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02/05/2013

ALVARO CUNHAL, ARTISTE ET LEADER COMMUNISTE PORTUGAIS

portugal, théâtre, alvaro cunhal, parti communisteLe leader communiste portugais aurait cent ans cette année. Une pièce et une exposition évoquent ses combats.

Lisbonne (Portugal), envoyée spéciale Le 2 mai 1950, cinq heures durant, sans aucune note, Alvaro Cunhal, seul face à ses juges, a plaidé sa cause. Incarcéré depuis plus d’un an dans les bagnes du dictateur Salazar où la torture était monnaie courante, le dirigeant communiste résiste à des conditions d’enfermement épouvantables. Jusqu’à son arrestation, Cunhal est passé par toutes les étapes de la clandestinité : déguisements, faux papiers, déménagements incessants dès lors que les agents de la Pide, la tristement célèbre police de Salazar, se rapprochaient de lui.

Lourdement condamné, il s’évadera en 1960 de la prison de la Péniche dans des conditions rocambolesques. Jusqu’à la « révolution des œillets » le 25 avril 1974, il ne connaîtra que l’exil entre Prague, Moscou et Paris. Son retour, triomphal, le lendemain de la chute du régime dictatorial marque la levée de l’interdiction du PCP depuis 1932.

Des convictions Inflexibles, politiquement intransigeant

Cunhal était un personnage hors norme. Inflexible dans ses convictions, intransigeant politiquement, souvent qualifié d’orthodoxe, animé par l’idéal communiste et les valeurs de l’internationalisme… Un homme de grande envergure, iconoclaste, secret, au charisme incontestable dont la vie s’apparente, parfois, à un roman. Fin lettré, il traduit en prison le Roi Lear de Shakespeare, rédige une thèse pour le droit à l’avortement. Il écrit, sous le pseudonyme de Manuel Tiago, des romans et poèmes, et peint, là aussi sous un autre pseudonyme (Antonio Vale). à la fin de sa vie il révélera ses pseudonymes….

Comme en Espagne, le Portugal a pratiqué une amnésie historique collective, jetant un voile de silence sur plus de quarante ans de dictature qui ont maintenu le pays dans un état de peur dont les plus anciens éprouvent encore les symptômes. Mais voilà qu’une nouvelle génération, née après la « révolution des œillets », s’intéresse de près à ce passé, à cette histoire.

C’est le cas de Rodrigo Francisco, jeune metteur en scène qui a fait ses classes aux côtés de Joaquim Benite – grande figure du théâtre portugais, militant communiste disparu cet hiver –, qui a pris la relève en lui succédant au théâtre d’Almada. En créant Un jour, votre tour sera venu d’être jugés, subtile reconstitution de la plaidoirie de Cunhal, il donne à entendre une parole théâtrale politique forte, rare, précieuse. Avec trois fois rien (n’oublions pas qu’il souffle un vent mauvais sur la création ces temps-ci au Portugal…), mais grâce à une direction d’acteurs précise qui met à distance grandiloquence et véhémence laissant la parole, presque atone, libérer les mots et la pensée de Cunhal ; grâce à un jeu de lumières subtil de Guilherme Frazao ; grâce à un chœur d’enfants (du Conservatoire de Lisbonne) qui donne à la chanson populaire de résistance de Fernando Lopes-Graça, Acordai, une tonalité christique ; grâce à la générosité de toute une équipe, d’un théâtre populaire au cœur de la cité ouvrière où le linge sèche aux fenêtres.

La pièce sera en tournée dans 
tout le Portugal. Pour plus de renseignements :www.ctalmada.pt

(1) À Lisbonne, une très belle exposition riche de documents inédits célèbre le centenaire de Cunhal jusqu’au 2 juin, Patio da Galé, rua do Arsenal.

Marie-José Sirach pour l’Humanité

Dessin Xesko

BIOGRAPHIE

portugal, théâtre, alvaro cunhal, parti communisteÁlvaro Barreirinhas Cunhal (10 novembre 1913 - 13 juin 2005), dit Alvaro Cunhal, est un leader historique du Parti communiste portugais (PCP).

Il adhère au PCP en 1931, alors que le parti est encore clandestin. En 1949, il est arrêté par la Pide, la police politique de Salazar et s'évade, avec plusieurs de ses compagnons, en 1960 de la prison de Péniche lors d'une spectaculaire évasion. Il vit alors en exil à Moscou et Prague et est nommé en 1961 secrétaire général du PCP.

Il retourne dans son pays cinq jours après la Révolution des œillets du 25 avril 1974 qui l'avait surpris à Paris. Il est alors quelque temps ministre sans portefeuille des quatre premiers gouvernements provisoires et est élu député en 1975.

En 1989, il est reçu à Moscou par Mikhail Gorbatchev et reçoit le prix Lenine pour la paix (accordé à des citoyens étrangers à l'URSS pour leur contributions pour la « cause de la paix).

Partisan d'une stricte orthodoxie marxiste-léniniste, il abandonne le poste de secrétaire général à Carlos Carvalhas, puis son siège de député en 1992 et se retire progressivement de la vie publique en raison de la dégradation de son état de santé.

Père d'une fille, il est l'auteur de nombreux ouvrages politiques. En 1995 il reconnaît avoir écrit quatre œuvres de fiction sous le pseudonyme de Manuel Tiago. Son livre "Cinq jours, cinq nuits" a été adapté au cinéma en 1995 par José Fonseca E Costa (avec Paulo Pires et Victor Norte). Il relate comment un jeune homme persécuté par le régime de Salazar s'évade de prison et rejoint le Nord du Portugal, où un contrebandier lui fait passer la frontière.

Il est aussi le créateur, sous le nom d'Antonio Vale, de gravures et d'œuvres plastiques.

Source Wikipédia

28/04/2013

VEL D'HIV. Vincennes, 1942 : cent " disparus "

velhiv1.jpgMaurice Rajsfus, historien et témoin  nous parle de la rafle, telle qu'elle eut lieu dans une ville de la région parisienne.

Il avait quatorze ans à peine, sa soeur Jenny, seize, le jour où " ils " sont venus. Témoin " atrocement privilégié ", il continue de questionner l'histoire. Elle le renvoie à la sienne propre : Vincennes, 1942, 16 juillet.

Si les finances familiales excluaient tout projet de voyage au-delà du bois, c'était quand même les vacances, les enfants mangeaient à leur faim. " Ils sont venus. " Pas les Allemands. Toute la famille portait alors l'étoile jaune depuis " quarante jours ", la durée, dit-on, du Déluge. Cinq heures du matin n'avaient pas sonné quand la police de Pétain s'est mise à cogner du poing sur la porte du logis : vingt-cinq mètres carrés d'une maison des années trente ; non loin du bois d'où, dit-on, parfois sortent les loups. Mais ceux-là venaient de la ville.

Maurice Rajsfus (1) : " Le problème, pour mes parents comme pour tous les juifs immigrés et une grande partie des juifs français, c'est qu'en octobre 1940, après la première ordonnance allemande obligeant les juifs de la zone occupée à se déclarer dans les commissariats, ils ont obéi. Pourquoi ?

La réponse est simple : rien n'est pire, pour un étranger, que d'être en rupture avec la légalité. Ils ne pouvaient se soustraire, parce qu'ils étaient connus et reconnaissables, ne serait-ce qu'à leur accent : mon père avait fui la Pologne en 1923. Ils ont obéi, parce que ne pas se déclarer, cela voulait dire se cacher, avoir de l'argent (mon père travaillait sur un chantier de travaux publics, depuis qu'on lui avait interdit, en tant que juif, de tenir son commerce sur les marchés) ; se cacher, ça voulait dire changer d'identité, de localité. Ils ont obéi, parce qu'en octobre 1940 tout le monde, à peu près, avait le sentiment qu'on en avait pris pour cinquante ans.

Le malheur, c'est que cette déclaration a permis de constituer des listes qui, à leur tour, ont permis les arrestations de mai 1941, puis la rafle du Vél' d'Hiv'. Les nazis avaient demandé aux responsables de la collaboration de se saisir de 35 000 juifs étrangers. Pour tenir le chiffre, par zèle, ces responsables ont fait embarquer les enfants, ce qui ne figurait pas dans l'ordonnance nazie. " C'est ainsi qu'à Vincennes plus d'une centaine de personnes " disparurent " du jour au lendemain.

On les entassa quelques heures dans un petit pavillon, sorte de " camp de concentration miniature ", avant de les expédier à Drancy, direction Auschwitz.

résistance,occupation,rafle,juifs,vel d'hivPour Maurice Rajsfus, ce fut comme si sa mère avait une seconde fois mis au monde, un autre monde, ses deux enfants : " C'était un centre de regroupement secondaire. Nous y avons passé la journée. Puis un gradé a dit que les enfants de plus de quatorze et de moins de seize ans pouvaient sortir. Ma mère nous fit comprendre qu'il fallait y aller. Son intuition fit que, sur la trentaine d'enfants entassés là, ma sour et moi nous fûmes les seuls à ressortir. Nous sommes partis comme poussés dehors, avec le pressentiment que mieux valait prendre du champ, et vite...

De retour au logement, j'ai voulu récupérer les clés. La concierge n'y était pas. J'ai grimpé à l'étage, trouvé la porte ouverte, la concierge était chez nous. Elle "faisait" les placards. " C'est ainsi qu'à l'automne 1944, le lycéen Maurice Rajsfus ne retrouva pas les bancs d'une classe. Apprenti joaillier, il passa des billes de verre colorées aux pierres précieuses, ce qui n'était pas précisément sa vocation ; tandis que Jenny, sa sour, poursuivait des études qui, évidemment, ne rapportaient pas un centime de salaire...

Plus tard, en 1980, il se mit à écrire. Un nombre assez impressionnant d'ouvrages. Dans les trois derniers publiés, il relate des souvenirs, retourne des archives. Au registre des bons souvenirs, citons une belle tranche de gruyère reçue en pourboire et une rencontre avec l'acteur Michel Simon.

Parmi ceux qui tiennent du cauchemar, il faut citer le jour où il croisa le chemin d'un diamantaire antisémite (Maurice portait toujours l'étoile jaune), qui finit, en guise de " cadeau de Noël " par écraser sur le crâne de l'adolescent affamé un ouf ; et cet autre jour où un " bon Français ", avisant son insigne, lui ordonna de quitter la voiture du métro dans laquelle il s'était engouffré, pressé, pour monter dans la dernière, réservée aux juifs.

Citons, enfin, le crachat reçu d'un officier allemand inconnu, en pleine rue. Maurice Rajsfus, aujourd'hui : " Celui-là, il était plus dans son rôle que le salaud de lapidaire avec son ouf ! " Il évoque aussi la commande reçue un jour par son patron pour une dizaine de bagues en platine ornée de croix gammées en saphirs... Ça réveille en lui sa colère contre les acteurs économiques et industriels profiteurs de guerre : " Ils faisaient comme si la guerre n'était pas passée par là, comme si les Allemands n'étaient pas là.

J'ai retrouvé un document par lequel une célèbre entreprise textile offrait ses services pour la production de 5 000 mètres de tissu destiné à la confection des étoiles jaunes. J'ai aussi retrouvé trace du fondeur qui prépara la forme, et celle de l'imprimeur. Alors que le travail de nuit était interdit sous l'Occupation, j'ai mis la main sur une demande de dérogation envoyée par ces gens-là, pour cause de " commande urgente " !...

velhiv.jpgMaurice a une pensée particulière pour les personnes qui, non juives, ont porté l'étoile, en signe de solidarité, et se sont retrouvées à Drancy, avec une véritable étoile jaune cousue sur leur vêtement, assortie de la mention " amis des juifs " : " C'était un acte véritable de résistance !

L'un d'eux, Michel Reyssat, m'a prêté un portrait de lui réalisé à Drancy, au mois d'août 1942, par un artiste, David Brainin, disparu en déportation. " Évidemment, Maurice Rajsfus ne porte pas la police française dans son cour : " Ils ont volé des années de vie à mes parents.

Tous ont participé aux rafles quand ils étaient requis. Pratiquement pas un seul n'a démissionné. Si la police française ne s'était pas mise aux ordres, jamais il n'y aurait eu autant de dégâts. Il y a eu 250 000 déportés de France, dont 76 000 juifs, les autres étant, pour l'essentiel, des communistes et des gaullistes... Et que dire de ce policier qui, rendant compte à la préfecture de sa mission, ose écrire, le 22 juillet : " Le Vél' d'Hiv' est évacué. Il restait 50 juifs malades et des objets perdus, le tout a été transféré à Drancy ." Maurice Rajsfus a aussi des colères présentes. "

On commémore, certains à tour de bras, mais on oublie. Surtout, on évite de tirer les leçons, de voir ce qui se passe aujourd'hui. Il y en a, ce qui les intéresse, c'est un certain passé, mais pas le présent. Cela dit sans nier les spécificités. " Maurice Rajsfus continue de questionner l'histoire. Passionnément. Depuis 1942. Ses questions peuvent se résumer en une seule : " M'man, p'pa, pourquoi ? " Elle a des tas de réponses. Aucune n'épuise la question.

Jean Morawski

Maurice Rajsfus a publié trois livres : en janvier, dans la collection Que sais-je ? (PUF), la Rafle du Vél' d'Hiv' ; en février, Paris, 1942, chronique d'un survivant (éditions Noesis, collection Moisson rouge), et Opération étoile jaune, suivi de Jeudi noir (éditions du Cherche Midi).

Témoignage publié dans l’Humanité du 16 juillet 2002

25/04/2013

35 HEURES : AU MOYEN AGE C'ETAIT MOINS

lahyre.jpgDurée du travail au Moyen Age: la semaine de 35 heure (Sources : Ça M’intéresse)

Nos ancêtres n’étaient pas les brutes de travail qu’on imagine. Autour de l’an 1000, attendez-vous à un choc, nous avions 190 jours de congés par an.

Les fêtes de villages, les fêtes des saints locaux, les fêtes des corporations : ça n’arrêtait pas. Bref, on travaillait moins d’un jour sur deux. Même les paysans ne trimaient pas à longueur d’année. L’été oui, du lever au coucher du soleil ; mais dès les premiers frimas, c’est... tranquille au coin du feu, on bricole à droite à gauche, mais on ne met plus les pieds au champ.

En ville même topo : dès que le soleil se couche, on ferme la boutique. La loi interdisait de travailler à la lueur des bougies, à cause des risques d’incendie. Bref, il n’est jamais question de travailler plus pour gagner plus.

11:38 Publié dans Moyen âge, Vidéo | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |