11/11/2013
GUERRE 1914 - 1918 : LES PREMIERS CHARS !
La première guerre mondiale de par sa dimension mondiale a apporté tout un lot de " progrès" en matière d'armement.
L'avion fut sans nul doute le premier outil qui montra son utilité et cela dès le début de la guerre. C'est grâce aux observations des aviateurs que la bataille de la Marne eut lieu en septembre 1914. avec l'enlisement de la guerre, les scientifiques et les combattants rivalisèrent d'ingéniosité pour inventer.
En passant par le casque d'acier, la modification de l'uniforme, les gaz, les plaques de blindage, l'artillerie de tranchée et le canon à longue portée…. Parmi toutes les inventions nées de la guerre des tranchées, la création d'engins blindés, armés et capables de franchir des obstacles chez l'envahisseur, fut une des plus importantes.
Certes l'idée de se mouvoir chez l'ennemi n'était pas nouvelle, mais la création et la mise en pratique d'unités de blindés destinées à combattre au côté de l'infanterie au point de lui devenir indispensable, était une vraie nouveauté.
En France, le général Estienne fut le premier dès le début de la guerre à le comprendre et à solliciter les autorités militaires pour la création de la nouvelle arme. Les britanniques le comprirent rapidement eux aussi. Dès 1915, ils créent un prototype de char surnommé " little willie " qui ne sera pas utilisé. Ils seront également les premiers en 1916 à engager des chars de type " mark " sur le champ de bataille.
La guerre éclatant, et en quelques semaines, l'armée française perd plusieurs centaines de milliers d'hommes. Estienne est effaré devant un tel massacre. Dès le mois de septembre 1914 en pleine retraite vers Paris, longeant un chemin boueux en tenant son cheval par la bride, il déclare à ses camarades : " celui qui le premier, pourra faire rouler là-dessus des cuirassés, armés et équipés, aura gagné la guerre ".
Au début de l'hiver 1915 dans la somme, il aperçoit un engin de terrassement anglais monté sur chenilles. Aussitôt, son idée d'engin blindé refait surface.
Convoqué par le général JOFFRE (commandant en chef des forces françaises) à Chantilly en décembre 1914, il y expose ses thèses, celles-ci sont acceptées.
Peu-après il rentre en contact avec des industriels dont ceux de Schneider du Creusot. Ils se laissent convaincre et accepte de construire le char " SCHNEIDER ".
Parallèlement et en concurrence avec ceux-ci, les Forges et aciéries de la Marine à St Chamond travaille sur un autre type de char, celui-ci se nommera " ST CHAMOND ". A partir d'octobre 1916 sortiront les premiers engins.
Les essais eurent lieu au camp de Champlieu dans l'Oise célèbre auparavant par des ruines gallo-romaines. L'endroit est propice à ces mouvements car la forêt de Compiègne, naissante en cet endroit, est un camouflage idéal.
Les premiers combats se déroulèrent dans l'Aisne en avril 1917, sur le trop fameux Chemin des dames, une grosse partie des engins ne revinrent jamais de cette aventure, suivant le sort des pauvres fantassins dans ces lieux tragiques. D'autres actions suivirent, souvent les chars tombaient en panne ou étaient détruits par l'artillerie allemande. Il fallut l'intervention des petits chars Renault plus fiables et rapides pour décider du sort de la guerre favorable aux alliés. Mais ceci est une autre histoire.
Pour toute information complémentaire le livre " les chars de la victoire " est disponible chez l'auteur au prix de 20 € : Bruno JURKIEWICZ, 2 rue des pastoureaux, 60600 Clermont de l'Oise.
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03/11/2013
Claude Bernard, philosophe et médecin malgré lui
Il rêvait de devenir auteur dramatique, il devint médecin. Claude Bernard, né il y a deux siècles, passionné de poisons et d’expérimentations, a révolutionné la médecine. Il est le père de la méthode expérimentale Oheric : observation, hypothèse, expérimentation, résultat, interprétation, conclusion.
L ’année 2013 marque le bicentenaire de la naissance de Claude Bernard. Du grand physiologiste, né le 12 juillet 1813, le nom est à chacun familier. Il a été donné à de nombreux hôpitaux, rues, écoles, facultés… Pourtant, beaucoup ignorent son œuvre. Voici donc l’occasion de rafraîchir nos mémoires. Scientifiques et philosophes se mobilisent pour tirer de l’oubli l’auteur de l’Introduction à l’étude de la médecine expérimentale. Partout en France, et tout particulièrement à Lyon, où il a travaillé, et dans son village natal de Saint-Julien (Rhône), dans le Beaujolais, cet automne les vendanges s’annoncent sur ce plan particulièrement riches.
Mais qui était Claude Bernard ?
Le 10 février 1878, lors des funérailles nationales de Claude Bernard, 4 000 personnes suivent sa dépouille jusqu’au prestigieux cimetière du Père-Lachaise. Quelle consécration posthume pour ce fils de modestes viticulteurs dont les découvertes ont arraché la biologie au Moyen Âge !
