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05/01/2018

Galette des Rois. D'où vient cette tradition ?

galette des rois.jpgPour briller en société, faire le malin à l'apéro bref, pour frimer auprès des copains, voici LA question absolument essentielle du soir. Et la bûche de Noël à peine digérée, la galette des Rois s'invite déjà à toutes les tables. En dessert, au goûter, midi et soir, petits et grands adorent, d'autant plus qu'elle ne se déguste pas seulement à la frangipane. Mais d'où vient cette tradition ?

La galette des Rois pourrait tirer son origine des Saturnales, ces fêtes romaines de l'Antiquité célébrées à la fin du mois de décembre et au commencement de janvier. A cette occasion, un roi était élu et donnait des gages. Durant ces festivités, au moment du solstice d'hiver, maîtres et esclaves étaient sur un pied d'égalité et tout le monde mangeait à la même table.

Chez les Chrétiens, la galette se partage le 6 janvier, pour l'Épiphanie, « jour où les rois mages, guidés par la lumière d'une étoile, arrivèrent jusqu'à Jésus, dans l'étable où il est né ». Aujourd'hui, elle reste l'occasion de démarrer l'année de façon conviviale.

Les collectionneurs de fèves sont à leur affaire pendant cette période bénie. Pour la petite histoire, la fève fait partie des symboles du solstice d'hiver. C'est le premier légume qui pousse au printemps. Surtout, ce légume, comme l'oeuf, contient un embryon. En "vieillissant", il donne la vie.

feve.jpgLa fève est donc symbole de fécondité. Au Moyen-Age, celui qui trouvait la fève dans la galette devait normalement payer sa tournée à la tablée. Certains prétendent que les plus avares avalaient la fève afin de ne pas débourser d'argent. C'est ainsi que serait née la fève en porcelaine, pour que le "roi" ne soit pas tenté de l'avaler.

Sources : Le Télégramme

19:23 Publié dans Actualité, Histoire insolite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : galette des rois, tradition | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

28/05/2017

« Le Moyen Âge rêvé est une soupape de sécurité dans le monde moderne »

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Propos recueillis par Maxime Lerolle, Humanite.fr

« Le cinéma anglo-saxon, où Arthur est très populaire, oscille entre deux tendances. D’un côté, il considère la Table Ronde comme une pré-démocratie, de l’autre, il porte souvent un discours ultra-libéral »

Entretien. À l’occasion de la cinquième édition du festival Bobines et Parchemins, William Blanc, historien du médiévalisme et l’un des organisateurs du festival, revient sur les lectures idéologiques du Moyen-Âge dans le cinéma contemporain.

L'édition de Bobines et Parchemins à eu  pour thème le Roi Arthur au cinéma, et vous-même avez récemment publié Le Roi Arthur, un mythe contemporain, qui passe au crible ses adaptations depuis le XIXe siècle. Quelles en sont les lectures dominantes ?

William Blanc. Le cinéma anglo-saxon, où Arthur est très populaire, oscille entre deux tendances. D’un côté, il considère la Table Ronde comme une pré-démocratie et une image du melting-pot américain. Des films comme Le Roi Arthur d’Antoine Fuqua (2004) intègrent des gens issus de la diversité, comme Lancelot (Ioan Gruffudd), un guerrier sarmate, et des femmes combattantes, telle Guenièvre (Keira Knightley). De l’autre, il porte souvent un discours ultra-libéral. Cette histoire d’un homme qui gravit les échelons pour atteindre la royauté correspond à l’imagerie du self-made-man. Mais dans les années 60 et 70, le mythe arthurien était beaucoup plus ancré à gauche. Les mouvements hippies se revendiquaient d’un Moyen Âge contestataire contre les oppressions du monde moderne. Un film comme Knightriders (George Romero, 1981, projeté au festival dimanche soir) garde ce caractère subversif. À la même époque, il y avait une connexion entre le mythe arthurien et le mythe kennedien : Arthur offrait au président l’image idéale d’un jeune roi réformateur.

Dans quelle veine s’inscrit la nouvelle version de Guy Ritchie (en salles ) ?

William Blanc. Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur intègre les minorités ethniques : Arthur (Charlie Hunnam) a pour alliés un maître du kung-fu et le chevalier Bedivere (Djimon Hounsou), devenu Africain. Il reprend également l’image du self-made-man : comme Rocky, Arthur accède au trône par la seule force de l’entraînement physique et de la volonté. Enfin, il oppose de manière manichéenne Bien et Mal, avec la démocratie – libérale – d’un côté et la dictature de l’autre, comme dans la version de Fuqua, où les Saxons étaient des nazis avant l’heure.

Y a-t-il d’autres figures médiévales qu’Arthur aussi prisées par le cinéma ?

William Blanc. Pas vraiment. Dans une moindre mesure, Robin des Bois et Jeanne d’Arc, mais Arthur est vraiment la figure médiévale par excellence. Son succès tient au caractère très plastique du mythe : il court de la Table Ronde reconstituée par Himmler aux écolos hippies des années 70 ! De nos jours, Arthur est beaucoup plus populaire qu’au Moyen Âge, où il se cantonnait aux seules cours aristocratiques européennes. À présent, du fait de sa grande popularité dans le cinéma américain et de la popularité de ce cinéma à l’échelle planétaire, on retrouve ce mythe absolument partout. D’une certaine manière, le Moyen Âge rêvé sert de soupape de sécurité face aux problèmes du monde moderne.

Avec l’émergence des populismes de droite, assiste-t-on au retour de films nationalistes ?

William Blanc. C’est plutôt l’inverse. Historiquement, le médiévalisme en tant que discours critique envers le monde moderne a été porté par l’extrême-gauche. Aujourd’hui encore, Pablo Iglesias a dirigé un ouvrage sur Game of Thrones ! Le médiévalisme américain a beau être machiste et guerrier, il n’est pas nationaliste. On trouve peut-être de tels films en Russie, en Pologne ou en Hongrie, mais ils n’ont pas la portée des productions américaines. Quant au Front National, on observe plutôt un déclin de Jeanne d’Arc, mise de côté par les cadres du parti.

Quelle a été l’ambition du festival Bobines et Parchemins ?

William Blanc. D’abord de mêler des films connus et inconnus du grand public, et ensuite de les commenter. Par un jeu de miroir inversé vis-à-vis du Moyen Âge, ces films disent quelque chose de nous.

11:03 Publié dans Histoire insolite, L'Humanité, Moyen âge | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : moyen âge, cinéma | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

25/10/2015

JEUX OLYMPIQUES DE MEXICO : LES HEROS DU STADE

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peternorman.jpgIconique. Connaissez-vous Peter Norman ? Vous l’avez forcément vu, au moins une fois dans votre vie : disons que vous l’avez vu sans le voir.

Il était là, pourtant, dans l’angle mort d’une des photographies les plus célèbres de l’histoire, un point aveugle. C’était il y a quarante-sept ans, le 16 octobre 1968. Sur le podium des jeux Olympiques de Mexico, les officiels remettaient les médailles de la finale du 200 mètres.

Deux Américains, deux athlètes noirs, vont réaliser l’un des gestes les plus inouïs qui se puissent imaginer à l’époque.

Tommie Smith et John Carlos, médaillé d’or et de bronze, levèrent leurs poings, gantés de noir, pour protester contre la ségrégation raciale. Un vent d’insurrection universelle souffla sur le Stade aztèque, l’image iconique s’incrusta à jamais dans nos mémoires.

Smith, nouveau recordman du monde, et son frère de couleur Carlos portaient un écusson « Project for Human Rights » (projet pour les droits de l’homme) sur le cœur et des chaussettes noires, le bas de leur survêtement relevé, leur visage aussi fermé qu’une porte de prison. Lorsque l’hymne américain retentit, les deux hommes dressèrent non seulement leur poing ganté vers les cieux mais inclinèrent également leur tête, fixant le sol pour ne pas avoir à regarder la bannière étoilée.

Scandale aux États-Unis ; stupeur mondiale. Fin de l’histoire – du moins pour sa partie ultra-connue…

Droits. Avons-nous pensé une seule fois, depuis, au troisième personnage de cette photographie ?

Il s’appelait Peter Norman, un Australien mort il y a neuf ans. Sachez-le : il n’était pas moins héroïque que les deux Américains. Nous le savons désormais grâce à l’écrivain italien Riccardo Gazzaniga, qui a écrit récemment un texte admirable, traduit par les sites Demotivateur et Slate, sur le destin ignoré du « petit Blanc qui n’avait pas levé le poing ».

Arrivé deuxième de cette course de légende, il était perçu jusqu’alors comme le type pas concerné par le geste de ses acolytes, l’intrus au milieu d’un enjeu qui le dépassait – presque une présence de trop, gênante. Comme Riccardo Gazzaniga, nous pensions même que « cet homme représentait, dans toute sa rigidité et son immobilité glacée, l’archétype du conservateur blanc qui exprime le désir de résister à ce changement que Smith et Carlos invoquaient ».

Erreur tragique ! Peter Norman était blanc, oui, mais un Blanc militant des droits civiques en Australie, un pays qui lui aussi avait imposé des lois d’apartheid contre les Noirs et les Aborigènes. Norman, qui croyait aux droits humains, déclara à Smith et Carlos : « Je serai avec vous. » Les Américains avaient décidé de se présenter pieds nus pour symboliser la pauvreté des Noirs. Mais ce fut Norman qui leur suggéra de porter un gant chacun, puisqu’ils ne disposaient que d’une seule paire.

Mieux, regardez bien la photo : vous verrez que Norman porte, lui aussi, le badge du Projet olympique pour les droits de l’homme, épinglé contre son cœur. Riccardo Gazzaniga cite Norman : « Je ne pouvais pas voir ce qui se passait derrière moi, mais j’ai su qu’ils avaient mis leur plan à exécution lorsque la foule qui chantait l’hymne national américain s’est soudainement tue. Le stade est devenu alors totalement silencieux. » Smith et Carlos furent bannis de la discipline, expulsés du village olympique. Norman ne s’en tira pas mieux.

Pour avoir soutenu les deux Américains, il ne fut pas sélectionné aux JO de 1972 et vit sa carrière brisée par les autorités sportives australiennes. « Il a été traité comme un paria, un traître, sa famille l’a renié, écrit Riccardo Gazzaniga. Il a travaillé un temps dans une boucherie, puis comme simple prof de gym. Après une blessure mal soignée, il a fini ses jours rongé par la gangrène, la dépression et l’alcoolisme. »

Invité maintes fois à condamner publiquement le geste de Smith et Carlos en échange de sa réhabilitation, Peter Norman s’y refusa jusqu’à sa mort, en 2006, à Melbourne. Lors de ses obsèques, Tommie Smith et John Carlos étaient présents et avaient tenu à porter le cercueil – sans gant noir – pour rendre hommage à « un frère » de combat oublié de tous.

Jean Emmanuel Ducoin,

Vendredi, 23 Octobre, 2015