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05/05/2020

150éme anniversaire de la naissance de Lénine

lénine

Il y a 150 ans le 22 avril 1870 naissait Vladimir Ilitch Oulianov, plus connu sous le nom de Lénine. Rares sont les êtres humains à avoir autant contribué à redéfinir l’histoire humaine. Militant et dirigeant révolutionnaire de premier plan, théoricien d’une grande valeur appelé à commander des évènements colossaux, il contribua, avec d’autres mais de manière décisive, à ébranler le monde en reversant la Russie tsariste et à ériger l’Union des républiques socialistes soviétiques que les opprimés du monde entier observaient avec espoir et fierté. Le rapport de force qui naquit de ces évènements fondateurs permit de mettre en frein aux sanglantes ambitions capitalistes et, grâce aux partis communistes notamment en Europe, de mener des conquêtes inestimables pour la liberté, l’égalité et la fraternité.

Commentateur érudit de l’œuvre de Karl Marx, Lénine chercha sa vie durant à lui faire justice et à s’en rendre le plus fidèle possible, notamment face aux tentatives révisionnistes qui essaimèrent au sein du mouvement social-démocrate – dont il était- alors proéminent dans le mouvement socialiste, et particulièrement de la social-démocratie allemande. Et l’on sait désormais ses doutes et craintes, dans ses trop précoces dernières années, sur la suite des évènements au cœur de cette Russie ébranlée par une guerre civile dévastatrice et en proie aux ambitions. Pour Lénine, contrairement à de persistantes idées reçues, toute transformation sociale, toute visée communiste, ne pouvait qu’être le fruit d'un long processus régulièrement remis sur le métier. En témoigne, entre autres, l’adoption en 1921 de la Nouvelle politique économique.


Sa mémoire et son œuvre furent prisonnières à la fois d’une hagiographie irraisonnée et d’une haine qui reste toujours vivace. Les polémiques souvent aigres dont on l’accable masquent mal la persistance d’un anticommunisme viscéral, et souvent la méconnaissance de l’œuvre pléthorique que cet infatigable travailleur nous aura léguée. Le silence entourant cet anniversaire est une anomalie, une injustice.


Ces écueils laissent peu de place à l’homme d’Etat, au militant politique à l’intellectuel, dans sa vérité et ses contradictions. Aujourd’hui encore, son legs rencontre un écho puissant à travers les continents, pour nombre de militants engagés contre les injustices, pour la paix et la liberté.

La plus grande justice qui puisse désormais lui être rendue serait d‘être lu, étudié, commenté et discuté, avec sérieux et sérénité, pour tirer de son œuvre et de son action les enseignements nécessaires à toute perspective de transformation sociale, environnementale, démocratique. De ce point de vue la lecture du livre récent de notre regretté Lucien Sève « Octobre 1917… Choix de textes de Lénine »

Patrick Le Hyaric
22 avril 2020

11:23 Publié dans Actualité, Biographie, Russie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lénine | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

28/10/2017

LENINE - BIOGRAPHIE

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Dans une société fondée sur le pouvoir de l'argent, tandis que quelques poignées de riches ne savent être que des parasites, il ne peut y avoir de "liberté", réelle et véritable.”

Oulianovsk le 22 avril 1870 - Gorki 21 janvier 1924

Lénine a notamment participé à la révolution russe (1917), mettant ainsi définitivement fin au régime tsariste. Il est le fondateur du Parti communiste soviétique, qu'il a dirigé de 1912 jusqu'en 1922. Il a été également le dirigeant de l'URSS du 6 juillet 1923 jusqu'à sa mort, le 21 janvier 1924.

LES GRANDES DATES

-1887, son frère aîné est pendu pour avoir participé. Après des études de Droit, il commence une courte carrière d'avocat à Samara (une ville de Russie).

Pendant ses études de droit qui lui permette de devenir avocat, il découvre les idées de Karl Marx et milite pour les idées socialistes. Il est arrêté et envoyé en prison en Sibérie

-1900, Il est libéré et voyage en Europe, publie un journal marxiste (Iskra) et devient un membre important du Parti ouvrier social-démocrate de Russie. Il rencontre pendant ses voyages d'autres militants dont Léon Trotsky ou l'allemande Rosa Luxemburg

-1903, il créé le parti Bolcheviks («la majorité»), qu’il dirige

-1914, les bolcheviks prennent position contre la guerre, les travailleurs de tous les pays devraient s'unir plutôt que de se battre pour le profit de leurs dirigeants. Pendant la Première Guerre mondiale, il vit dans les grandes villes comme Londres, Paris et Genève.

-1917, Révolution de février ; le tsar Nicolas II doit abdiquer. En avril, Lénine est de retour en Russie. Il s'oppose au gouvernement provisoire, exige une « paix immédiate », la « terre aux paysans » et le pouvoir aux soviets. En octobre 1917, une révolution bolchevique, menée notamment par Lénine et Léon Trotsky, prend le pouvoir

-1918, février, Lénine signe avec l'Allemagne le traité de Brest-Litovsk qui met fin à la guerre, mais la Russie perd une grande partie de son territoire. Une guerre civile oppose alors les « Russes blancs » aux « Rouges » (les communistes) qui créent l'Armée rouge

-1921, le gouvernement adopte la Nouvelle politique économique (NEP). L'initiative privée est autorisée, mais les usines et les grandes industries sont la propriété de l'État

-1922, l'Union des républiques socialistes soviétiques (U.R.S.S.) est proclamée. Lénine est le dirigeant de l'U.R.S.S. jusqu'à sa mort.

-1923, victoire finale des Rouges

Lénine se battit inlassablement pour ce qu’il croyait être juste. Par-dessus tout il joua un rôle clé dans le fait de rendre possible la Révolution russe d’octobre 1917. La Révolution russe ouvrit la possibilité d’un autre monde – un monde où la production serait faite pour le besoin humain et non pour le profit, un monde où ceux qui travaillent, et non ceux qui possèdent, prendraient les décisions, un monde dans lequel les êtres humains de toutes couleurs et nations coopéreraient plutôt que de se battre.

21/01/2014

90ème anniversaire de la mort de Lénine. Les derniers combats du père de la révolution russe

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Entre Lénine et Staline, il n’y a pas tant continuité que rupture, comme l’attestent les dernières volontés du père de la révolution, qui affirmait : « Nous ne sommes pas assez civilisés pour pouvoir passer directement 
au socialisme. »

Le 21 janvier 1924, à 18 h 50, tout juste informé des dernières décisions du Parti, Lénine est victime d’une ultime crise et s’éteint à cinquante-quatre ans, après avoir lutté dix-huit mois contre la maladie et l’angoisse quant à l’avenir de la révolution. Atteint depuis le 25 mai 1922 d’une attaque ayant entraîné la paralysie de son côté droit, il n’a repris partiellement ses activités intellectuelles qu’en septembre, aidé par sa femme, sa sœur et ses secrétaires. Il est déjà fort inquiet des positions de Staline sur la libéralisation du commerce extérieur et la remise en cause de l’indépendance des républiques soviétiques, quand il subit une deuxième attaque, le 16 décembre. Conscient qu’il va bientôt « quitter les rangs », il exige de pouvoir dicter quelques minutes par jour une « lettre au Congrès », appelée à tort son testament, et son dernier article publié le 4 mars 1923, « Mieux vaut moins mais mieux ». Une troisième attaque, le 10 mars, le prive de l’usage de la parole, mais pas de sa lucidité.

Conscient du conflit qui oppose Staline et Trotski alors qu’il tente de sauver la révolution dans une Russie soviétique épuisée par sept années de guerre mondiale et de guerre civile, Lénine n’entend pas désigner son successeur comme un monarque mais renforcer l’unité de direction du Parti et le rôle du Comité central. C’est prioritaire pour réorganiser l’État et activer le redressement du pays, ravagé et épuisé. Il invite donc le Comité central à surveiller ses dirigeants en jugeant leurs qualités et leurs défauts.

Lénine est conscient que Staline cumule trop de pouvoirs comme secrétaire général du Parti, dirigeant de l’Inspection ouvrière et paysanne chargée de contrôler tous les fonctionnaires, tout en intervenant comme commissaire aux Nationalités dans les affaires de la moitié des populations (non russes) de la Russie soviétique. On ne peut reprocher à Trotski, le chef de l’Armée rouge, son ralliement tardif au parti bolchevik, mais ses éminentes capacités ne doivent pas faire oublier son conflit avec les syndicats ouvriers lors de ses projets de « militarisation du travail ». Néanmoins, Lénine vient de lui demander de défendre ses vues sur le Gosplan et la question géorgienne.

Si les vieux bolcheviks Kamenev et Zinoviev ont commis des fautes révélatrices de leurs faiblesses avant la révolution d’Octobre, il faut maintenir l’équilibre de la direction du Parti en promouvant deux trentenaires très prometteurs, Boukharine, « l’enfant chéri du Parti », brillant théoricien pas toujours orthodoxe, et le très volontariste Piatakov qui a les mêmes qualités et défauts que Trotski.

Pourtant, dix jours après, 
Lénine exige que Staline soit démis du secrétariat général, parce qu’il a pris connaissance de ses violentes accusations contre les communistes géorgiens, qualifiés de « social-nationalistes ». C’est donc bien la politique de Staline qui explique le revirement de Lénine.

Lénine entend promouvoir au 
Comité central un grand nombre d’ouvriers qualifiés actifs et de spécialistes, et non des apparatchiks incompétents, afin de combattre la bureaucratie opportuniste à tous les niveaux dans l’appareil d’État et le Parti. Il veut lutter contre le nationalisme russe et le chauvinisme de grande puissance. Il met également en garde contre les erreurs à ne pas commettre dans la poursuite du processus graduel d’évolution révolutionnaire dans un pays arriéré, où l’industrie est effondrée, où le prolétariat est épuisé, où se pratique le « commerce asiatique ». Il faut à tout prix sauver l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie, sur laquelle repose le pouvoir communiste, et donc prolonger la nouvelle politique économique : « Il faut être pénétré, dit-il, d’une méfiance salutaire vis-à-vis de tout mouvement en avant brusque et inconsidéré, vis-à-vis de toute sorte de présomption. » Boukharine en déduira, en 1928 : « Pas de deuxième révolution », quand Staline décide la collectivisation des terres et l’industrialisation à marche forcée.

La disparition de Lénine accélère le cours, déjà pris, des événements. Staline, en grand maître de cérémonie, organise les funérailles et inaugure le culte de la personnalité de Lénine. En dépit de l’opposition de sa veuve, son corps est embaumé avant d’être déposé dans la crypte d’un premier mausolée pour y recevoir l’hommage de tout le peuple soviétique. Petrograd devient Leningrad ; toute ville, toute entreprise, toute administration élève sa statue du père de la révolution. Staline forge le serment de fidélité : « Nous te jurons, camarade Lénine,… » et Maïakovski, sarcastique, observe : « La mort même d’Ilitch devient un grand organisateur du communisme. »

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Pourtant, Kroupskaïa a déclaré publiquement : « Ne laissez pas votre deuil prendre la forme d’une vénération de la personne d’Ilitch… Mettons plutôt ses préceptes en pratique. » Staline prétend s’y employer. Plutôt que d’épurer le Parti, la promotion « Appel de Lénine » double en un an le nombre de communistes au prix d’une baisse du niveau d’instruction et de conviction. Mais Staline se presse de rédiger « Les bases du léninisme » pour se présenter comme le meilleur disciple d’un maître dont il schématise et stérilise la pensée, et pour isoler Trotski qui préconise un cours nouveau. Mais, quand Kroupskaïa demande que le « testament » de Lénine soit présenté au futur Congrès du Parti, Trotski garde le silence, 
Kamenev et Zinoviev se portent garants des qualités de Staline, et la « lettre au Congrès » ne sera révélée en URSS qu’en 1956. Ainsi, le marteau du stalinisme a cloué le cercueil de Lénine.

Le « testament » de Lénine. 24 décembre 1922 : « Le point essentiel dans le problème de la cohésion, c’est l’existence de membres du Comité central tels que Staline et Trotski. (…) Le camarade Staline, devenu secrétaire général, a concentré entre ses mains un pouvoir illimité, et je ne suis pas sûr qu’il puisse toujours s’en servir avec assez de circonspection. D’autre part, le camarade Trotski, comme l’a déjà montré sa lutte contre le Comité central dans la question du Commissariat du peuple des voies de communication, ne se fait pas remarquer seulement par des qualités éminentes. Il est peut-être l’homme le plus capable de l’actuel Comité central, mais il pèche par excès d’assurance et par un engouement exagéré pour le côté purement administratif des choses. » Additif du 4 janvier 1923 : « Staline est trop brutal, et ce défaut, parfaitement tolérable dans les relations entre nous, communistes, ne l’est plus dans les fonctions de secrétaire général. Je propose donc aux camarades d’étudier un moyen pour démettre Staline de ce poste… »

Jean-Paul Scot, historien, auteur d’Histoire de la Russie de Pierre 
le Grand à nos jours. État et société 
en Russie impériale et soviétique, 
Éditions A. Colin, 2000 et 2005.

 

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