Académicien, professeur à la Sorbonne et au Collège de France, mondialement connu, il est resté toute sa vie attaché à son Beaujolais natal. À Saint-Julien, en 1860, il acquiert le manoir jouxtant la maison familiale, siège du beau musée qui lui est aujourd’hui dédié. Mais avant d’en arriver là, le jeune Claude Bernard, peu motivé par ses études chez les jésuites, et recalé au bachot, est apprenti pharmacien à Vaise (Lyon).
Il y vend la fameuse thériaque, potion miraculeuse concoctée par Galien au IIe siècle et combinant soixante-dix ingrédients : plantes rares, opium et venin de vipère. Cette panacée sert surtout à enrichir M. Millet, l’apothicaire. Disciple de Descartes, le jeune apprenti ose manifester des doutes sur la pharmacothérapie en vigueur à son époque.
Dans la soupente du père Millet, Claude Bernard se rêve auteur dramatique. Sa comédie Rose du Rhône ayant eu quelque succès à Lyon, et son patron l’ayant licencié, il « monte à Paris » avec, en poche, une tragédie en cinq actes, Arthur de Bretagne. Hélas, il se heurte au critique Saint-Marc Girardin, qui lui conseille la médecine. Bon conseil, puisque dès sa rencontre avec Magendie, véritable coup de foudre intellectuel, le « médecin malgré lui » va révéler son génie !
« As du bistouri », et docteur en médecine en 1843, Claude Bernard choisit la recherche et pratique l’expérimentation sur le vivant. Afin de pouvoir poursuivre ses recherches, il accepte un mariage arrangé avec Fanny Martin, fille unique d’un médecin fortuné. Ce mariage va tourner au cauchemar : sa femme, cofondatrice de la SPA, l’accable de reproches, dénonçant partout l’usage de la vivisection. En outre, les deux garçons du couple mourront en bas âge, tandis que les deux filles sont dressées contre leur père. Le couple se sépare après des années de déchirements.
Cependant, le chercheur vole de découverte en découverte ! Les trois domaines où il s’est illustré de la manière la plus novatrice sont le mode d’action des poisons, et notamment du curare, la notion de milieu intérieur et la fonction glycogénique du foie.
Claude Bernard s’est toute sa vie passionné pour les poisons, et notamment pour le curare. On lui doit la précieuse découverte de ses pouvoirs anesthésiants. Le concept de milieu intérieur prépare la découverte de l’homéostasie, ce pouvoir de l’organisme de maintenir – en maintes occasions – son propre équilibre.
Quant à la fonction glycogénique du foie, elle désigne le fait que le foie « fabrique » du sucre, en fait le synthétise, au lieu de simplement le stocker. Jusqu’à Claude Bernard et à sa spectaculaire expérience du « foie lavé », la théorie régnante était celle de Lavoisier, selon laquelle seuls les végétaux fabriquaient du sucre, les animaux, dont l’homme, jouant les parasites. Ce sucre ensuite était stocké dans l’organisme, en particulier dans le foie, les poumons « brûlant » le sucre en excès. Le diabète était vu comme une maladie pulmonaire, les poumons échouant à exercer cette élimination.
Un petit fait expérimental, la présence de glycogène après lavage du foie prélevé sur un chien, va ruiner la belle théorie. Claude Bernard proclame : « Quand le fait que l’on rencontre ne s’accorde pas avec une théorie, il faut accepter le fait et abandonner la théorie. » Ses travaux font faire un pas de géant à la compréhension du diabète, même s’il reconnaît n’en avoir trouvé ni la cause ni le remède. C’est grâce à ses travaux que, onze ans après sa mort, des chercheurs allemands découvriront le rôle du pancréas et le remède au diabète : l’insuline.
Philosophe, continuateur de Descartes, Claude Bernard reste aussi, et peut-être surtout, le fondateur de la méthode expérimentale Oheric (observation, hypothèse, expérimentation, résultat, interprétation, conclusion), qui, selon François Dagognet, « n’a perdu ni son feu ni même sa validité ».
L’actualité du bicentenaire
- Pour connaître de façon plus complète la vie et l’œuvre de Claude Bernard, on pourra lire avec profit le petit livre très vivant Je suis… Claude Bernard, d’Odile Nguyen-Schoendorff (préface de François Dagognet, illustrations de Max Schoendorff, photographies d’Yves Neyrolles), 10 euros, chez Jacques André éditeur, 5, rue Bugeaud, 69006 Lyon.
- La visite du musée Claude Bernard à Saint-Julien (Rhône) est toujours d’actualité.
Odile Nguyen-Schoendorff, professeure de philosophie pour l'Humanité
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21/09/2013
Le jour où la Provence tremblera
Séismes . Un siècle après le tremblement de terre de Lambesc, les études montrent que, dans cette région, à magnitude égale, le nombre de victimes et les dégâts seraient dix fois plus importants.
" Les montagnes se fendent par le milieu (…) de sorte que les pauvres gens ne peuvent être sûrs d'avoir retraite salutaire aux champs ni aux villes. " Cet extrait d'une lettre envoyée au comte de Tende par le fils de Nostradamus est l'un des rares documents écrits en possession des historiens à propos du terrible séisme de 1564 dans les Alpes du Sud, qui provoqua la mort d'environ huit cents personnes, chiffre épouvantable pour l'époque.
Trois villages de montagne furent rayés de la carte dont un noyé dans les eaux d'une rivière dont le cours fut stoppé par les éboulements provoqués par la secousse tellurique. Sur la côte, les témoins décrivent un tsunami : les ports d'Antibes notamment furent mis à sec avant qu'une gigantesque vague ne déferlât sur les jetées, écrasant tout sur son passage.
Des microséismes quotidiens
Depuis, le Sud-Est a été régulièrement affecté par les tremblements de terre. On dénombra 630 morts en Ligurie italienne et 10 morts sur la Côte d'Azur après la secousse de 1887 et 46 morts dans la région d'Aix-en-Provence en 1909 (lire ci-dessous).
De nombreux Provençaux ont encore en mémoire l'angoisse ressentie le 19 juillet 1963 lorsque se produisit un séisme de magnitude 5,8, accompagné d'un petit raz de marée. Ou encore pendant celui du 21 avril 1995, au large des côtes, de magnitude 4,7. Mais c'est quasi quotidiennement que cette région est sujette à des microséismes.
Le chevauchement des plaques tectoniques eurasienne et africaine (responsable de la formation des Alpes) se poursuit inexorablement… Et comme le dit Wolfgang Jalil, de l'Association française du génie parasismique, lors d'un colloque scientifique à Aix-en-Provence marquant, le 11 juin dernier, le centième anniversaire du séisme de Lambesc, " là où un séisme passe une fois, il repasse, mais on ne sait jamais quand… ".
Personne n'a pourtant osé imaginer les conséquences précises d'une telle catastrophe dans cette Provence aujourd'hui urbanisée à outrance et connaissant une forte poussée démographique, notamment dans l'arrière- pays. Un essai de simulation a toutefois été réalisé en 1982 par le conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur à partir des données plus ou moins précises du séisme de Lambesc. Il situait le nombre probable de morts à un millier, le nombre de blessés entre 2 000 et 6 000 et le total des dégâts matériels à 5 milliards de francs.
Vingt-cinq ans après, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a mené une étude similaire mais pour le seul département des Bouches-du-Rhône. Elle fait apparaître qu'en cas de secousse de magnitude 5,5 près de 730 logements subiraient des dommages graves et deviendraient inhabitables, 2 500 autres habitations devant être temporairement évacuées, ce qui générerait des dizaines de milliers de sans-abri. Le nombre de morts pourrait s'élever jusqu'à 400 et l'on compterait un millier de blessés. Des chiffres comparables à ceux du récent séisme de L'Aquila (Italie centrale) qui a fait 300 morts et près de 60 000 sans-abri.
préserver l'image de marque de la région…
Pendant longtemps, ces mises en garde des scientifiques ont été ignorées, voire tournées en ridicule par des autorités politiques locales soucieuses avant tout de préserver l'image de marque touristique de la région.
On se souvient de Jacques Médecin expliquant, sans rire, au lendemain d'un tremblement de terre dévastateur en Californie, que la région de Nice " était préservée d'une grande secousse grâce aux volcans italiens qui font office de soupape de sécurité ", ou traitant Haroun Tazieff, ministre délégué aux Risques majeurs, de " photographe de volcans ", au lendemain d'une conférence scientifique de ce dernier à l'université.
Depuis quelques années, malgré tout, et depuis que la gauche est aux affaires dans cette région, les mentalités semblent avoir évolué. Un " plan séisme " est mis en oeuvre depuis 2007 qui vise pour l'essentiel à informer objectivement le public dans un but de prévention, et à améliorer la prise en compte du risque sismique dans les constructions. Comme le dit Claire Arnal, chargée de mission au conseil régional PACA : " Ce n'est pas le séisme qui tue, c'est le bâti. "
En la matière, c'est la petite principauté de Monaco qui a montré l'exemple puisque, depuis 1966, toutes les constructions sont conçues pour faire face à un séisme de magnitude 7.
Certains promoteurs immobiliers en ont même fait un argument de vente. En revanche, chez le grand frère voisin, on a vite fait le tour des bâtiments et des ouvrages d'art où sont appliquées les normes parasismiques. Les ponts de l'A8, quelques hôpitaux, les derniers palais des congrès construits dans la région ou encore certaines résidences privées de prestige comme Marina Baie des Anges, à Villeneuve-Loubet, sont équipés pour résister à une secousse qui ne manquera pas de se produire.
" Dans le bâti récent cela va mieux, mais il est vrai que sur le bâti très ancien, non renforcé, on a une fragilité ", admet Claire Arnal. Une fragilité dont souffriraient, notamment, la plupart des immeubles HLM de la Provence parce que, à l'époque de leur construction, le surcoût du parasismique - de 5 % à 8 % du coût total - avait été jugé trop élevé.
13:23 Publié dans L'Humanité, Monde, Sciences, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : provence, tremblements de terre, séisme | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |