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06/03/2016

Maroc, Tunisie: Une liberté arrachée à l'Etat français

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Comparée aux guerres d'Indochine, d'Algérie et du Cameroun, la sortie de la Tunisie et du Maroc du système colonial peut apparaître, avec le recul, comme « douce ». Ce n'est cependant qu'un effet d'optique. Sur place, les populations ont mené, pendant plusieurs années, un sanglant combat pour conquérir leur indépendance.

Au début des années 1950, la Tunisie vit sous domination française depuis trois quarts de siècle, le Maroc depuis quarante années. Officiellement, il s'agit de protectorats. Mais ce mot est un voile un peu hypocrite jeté sur des pratiques coloniales classiques : violences, inégalités, racisme, guerre parfois comme celle du Rif, au nord du Maroc, de 1924 à 1926. Officiellement, lorsque commence le cycle de la décolonisation, les deux pays ­ comme d'ailleurs la voisine algérienne ­ sont « pacifiés ». En fait, le bouillonnement nationaliste n'a pas cessé. En Tunisie, un jeune leader moderniste, Habib Bourguiba, a pris la tête d'un mouvement, le Néo-Destour. Au Maroc, c'est un peu plus tard que des jeunes militants fondent l'Istiqlal. Les mots, ici, sont porteurs d'avenir : « Destour » signifie « Constitution », « Istiqlal » veut dire « indépendance ». La voie est tracée, les objectifs sont clairs.
La Seconde Guerre mondiale va agir comme un puissant accélérateur. Dans le monde colonisé, les contestations se multiplient. Pour l'Empire français, c'est un petit homme d'apparence frêle qui va donner le signal du refus : il s'appelle Hô Chi Minh et proclame l'indépendance de son pays, le Vietnam, le 2 septembre 1945. Une longue guerre commence, qui mènera à Diên Biên Phu (mai 1954). En Algérie (printemps 1945), à Madagascar (printemps 1947), des révoltes sont noyées dans le sang. En Afrique subsaharienne, un jeune mouvement, le Rassemblement démocratique africain (RDA) conteste les vieilles méthodes coloniales.

Comment les pays soumis aux protectorats auraient-ils échappé à cette spirale ? Le personnel politique dirigeant de la IVe République fera preuve, de Rabat à Tunis, du même aveuglement criminel que dans le reste de l'Empire. Imperturbables, bardés de certitudes, ils continueront à penser comme au « bon vieux temps des colonies » : « Il n'existe pas de nationalisme arabe, mais une nostalgie de l'anarchie » (François Quilici, député radical, 4 juin 1952).
Longtemps, le sultan mis en place par les Français en 1927, Mohammed ben Youssef ­ celui-là même qui deviendra Mohammed V après l'indépendance ­, a répondu aux attentes de ses maîtres. Très jeune, sans expérience, sévèrement contrôlé, il lui faudra bien des années avant d'affirmer que son pays avait droit à des évolutions. Lors d'un discours mémorable, à Tanger, en 1947, il franchit un pas majeur, déclarant : « Le peuple, qui s'éveille enfin, prend connaissance de ses droits et suit le chemin le plus efficace pour reprendre son rang parmi les peuples. Il subsiste cependant un grand écart entre ce qu'il a déjà réalisé et ce qu'il reste à faire ; s'il a déployé de grands efforts, il aura beaucoup à entreprendre avant d'atteindre son but et de se réjouir de son succès. »

La population marocaine, le parti national « Istiqlal » (qui a des contacts secrets avec le sultan) s'en réjouissent, les maîtres français laissent pointer une première inquiétude. Le résident français, le général Alphonse Juin, a des attitudes arrogantes, méprise le sultan, le menace, mais ne le fait pas plier. Mais, avant de quitter Rabat, comme s'il était le légitime propriétaire du pays, Juin impose à un gouvernement de la IVe République muet son successeur : le général Guillaume. Étrange coutume de nommer ainsi des officiers généraux pour occuper des postes civils : telle était la conception coloniale de la « protection » d'un pays.
C'est un événement extérieur au Maroc qui déclenche le processus de déposition. Le 5 décembre 1952, le dirigeant syndicaliste tunisien Farhat Hached est assassiné. On saura par la suite qu'il fut victime d'un piège tendu pas des ultras, Français de Tunisie, appuyés presque ouvertement par la police. L'écho est immense dans tout le Maghreb. À Casablanca, dans le quartier des Carrières centrales, des affrontements avec la police font quelques victimes françaises et des centaines de morts et de blessés côté marocain. Évidemment, le lobby colonial crie à l'insurrection nationaliste/communiste. Raymond Cartier, dans « Paris Match », écrit : « Le sultan doit changer ou il faut changer le sultan. » C'est bien une campagne qui commence. Et qui aboutira vite à un geste irrémédiable.

Le 20 août 1953, en début d'après-midi, Guillaume présente un ultimatum plein d'arrogance à Mohammed ben Youssef, qui naturellement le refuse. La légende dit que le sultan, qui faisait la sieste, n'eut que le temps de mettre une djellaba par-dessus son pyjama. Lui et sa famille ­ dont son fils, Hassan, le futur souverain ­ sont embarqués sans ménagement dans un avion en partance pour la Corse, étape qui précédera un exil à Madagascar. Le piège s'est refermé. On se croit débarrassé d'un sultan devenu remuant. Le peuple marocain va prendre le relais.
À Paris, les partisans de la manière forte sont fiers de leur coup. À Rabat, le clan des ultras exulte. Son leader, le grand colon Boniface, s'exclame : « Nous avons vingt ans de tranquillité devant nous. » Il ne se trompait que de dix-sept ans !

Face à cela, bien peu de politiques ou de journalistes ont protesté : la troisième gauche (« l'Express », « l'Observateur »), la gauche catholique (« Témoignage chrétien »), les communistes... L'envoyé spécial de « l'Humanité », Robert Lambotte, est expulsé. Ce drame fut également à l'origine, dès la fin août 1953, de la première grande initiative du Comité France-Maghreb, constitué en juin sous la présidence d'honneur de François Mauriac, et comptant dans ses rangs d'autres catholiques, des personnalités du monde intellectuel, des socialistes critiques, d'autres politiciens, etc.
Au Maroc même, une (stricte) minorité de Français, comprenant que l'intransigeance est en train de ruiner toute possibilité d'une future amitié franco-marocaine, publie une Lettre des 75, demandant la fin de la répression et la libération des prisonniers politiques. Peine perdue. Dès lors, « l'ordre règne au Maroc », comme l'écrit « le Monde ». « L'ordre règne » ? Oui, mais c'est un ordre colonial, fait de milliers d'arrestations arbitraires, d'interrogatoires poussés (comprendre tortures) dans les commissariats. Le parti de l'Istiqlal est dissout, ses dirigeants arrêtés ou contraints à la clandestinité.

Malgré cela, la protestation populaire commence. Elle ne s'arrêtera plus. Durant les quatre derniers mois de l'année 1953, il y aura une moyenne mensuelle d'une cinquantaine d'actes catalogués comme « terroristes » ; la barre des 100 actes est dépassée en avril 1954, celle des 200 en juin, avant de culminer à 270 en août (premier anniversaire de la déposition)... Mais le pire restait à venir. Le 20 août 1955, pour le second anniversaire de la déposition, une grande vague de protestation submerge le Maroc. À Oued Zem, au centre du pays, la communauté européenne est violemment attaquée, laissant 70 cadavres, souvent horriblement mutilés. Une répression de masse s'abat sur la population, sans distinction (probablement plus de 1 000 morts). Mais les autorités françaises ne peuvent plus éviter la question : contrôlent-elles encore le Maroc ?
C'est un gouvernement aux abois, cette fois dirigé par le « modéré » Edgar Faure, qui rappelle finalement Mohammed ben Youssef de son exil. Le sultan arrive à Nice le 31 octobre 1955, rejoint Paris, où il a des entretiens avec les autorités françaises. Lesquelles ne peuvent que se résoudre à l'inéluctable. Le sultan dut particulièrement goûter ce spectacle : le colonisateur lui demandant comme un service de revenir au pays dont il l'avait chassé deux ans plus tôt. Le sultan regagne finalement le Maroc le 16 novembre 1955, après deux ans et trois mois d'exil. Des dizaines de milliers de ses compatriotes l'acclament. La France reconnaîtra l'indépendance du Maroc le 3 mars 1956, l'Espagne, qui occupait le nord (sauf Tanger), suivra en avril.

On a vu plus haut que le leader syndicaliste tunisien Farhat Hached a été assassiné le 5 décembre 1952. Les autorités françaises et leurs hommes de main voulaient ainsi tuer dans l'oeuf la contestation urbaine, croissante. Cette année 1952 avait vu successivement l'arrestation et l'internement d'Habib Bourguiba et des principaux dirigeants du Néo-Destour, ainsi que des centaines de militants politiques (dont des communistes) et syndicalistes.
Mais ce qui inquiète au plus haut chef les officiels français, c'est la recrudescence de l'insécurité dans les campagnes. À ce moment apparaît dans la presse française un mot nouveau : « fellaghas », « coupeurs de routes » (« le Monde », 3 février 1952), présentés comme de vulgaires bandits. En fait, c'est une des formes que vient de prendre la résistance nationale.

Désormais, le sang va couler en Tunisie. En janvier 1952, l'armée française boucle le Cap Bon, région la plus atteinte par l'agitation, systématiquement ratissée, village par village, maison par maison. Au cours de cette opération, 15 personnes sont exécutées, d'autres meurent lors des combats (la presse avancera le chiffre de 200 morts), des femmes sont violées, des maisons dynamitées, des mosquées profanées, 1 500 personnes sont arrêtées, 320 transférées devant les tribunaux militaires.
Cette situation ne pouvait durer. En Tunisie ­ comme en Indochine ­, l'échec de la politique de force permit à Pierre Mendès-France, devenu président du Conseil en juin 1954, d'imaginer et de commencer à mettre en place une stratégie nouvelle, libérale, réaliste. Le 31 juillet, il se rend à Carthage, dans la banlieue de Tunis, pour y prononcer un discours de rupture avec le passé. Il emploie une formule plutôt vague : « autonomie interne ». Il décide par ailleurs de nouer contact avec Bourguiba, désormais considéré comme interlocuteur « modéré ». Mendès le rencontre en octobre. La contrepartie est le désarmement des « fellaghas ». À vrai dire, les hommes politiques du Néo-Destour ne sont pas fâchés non plus d'évincer ces guérilleros incontrôlables...

Mendès a souvent été présenté comme un « décolonisateur lucide ». En fait, son concept d'« autonomie interne» était plutôt une tentative, certes libérale, de figer la situation et, pourquoi pas, de maintenir une forme de contrôle sur la Tunisie. Mais ce néocolonialisme pouvait-il encore constituer une digue devant la soif d'indépendance du peuple tunisien ? Rien, désormais, ne pouvait arrêter le processus en cours.
Les successeurs de Mendès, Edgar Faure (convention du 3 juin 1955) et Guy Mollet (accord du 20 mars 1956), évoquent, enfin, d'abord l'autonomie interne, puis l'indépendance. C'est que, entre-temps, trois départements français, coincés entre une Tunisie et un Maroc unanimement ralliés à cette indépendance, s'étaient embrasés... Il fallait faire des choix : accepter l'irrémédiable, l'irrésistible, à Tunis et à Rabat, pour mieux préserver l'Algérie. On sait ce que cette nouvelle illusion a coûté à l'Algérie, mais aussi à la France.

  • L'auteur a notamment publié :
    « Nostalgérie. L'interminable histoire de l'OAS », éditions la Découverte, 2015.
    « "L'Humanité" censuré, 1954-1962. Un quotidien dans la guerre d'Algérie », avec Rosa Moussaoui, le Cherche-Midi, 2012.
    « Y a bon les colonies ? La France sarkozyste face à l'histoire coloniale, l'identité nationale et l'immigration », le Temps des cerises, 2011.

ROBERT LAMBOTTE, « LE CALME RÈGNE AU MAROC », « L'HUMANITÉ », 8 SEPTEMBRE 1953

Robert Lambotte est envoyé par « l'Humanité » au Maroc, où il peut rester deux semaines, avant d'être expulsé. Il commence une série de reportages par cet article au titre ironique « Quinze jours au Maroc où gronde la colère ».
C'est un mot d'ordre qu'on retrouve aujourd'hui à la première page des journaux. une poignée de journalistes invités à passer quelques heures dans les services résidentiels de rabat ou de casablanca l'ont répété sur tous les tons. ce qu'on veut accréditer avant tout, c'est l'idée que le problème marocain est réglé (...).
La supercherie est aussi grossière que la vérité facile à découvrir. Il suffit de prendre contact, de parler, d'écouter le peuple marocain. (...) L'évidence qui s'impose (...), c'est qu'aucune question essentielle ne divise le peuple marocain et qu'un objectif commun l'unit : la reconquête de l'indépendance nationale. on a cru pouvoir, à la présidence du conseil, au Quai d'orsay et à la résidence générale, pour un tour de vis supplémentaire, empêcher de se soulever le couvercle de cette immense chaudière bouillonnante que constitue à l'heure actuelle le maroc. (...) Depuis que le coup de force était décidé, toutes les médinas, tous les bidonvilles étaient encerclés par la police et les troupes pour s'opposer aux innombrables cortèges de patriotes qui clamaient leur opposition. ces manifestations populaires ont été réprimées avec une sauvagerie inouïe et le nombre des victimes, officiellement publié, est sans aucun rapport avec la réalité. »

Alain Ruscio, Historien
Vendredi, 4 Mars, 2016
Humanité Dimanche
 
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18:39 Publié dans Colonies, Politique, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maroc, tunisie, décolonisation | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

15/01/2016

LE LIVRE NOIR DE LA REPRESSION COLONIALE FRANCAISE !

Guerre_dAlgérie_1954-1962.jpg

Longtemps après, les chiffres restent approximatifs et ne fournissent guère qu’un ordre de grandeur. Pour la répression de Sétif (1945), les estimations vont de 6 000 à 45 000 morts.

madagascar1947.jpg A Madagascar (1947), il y aurait eu 80 000 victimes. En Indochine (1946-1954), les chiffres varient selon les sources de 800 000 à 2 millions de morts, et en Algérie (1954-1962) de 300 000 à 1 million.

Même sans tenir compte de la Tunisie et du Maroc, et en s’abstenant d’évoquer les responsabilités françaises dans des catastrophes plus récentes, comme le génocide rwandais, cette sinistre comptabilité atteste que, si l’on rapporte le nombre de ses victimes à celui - médiocre - de sa population, la France se place dans le peloton de tête des pays massacreurs de la seconde partie du siècle.

Elle persévéra avec tant d’obstination que l’observateur pourrait en déduire que le crime était ontologiquement lié au régime politique en place. Car c’est bien de crime qu’il faut parler.

La répression menée pendant deux décennies sur deux continents présente les caractéristiques du crime contre l’humanité tel que défini par le nouveau code pénal français : « Pratique massive et systématique d’exécutions sommaires, d’enlèvements de personnes suivis de leur disparition, de la torture ou d’actes inhumains (...) »

humanite-charonne.jpgLa seule organisation politique d’importance à se dresser contre cet enchaînement aussi cruel qu’imbécile fut le Parti communiste français (PCF). La mémoire de ses vétérans est peuplée des souvenirs d’une lutte difficile menée dans une solitude presque absolue.

En face, ce passé-là passe très aisément, et M. François Bayrou, héritier politique d’une démocratie- chrétienne impliquée plus qu’aucune autre formation dans la répression colonialiste, ne s’encombrait pas de réminiscences importunes lorsqu’il brandissait, à la Chambre, Le Livre noir du communisme vers le bord opposé de l’hémicycle.

La mémoire aussi peut être à géométrie variable.

Gilles Pérrault

Source article du Monde diplomatique

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23/12/2015

Cinéma : "Adama", un chef-d'oeuvre d'animation en l'honneur des Tirailleurs

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À travers l'odyssée du jeune Adama dans l'enfer des tranchées, ce film nous conte l'histoire de ces Africains perdus dans la mémoire de la Grande Guerre.

Rendre compte du sort des tirailleurs sénégalais durant le carnage de la Première Guerre mondiale dans un film d'animation pour grands et surtout pour petits n'est pas une chose aisée. Pour son premier long métrage, entièrement conçu sur l'île de La Réunion par une cinquantaine de personnes pour un budget de quatre millions d'euros, le jeune réalisateur Simon Rouby a su frapper un grand coup. D'ailleurs, son film labellisé par la Mission du Centenaire a déjà participé à une trentaine de festivals aux quatre coins du monde, du Festival international du film d'animation d'Annecy au Children Film Festival Chicago en passant par le Film Africa London.

Ce conte moderne, à mille lieues des blockbusters aseptisés de Disney, reçoit en guest-star le rappeur Oxmo Puccino, qui non seulement prête sa voix à l'un des personnages du film mais a aussi composé le titre phare de la bande originale.

Une intrigue simple et efficace

L'aventure est menée tambour battant par un enfant en 1916. Du haut de ses douze ans, Adama décide seul de braver l'interdit des anciens en quittant son village d'Afrique de l'Ouest à la recherche de son frère aîné Samba.

Ce dernier s'est enfui pour se faire enrôler au sein de l'armée française dans une ville portuaire. Naïf mais obstiné, Adama part au péril de sa vie sur ses traces en France pour tenter de le ramener, car « le village est un endroit encore préservé, surtout aux yeux d'Adama, qui au début du film y vit comme dans un jardin d'Eden et n'a pas conscience de l'avancée inexorable du monde extérieur.

Pourtant, ce monde colonial et guerrier est en marche et le village ne pourra pas rester intact », explique le réalisateur. Sous les yeux enfantins du héros se dévoile la brutalité de l'enrôlement des tirailleurs sénégalais comme la tragédie subie par tous les soldats, blancs ou noirs, dans les tranchées de Verdun. « Si le film peut avoir comme impact de changer notre regard sur notre histoire, d'aider à comprendre que nos destins au Sud comme au Nord sont inexorablement liés, il aura fait œuvre utile », précise-t-il.

Le film s'inspire de la vie d'Abdoulaye N'Diaye

 

img_tirailleurs_expos.jpgDernier survivant de la Force Noire envoyée par la France sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, Abdoulaye N'Diaye allait enfin recevoir la Légion d'honneur en 1998 lors de la célébration des 80 ans de la victoire de 1918.

Hélas, le 11 novembre, veille de la cérémonie d'honneur, Abdoulaye N'Diaye s'est éteint à 104 ans dans son village de Thiowor au nord de Dakar. Par chance, son petit-fils avait pu recueillir juste à temps les confidences de son aïeul, celles d'un homme contraint de quitter son village pour combattre dans un monde étranger. Le petit-fils les rapporta quelque temps plus tard à Julien Lilti, alors étudiant, qui deviendra coauteur du film Hippocrate, long-métrage nominé aux derniers Césars, et qui se rendra compte du potentiel du récit.

Extrait article publié dans le Point

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