18/10/2016
Ici, la peinture noire s’efface
Aurélien Soucheyre, L'Humanité
L’eau a coulé sous les ponts. Peut-être un peu trop. Certes, la journée d’hier ne se prêtait pas forcément au recueillement. C’est un 17 octobre, que des Algériens furent massacrés à Paris. Alors le dimanche 16, sous le soleil, un sourire aux lèvres, devant une Seine qui scintille, les monuments parisiens, et des arbres encore verts, il y a de quoi être interloqué devant cette question : « Savez-vous ce qu’il s’est passé ici, le 17 octobre 1961 ? » Le petit bout d’été indien et l’interrogation inattendue n’expliquent pourtant pas complètement le flottement des Parisiens et des touristes hexagonaux face à ce douloureux souvenir.
Car la plupart des personnes croisées hier méconnaissaient largement ce que les historiens britanniques Jim House et Neil MacMaster ont qualifié de plus violente répression d’État contemporaine jamais appliquée à une manifestation de rue en Europe occidentale. C’était à cinq mois de la fin de la guerre d’Algérie. Les négociations d’Évian, qui allaient déboucher sur l’indépendance, étaient ouvertes depuis des mois. Mais le climat parisien est exécrable.
Les tensions et les meurtres vont crescendo entre la police et la fédération de France du FLN. Depuis le 5 octobre, un couvre-feu discriminatoire est imposé aux seuls Algériens par le préfet de police, Maurice Papon. Absolument illégal, l’arrêté est ainsi formulé : « Il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s’abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement entre 20 h 30 et 5 h 30 du matin. » Il a pourtant caractère obligatoire.
« J’ai déjà vu l’inscription être repeinte, il n’y a pas si longtemps, puis effacée »
Le 17 octobre 1961, des milliers d’Algériens décident de braver le couvre-feu en manifestant pacifiquement dans Paris. D’un historien à l’autre, entre 30 et 250 d’entre eux seront exécutés par la police. Certains finiront jetés dans la Seine. L’épisode sera très rapidement étouffé, occulté. Par bien des aspects, il n’a toujours pas à ce jour pleinement repris sa place dans l’histoire de la guerre d’Algérie. Pourtant, en 2001, le maire de Paris appose cette plaque, au pont Saint-Michel : « À la mémoire des nombreux Algériens tués lors de la sanglante répression de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961. » Et en 2012, le président de la République, François Hollande, déclarait que « la République reconnaît avec lucidité ces faits ».
La plupart des Parisiens, certes croisés au hasard, n’ont que des souvenirs flous devant la plaque du pont Saint-Michel. « Oui, je connais. C’est Charonne », se méprenait Pauline, avant de lancer que « ce jour-là, des manifestants ont aussi été tués dans la station de métro ». L’épisode de Charonne, lui aussi lié à la guerre d’Algérie et à une manifestation pacifique réprimée dans le sang par Maurice Papon, eut lieu le 8 février 1962. Neuf français y perdirent la vie. Au pont des Arts, une plaque célèbre la mémoire des résistants Jacques Lecompte-Boinet, Vercors, et du général de Gaulle dans sa facette la plus glorieuse, celle qui va de 1939 à 1945. Nulle trace du supérieur de Maurice Papon pendant la guerre d’Algérie.
Nulle trace, non plus, d’un souvenir qui offre l’une des plus célèbres persistances au massacre du 17 octobre 1961. Car c’est juste sur la droite du pont des Arts que fut prise la photographie du graffiti : « Ici on noie les Algériens. » « Je connais surtout cette photo, en noir et blanc, avec le lampadaire et l’inscription. Je l’ai déjà vue dans la presse. C’est grâce à elle que j’ai une idée de ce qu’il s’est passé ici », mesure Laurent. À deux pas, sur le muret du quai de Conti que recouvrent les planches vertes des bouquinistes, un habitué rappelle avoir « déjà vu l’inscription être repeinte, il n’y a pas si longtemps, puis effacée ».
Le cliché, capturé par le photographe pour Avant-Garde et l’Humanité Jean Texier, décédé il y a peu, n’avait pas été publié à l’époque. Si la presse vivait sous la menace permanente de saisies et de censures, les deux titres dénoncèrent la répression, respectivement le 25 octobre puis le 7 novembre 1961, évoquant 60 morts. L’occultation d’État prendra néanmoins le pas durant des années, avant de se fissurer. Des romans, dont celui de Didier Daeninckx, des ouvrages historiques, dont celui de Jean-Luc Einaudi, des travaux journalistiques, dont celui de l’Humanité en 1985, date de la première parution de la photo de Jean Texier, font peu à peu bouger les lignes.
L’ouverture du procès Papon en 1997, pour son rôle sous l’Occupation, remettra en lumière son rôle du 17 octobre 1961, sans oublier le travail des associations contre l’oubli, la reconnaissance de la répression par des collectivités, ou encore le film Ici on noie les Algériens, sorti en 2011. Pendant que l’eau coulait sous les ponts, le travail d’histoire et de mémoire montait progressivement. Reste à le partager davantage, pour regarder pleinement l’histoire en face.
16:49 Publié dans Colonies, L'Humanité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : algérie, massacre, paris, 1961 | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |
03/06/2016
Thomas Sankara, l'icone de la jeunesse Africaine
Sankara : ce nom reste gravé dans les mémoires en Afrique.
« A bas l’impérialisme ! A bas le néo-colonialisme ! »
Thomas Sankara a pris le pouvoir à 34 ans, en 1983, dans un pays qui s’appelait encore la Haute-Volta. Un pays qu’il va rebaptiser le Burkina Faso, et ce n’est là qu’un des multiples changements que ce militaire guitariste va mettre en œuvre avant son assassinat, en 1987. Un assassinat qui va contribuer à faire de lui une icône de la jeunesse africaine.
Socialiste, féministe, écologiste, il plante des arbres pour lutter contre la désertification, fait vacciner les enfants à tour de bras, instaure des tribunaux populaires pour les fonctionnaires corrompus et veut libérer la femme de la « domination féodale » de l'homme.
Thomas Sankara est un soldat mélomane. Il ne possède d’ailleurs quasiment rien à part son pistolet, qu’il arbore toujours à la ceinture, et deux guitares. Payé l'équivalent de 230 € par mois, il impose la petite Renault 5 comme véhicule de fonction des ministres. La Mitsubishi de sa femme, raconte la légende, était tellement en mauvais état qu'il fallait la pousser chaque matin pour la faire démarrer.
« Avec lui, pas facile de dormir en paix »
Mais Sankara dérange, et pas seulement par son style. Le dirigeant burkinabè « fait la leçon » à François Mitterrand. Face à la presse, il lui reproche d’avoir accueilli en France Pieter W. Botha, le numéro deux du régime de l’apartheid en Afrique du Sud, et Jonas Savimbi, le rebelle angolais, soutien du régime ségrégationniste.
« Des bandits et des tueurs ont taché la France si belle et si propre de leurs pieds et de leurs mains couverts de sang », accuse Sankara aux côtés d’un Mitterrand de marbre. « C’est un homme un peu dérangeant, le président Sankara. Avec lui, il n’est pas facile de dormir en paix », reconnaît peu après le président socialiste, agacé et embarrassé.
Le Capitaine Thomas Sankara, mauvaise conscience de la Françafrique, « sortait du cadre, il était anticonformiste, il ne se conformait pas aux usages », souligne Christophe Cupelin qui a réalisé un documentaire sur ce Président hors norme.
« La dette ne peut pas être remboursée… »
Sankara agaçait aussi prodigieusement ses pairs. A la tribune de l'OUA, l'Organisation de l'unité africaine, en juillet 1987, il appelle les autres Etats du continent à ne pas payer la dette extérieure. « La dette ne peut pas être remboursée parce que, si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Par contre, si nous payons, c’est nous qui allons mourir. Que celui qui veut payer prenne son avion et aille tout de suite à la Banque mondiale ! », lance-t-il devant les autres dirigeants du continent.
Deux mois et demi après, Sankara est assassiné. « Ce discours remet en question l’ordre mondial, mais Sankara n’a pas été assassiné à cause de ce discours en particulier, affirme Christophe Cupelin. En fait, Sankara a peut-être été assassiné à cause de tous ses discours ! »
Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara tombe sous les balles lors d’un putsch qui porte au pouvoir son frère d’armes, son confident, Blaise Compaoré.
Sources RFI
15:11 Publié dans Biographie, Colonies | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thomas sankara, afrique, burkina faso | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |
14/04/2016
CHANSONS ROUGES MOSAIK RADIO
Nouvelle radio qui remplace la totalité des radios du groupe Mosaik Radios (Chansons Rouges, Mosaik Radio, Classik Radio) pour permettre une meilleure unicité et écoute.
Elle est diffusée sans publicité et permet des programmations plus importantes et plus diverses sans contraintes d'horaires et d'audimat.
Elle donne la priorité à la musique et à l'information en diffusant tous les jours douze magazines d'actualités politiques, sociales, culturelles, éducatives, sportives, musicales et 16 flashs d'informations générales
MAGAZINE HISTOIRE : LA COMMUNE DE PARIS
La Commune de Paris période insurrectionnelle de l'histoire de Paris dura un peu plus de deux mois, du à la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871.
Le magazine Histoire de la Radio Chanson Rouge Mosaik Radio pendant tout le mois d'avril diffusé le jeudi à 15h et le dimanche à 20h sera consacré à cet évènement avec Henri Guillemin qui a consacré une conférence sur la Commune de Paris. Au mois de mai l'intégralité de cette conférence vous sera proposé dans le cadre du magazine Panorama diffusé le dimanche à 15h et le jeudi à 20h.
LA GRILLE DE DIFFUSION
- Programme musical de chansons rouges, rebelles et révolutionnaires de France et du Monde entier en continu
L'INFORMATION
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-Le TOP 18h magazine , 18h-18h30 (flash, édito, chronique, magazine, reportage, rubriques diverses)
PLUS BELLES LES LUTTES, le lundi à 20h, émission proposée par les militants CGT des Bouches du Rhone
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Lundi : 10H : Entretiens avec des chanteurs et nouveautés musicales, 15H : Découverte recettes cuisine, 20H : Plus belles les luttes, 22H : Découverte Jazz
Mardi : 10H : Reportages, 15H : Découverte musique classique, 20H : Fréquence Terre
Mercredi : 10H - Cinéma, 15H : Hits rire des années 50 et 60, 20H : Reportages et débats, 22H : Découverte musique country
Jeudi : 10H : Découverte musique Jazz, 15H : Histoire, 20H : Panorama (conférences)
Vendredi : 10H : Découverte musique country, 15H : Cinéma, 20H : magazine cuisine, 22H : Hits et rire des années 1950-1960
Samedi : 10H - Fréquence Terre magazine de l'écologie, 15H - Entretiens avec des chanteurs, nouveautés musicales, 20H : Magazine cinéma
Dimanche : 1OH : Découverte musique classique, 15H : Panorama (conférences), 20H : Magazine Histoire, 22H : Découverte musique classique
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17:43 Publié dans Actualité, Châteaux, Cinéma, Colonies, Culture, Déportation, Deuxième guerre mondiale, Guerre d'Espagne, La Commune, Libération, Moyen âge, Musique, Occupation, Politique, Première guerre mondiale, Résistance, Révolution, Russie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chansons rouges mosaik radio, histoire, la commune de paris | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |