la neutralité. La barbarie des conquérants, l’arbitraire et l’injustice de l’ordre colonial se chargèrent de briser ce pacte tacite de non-agression. Soumise en 1857 après avoir résisté à 14 campagnes successives, au prix d’une dévastation d’une rare brutalité, la Kabylie ne s’était en fait jamais résignée à la domination coloniale.

De la misère naît la rébellion

De nombreuses révoltes avaient déjà éclaté en réaction à l’humiliation, à la confiscation des terres, aux déplacements des populations, au démantèlement de l’organisation sociale. Surtout, la misère à laquelle était réduite la population, les famines, en particulier la grande famine de 1857, attisèrent la rébellion. « C’en était fait de ces révoltes. Jusqu’au moment où la guerre contre la Prusse allait de nouveau réveiller les idées d’indépendance des indigènes », relate Just-Jean Étienne Roy en 1880, dans son Histoire de l’Algérie. « Aussi bien, pour nous faire respecter, nous n’avions plus d’armée en Afrique. L’occasion était donc trop favorable pour que ces populations, qui ont toujours supporté notre domination avec impatience et ne se sont jamais soumises que pour reprendre des forces en attendant de se soulever de nouveau, ne cherchassent pas à en profiter », rapporte l’Illustration dans son récit de l’insurrection.

Une armée de 10 000 hommes

L’effervescence s’était emparée des communautés villageoises l’année précédente : malgré l’interdiction formelle des autorités coloniales, des tijmaain, des assemblées de village, avaient été élues. Dès le 12 juin 1869, le maréchal Mac Mahon alertait Paris : « Les Kabyles resteront tranquilles aussi longtemps qu’ils ne verront pas la possibilité de nous chasser de leur pays ! » C’est El Mokrani, à la tête d’une armée de 10 000 hommes, qui donna, le 15 mars 1871, le signal de l’insurrection. Mais celle-ci prit une ampleur spectaculaire à partir du 8 avril, avec l’appel au soulèvement du vieux cheikh Aheddad, chef spirituel de la confrérie rahmaniya, auquel répondirent 250 tribus capables d’aligner plusieurs dizaines de milliers de combattants.

L’insurrection s’étendit comme une traînée de poudre à l’est et au sud du pays, gagna le littoral, s’empara du Constantinois. À l’ouest, les insurgés parvinrent jusqu’aux portes d’Alger. Mais l’écrasement de la Commune devait perdre les insurgés algériens. Le peuple de Paris massacré, l’autorité militaire avait les mains libres pour reconstituer une puissante armée d’Afrique : l’amiral Gueydon mobilisa 100 000 soldats et un dispositif militaire supérieur à celui qui avait permis d’asservir la Kabylie en 1857.

Tués, déportés, enrôlés de force...

Le 5 mai, El Mokrani fut abattu. Avec lui disparaissait l’âme de l’insurrection. Celle-ci se poursuivit pourtant, neuf mois durant, et avec elle une répression impitoyable : plusieurs dizaines de milliers d’insurgés furent tués, toute la population fut prise pour cible. Des villages entiers furent détruits, des familles décimées ou jetées sur les chemins de l’errance. La rébellion écrasée, 450 000 hectares de terres furent confisqués et distribués aux nouveaux colons que l’on fit venir d’Alsace-­Lorraine. Plus de 200 chefs insurgés furent traduits devant la cour d’assises de Constantine, en 1873, et condamnés à la déportation dans les bagnes de Cayenne ou de Nouvelle-­Calédonie, où ils retrouvèrent les communards. « Nous vîmes arriver, dans leurs grands burnous blancs, les Arabes déportés pour s’être eux aussi soulevés contre l’oppression. Ces Orientaux (…) étaient simples et bons et d’une grande justice. Aussi ne comprenaient-ils rien à la façon dont on avait agi avec eux », écrit Louise Michel dans ses mémoires (1).

Des hommes ayant pris part à l’insurrection furent enrôlés de force pour la campagne de Madagascar. Au nom de la « responsabilité collective des tribus insurgées », la Kabylie se vit infliger une amende de 36 millions de francs or. Meurtries, les communautés villageoises vécurent alors une véritable tragédie, dont la mémoire fut transmise de génération en génération par la littérature et la poésie orale.

(1) La Commune, histoire et souvenirs, de Louise Michel, la Découverte
 
Diego DIAZNombre de pages : 4415 €
Format(s) : Papier PDF EPUB MOBI

12:33 Publié dans Colonies, L'Humanité, La Commune | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la commune, algérie | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

16/02/2020

LA PREMIERE BOMBE ATOMIQUE FRANCAISE EXPLOSE DANS LE SAHARA ALGERIEN

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" Le 13 février 1960 , la France procédait au premier essai nucléaire en Algérie , au sud de la commune de Reggane ( wilaya d'Adrar ) . Ces essais se sont poursuivis jusqu’en 1966 .

Le 13 février 1960 , à 7h04 très exactement , la première bombe nucléaire française explose. C’est dans le Sud-algérien que l’opération "Gerboise bleue" est réalisée .

Ce jour-là, les ministres des - Armées, Pierre Messmer, et de la Recherche, Gaston Palewski, assistaient à l'essai « Béryl ». Quatre fois Hiroshima. L'explosion, plus puissante que prévue, a provoqué l'éjection de roche fondue hors de la montagne. Officiels, soldats et ouvriers algériens se sont enfuis comme ils le pouvaient, rarement vêtus de protection. L'accident est resté dans les mémoires.

Au total , jusqu’en 1966, 13 essais nucléaires seront menés au nord de Tamanrasset . Soixante ans après , les Algériens refusent d’oublier “l’autre visage de la barbarie coloniale” , comme le qualifie le quotidien d’État algérien Horizons en une.

“ Ni reconnaissance ni réparation”, déplore le journal El Watan, alors que la France n’a jamais formulé d’excuses . Car les dégâts sur les populations furent terribles . Le nombre de victimes des essais nucléaires français n’a jamais été établi de manière définitive . Le quotidien arabophone Ech-Chaab rapporte néanmoins que 40 000 Algériens étaient sur place au moment des essais. " ( Courrier international )

Selon un document déclassifié le 4 avril 2013 mais rendu public dix mois plus tard le 14 février 2014 , les retombées radioactives sont plus longues que prévu . Elles durent treize jours , la durée qui était prévue n'est pas communiquée .

Un jour après l'explosion , le nuage radioactif atteint Tamanrasset en Afrique subsaharienne , ainsi que N'djamena ( Tchad ) et Bangui ( Centafrique ) . Puis le nuage remonte vers l'Afrique de l'Ouest pour atteindre Bamako ( Mali ) quatre jours après l'explosion . Deux semaines après , toujours chargé de radioactivité , il atteint les côtes méditerranéennes de l'Espagne et la Sicile ...

"Les compagnies aériennes savent depuis le 8 janvier 1960 qu'une superficie d'environ trois fois la France sera interdite au survol le jour de l'explosion."....

A lire aussi dans l'Humanité du 21 février 2007 un reportage édifiant}}}

le 13 février 1960, en Algérie, ont lieu les essais de la 1ère bombe atomique en plein désert algérien (avec peu de moyens de précaution ainsi que le montre ce reportage tout à la gloire de la nouvelle puissance militaire française)

12:31 Publié dans Colonies, International, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : societé, algérie, bombe | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

28/10/2018

Djamila Boupacha héroïne Algérienne

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djamila Picasso.jpgImmortalisée par Picasso, défendue par Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi, Djamila Boupacha est cette « inoubliable héroïne de la Guerre d’Algérie », arrêtée à 22 ans, par l’armée française, en compagnie de sa famille, puis abominablement torturée, en 1960.

Djamila, née à Saint-Eugène (Bologhine, Alger) le 9 février 1938, s’est engagée dans la politique, à 15 ans déjà, en adhérant à l’Union des femmes de l’UDMA (Union démocratique pour le Manifeste algérien), un parti créé par Ferhat Abbas en mai 1946. Grâce à sa volonté et à son courage, elle deviendra aide-soignante à l’hôpital de Beni-Messous (Alger) où elle se procurait des médicaments au profit du maquis de la Wilaya IV.

Elle est accusée d'avoir posé un obus piégé à la Brasserie des Facultés, à Alger, le 27 septembre 1959. Pourtant, elle n'avait commis aucun attentat. « Elle était sur le point d’en commettre un, mais elle ne l'a pas fait », d’après Gisèle Halimi. Malgré cela, Djamila Boupacha est arrêtée chez elle par l'armée française, en compagnie de son père (71 ans) et de son beau-frère. Arrêtée en compagnie de sa famille à son domicile
Dans la nuit du 10 au 11 février 1960, une cinquantaine des harkis, des policiers, des gardes mobiles débarquent au domicile de ses parents où elle demeure à Alger, Dely Ibrahim.
Djamila est malmenée, insultée et sauvagement battue devant son père Abdelaziz Boupacha et son beau-frère Ahmed Asbdelli, qui subissent presque aussitôt le même sort. Puis, tous les trois sont emmenés au centre de tri d'El Biar.

Dès l'arrivée, Djamila Boupacha est à nouveau battue. Coups de poing, de pied se succèdent, la font vaciller et tomber à terre. De leurs talons, plusieurs militaires, dont un capitaine parachutiste, lui écrasent les côtes. Quatre mois après, la jeune fille souffre toujours d'une déviation costale.

Quatre ou cinq jours après, Djamila Boupacha est transféré à Hussein Dey, pour y subir la gégène. Mais les électrodes placés au bout des seins ne tenant pas, un des tortionnaires les colle sur la peau avec du ruban adhésif. De la même manière, les jambes, l'aine, le visage, le sexe sont atrocement brulés. Pour obtenir les aveux souhaités, les parachutistes lui administrent toutes sortes de tortures ; brûlures de cigarettes et baignoire et la bouteille. A soixante-dix ans, son père n’est pas épargné non plus. Abdelaziz Boupacha subit les tortures de l'eau, de l'électricité, les coups.

Gisèle Halimi prend en charge l’affaire
Djamila.jpgDjamila Boupacha est torturée par des parachutistes français pendant 33 jours avant d'être présentée à la justice. C’est à ce moment-là que Gisèle Halimi décide de prendre en charge sa défense. « Djamila Boupacha, militante du FLN, n’a que 21 ans, musulmane, très croyante (…)Elle a été arrêtée puis abominablement torturée par des parachutistes, jour et nuit. Elle a été violée avec une bouteille d'abord, elle qui était vierge et musulmane ; elle m'écrivait des lettres : Je ne sers plus à rien, je suis à jeter», raconte-t-elle. Et d’ajouter : « Quand je l'ai vue, j'ai été absolument… enfin comme n'importe qui l'aurait été, bouleversée.

Elle avait encore les seins brûlés, pleins de trous de cigarettes, les liens, ici (elle montre ses poignets), tellement forts qu'il y avait des sillons noirs. Elle avait des côtes cassées... Elle ne voulait rien dire, et puis elle a commencé à sangloter et à raconter un petit peu. » Gisèle Halimi rentre à l'hôtel pour préparer le procès du lendemain. Le soir même la police l’arrête et l’expulse. Elle ne peut plus plaider le procès.

En rentrant, Gisèle Halimi déclenche un énorme élan de solidarité. Elle rencontre Simone de Beauvoir, avec laquelle elle crée un comité de défense pour Djamila Boupacha qui a été le plus important pendant la guerre d'Algérie, Il comprenait Aragon, Sartre, Geneviève de Gaulle, Germaine Tillion. Djamila Boupacha est amnistiée en 1962, en application des accords d'Évian.

Djamel.Belbey