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28/12/2021

CUBA SANTA CLARA : UNE VICTOIRE DECISIVE

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Le 28 décembre, il y a 63 ans, la colonne de Che Guevara partait en direction de Santa Clara.
Au cours des 48 heures suivantes, sous son commandement, les Barbudos réussirent l'exploit de stopper le train blindé de Batista « Tren Blindado » et de capturer les soldats ennemis.
Ils sortirent victorieux de la bataille de Santa Clara, un moment clé de la révolution cubaine. Dans les 12 heures qui suivirent la prise de la ville, Batista fuit Cuba, et les forces de Fidel Castro remportèrent la victoire générale.
 
La bataille de Santa Clara
La Bataille de Santa Clara a eu lieu entre 5h00 le matin du 29 Décembre 1958 et midi le 1er Janvier 1959. Elle a été décisive pour la Victoire des Révolutionnaires.
Après l'échec de l'opération Verano (en raison de la supériorité militaire adverse) et les succès dans les combats de La Plata et Las Mercedes (grâce à la ruse), Fidel Castro était convaincu qu’il fallait porter la lutte de la campagne dans les grandes villes.
Fidel décida de diviser son armée en deux colonnes: l'une (dirigée par lui, son frère Raúl et Juan Almeida) pour s’attaquer aux provinces de l'est et l'autre (sous le commandement de Camilo Cienfuegos, Che Guevara et Jaime Vega) pour s’attaquer à Yaguajay, Santa Clara et La Havane.
Malheureusement Vega est pris dans une embuscade et meurt avec toute sa section. Fidel organise une nouvelle division : Cienfuegos part sur Yaguajay alors que le Che se dirige vers Santa Clara et plus tard La Havane.
La bataille
Avec 320 hommes le Che arrive le 28 Décembre dans le port de Caibarién (province de Villa Clara) et atteint la ville de Camajuaní, située à mi-chemin entre Caibarién et Santa Clara. Ils sont bien accueillis par la population locale, principalement des paysans, et l'arrivée de 1000 volontaires supplémentaires persuadent les combattants rebelles que la victoire décisive est imminente.
Les troupes gouvernementales, en infériorité numérique, ont investi Santa Clara et se sont positionnés près de l'université, située à la périphérie de la ville.
Che Guevara, blessé au bras gauche à la suite d'une chute, divise ses forces en deux colonnes : la troupe placée plus au sud est la première à répliquer au feu lancé par les hommes du colonel Joaquín Casillas Lumpuy, qui ne peut concrétiser sa supériorité numérique.
Batista a envoyé un train chargé d'armes et de munitions, pour renforcer ses divisions, mais il doit nécessairement passer par un tronçon accidenté. Che Guevara alors donne l'ordre au « peloton suicide » (habitué aux actions dangereuses) mené par un jeune homme de 23 ans, Roberto Rodríguez Fernández dit El Vaquerito, d’atteindre les collines et d’attaquer le train : El Vaquerito, grâce à une action soutenue par l’utilisation massive de grenades, force le convoi à changer de direction, et le dirige dans le centre-ville.
Dans la ville l'autre colonne dirigée par Rolando Cubela, poursuit l'action avec une série d'escarmouches contre l'armée gouvernementale qui, bien que soutenue par des avions et des chars, est submergée grâce aussi à la population locale qui contribue à la bataille révolutionnaires en lançant des cocktails Molotov contre l’armée de Batista.
Prendre le train
Guevara sait que, à ce moment-là la prise du train chargé d'armes et de munitions est une priorité : Che se saisit du bulldozer qui était à la Faculté de l'Agriculture et soulève les rails, ce qui oblige le convoi à arrêter. Tout son contenu est saisi et les 350 officiers qui se trouvent à l'intérieur sont arrêtés.
Le train contient une quantité considérable d'armes qui constitue un grand avantage pour les forces révolutionnaires. Le butin sert à de nouvelles attaques menées par Guevara et le commandant (appartenant à Segundo Nacional avant) Américain William Alexander Morgan contre les troupes régulières.
Beaucoup de batistiens se rendent, mais d'autres préférent continuer à se battre, en utilisant le train maintenant comme abri : Guevara a donne l'ordre de lancer des cocktails Molotov à travers les fenêtres d’où partent les tirs gouvernementaux afin que le train devienne, selon ses propres mots, « un vrai four pour les soldats ». Cette tactique est couronnée de succès.
La capture du train a été considérée rétrospectivement comme un événement symbolique : il représentait la défaite du sommet de l'Etat cubain devant la Révolution de Fidel Castro, bien que le lendemain de la bataille, des journaux de droite annoncèrent la « victoire de Batista. » Cependant, ces nouvelles furent rapidement démenties par les faits, puisque les insurgés, après avoir laissé une garnison à Santa Clara, continuèrent leur marche sur La Havane.
Prendre la ville
Bientôt les rebelles occupèrent le centre et l'ensemble de la zone nord-ouest de la ville. Ils ont pris 31 casernes, la prison, la Cour, le Palais du gouvernement provincial, le Grand Hôtel, le plus grand bâtiment et le poste de police. Dans ces combats, le régiment batistien « Leoncio Vidal » montra une résistance farouche, mais la victoire n’était plus qu’une question d'heures.
Pendant l'assaut du poste de police, El Vaquerito est tué : L'attitude courageuse et téméraire du jeune homme fut ensuite jugée décisive pour le sort de la bataille, car sans le succès de son « attaque depuis les collines », l'affrontement aurait duré beaucoup plus longtemps. El Vaquerito, un héros qui « a joué un nombre incalculable de fois avec la mort dans le combat pour la liberté. »
Les dernières poches de résistance matérialisée dans une forteresse où étaient réunis tous les anti-Castristes, avaient confiance dans la tentative de coup d'Etat le 1er Janvier par le général Eulogio Cantillo : celui-ci échoua, il ne restait plus que leur capitulation sans condition (24:00 heures).
Les résultats et les conséquences
Ce fut la dernière grande bataille de la révolution cubaine. Fidel Castro avait gagné et le 8 Janvier, après une série de rassemblements dans différentes villes, il est arrivé à La Havane et prit les rênes du pays.
La bataille de Santa Clara a couronné Che Guevara d’une gloire militaire considérable : le mythe du « Comandante Che Guevara » est né de ces circonstances. Aujourd'hui, s’élève à Santa Clara un monument à sa gloire célébrant le succès militaire décisif du médecin argentin.
Les wagons originaux sont toujours au bord de la ligne de chemin de fer dans la ville.
Michel Taupin

