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16/06/2014

UN DESTIN HORS DU COMMUN : HENRI KRASUCKI !

krasu.jpgHenri Krasucki, ancien secrétaire général de la CGT pendant dix ans de 1982 à 1992, décédé le 24 Janvier 2003 à l'âge de 78 ans des suites d'une longue maladie à son domicile dans la banlieue parisienne.

Henri Krasucki a marqué l'histoire de la CGT et fut également un grand témoin de l'histoire du XXe siècle.
Résistant, déporté en 1943 à Auschwitz puis à Buchenwald, dirigeant communiste, il avait été secrétaire général de la CGT de 1982 à 1992. M. Krasucki avait succédé à Georges Séguy.


Né en 1924 en Pologne dans une famille juive et arrivé en France à l'âge
de quatre ans, le jeune Henri Krasucki s'est engagé très tôt dans le militantisme. En 1938, il participe aux activités des Jeunesses communistes avant de s'engager dans la Résistance pendant la Seconde guerre mondiale.


Déporté en 1943 à Auschwitz puis à Buchenwald, Henri Krasucki revient en France et travaille un moment comme ouvrier-ajusteur chez Renault. Très vite, il commence son ascension au sein de l'appareil de la CGT.
Membre de la commission administrative de la confédération à partir de 1955, il rentre officiellement au Bureau confédéral en 1961.
Un moment pressenti pour prendre la tête du syndicat en 1967, c'est finalement Georges Séguy qui l'emporte. Henri Krasucki ne prendra la tête de la confédération que quinze ans plus tard, en 1982.
En 1992, il avait cédé la place à Louis Viannet à la tête de la CGT.

Le président Jacques Chirac avait salué "une grande figure du syndicalisme, interlocuteur engagé et de conviction". M. Chirac a rendu hommage "au fils d'immigrés polonais dont la jeunesse a été très tôt marquée par le combat pour la liberté et pour la France et qui a connu le drame de la déportation alors qu'il n'avait pas vingt ans".

La CGT, dont il a été le secrétaire général pendant 10 ans, a salué un "dirigeant historique" qui "a consacré son intelligence et son énergie au combat pour la dignité et l'avenir de l'Homme". "La CGT, ses organisations, ses militantes, ses militants garderont le souvenir d'un homme cultivé, rigoureux, épris de liberté et de justice, toujours disponible pour les accompagner et les soutenir dans leurs luttes émancipatrices".


La secrétaire nationale du PCF de l'époque Marie-George Buffet avait  salué "avec émotion et beaucoup de respect" la mémoire du "camarade Henri Krasucki". "Premier dirigeant de la CGT, résistant, déporté, son passé est connu : c'est le passé d'un homme d'honneur, d'un homme engagé, d'un militant syndicaliste et communiste", a-t-elle ajouté.

23/05/2014

Une expo raconte la prostitution forcée dans les camps nazis

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Le destin des femmes forcées à la prostitution dans les camps de concentration nazis, tabou même pour d'anciens déportés, fait l'objet d'une exposition itinérante en Allemagne, qui débute au mémorial du camp de Ravensbrück.

Entre 1942 et 1945, au moins 200 prisonnières ont été contraintes de se prostituer dans les bordels de dix camps de concentration, selon l'historien allemand Robert Sommer, qui a identifié 170 de ces femmes.

Bordels
A peu près "70% étaient des Allemandes, considérées comme asociales par les SS, les autres venaient de Pologne, d'Ukraine, du Bélarus ou des Pays-Bas", indique M. Sommer. La plupart ont été recrutées dans le camp de concentration pour femmes de Ravensbrück, à une cinquantaine de kilomètres de Berlin, où certaines purgeaient une peine pour prostitution dans le civil, et dans le camp d'Auschwitz (aujourd'hui en Pologne).

La construction de bordels dans les camps de concentration fut décidée par le chef de la SS Heinrich Himmler en 1941, pour améliorer la productivité des prisonniers et lutter contre les pratiques homosexuelles. "Au début, les SS cherchaient des femmes volontaires" contre la fausse promesse d'une libération, explique Robert Sommer, "mais il a fallu ensuite en trouver de plus en plus", que les nazis ont alors recrutées de force.

Question de survie
"Pourquoi nous étions là? On ne nous en a rien dit", a rapporté une prisonnière dont le témoignage anonyme est présenté dans l'exposition. Dans les baraquements chauffés qui servaient de bordels, la nourriture et l'hygiène étaient un peu améliorés par rapport au reste des camps de concentration. Presque toutes les femmes qui y ont été enfermées ont survécu.

"Nous nous sommes résignées à notre sort. Nous nous disions: c'est toujours mieux que (les camps de concentration de) Ravensbrück ou Bergen-Belsen", poursuit le témoignage. "Le travail sexuel était organisé de façon bureaucratique", explique M. Sommer, qui présente aux visiteurs plusieurs cartes d'identification portant le code 998, celui des prostituées des camps, et des coupons qui permettaient aux prisonniers récompensés pour leur travail d'effectuer une visite au bordel.

Honorable

La fréquentation des bordels, interdite aux juifs ou aux prisonniers de guerre soviétiques, ne concernait qu'une infime minorité de la population des camps - 1% des prisonniers y avaient accès, selon l'historien. Ceux qui visitaient le bordel étaient "honorables", juge l'ancienne prostituée. "Simplement des hommes, heureux d'avoir une distraction humaine", peut-on lire dans son témoignage.

Certains prisonniers politiques ont tenté de résister à l'ouverture des bordels, et d'organiser leur boycott. Les résistants de Buchenwald craignaient que les lieux soient utilisés pour les espionner. Après la guerre, les victimes se sont tues, par honte mais aussi pas peur d'être considérées comme "collaboratrices". "Aucune (des femmes identifiées par M. Sommers) n'a reçu de réparation après 1945 pour leur exploitation sexuelle", indique-t-il.

Les responsables des lieux de mémoire avaient également "refusé pendant longtemps de communiquer sur ce thème, pour ne pas donner une fausse image de la situation dans les camps de concentration", expliquent les organisateurs de l'exposition. Celle-ci c'est faite en trois étapes en Allemagne avant d'être présentée courant 2010 à Rome. Une première exposition en 2005 à Vienne, puis à Ravensbrück, avait levé le voile sur le sort de ces femmes. (belga)

Publié par 7 sur 7

16/05/2014

Sétif, Guelma, l'autre 8 mai 1945

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Le 8 mai 1945, les premiers tirailleurs algériens qui débarquent du croiseur Gloire font une entrée triomphale à Alger. La presse coloniale fait sa une sur la défaite du nazisme. Le jour même, débutent les manifestations organisées par le PPA à travers les principales villes algériennes. Brandissant des drapeaux alliés, y compris celui de la France mais aussi l'emblème algérien, scandant des mots d'ordre revendiquant l'indépendance de l'Algérie, portant des gerbes de fleurs devant être déposées devant les monuments aux morts, plusieurs centaines de milliers d'Algériens répondent à l'appel du PPA.

À Sétif et Guelma, cependant, l'événement prend une tournure dramatique. Le matin du 8 mai, avant que ne débute la marche, les manifestants sont invités par les organisateurs à déposer cannes, bâtons et couteaux devant la mosquée de Sétif. Le cortège, précédé par des scouts, devait se rendre au monument aux morts de la ville pour déposer une gerbe de fleurs en hommage aux soldats algériens tombés face au nazisme. Mais c'était sans compter avec le préfet de Constantine, Lestrade-Carbonnel, qui a ordonné aux forces de police : « Faites tirer sur tous ceux qui arborent le drapeau algérien. » Le commissaire de police Lucien Olivier ne se fait pas prier : il fait tirer sur les manifestants. Les colons, organisés en milices, participent à la répression.

De pacifiques, les manifestations deviennent violentes. Elles échappent au contrôle des nationalistes, tournent à l'émeute et embrasent tout l'Est algérien. Devant l'ampleur des cortèges de Sétif, mais aussi Kherrata et Guelma, l'administration coloniale fait intervenir l'armée. Légionnaires, tirailleurs sénégalais et même des prisonniers allemands et italiens sont engagés pour réprimer la révolte : manifestants fusillés sommairement par centaines, femmes violées...

L'aviation mitraille et bombarde les villages de montagne. Le croiseur Duguay-Troin qui se trouvait dans la baie de Bougie bombarde les douars de la montagne kabyle. À Périgotville, près de Guelma, on fusille tous ceux qui savent lire et écrire. À Chevreuil, Petite Kabylie, c'est par groupes de vingt que des Algériens sont passés par des armes. Des prisonniers fusillés sont jetés dans les gorges de Kherrata. Parmi eux, Rabah Hanouz, membre de la Ligue des droits de l'homme, et ses trois enfants.

À son frère Lounis, juste démobilisé à son retour de France, qui faisait partie du Comité pour l'amnistie des prisonniers, le ministre de l'Intérieur, André Le Troquet, lui demande d'oublier et de tourner la page. Les dizaines de milliers de manifestants qui ont été arrêtés seront libérés suite à une campagne du PCA qui avait pourtant condamné auparavant ce soulèvement populaire.

Officiellement cette répression a fait 1 500 morts algériens et 110 européens. Mais selon le général Duval qui a organisé cette répression, il y a eu 7 500 morts. Quant au général Tubert, membre de la commission d'enquête chargée de faire la lumière sur ces événements, il avance le chiffre de 15 000. Mais selon les nationalistes algériens, elle a fait 45 000 morts.

Au-delà de cette querelle des chiffres, le fait est que les manifestations du 8 mai 1945 ont été durement réprimées et que les auteurs de ce massacre relevant du crime de guerre n'ont jamais été inquiétés. Pis, le général Duval, qui a poussé le cynisme jusqu'à lire une prière à la mosquée de Constantine, déclare alors : « Je vous ai donné la paix pour dix ans. » Moins de dix ans après, le 1er novembre 1954, débutait la guerre d'Algérie !

"Ces événements-là resteront à jamais gravés dans sa mémoire. Lahcène Bekhouche avait dix-sept ans lors du soulèvement du 8 mai 1945 dans le Constantinois. « Des Algériens avaient participé à la libération de la France. En contrepartie, nous demandions la liberté et l'égalité des droits », raconte le vieil homme. Pour avoir pris une part active aux manifestations, il fut condamné à mort. Une sentence finalement commuée en peine de prison. Lahcène Bekhouche sera incarcéré pendant dix-sept ans, jusqu'à l'indépendance, en 1962. En Algérie, un 8 mai toujours à vif."

Rappel des faits, par Hassane Zerrouky pour l'Humanité.

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16:02 Publié dans Guerre, International, Libération | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sétif, algérie, répression, morts | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |