22/06/2013
INDONESIE, LE GENOCIDE OUBLIE !
Le 30 septembre 1965, le putsch de Suharto, réalisé avec le soutien de la CIA, déclenche une véritable tuerie des communistes et des démocrates indonésiens, qui fait entre 500 000 et 2 millions de victimes.LE PARTI COMMUNISTE INTERDIT
Le 30 septembre 1965 débutait en Indonésie " l'un des pires meurtres de masse du XXe siècle ", au propre dire de la CIA, qui fut l'instigatrice du massacre.
En ces années de guerre froide, le régime indépendantiste de Sukarno, l'un des fondateurs du Mouvement des non- alignés, soutenu par le Parti communiste indonésien (PKI), constitue, selon Washington, un foyer " d'infection " susceptible de " s'étendre à l'ouest ", et d'autant plus inquiétant que le PKI se renforce d'une élection à l'autre.
Il compte à l'époque 3,5 millions de membres (sur une population alors d'une centaine de millions d'habitants) et d'importantes organisations de masse, parmi les paysans, les femmes et les jeunes, capables de rassembler quelque 15 millions de personnes.
REVELATIONS SUR UN MASSACRE
Des révélations du Washington Post en 1990 font état de déclarations d'un ancien membre de la section politique de l'ambassade américaine à Jakarta, Robert J. Martens. Ce dernier explique qu'il y dirigeait un groupe de fonctionnaires du département d'État et de la CIA, qui, précise-t-il, ont consacré deux ans à la constitution de ces listes de communistes. Cette révélation confirme que, dès 1963, Washington préparait une action subversive en Indonésie.
Le silence qui s'est abattu depuis quatre décennies sur les événements du 30 septembre 1965 a contribué à épaissir le mystère de l'origine du déclenchement de cette action. Il y aurait eu une tentative de putsch par une poignée d'officiers proches du PKI, voulant " protéger le président Sukarno " contre des éléments réactionnaires de l'armée préparant un coup d'État.
En 2000, le colonel Latief, commandant une brigade d'infanterie implantée dans la capitale Jakarta et qui fut incarcéré en 1965 et libéré en 1999, témoigne que Suharto, alors commandant des forces stratégiques de l'armée, avait été mis au courant du complot contre Sukarno, dans lequel trempaient sept généraux. Ces derniers ont été enlevés dans la nuit du 30 septembre et assassinés. Débute alors une campagne de propagande minutieusement préparée accusant les communistes d'être les auteurs du rapt. S'enchaîne alors une méthodique et sanglante chasse aux " athées ".
L'Indonésie vécut une sorte de génocide dans la quasi-indifférence mondiale. Le PKI, et toutes les organisations qui lui étaient proches : syndicats, fédération des enseignants, organisations de jeunesse, des femmes, etc., furent anéantis en quelques semaines.
En mars 1966, Sukarno fut écarté officiellement du pouvoir par Suharto. Dans un rapport datant de 1983, la CIA a estimé qu'il y eut 250 000 morts. Des généraux indonésiens comme Sudomo et Sarwo Edhie, proches de Suharto, ont avancé des chiffres allant de 500 000 à 2 millions de tués.
LA LISTE MAUDITE
Toujours selon les révélations du Washington Post, les listes dressées par les fonctionnaires américains ont concerné des milliers de personnes, " allant des responsables communistes indonésiens, depuis les échelons supérieurs jusqu'aux cadres locaux dans les villages ".
Ces listes ont, par la suite, été remises aux militaires indonésiens pour perpétrer leurs massacres. En retour, l'ambassade recevait des putschistes la liste des personnes assassinées, permettant " un pointage systématique par la direction de la CIA à Washington, des exécutions qui avaient été menées à bien ".
" Vers la fin de janvier 1966, les noms rayés sur les listes étaient si nombreux que les analystes de la CIA ont conclu à la destruction de la direction du PKI ", a expliqué au journal Joseph Lazarsky, ancien chef adjoint de la CIA en Indonésie. Le quotidien précise qu'il n'a jamais pu être prouvé que les communistes indonésiens aient été impliqués dans l'assassinat des généraux. Tout au long des trente-trois années de dictature, la répression n'a jamais faibli.
Entre 1985 et 1990, Suharto a fait exécuter dans la clandestinité 22 dirigeants communistes, syndicalistes et militaires progressistes, qui croupissaient en prison depuis vingt-cinq ans.
Condamnés à mort après la prise du pouvoir du dictateur, aucune grâce ne leur fut accordée.Il y eut aussi plus d'un million de personnes incarcérées ou déportées dans l'île de Buru. Emprisonnées sans jugement durant dix à quinze ans. Estampillées ensuite " ex-prisonniers politiques " (les tapols), elles restèrent complètement marginalisées au sein de la société indonésienne.
Ce sont des millions d'Indonésiens qui furent frappés par cette exclusion durant trois décennies en vertu, du décret de 1966 pris par l'Assemblée constituante interdisant le " communisme ".
Tous les condamnés politiques pour " faits de communisme ", leur famille et leurs descendants sont frappés d'indignité nationale et interdits de recrutement dans aucun des postes de la fonction publique et dans de nombreuses activités relevant du secteur privé. Ces victimes ont représenté une catégorie de " sous-Indonésiens ", exclus de la citoyenneté, juste autorisés à survivre comme ils le pouvaient dans le cadre d'une étroite et permanente surveillance.
TOUJOURS LA REPRESSION
Ce décret n'est toujours pas aboli. Les droits politiques de millions de personnes n'ont pas été rétablis.
L'ostracisme qui les frappe perdure, profondément ancré dans la conscience intime de la nation indonésienne elle-même. Le président Abdurrahman Wahid (Gus Dur), le premier président démocratique de la période post-Suharto, avait fait oeuvre, en 2001, à titre personnel, de repentance et présenté aux victimes et à leurs descendants tous ses regrets pour la participation des milices musulmanes à l'exécution des massacres sous la direction des forces militaires.
Mais, en tant que président, il se montra incapable de lancer un débat national sur la période écoulée. Sa proposition au Parlement de lever l'interdiction frappant tout ce qui touche de près ou de loin au marxisme et au communisme - tous les livres sur le sujet sont interdits depuis plus de trente ans - s'est heurtée à une puissante opposition, animée par les militaires et le président de l'Assemblée consultative du peuple de l'époque, Amien Rais. Ce dernier a reconstitué un Nouveau Front anticommuniste (FAK), qui dénonce, entre autres, " l'athéisme insupportable des communistes dans un pays à 90 % musulman et leur manque d'attachement à la nation indonésienne et leur allégeance à Pékin et Moscou.
" L'un des objectifs du FAK est de bloquer toutes les initiatives lancées depuis la chute de Suharto par les démocrates pour faire éclater la vérité sur le coup d'État. En annonçant en avril 1999 la création d'un " institut d'études sur les massacres de 1965-1966 ", un comité d'anciens tapols, dont le célèbre écrivain Pramoedya, s'est donné pour but de rassembler toutes les informations pouvant être collectées à travers le pays sur les massacres et de cerner au plus juste le nombre des victimes. Des équipes ont déjà repéré des charniers, mais les autorisations pour les examiner ne sont toujours pas délivrées.
PAS DE LIBERTE
Pour mettre véritablement un terme à la dictature, " il faut un jugement ", estiment les fondateurs de l'Institut, pour lesquels la capacité des successeurs de Suharto à revenir sur ces événements marquera véritablement ou non le changement réel du nouveau régime et l'instauration d'un État de droit.
On en est encore très loin.
À l'approche du quarantième anniversaire du putsch de 1965, des violents articles écrits par des militaires ont été publiés dans la presse indonésienne avec tout un arsenal d'arguments d'un autre temps, qui ont aussi pour objectifs de freiner le processus de démocratisation politique, syndical et judiciaire. Les espaces de liberté sont encore singulièrement réduits pour le monde du travail.
Écrire " classe ouvrière " dans un journal est passible de douze années de prison pour " incitation à la propagande communiste ".
15:44 Publié dans International, L'Humanité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : indonésie, génocide, communiste |
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18/06/2013
Petite histoire des retraites du Moyen-Age à nos jours
Le repos des anciens après une longue période de travail a longtemps reposé sur la solidarité intergénérationnelle.
Au moyen âge cela existait sous forme de corporation et d'une société d’entraide mutuelle. Sous l'Ancien Régime 0,1 % de la population recevaient une rente de la part du roi, prélevée sur le trésor royal. Fondée par Colbert, les marins, sous Louis XIV, furent les premiers à obtenir une compensation en période d’inactivité par une retraite par répartition, unique au monde ; quant au privé, les sociétés de secours mutuels furent créées en 1804 pour les ouvriers.
La première caisse de retraite française des fonctionnaires de l'Etat voit le jour en 1789 grâce à l'influence de la révolution. A partir de 1853 l'ensemble des fonctionnaires (civils et militaires) bénéficie d'une retraite et Napoléon III généralise le régime de pension par répartition, il fixe le départ en retraite à 60 ans et 55 pour les travaux pénibles. En 1905 la loi sur l'assistance au vieillard infirme et incurable est instaurée ainsi que la gratuité de l'hospitalisation. Une première tentative de droit à la retraite pour les salariés, ouvriers et paysans est tentée en 1910, malheureusement le grand nombre de travailleurs exclus de tout droit est très important, et le non versement de cotisations n'est assorti d'aucune sanction.
La 1ère guerre mondiale pousse en faveur du progrès social, mais le droit à la retraite touche très peu de personne, dû au grand nombre de décès avant cet âge en cette période. La 2ème tentative de droit à la retraite est lancée en 1928, avec la création d'un régime obligatoire, mais celle ci est immédiatement rejetée par les médecins, agriculteurs, patronat et bizarrement par certains milieux ouvriers. La crise de 29 change la donne et l'approche de ce droit ; en 1930 les textes de 1929 sont modifiés et obligent les salariés dont les rémunérations ne dépassent pas les 15000 frs de cotiser au régime d'assurance vieillesse. Seuls les VRP en sont exclus. Ceci était un régime mixte de capitalisation et de répartition, sa gestion préfigure le régime général de la sécurité sociale, celle ci étant confiée, au choix de l’assuré, aux organismes comme les mutuelles, caisses patronales ou syndicales. Sa durée de cotisation était de 5 ans pour une rente, de 15 pour une pension proportionnelle et de 30 pour une pension complète. Cette pension était calculée sur le salaire moyen de l'ensemble de la carrière, la rente s'ajoutant à celle ci.
En 1933 le bureau international du travail (créé en 1919) préconise le financement des retraites par l'Etat, les patrons et les salariés. En 1935 la loi américaine Roosevelt donne naissance à la "Social Security Act " dont découlera l'expression Sécurité Sociale. La charte de l'atlantique établie en 1941 contient un paragraphe sur la nécessité d'une extension de la Sécurité Sociale à tous.
La mise en place du système français de répartition s'effectue en 1945 par Pierre Laroque (fondateur de la Sécurité Sociale) qui va œuvrer à la mise en place de la protection sociale. L'ordonnance de 1945 stipule un âge de départ à la retraite à 65 ans, et à 55 ans pour les régimes spéciaux, notamment les cheminots. L'idée est que la France, au sortir de la guerre, est exsangue et a besoin de se reconstruire, mais lorsque la situation le permettrait, le départ à 55 ans sera la norme pour tous.
En 1948 des accords professionnels permettent au non salarié d'avoir accès au régime autonome d'assurance vieillesse. Les industriels et commerçants ont une caisse de compensation (Cancava) avec une série de caisses inter professionnelles locales. En 1949 le régime de retraite des agents non titulaires de l'Etat est mis en place et celle ci deviendra "l'Ircantec". Elle sera suivie en 1956 du Fond National de Solidarité. L'Etat crée le minimum vieillesse, toute personne de + de 65 ans a droit à un montant minimum. L'ordonnance de 1967 prévoit la création de 3 caisses autonomes dont la caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV)
Les grosses réformes commencent en 82, où la retraite passe de 65 à 60 ans pour 37.5 ans de cotisation, les partenaires sociaux décident d'harmoniser les régimes complémentaires sur les mêmes bases. 1991 le livre blanc : premier rapport posant les grands enjeux de la reforme des retraites.
Avec la reforme Balladur de 1993 la durée de cotisation pour le privé passe de 37.5 à 40 ans. Le salaire moyen de référence est calculé progressivement sur les 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures. L’indexation est maintenant basée sur les prix et plus sur les salaires. Cette réforme met en place le fonds de solidarité vieillesse. Une 2ième vague de réforme est faite en 2003, par le biais de la loi Fillon, cette nouvelle réforme concerne l'ensemble des régimes, sauf les régimes spéciaux.
A partir de 2009 la durée de cotisation augmente pour la totalité des salariés (public et privé) d'un trimestre par an jusqu'en 2012. Les fonctionnaires s'alignent progressivement sur le régime général, soit 40 ans ou 160 trimestres en 2008. Seules les personnes ayant commencé à 14 et 16 ans peuvent prétendre à partir avant 60 ans, si bien sûr ils ont cotisé suffisamment. La loi introduit le système de décote et de surcote.
En 2007 l'harmonisation de la durée de cotisation est portée pour le public de 37.5 à 40 d'ici 2012, et comme pour le privé, un système de décote et surcote est également mis en place, et les pensions sont indexées sur le niveau des prix. Le salaire de référence des pensions sera fixé sur celui des 6 derniers mois d'activité. La possibilité de prolonger son activité jusqu'à 70 ans est instaurée en 2008. En 2013, le gouvernement socialiste au pouvoir prévoit de nouvelles reformes et notamment pour le public de passer de 6 mois à 10 ans…
Le travail de sape commencé par Balladur en 1993 et poursuivi sans relâche par tous les gouvernements a visiblement porté ses fruits et a détruit même dans "les têtes" l'idée de retraite pour tous, les caisses sont vides on ne peut plus payer ! En vingt ans on est passé de 70% des richesses produites pour les travailleurs (ceux qui produisent la richesse) et 30 % pour le capital (ceux qui fournissent les outils de production) à la répartition d’aujourd’hui de 60% et 40% (ce qui représente approximativement 200 milliards par an qui disparaissent dans les poches des actionnaires). Ajoutons à cela les "exonérations de charges patronales ", la politique systématique de bas salaires, d'emplois précaires, les plans de licenciement entraînant un chômage massif : le manque à gagner pour les cotisations est là !
Selon Médiapart, cette nouvelle réforme "va conduire à l'asphyxie financière des grands régimes par répartition" et sera donc "propice à l'éclosion de ces grands fonds de pension qui n'étaient pas encore parvenus à s'acclimater en France, à quelques rares exceptions près". L'enjeu n'est pas mince. Le marché pourrait représenter "40 à 100 milliards d'euros" en fonction de l'aspect final de la réforme. En effet, les Français connaîtront une baisse plus ou moins considérable du taux de remplacement, c'est-à-dire du montant de la pension rapporté au salaire, et donc se précipiteront sur les systèmes de retraites complémentaires. Médiapart publie notamment un "business plan" confidentiel, qui fixe pour objectif une part de marché de "17%" d'ici dix ans.
Cela confirme bien les déclarations, déjà anciennes, de Denis Kessler, ex-numéro 2 du MEDEF : « La liste des réformes ? C'est simple : prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »
Conscience Citoyenne Responsable
22:41 Publié dans Actualité, Moyen âge, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : retraites, moyen âge, histoire |
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14/06/2013
IL Y'A 70 ANS NAISSAIT LE CONSEIL NATIONAL DE LA RESISTANCE (CNR)
« Il est essentiel que la Résistance sur le territoire national forme un tout cohérent, organisé, concentré. C’est fait grâce à la création du Conseil de Résistance qui fait partie intégrante de la France combattante et qui, par là même, incarne la totalité des forces de toute nature engagées à l’intérieur contre l’ennemi et ses collaborateurs » Lecture du message de De Gaulle par Jean Moulin.
Le 27 mai 1943 est née la plus grande institution de la France clandestine. Créée par Jean Moulin sous l’impulsion du Général De Gaulle, elle voulait instituer un organisme propre à toutes les tendances politiques de la Résistance, avec la volonté de construire une société meilleure.
Constituée de huit mouvements de Résistance intérieure, deux syndicats et six partis politiques, elle se réunit pour la première fois, le 27 mai 1943, au nom de l’essentiel : l’intérêt et l’honneur de la France.
Coquoin, Jacques Lecompte-Boinet, Pierre Villon, Charles Laurent, Jacques-Henri Simon, Claude Bourdet, Eugène Petit, Pascal Copeau, André Mercier, André Le Troquer, Marc Rucart, Georges Bidault, Joseph Laniel, Jacques Debû-Bridel, Louis Saillant, Gaston Tessier ont constitué cet organisme clandestin sous la présidence de Jean Moulin, sans qui cette mission n’aurait jamais pu être possible. Ces Résistants étaient tous recherchés et surveillés par la gestapo.
La première réunion plénière a cautionné la volonté de redonner à la France une institution parlementaire et quatre points essentiels : « faire la guerre ; rendre la parole au peuple français ; rétablir les libertés républicaines dans un Etat d’où la justice sociale ne sera point exclue et aura le sens de la grandeur ; travailler avec les Alliés à l’établissement d’une collaboration internationale réelle, sur le plan économique et spirituel dans un monde où la France aura regagné son prestige. »
« Certains mouvements qui, malgré tout aurait conservé à l’égard du Conseil quelques préventions semblent maintenant avoir compris l’intérêt de cet organisme et le poids qu’il peut avoir » Jean Moulin
La création du CNR fut l’entreprise la plus difficile de Jean Moulin et la plus décriée par la Résistance des chefs.
Son programme très ambitieux, prônait la participation des citoyens à la conduite de la nation et leur émancipation sur les forces de l’argent.
Il comporte deux parties :
- la première concerne les mesures urgentes à prendre : la chasse et la traque de l’ennemi, la lutte contre la déportation, l’éviction des traitres, de tous ceux qui ont pactisé avec les nazis, la création de comités départementaux de libération…
- la seconde ne tient que sur deux pages, mais ces deux pages vont bouleverser l’histoire de France. Elles sont consacrées à l’avenir de la France et sont titrées : « mesures à appliquer dès la libération du territoire ».
C’est un texte essentiel qui pose les bases de la 5ème République.
La Résistance a construit un pacte social de solidarité, un pacte pour l’intérêt général.
Dans une France exsangue, ils ont osé croire que tout était possible. Ils ont élaboré une sécurité sociale forte basée sur la solidarité nationale. Ils ont étendu les retraites à toutes les catégories de salariés. Ils ont nationalisé les grandes entreprises en particulier Renault, la SNCF, Air France, les grandes banques, la grosse industrie dans le but d’un partage de richesses. Ils ont subventionné des programmes culturels ambitieux, institué l’indépendance de la presse, autorisé le vote des femmes…
Pour défendre ce programme élaboré par le CNR, Jean Moulin y a laissé sa vie, le 28 avril 1943 à la suite de la répression conduite par Klaus Barbie à Caluire le 21 juin précédent. Ce jour-là, il fut arrêté avec sept de ses compagnons Résistants suite à la dénonciation de René Hardy, auteur présumé de la trahison, qui n’avouera d’ailleurs jamais son passage à l’ennemi malgré toutes les preuves retrouvées.
Le 2 juin 1944 à Alger, va naître le gouvernement provisoire de la République Française. Il votera les réformes fondamentales transcrites dans le programme du CNR. La France est libérée en août 1944 et voit la fin du Régime de Vichy. Ce nouveau gouvernement provisoire va déclarer nulles et non-avenues toutes les décisions prises par le précédent régime.
Aujourd’hui, nous ne devons pas oublier les valeurs du CNR. Nous devons être à la hauteur de ce que nos anciens nous ont légué. C’est à eux que nous devons ces libertés : tout ce qui fait société, tout ce qui fait que l’on vit l’un avec l’autre, et non pas l’un à côté de l’autre, tout ce qui tend une collectivité vers plus de justice, plus d’égalité, plus d’humanité, tout ce qui nous fait vivre ensemble.
70 ans après cet héritage inestimable, les coups de boutoirs lui sont portés de manière persistante. Politiciens de droite comme de gauche, financiers, assureurs, banquiers, grands patrons, n’ont de cesse de fouler au pied tout ce qui, de près ou de loin, représente un frein dans leur course au profit.
Ces financiers ont démantelé notre système de sécurité sociale, celui des retraites et des services publics, celui de l’emploi et des salaires. Ils ont vulgarisé les privatisations et entrepris la déréglementation financière aux conséquences lourdes pour notre peuple. Ils ont abandonné notre jeunesse, l’ont laissée en désespérance, sans espoir d’avenir.
Et pourtant, le Conseil National de la Résistance a su sortir de l’impasse dans un moment tragique de l’histoire de notre pays pour inventer le pacte social, celui qui allait permettre à la France de se relever du désastre et d’aborder le futur sous un jour meilleur. Ils ont esquissé ce que devait être la société juste et pacifique qui allait suivre l’écroulement du nazisme. Ils nous ont donné les structures qui ont favorisé l’extraordinaire prospérité de l’après-guerre. Ils ont posé les jalons de l’avenir.
Nous avons là un héritage commun transmis par nos aînés, un patrimoine que nous devons faire fructifier pour les générations futures.
Aujourd’hui, pour coller concrètement à la réalité de terrain et répondre à l’urgence sociale, le programme du CNR se doit d’être soutenu et consolidé car il reste pleinement d’actualité. Nous devons en renforcer son socle car les conquêtes sociales sont aujourd’hui menacées et méthodiquement démantelées au nom de la finance.
10:18 Publié dans Actualité, Résistance | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cnr, jean moulin, de gaulle |
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