19:27 Publié dans Etats Unis, Guerre, Monde, Révolution | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cuba, santa clara | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

13/08/2019

Révolution française. « Les femmes ont toujours été présentes dans les luttes »

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Dans son dernier essai, Christine Le Bozec, maîtresse de conférences à l’université de Rouen en histoire moderne, étudie avec minutie la condition féminine à l’époque des Lumières et durant toute la période révolutionnaire en France.

La Révolution française est un sentier très parcouru par les historiens. Qu’est-ce qui vous a décidée à vous arrêter sur cet événement, à vous pencher sur le rôle effectif des femmes dans cette période ?

Christine Le Bozec En effet, la Révolution française est un champ de recherche très prisé par les historiens, dont celui sur les femmes n’est, certes, pas absent mais récent, puisque les travaux pionniers ne datent que des années 1985-1989. Paradoxalement, ce qui a motivé ce travail est un profond agacement causé par la répétitivité, un psittacisme médiatique plus qu’historique et historiographique en vogue depuis quelques années, celui de rabâcher que les femmes des années 1770-1789 étaient libres et libérées et que la Révolution s’est attachée à leur rogner les ailes avant de les renvoyer dans leur foyer : les « salonnières » étant systématiquement montrées en exemple et montées en épingle, preuve et avant-garde de cette liberté. Alors, l’affirmer, le répéter est une chose, le démontrer en est une autre. Il s’est donc agi d’aller à leur rencontre pour dresser un constat « clinique » qui établit sans conteste que, ne jouissant d’aucun droit civil, elles ne constituaient qu’une minorité surexposée, une vitrine ne reflétant en rien une absence de statut juridique et qu’enfin ce battage autour de leur « liberté » n’était qu’un moyen de discréditer la Révolution française.

Les femmes françaises que vous étudiez étaient-elles des modèles pour d’autres qu’elles-mêmes ?

Christine Le Bozec Peut-on parler de modèle ? À partir de 1789, tout en reprenant des schémas anciens, elles innovent. Rappelons qu’elles ont toujours été présentes dans les luttes, parfois même à l’initiative des émeutes, des « émotions » populaires et des troubles antifiscaux ou frumentaires. C’est à elles qu’incombaient l’approvisionnement et la survie de la famille : rude épreuve en cas d’envolée des prix, de disette ou de lourde augmentation d’impôts. Sensibilisées, exaspérées, souvent en première ligne, elles n’hésitaient pas à faire le coup de poing. Au cours de la Révolution, elles renouvellent les pratiques lorsqu’un groupe de femmes, certes restreint, ne se limite plus à des revendications frumentaires mais pose de manière radicale des questions de type politique, social et sociétal. Pendant quelques mois, elles pèsent sur la vie politique : réunions, discussions, lectures de journaux, rédaction de pétitions, cortèges, participation aux travaux de clubs et des assemblées de section, assistance aux débats de l’Assemblée et création d’une Société de républicaines révolutionnaires. J’insiste sur le fait qu’il s’agit de mouvements minoritaires urbains mais très réactifs, voire parfois virulents. En revanche, la majorité des femmes demeure dans un attentisme frileux parfois bienveillant, et si certaines se contentent d’une attitude passive, d’autres entrent en opposition très active.

Qu’est-ce que les femmes doivent réellement aux salonnières dans la Révolution française ? Le salon littéraire est-il un lieu politique autant qu’un rendez-vous artistique ?

Christine Le Bozec Peut-être un mirage, celui créé par ces soixante-deux femmes qui tenaient salon à Paris dans les années 1770-1789, un leurre, celui de l’autorité intellectuelle et de la liberté : un semblant d’autorité et une liberté illusoire qui ne franchissaient pas la porte des salons, masquant la réalité de leur situation juridique, identique aux 14 millions de femmes privées de droits. À l’intérieur des salons, la vie culturelle, littéraire, scientifique et artistique était brillante, faite d’échanges fructueux contrastant avec la frivolité de la cour. De surcroît, à condition d’être adoubé par la maîtresse de maison, aucune barrière du privilège n’en limitait l’accès, autorisant des bourgeois d’y briller et d’y côtoyer l’aristocratie. Voltaire, Rousseau, d’Alembert, Holbach, Helvétius, Diderot, Condorcet, Cabanis, Destutt de Tracy, Morellet, entre autres célébrités, les fréquentaient. Progressivement, même si, à l’origine, ce n’était pas la vocation de ces lieux, les débats y prirent un tour politique, favorisant la naissance d’une opinion publique embryonnaire.

Les réclamations paritaires d’aujourd’hui prolongent-elles le cri féministe d’hier ?

Christine Le Bozec Le seul moment dans l’histoire où des femmes conquirent des droits et prirent toute leur place dans la sphère publique fut les années 1789-1795. Ensuite, c’est le silence, le rejet puis l’exclusion, avant le confinement dans la sphère privée, et ce, pour très longtemps. Il faut attendre avril 1944 pour obtenir le droit vote, juillet 1965 pour signer un chèque et janvier 1975 pour la légalisation de l’avortement. 2019, il reste encore bien du chemin à parcourir. Le seul exemple du combat pour l’égalité des salaires demeure toujours et encore une rude bataille à mener puisque, dans le secteur privé, les femmes touchent des salaires de 17 à 20 % inférieurs à ceux des hommes. Encore des luttes en perspective…

Les Femmes et la révolution 1770-1830. Passés composés/Humensis, 220 pages, 19 euros.

15:46 Publié dans Révolution | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : révolution française, femme | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

29/03/2019

À la Monnaie de Paris, l'Histoire de France résumée sur des pièces d'argent

Monnaie histoire.jpgLa Monnaie de Paris lance une collection de 12 pièces (onze en argent et une en or), reproductions de deniers et de monnaies frappés à travers le temps.

D'Artagnan, Louis XVI ou Philippe le Bel, etc. Chacune des 12 pièces a été choisie par Stéphane Bern, missionné par Emmanuel Macron pour défendre le patrimoine, et Marc Schwartz, directeur de la Monnaie de Paris. Les pièces sélectionnées sont parmi les quelques 80 000 objets conservés précieusement au sein du médaillier national installé au cœur du Palais de la Monnaie, Quai Conti à Paris. Elles illustrent toute une page de notre Histoire. De 10 euros à 200 euros, chaque vente rapportera un euro à la Fondation du patrimoine

Échanger une simple pièce de monnaie est un lien social du quotidien mais c'est aussi un lien avec notre histoire. La Monnaie de Paris est chargée de conserver toutes ces pièces et ces médailles ayant traversé le temps. 

Marc Schwartz, directeur de la Monnaie de Paris :

"La Monnaie de Paris est la plus ancienne entreprise du monde puisqu'elle a été créée en 854, il y a près de 12 siècles, par le petit-fils de Charlemagne. Et les pièces que nous éditons ont, depuis la nuit des temps, symbolisé l'histoire de notre pays".

Dagobert, Richard II Duc de Normandie, le grand-père de Guillaume Le Conquérant, Louis XIV, la Déclaration des droits de l'homme, Bonaparte, Jean le Bon ou la Tour Eiffel et la France, ces pièces ont chacune une histoire bien précise. 

Marc Schwartz, directeur de la Monnaie de Paris, évoque notamment cette pièce de 10 euros à l'effigie de Louis XVI :

" C'est la pièce grâce à laquelle Louis XVI, au moment de la fuite du roi à Varennes, épisode marquant de la Révolution Française, a été reconnu dans un relais de poste puisque son profil figurait sur la pièce comme c'était le cas jusqu'à une période récente de notre histoire. Grâce à cette pièce, le roi et la reine Marie-Antoinette à ses côtés ont été arrêtés et ont été ramenés à Paris".  

Art et minutie au service de l'Histoire

Chaque pièce reproduite est joliment insérée dans un étui en carton à l'effigie du personnage et accompagnée d'un texte de Stéphane Bern. Joachim Jimenez est le directeur (avec Yves Sampot) de la création de l'atelier gravure. 

Toute l'équipe de l'atelier a travaillé sur le projet. Ils sont ceux que l'on appelait dans le temps les "graveurs généraux" : 

"Après sélection, il a fallu reproduire ces pièces. C'est une collection dont toutes les monnaies ont la même taille : 31 millimètres. Il a fallu les redimensionner et les re-sculpter. On les a moulées, on les a scannées. Nous sommes une entreprise de 1 150 ans mais aussi une entreprise moderne qui travaille avec des techniques actuelles, c'est-à-dire les scanners laser. Donc on a pu les re-scanner avec une précision extrême et nous les avons retranscrites à cette dimension. Ça ne se fait pas tout seul. Il s'agit de refaire les coins, c'est-à-dire les matrices, les outils face-revers qui permettront de refaire ces pièces et nous le faisons avec un galbe exagéré pour augmenter le volume par rapport aux pièces initiales et tout est repris à la main pour rendre le plus possible la fidélité de ces pièces. Ce sont des pièces en argent 333 millièmes, ce qui contribue à en faire un objet collectionnable et précieux."       

Cette collection est une belle façon sonnante et trébuchante de revisiter les trésors de la Monnaie de Paris et de réviser du même coup nos leçons d'histoire.

En coffret ou présentées individuellement, ces pièces en argent (et une en or), sont disponibles à la Monnaie de Paris, dans les bureaux de tabac, les bureaux de poste et les maisons de la presse. A terme la collection sera composée de 23 pièces.  

Sources Jacqueline Pétroz France Inter

17:54 Publié dans Révolution, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : monnaie de paris, histoire | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |