27/02/2018
L'HIVER TERRIBLE DE 1709 SOUS LOUIS XIV AVEC PLUS DE 600 000 MORTS DENOMBRES EN FRANCE
Personne n’a vu la catastrophe venir. Depuis des jours, il pleuvait des cordes sur le royaume de France, et le fond de l’air restait étonnamment doux : environ 10 °C, comme si l’automne s’éternisait. Il a suffi de quelques heures pour que la France de Louis XIV plonge dans un cauchemar glacé, qui va la mettre sur le flanc pour longtemps.
Tout commence dans la nuit du dimanche 6 janvier 1709 par une bise coupante venue du nord. Lille est d’abord pris dans sa gangue. Trois heures plus tard, la vague polaire atteint Versailles et Strasbourg, avant de mordre le Berry et la région lyonnaise, puis de déferler impitoyablement vers le sud.
Le temps d’un souffle, le mercure dévisse de façon prodigieuse. Il a suffi d’une nuit pour changer la France en Sibérie ! Claude du Tour, avocat à Soissons, raconte la surprise de son grand-père, un Parisien du quartier de la Grève (autour de l’actuel Hôtel de Ville), qui « passa les ponts le 5 janvier dans la soirée pour aller tirer les Rois (c’était l’Epiphanie) dans le faubourg Saint-Germain ». A l’aller, il pleuvait dru, mais « quand il repassa la Seine dans la nuit, il gelait à pierre fendre ». Le thermomètre est descendu à - 17 °C dans la capitale.
Des récoltes fichues
A l’aube, dans les campagnes, certains n’arrivent même pas à sortir de chez eux tant la neige est tombée. Au bout de quelques jours, tout gèle. Le Rhône se traverse en charrette, le Vieux-Port de Marseille est pris dans les glaces. Et les températures continuent de s’enfoncer. Les animaux meurent dans les étables, les poissons dans les étangs. Certains jurent voir des corneilles tomber comme des pierres en plein vol. Léonard Blanchier, maître chirurgien en Charente, constate l’étendue des dégâts dans les forêts pétrifiées.
Noyers, chênes, châtaigniers pourrissent de froid ou éclatent dans une symphonie lugubre. « Comme un coup de mousquet », précise-t-il. Dans les maisons, la cheminée ne suffit plus à réchauffer les corps. Il y fait jusqu’à - 10 °C, tout comme à Versailles, où le vin gèle dans les carafes. « Les glaçons tombaient dans nos verres », note le duc de Saint-Simon, mémorialiste des dernières années de Louis XIV.
Dans ce château qui a connu des jours meilleurs, l’ambiance, minée par les décès à la chaîne au sein de la famille royale, est devenue crépusculaire. Et le Roi-Soleil, malade et dévot, est l’ombre de lui-même. Il a ruiné le pays à force de dépenses somptuaires et de conflits. Depuis 1701, il est embourbé dans la guerre pour la succession au trône d’Espagne. Tant bien que mal, il empêche les nations coalisées de fondre sur son royaume, mais le froid, lui, se fiche des frontières. Un salutaire dégel fin janvier est suivi début février d’une autre vague de froid.
Le roi appelle aux dons
L’infernal yo-yo recommence début mars, alors que la végétation est en pleine montée de sève. Comme les vignes, les récoltes de céréales sont fichues : le prix du froment est multiplié par cinq. Faute de nourriture et de routes praticables, Paris cesse d’être approvisionné jusqu’en avril ! Partout dans le royaume, on meurt de faim ou de froid. Des manants s’attaquent aux boulangeries, pillent pour manger.
Au printemps, le roi tente de reprendre les choses en main : sa vaisselle d’or vient renflouer les caisses de l’Etat. Tout en invitant ses « enfants » à faire preuve de patience et de courage, il lance un appel aux dons et a l’idée géniale de les accélérer en rendant public le nom des plus généreux… La France, au bord du chaos, va résister aux envahisseurs étrangers, mais pas au « grand hiver », qui aura tué plus de 600 000 âmes.
Le « terrible grand hyver » de 1709 fut l’un des plus rudes (hormis celui de 1879) de notre histoire. Et sans conteste le plus dramatique en termes de bilan économique et humain. Comme un pied de nez à la puissance royale, il commence à frapper un 6 janvier, fête de l’Epiphanie, le jour… des rois !
Le royaume de Louis XIV éprouve durement les frimas du petit âge glaciaire. Cette période climatique, qui s’étend du début du XIVe siècle à la moitié du XIXe, se traduit par une avancée des glaciers, des températures basses l’hiver et les autres saisons fraîches et humides. Notamment pendant les vingt-cinq dernières années du règne (1643- 1715) du Roi-Soleil, qui serait fondé à dire à son lointain successeur à la tête de l’Etat : « Non, monsieur Hollande, vous n’avez pas le monopole de la pluie ! »
A partir de 1690, une moindre activité du soleil entraîne, selon les experts (qui se fondent sur les dates des moissons et des vendanges), un refroidissement d’environ 2 °C en Europe de l’Ouest. Un autre phénomène favorise la grande catastrophe hivernale de 1709 : l’éruption quasi simultanée de quatre volcans quelques mois plus tôt : le Vésuve (Italie), le Santorin (Grèce), le Fujiyama (Japon) et le piton de la Fournaise (île de la Réunion). Les poussières expulsées ont affaibli l’irradiance du soleil. En cette terrible année, le ciel et la terre s’étaient donc ligués contre la France. Et avaient infligé à son roi si dispendieux et guerrier ce que beaucoup ont vu alors comme une « punition divine ».
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11/07/2014
VAINQUEURS DU TOUR DE FRANCE, ET MORTS POUR LA FRANCE
11 Heures, le clairon sonne, c’est la fin de 4 années horribles de combats, la fin de la première guerre mondiale et de ce qui aurait du être la der des der. Le 11 novembre 1918 laisse derrière elle plus de 8 millions de morts, plus de 21 millions de blessés, et des Milliers de disparus.
Cette guerre 14-18 aura aussi, mis fin et détruit la carrière de nombreux sportifs, parmi eux une centaine de coureurs cyclistes, tombés et morts pour la France.
Ils ont écrit l’histoire du vélo cette pourquoi en cette semaine du 11 Novembre si vous flâner, dans l’Artois, la Marne, ou la Somme pensez à eux, ils étaient les pionniers du cyclisme, ne les oublions pas.
Petit Breton, Faber, Lapize. Ces héros du Tour de France
Lucien Mazant dit Lucien Petit Breton né le 18 octobre 1882 à Pléssé (Loire).Vainqueur de Paris-Tours 1906, Milan San Remo 1907, Paris-Bruxelles et du Tour de Belgique 1908, mais surtout vainqueur des Tour de France 1907 et 1908. Lucien Petit Breton décédera le 20 décembre 1917 sur le front dans l’Aube.
François Faber Né le 26 Janvier 1887 à Aulnay sur Iton dans l’Eure. Vainqueur du Tour de Lombardie 1908, de Paris-Tours 1909 et 1910, de Bordeaux-Paris 1911, de Paris-Roubaix 1913 et du Tour de France 1909, il décédera le 9 Mai 1915 à Carency au lieu dit Berthonval. Une plaque lui rend hommage dans la nécropole de Notre Dame de Lorette sur la colline de Ablain St Nazaire. Son corps malheureusement ne fût jamais retrouver.
Octave Lapize Né le 24 Octobre 1887 à Montrouge (Iles de France) 3 fois champion de France sur route en 1911-12-13 en 1907 il fut champion de France Des 100 km et de cyclo-cross, vainqueur de Paris-Roubaix 1909-1911, de Paris-Tours 1911, de Paris-Bruxelles 1911-12 et 13. Vainqueur du Tour de France 1910 et l’histoire retiendra qu’il fût le premier à avoir franchi les Pyrénées. Il décédera le 14 Juillet 1917 lors d’un combat aérien dans la région de Noviont aux Près (Meurthe/Moselle). Son corps repose au cimetière de Villiers sur Marne.
Alavoine,Bonino,Debrieu,Engel,Friol,Gombault,Maitrot,Quaissard,Rugère,Thé,Lutz, (et tout les autres....)
Emile Quaissard né le 30 aout 1886 à Bourg en Bresserejoindra comme bon nombre de cycliste passionné de vitesse, l’aviation militaire, Emile Quissard il tombera le 15 Avril 1917 à bord de son Splad, près de Montivilliers lors d’un combat aérien situé au dessus des lignes allemandes.
Emile Friol né le 6 Mars 1881 à Tain-l’Hermitage. Deux fois champions du Monde de vitesse 1907 et 1910, 4 fois champion de France de vitesse en 1904-1906-1907-1910, Deux fois champions d’Europe en 1907 et 1910, plus de 50 Victoires décédera le 6 Novembre 1916 à Dury.
LEGENDES DU TOUR : CHRONIQUES DE JEAN EMMANUEL DUCOIN POUR L'HUMANITE
Il y a cent ans, des hommes, dont beaucoup de cyclistes, allaient entrer dans la Grande Guerre. Du Chemin des Dames hier à Verdun aujourd’hui, le Tour leur rend hommage.
Traces éternelles des martyrs cyclistes
Si le Tour s’enorgueillit de sa fièvre romantique, il a surtout de la mémoire et n’hésite jamais à la procession historique monumentale. De terribles carnages se sont tenus autrefois sur ces lieux, dont il n’est pas sûr que les coureurs entendissent jamais parler.
Pourtant devraient-ils aimer les boursouflures de cette tragédie. Car elles les concernent, sinon par goût ou curiosité du passé, du moins par la généalogique cycliste. Les géants de la route, en effet, ne furent pas épargnés par ces chemins de tous les drames qui entamèrent l’esprit des hommes durant quatre ans. Ils payèrent même un lourd tribut, en particulier quelques anciens vainqueurs de la Grande Boucle.
François Faber, «le géant de Colombes», qui, malgré sa nationalité luxembourgeoise, avait choisi de combattre pour la France, fut tué en 1915, d’une balle de shrapnell en plein front.
Le Français Octave Lapize, pilote de chasse, fut abattu au-dessus de Verdun en juillet 1917. Quant à Lucien Petit-Breton, héros de cette France républicaine du début du siècle qui cherchait par le Tour à se consolider par l’appropriation de sa géographie, il tomba à son tour en décembre 1917, fauché dans sa jeune vie…
Les noms des autres martyrs cyclistes, moins connus, pourraient s’égrener au rythme des sanglots. Émile Engel, Frank Henry, mais aussi Marceau Narcy, tué pendant la bataille de la Marne; Jean Perreard, Victor Millagou, François Cordier, Pierre-Gonzague Privat, tué deux jours après la chute d’Hourlier et de Comès. Ou encore le plus jeune frère de Louis Trousselier, Auguste Trousselier, lui aussi coureur. Camille Fily, mort en Belgique en mai 1918. Ou Albert Niepceron, tué avec toute sa compagnie dans une attaque aussi imbécile qu’inutile, le 23 octobre 1918.
Autant de champs d’honneur visibles sur les routes du Tour. Autant de traces que l’on sent éternelles, immuablement enracinées dans la terre martelée, là où résonnent les mots de Céline: « La raison est morte en 14… après c’est fini, tout déconne. » Achevons le décompte macabre. D’autant que le cyclisme ne fut pas, et de loin, le sport qui compta le plus de morts. Le football et surtout le rugby arrivent largement en tête de cette sanglante énumération.
Sauf que le legs d’amour du Tour, qui reste la seule épreuve sportive à dominer ceux qui l’incarnent, ne se départit jamais de sa mythologie. Ils compteront donc, ces jours, à arpenter pas à pas ces vestiges de fer, de sang et de corps mêlés, là où de temps à autre un casque ou un os émerge d’une glaise presque stérilisée, dans les vapeurs des restes d’ypérite qui teignent le sol d’un jaune hideux.
Comme si le Tour soudain se mettait à déclamer Aragon: « Déjà la pierre pense où votre nom s’inscrit / Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places / Déjà le souvenir de vos amours s’efface / Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri.» "
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16/05/2014
Sétif, Guelma, l'autre 8 mai 1945
Le 8 mai 1945, les premiers tirailleurs algériens qui débarquent du croiseur Gloire font une entrée triomphale à Alger. La presse coloniale fait sa une sur la défaite du nazisme. Le jour même, débutent les manifestations organisées par le PPA à travers les principales villes algériennes. Brandissant des drapeaux alliés, y compris celui de la France mais aussi l'emblème algérien, scandant des mots d'ordre revendiquant l'indépendance de l'Algérie, portant des gerbes de fleurs devant être déposées devant les monuments aux morts, plusieurs centaines de milliers d'Algériens répondent à l'appel du PPA.
À Sétif et Guelma, cependant, l'événement prend une tournure dramatique. Le matin du 8 mai, avant que ne débute la marche, les manifestants sont invités par les organisateurs à déposer cannes, bâtons et couteaux devant la mosquée de Sétif. Le cortège, précédé par des scouts, devait se rendre au monument aux morts de la ville pour déposer une gerbe de fleurs en hommage aux soldats algériens tombés face au nazisme. Mais c'était sans compter avec le préfet de Constantine, Lestrade-Carbonnel, qui a ordonné aux forces de police : « Faites tirer sur tous ceux qui arborent le drapeau algérien. » Le commissaire de police Lucien Olivier ne se fait pas prier : il fait tirer sur les manifestants. Les colons, organisés en milices, participent à la répression.
De pacifiques, les manifestations deviennent violentes. Elles échappent au contrôle des nationalistes, tournent à l'émeute et embrasent tout l'Est algérien. Devant l'ampleur des cortèges de Sétif, mais aussi Kherrata et Guelma, l'administration coloniale fait intervenir l'armée. Légionnaires, tirailleurs sénégalais et même des prisonniers allemands et italiens sont engagés pour réprimer la révolte : manifestants fusillés sommairement par centaines, femmes violées...
L'aviation mitraille et bombarde les villages de montagne. Le croiseur Duguay-Troin qui se trouvait dans la baie de Bougie bombarde les douars de la montagne kabyle. À Périgotville, près de Guelma, on fusille tous ceux qui savent lire et écrire. À Chevreuil, Petite Kabylie, c'est par groupes de vingt que des Algériens sont passés par des armes. Des prisonniers fusillés sont jetés dans les gorges de Kherrata. Parmi eux, Rabah Hanouz, membre de la Ligue des droits de l'homme, et ses trois enfants.
À son frère Lounis, juste démobilisé à son retour de France, qui faisait partie du Comité pour l'amnistie des prisonniers, le ministre de l'Intérieur, André Le Troquet, lui demande d'oublier et de tourner la page. Les dizaines de milliers de manifestants qui ont été arrêtés seront libérés suite à une campagne du PCA qui avait pourtant condamné auparavant ce soulèvement populaire.
Officiellement cette répression a fait 1 500 morts algériens et 110 européens. Mais selon le général Duval qui a organisé cette répression, il y a eu 7 500 morts. Quant au général Tubert, membre de la commission d'enquête chargée de faire la lumière sur ces événements, il avance le chiffre de 15 000. Mais selon les nationalistes algériens, elle a fait 45 000 morts.
Au-delà de cette querelle des chiffres, le fait est que les manifestations du 8 mai 1945 ont été durement réprimées et que les auteurs de ce massacre relevant du crime de guerre n'ont jamais été inquiétés. Pis, le général Duval, qui a poussé le cynisme jusqu'à lire une prière à la mosquée de Constantine, déclare alors : « Je vous ai donné la paix pour dix ans. » Moins de dix ans après, le 1er novembre 1954, débutait la guerre d'Algérie !
"Ces événements-là resteront à jamais gravés dans sa mémoire. Lahcène Bekhouche avait dix-sept ans lors du soulèvement du 8 mai 1945 dans le Constantinois. « Des Algériens avaient participé à la libération de la France. En contrepartie, nous demandions la liberté et l'égalité des droits », raconte le vieil homme. Pour avoir pris une part active aux manifestations, il fut condamné à mort. Une sentence finalement commuée en peine de prison. Lahcène Bekhouche sera incarcéré pendant dix-sept ans, jusqu'à l'indépendance, en 1962. En Algérie, un 8 mai toujours à vif."
Rappel des faits, par Hassane Zerrouky pour l'Humanité.
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16:02 Publié dans Guerre, International, Libération | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sétif, algérie, répression, morts | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |