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24/05/2013

PORTUGAL : LA REVOLUTION DES OEILLETS !

portugal1.jpg" Grândola ville brune/Terre de fraternité/C’est le peuple qui gouverne en toi. " La chanson de José Afonso, rappelant une révolte paysanne de l’Alentenjo, est interdite par la censure. Pourtant, en ce 25 avril 1974, elle est diffusée sur les ondes de Radio Renascença. C’est le signal attendu par de jeunes capitaines. Le coup d’état militaire est lancé. Avec quelques unités de l’armée, ils se dirigent vers Lisbonne. Il est un peu plus de minuit. Et tout va aller très vite.

Quelques heures plus tard, depuis la radio Clube, des officiers parlent au nom du Mouvement des forces armées (MFA). Ils exhortent la population à rester chez elle afin d’éviter toute effusion de sang. Le peuple de Lisbonne descend dans les rues. En ce printemps, les vendeuses ont sorti leurs étals de fleurs. Fleurs que la population offre aux soldats qui les portent à leur boutonnière. Des oeillets embrassent des canons de fusils. Le nom de cette révolution est tout trouvé. Ce sera la Révolution des oeillets.

Au bout de cette journée folle, Marcello Caetano, le successeur de Salazar depuis 1968, capitule. L’aéroport, bouclé, est réouvert pour lui : départ expéditif en direction du Brésil. Avant sa démission, il dit refuser que le " pouvoir tombe aux mains de la rue " et nomme le général Spinola à la tête de l’État. La terrible PIDE-DGS (police internationale de défense de l’État), la police politique du régime, qui maniera avec autant de zèle que de férocité le flicage et la torture, cherche à résister. Des coups de feu éclatent, quatre morts dans la foule et un cinquième dans la nuit. Le lendemain, le Portugal ouvre une nouvelle ère de son histoire, tournant radicalement le dos au salazarisme.

La révolte de ces jeunes capitaines puise ses raisons dans les atrocités commises dans les guerres coloniales qui s’enlisent au Mozambique, en Angola, en Guinée-Buissau. Le Mouvement des forces armées, dont les sensibilités politiques vont de l’extrême gauche à la droite, parvient, néanmoins, à caler un programme minimum. En réponse aux trois " F " du régime - famille, fado, football -, ils avancent la politique des trois " D " : démocratie, développement, décolonisation.

Le pays est exsangue. Les guerres dilapident près de 50 % des dépenses publiques. Le délire autarcique et tout répressif du grabataire Salazar pousse à l’exil plus d’un million de Portugais entre 1960 et 1974. À l’intérieur du pays, la misère n’a même pas de nom. Les enfants ont pour " repas " des morceaux de pain trempés dans du vin. Les paysans sont à la merci des grands propriétaires terriens, réduits au statut d’ouvrier agricole. Les partis d’opposition sont interdits ; ses militants sont poursuivis, arrêtés, torturés.

portuga2.jpgLe Parti communiste portugais, dont le rôle sera déterminant dans le processus de la révolution, paiera un lourd tribut pour ses activités clandestines à l’instar de celui qui deviendra son secrétaire général, Alvaro Cunhal, emprisonné pendant onze ans dans la forteresse de Peniche. Des prémices de révoltes éclatent. Des grèves ouvrières et estudiantines jalonnent la dernière décennie de Salazar. Les émigrés amènent avec eux un vent de liberté qui inspire les Portugais restés au pays. La bourgeoisie et les industriels, freinés par l’autarcie, prônent une " détente " économique du régime. Les guerres coloniales, notamment la Guinée-Bissau- finissent par faire vaciller le régime. Le 25 avril 1974, c’est la rupture.

S’ouvre alors une période sociale et politique intense qui durera plus d’un an. Le quotidien des Portugais est fait de puissants mouvements sociaux. De cette effervescence populaire naîtront les conquêtes d’avril : les libertés syndicales et d’association, le droit de grève, l’organisation d’élections libres, la fin des guerres coloniales et l’indépendance des anciennes colonies, la création du salaire minimum national, l’égalité des droits pour les femmes, le droit de vote à dix-huit ans, le droit à la santé, à l’enseignement et à l’éducation, à la Sécurité sociale pour tous, etc.

 Ce sont aussi les nationalisations. Sur les vitrines des banques de Lisbonne, on peut y lire : " Des banques au service du peuple ". La réforme agraire ambitionne la redistribution des terres. " Non pas pour soi, mais pour travailler ", précise Leandro Martins, rédacteur en chef d’Avante et responsable du PCP. " Ces avancées, dit-il, ce ne sont pas les partis ni le Conseil de la révolution qui les ont créées mais la ferveur des gens. "

Cette révolution inquiète. Le général Spinola, dont l’un des faits d’armes est d’avoir été de la Légion bleue franquiste à Stalingrad, refuse l’indépendance des anciennes colonies. Le 11 mars 1975, il tente un coup d’état qui échoue. Un mois plus tard, lors des premières élections libres, les partis modérés l’emportent. Mais l’agitation sociale perdure. Les divisions au sein du MFA sont palpables. Les surenchères gauchistes exacerbent les tensions. Le coup d’État du 25 novembre 1975 signe la fin du printemps révolutionnaire né le 25 avril 1974.

Le jeune Parti socialiste de Mario Soares remporte les législatives du 25 avril 1976 et met un terme au processus révolutionnaire, considérant que le Portugal est suffisamment démocratisé pour s’ouvrir à l’Europe. Les États-Unis, inquiets de la tournure que prennent les événements dans ce pays qui lui sert de base stratégique et militaire considèrent qu’il est temps de reprendre les choses en main, d’autant plus que l’agitation a gagné les colonies africaines.

Les Portugais vont trop loin. En témoigne la Constitution, adoptée le 2 avril 1976, qui préconise : " l’abolition de toutes les formes d’impérialisme, colonialisme et agression, le désarmement général, simultané et contrôlé, la dissolution des blocs politico-militaires (OTAN compris) et l’établissement d’un système de sécurité collective, en vue de la création d’un ordre international capable d’assurer la paix et la justice dans les relations entre les peuples ". Quant à l’État, l’une de ses tâches fondamentales est de " socialiser les moyens de production et la richesse, à travers des formes adéquates (...) et abolir l’exploitation et l’oppression de l’homme par l’homme ".

Petit à petit, les gouvernements qui se sont succédé ont vidé la Constitution de sa substance progressiste. Le Portugal s’érige en bon modèle de l’Europe, respectueux des critères de Maastricht. Les acquis seront dépecés l’un après l’autre. Désormais, le pays s’asphyxie dans son propre rêve de grandeurs européennes : réduction des dépenses publiques, hausse de la TVA, privatisation des hôpitaux, suppression de postes de fonctionnaires.

Son ministre de l’Économie, Carlos Tavares, affirme que " l’heure est arrivée de redistribuer les richesses ". Mais, avec une croissance négative en 2003 et la politique libérale de la coalition de droite populiste CDS PSD/PP, les doutes sont permis.

L’esprit d’avril est-il toujours présent ? Chez les plus jeunes, le 25 avril est presque exclusivement synonyme de liberté. C’est d’ailleurs sous cet intitulé qu’ils sont invités à commémorer les événements d’avril. Une appellation officielle qui permet d’esquiver le caractère révolutionnaire de l’après-25 avril. À l’instar de la campagne du gouvernement qui proclame dans ses affiches : " Avril est évolution ". Un " R " subtilement volatilisé, une lettre qui a déclenché une polémique dans tout le pays. " Avant d’être une évolution, le 25 avril est une révolution ", affirme Vasco Lourenço, ancien capitaine et président de l’Association du 25 avril. Des Portugais se sont employés à le rappeler. Des " R " ont été tagués sur les affiches, parfois accolés du " sempre " (toujours), rappelant les mots du poète lusophone, Ary Dos Santos : " Personne ne pourra plus fermer les portes qu’Avril a ouvertes. "

Article publié par Bonjour Etampes

portugal_manif.jpg

C'est le peuple qui est souverain", une phrase correspondant à un des vers du chanteur engagé José Afonso, créateur de la chanson "Grândola Vila Morena" qui aujourd'hui encore 40 ans après,  le principal mot d'ordre des rassemblements et des manifestations contre la politique d'austérité imposée par l'Europe et les gouvernements de droite et socialistes aui se succèdent au Portugal. 

Grândola, ville brune, Terre de fraternité, Seul le peuple ordonne, En ton sein, ô cité, En ton sein, ô cité, Seul le peuple ordonne, Terre de fraternité, Grândola, ville brune, À chaque coin un ami, Sur chaque visage, l’égalité, Grândola, ville brune, Terre de fraternité, Terre de fraternité, Grândola, ville brune, Sur chaque visage, l’égalité, Seul le peuple ordonne, À l’ombre d’un chêne vert, Dont je ne connaissais plus l'âge, J’ai juré d’avoir pour compagne, Grândola, ta volonté,  Grândola, ta volonté, J’ai juré de l'avoir pour compagne, À l’ombre d’un chêne vert, Dont je ne connaissais plus l'âge

19/05/2013

LE FESTIVAL DE CANNES EN CINQ ETAPES !

cannes1.jpg1-La création du festival est un geste politique d’opposition aux fascismes.

A la fin des années 30, la France refuse de laisser les gouvernement fascistes Allemand et Italien faire de l’entregent pour placer leurs productions à la Mostra de Venise. Alors que Goebbels inaugure le festival transalpin, Jean Zay, alors Ministre de la Culture, décide de créer un Festival International du film en France. En 1939, et alors que le film de propagande Nazi Les Dieux du Stade, de Lena Riefenstahl a remporté un prix à Venise l’année précédente, Louis Lumière accepte de devenir le premier Président du festival, qui se déroulera à Cannes en septembre. La première édition de ce qui deviendra le plus grand festival de Cinéma du monde est prête, adoubée par l’un des inventeur du 7e Art.

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2-Les Nazis ont empêché la première édition du festival.

Cette première édition est largement soutenue par les gouvernements Français, Britannique et Américain, qui voient là le moyen d’empêcher les fascistes d’imposer leurs vues sur le cinéma Européen. Christian-Jaque, Julien Duvivier et Jacques Feyder, entre autre, représenteront la France. Hollywood, alors en pleine âge d’or, n’y va pas de main morte, avec rien moins que Victor Fleming (Le Magicien d’Oz), Cecil B. DeMille et Sam Wood envoyés par les studios pour montrer que l’American Dream n’est pas qu’un mythe. Mieux, la Metro-Glodwyn Meyer affrète un paquebot rempli de stars (Tyrone Power ou Gary Cooper par exemple), et les Américains prévoient de lancer des fêtes dantesques. Notamment en projetant de construire une réplique de Notre-Dame de Paris sur la plage de Cannes (!!!).

Hitler , Cannes

Hitler et le cinéma, toute une histoire

Seulement, le 1er septembre 1939, date d’ouverture de la compétition, les troupes d’Hitler envahissent la Pologne.La Seconde guerre Mondiale est sur le point de commencer,  le premier Festival de Cannes est annulé. Une raison de plus de détester les Nazis.

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3- La CGT est l’un des membres fondateur du Festival de Cannes.

cannes2.jpgEn 1946, le Ministère de la Culture, à peine remis sur pieds, souhaite relancer le festival, mais manque de fonds. C’est finalement en la CGT, alors toute puissante, qu’elle trouve un allié de poids! La ville de Cannes et le gouvernement complètent le financement de cette première édition.
Pourtant, alors que l’évènement est un grand succès, le Ministère refuse d’apporter de l’argent pour un second round, l’entreprise étant jugée trop chère pour devenir annuelle. Dans la précipitation, la CGT décide d’aligner les billets pour la construction d’un Palais des Festivals, qui accueillera l’édition de 1947.
Aujourd’hui encore, la CGT siège au conseil d’administration de l’évènement. D’ailleurs, pour la 60e édition, Bernard Thibault, dirigeant du syndicat, est invité aux festivités, et déclare saluer la volonté de « marquer sa fidélité à l’histoire d’un Festival où la CGT est presque chez elle, même s’il a beaucoup changé ». On rappelle que le tapis du Festival est rouge.-

4-1959 : Nouvelle Vague et Marché du Film

Léaud, truffaut et Cocteau, Cannes film festival

Léaud, Truffaut et Cocteau en 1959.

En 1959, François Truffaut remporte le Prix de la Mise en Scène pour Les 400 coups, tandis qu’Alain Resnais présente en section parallèle Hiroshima mon amour. La Nouvelle Vague est adoubée par le Festival et ne tardera pas à laisser des traces durables dans le Cinema Mondial, notamment aux Etats-Unis où elle inspirera les réalisateurs du Nouvel Hollywood (Spielberg, Scorsese, Lucas, Coppola et les autres).

Film Market, Cannes film festival

Le Marché du Film

C’est cette même année qu’est lancé le premier Marché du Film, où producteurs et distributeurs négocient l’achat de leurs films. Il deviendra le premier marché du cinéma du monde, avec celui de Los Angeles. 1959, symbole de l’opposition du Cinema d’Artiste et du Cinéma Commercial. Et cette année, Jean-Luc Godard, dieu de la Nouvelle Vague, présentera son film en 3D.

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5- Mai 68 : les pavés et la plage.

Moins de 10 ans après, on retrouve Truffaut, Resnais et Godard, mais aussi Polanski, Lelouch, Claude Berri, Louis Malle et Jean-Pierre Léaud en croisade sur la Croisette. La colère gronde en France, et les cinéastes de la Nouvelle vague, ainsi que leurs collègues internationaux (Milos Forman, Carlos Saura) veulent montrer leur solidarité avec les mouvements étudiants étudiants.

May 68, Cannes

Godard et Truffaut en colère en Mai 68

Résultat : André Malraux, Ministre de la Culture, démet Henri Langlois de son poste de directeur de la Cinémathèque. Les hostilités sont lancées, et les artistes décident de pirater le festival. Resnais et d’autres cinéastes retirent leurs films de la compétition, et le Festival subit les assauts des plus engagés. Après 8 jours chaotiques, le Festival ferme ses portes. Le film d’ouverture était "Autant en Emporte le Vent".

 

Extrait de l'article publié par Cinemoustache

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16/05/2013

Marcel Trillat: "Tant que l’Huma est là, il y a de l’espoir"

l'humanité, Souscription pour L'Humanité , marcel trillatUrgence pour l'Humanité Féru d’histoire, Marcel Trillat, journaliste et documentariste, demeure attaché à l’Humanité pour la parole qu’elle donne à la classe ouvrière et aux intellectuels.

L'Humanité et l'Humanité Dimanche sont en grand danger. Des difficultés de trésorerie les menacent gravement. Pour faire face à cette situation, l'Humanité et ses équipes font appel à leurs lectrices et lecteurs, aux organisations progressistes et démocratiques, à toutes les personnes attachées au pluralisme des idées et de la presse

L’Humanité est dans une situation de trésorerie très délicate. Comment réagissez-vous à l’idée qu’elle soit menacée 
de disparaître?

Marcel Trillat. Mes raisons d’être attaché à l’Huma sont multiples et évidentes. D’abord, c’est le journal fondé par Jaurès, pour qui j’ai toujours eu une grande admiration. Ce titre est né avec l’apport de la classe ouvrière, à laquelle il était d’abord destiné, mais aussi avec celui des grands intellectuels de l’époque. C’était quelque chose, dans le contexte ! Mais je songe également à l’Huma durant la Seconde Guerre mondiale, clandestine, avec ses exemplaires ronéotés avec les moyens du bord, par des gens qui risquaient leur vie. Tout cela a une valeur sentimentale. Et puis, je suis né à la politique pendant la guerre d’Algérie, j’avais quatorze ans en 1954. Avec d’autres jeunes, on se battait comme des chiens contre les horreurs de cette guerre. Et je me souviens de l’Huma paraissant avec des grands espaces blancs sur la première page, à l’emplacement d’articles censurés parce que jugés trop fraternels. Nous avions eu des parents résistants, nous faisions le rapprochement. Cette période d’horreurs, de tortures en Algérie m’a définitivement marquée. Et l’Huma, malgré des moments moins glorieux, dus aux aveuglements du Parti communiste à une époque, participe de cet imaginaire-là.

Pour la réalisation de vos films historiques, il vous a été précieux de consulter ses archives?

Marcel Trillat. Oui, je m’y suis replongé souvent! Mais mon attachement a aussi des raisons plus actuelles. Je lis tous les journaux. Je cherche mon miel un peu partout, il faut admettre que j’en trouve de moins en moins. Qu’est-ce qui resterait comme journal de gauche s’il n’y avait plus l’Huma?

Justement, que serait, selon vous, le monde médiatique sans l’Humanité?

Marcel Trillat. Ce serait un véritable désastre. Certes, le manque de moyens se ressent parfois à la lecture. Je me mets parfois à votre place, me disant que ne plus avoir les moyens de multiplier les reportages doit être un crève-cœur. Mais, malgré cela, vous avez réussi à continuer à faire un grand journal. En faisant participer de grands intellectuels, notamment. Cela apporte énormément de choses. Je me jette dessus! Et puis, j’adore le supplément Cactus du jeudi et le suivi des grandes luttes sociales. L’Huma est souvent désespérément seul pour défendre ceux dont la vie est en train d’être bousillée par la finance. L’Huma leur donne la parole et explique pourquoi tout cela est insupportable et comment les choses pourraient se passer autrement. Ça, c’est irremplaçable! Oui, pour tous les gens qui se battent aujourd’hui, l’Huma est irremplaçable. Laisser disparaître ce journal aujourd’hui, ce serait comme leur mettre un bâillon sur la bouche. Tant que l’Huma est là, il y a de l’espoir!