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03/05/2014

Le 20 avril 1914, les mineurs de Ludlow en grève sont massacrés

massacre_ludlow.png

Après plusieurs mois de grève sur ce site du Colorado appartenant 
à Rockefeller, la garde nationale et des nervis payés par les patrons de 
la mine attaquent le camp retranché des mineurs. Une des plus violentes luttes entre les travailleurs et le capital dans l’histoire des États-Unis.

C’était un matin d’avril, un lendemain de Pâques, cette fête que célébraient nombre des immigrés grecs de Ludlow (Colorado). Trois membres de la garde nationale étaient venus ordonner la libération d’un homme prétendument retenu contre son gré. Louis Tikas, le responsable du camp, s’était alors rendu à la gare, distante d’un kilomètre, afin de rencontrer le commandant du détachement. Pendant leur rencontre, deux compagnies installèrent des canons sur une crête dominant le camp de mineurs. Tikas sentit le coup fourré et retourna auprès des siens. Le feu fut déclenché peu après.

La bataille dura toute la journée. Des gardes sans uniforme, payés par les patrons de la mine, vinrent renforcer les miliciens du lieutenant Karl Linderfelt. Alors que le soleil se couchait, le passage d’un train permit à un certain nombre de mineurs de prendre la fuite. Quelques minutes plus tard, la soldatesque s’empara du camp. Louis Tikas fut arrêté en compagnie de deux autres mineurs. Son corps fut retrouvé le long de la ligne de chemin de fer. Il avait été abattu dans le dos. Sa dépouille resta trois jours de suite à la vue de tous, passagers des trains qui circulaient et résidents. Il fallait faire un exemple. Avec le leader syndicaliste, deux femmes, douze enfants, cinq mineurs et syndicalistes et un garde furent tués ce 20 avril 1914 à Ludlow, terme, selon Howard Zinn, de l’une 
des « plus amères et violentes luttes entre les travailleurs et le capital dans l’histoire de ce pays ».

Tout avait commencé en septembre 1913. Les 1 100 mineurs de la Colorado Fuel and Iron Corporation, détenue par la famille Rockefeller, se mirent en grève après le meurtre d’un syndicaliste. Ils ajoutèrent à leurs revendications une augmentation des salaires, la journée de huit heures de travail, la reconnaissance du syndicat et la fin du contrôle total de leur vie par la compagnie, qui en fit aussitôt démonstration, en les expulsant de leurs baraquements. Avec l’aide du Syndicat uni des mineurs (United Mine Workers Union), les grévistes dressèrent alors des tentes sur les collines voisines. Rockefeller embaucha les cerbères de l’agence de « détectives » Baldwin-Felts, spécialisée, tout comme l’agence Pinkerton, dans la répression syndicale. Une première « descente » échoua à briser le mouvement, malgré plusieurs morts dans le camp des grévistes. Le milliardaire Rockefeller se tourna alors vers « notre cher petit cow-boy de gouverneur » qui, ni une ni deux, fit appel à la garde nationale, 
créée en 1903. Les grévistes l’accueillirent avec acclamations et drapeaux au vent. Ils pensaient que la réserve de l’armée des États-Unis était venue pour les protéger… Ils déchantèrent rapidement lorsque les soldats attaquèrent le camp, arrêtèrent des centaines de mineurs et les firent parader, comme des prises de guerre, dans les rues de Trinidad, la ville la plus proche. Le mouvement tint pourtant bon tout l’hiver, jusqu’au 20 avril 1914, où il fut décidé d’en finir avec ces ouvriers rebelles. La réaction au massacre de Ludlow fut immédiate. À Denver, le syndicat des mineurs lança un « appel aux armes ». Trois cents mineurs rescapés s’armèrent et, à Ludlow, coupèrent 
le téléphone et le télégraphe, se préparant à la bataille. Les cheminots refusèrent d’emmener les soldats sur place, tandis qu’à Denver, ce sont des soldats eux-mêmes qui mirent l’arme au pied.

À Trinidad, la colère des mineurs dégénéra. Après les funérailles des victimes du massacre, des mineurs se rendirent dans les mines, firent exploser des puits et tuèrent plusieurs gardes. 
À Denver, le syndicat de l’industrie du tabac vota l’envoi de membres à Ludlow, tandis que des syndiquées de celui du textile se transformèrent en infirmières. L’affaire devint nationale mais un autre événement l’étouffa : le bombardement de la ville mexicaine de Vera Cruz par l’armée américaine. « La ferveur patriotique et l’esprit militariste pouvaient-ils dissimuler la lutte des classes », s’interrogeait Howard Zinn dans son Histoire populaire des États-Unis. La réponse fut, semble-t-il, positive. Au final, des troupes fédérales furent dépêchées à Ludlow sur ordre du président Woodrow Wilson. Faute d’argent, le mouvement de grève périclita en décembre. Il y eut une enquête parlementaire, des milliers de pages de témoignages. Les soldats de la garde nationale, traduits en cour martiale, furent acquittés. Les grévistes furent remplacés par de nouveaux ouvriers. Sur le Vieux Continent, un autre siècle avait déjà commencé dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, un siècle qui fut aussi celui de la reconnaissance des droits des salariés portés par les mineurs de Ludlow.

La « trace » de Ludlow dans les consciences.

Ce n’est désormais 
plus qu’une ville fantôme, comme on en voit dans 
les westerns. Il n’y a plus rien à Ludlow qu’un monument en granit à la mémoire 
des mineurs, reconnu comme un site historique national (National Historical Landmark) en 2009. Propriété du syndicat 
des mineurs UMWA, Ludlow a laissé une trace dans l’histoire, même si les premiers temps conduisirent à ensevelir les victimes 
dans l’oubli. Ayant senti 
le vent du boulet de 
la révolte sociale, Rockefeller accepta plus tard un certain nombre de mesures : représentation syndicale, non-discrimination 
des syndiqués. Ludlow laissa également 
une trace dans les consciences en devenant, selon la formule d’un historien, « une centralité saisissante dans l’interprétation de l’histoire de notre nation, 
développée par plusieurs penseurs de gauche d’importance du XXe siècle ». Parmi ceux-ci : 
Howard Zinn, l’historien, 
et Georges McGovern, 
le très progressiste 
candidat démocrate 
à l’élection présidentielle 
de 1972.

Christophe Deroubaix, l'Humanité- See more at: http://www.humanite.fr/le-20-avril-1914-les-mineurs-de-ludlow-en-greve-sont-massacres#sthash.9nh4jBWP.dpuf

11:19 Publié dans Actualité, Etats Unis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : social, usa, massacre, ludlow | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

08/03/2014

L'ORIGINE DU 08 MARS JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME !

mars8.jpgIl y a la discussion sur le moment où la date du 8 mars a été fixée et quel était l’organisme qui l’a fixée.Etait-ce la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes, à partir d’une proposition de Clara< Zetkin en 1910 ?

Ou bien s’agit il d’une résolution de la Troisième Internationale en 1919 ?

Les recherches historiques récentes suggèrent qu’effectivement, il y ait eu un incendie dans l’usine «Triangle Shirtwaist Company», où de nombreuses femmes ont trouvé la mort, surtout des jeunes filles d’immigrants, âgées entre 17 et 24 ans (1).

Ce n’était toutefois pas le 8 mars 1908, mais le 25 mars 1911. Et une manifestation sévèrement réprimée a eu lieu, non pas le 8 mars 1857 ni le 8 mars 1908, mais le 27 septembre 1909, lorsque les employé(e)s du syndicat du textile ont fait une grève de treize semaines demandant de meilleures conditions de travail.

Il ne fait aucun doute que les 26 et 27 août 1910 à Copenhague a eu lieu la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes, qui a adopté la proposition de la dirigeante allemande Clara Zetkin d’établir une journée internationale de la femme. Mais cette résolution n’a pas fixé de date.

La première célébration de la Journée internationale de la femme a donc eu lieu le 19 mars 1911 en Autriche, en Allemagne, au Danemark et en Suède.

Et les premières années, la Journée internationale de la femme était célébrée à des dates différentes selon les pays. Ce n’est qu’en 1914 que, sur proposition des femmes allemandes, la Journée internationale de la femme a été célébrée le 8 mars en Allemagne, en Suède et en Russie.

Et le 8 mars 1917 (le 23 février selon l’ancien calendrier) des travailleuses russes se sont mobilisées en quête de nourriture, ce qui a mis en route le processus révolutionnaire qui aboutirait en octobre de la même année à la conquête du pouvoir par les travailleurs dirigés par le parti bolchevik. Depuis lors, la date du 8 mars a été adoptée pour célébrer la Journée internationale de la femme dans tous les pays.

Sources Le Courrier International.

usa8.jpg(1) L’incendie de l'usine Triangle Shirtwaist le 25 mars 1911 à New York est l'une des catastrophes industrielles les plus meurtrières de l'histoire de la ville.

L'incendie a causé la mort de 146 travailleuses de l'usine de confection et provoqué 71 blessées, essentiellement des femmes originaires du sud de l’Italie ou d'ascendance juive européenne. Elles moururent par asphyxie, brûlées vives ou par défenestration. Les gérants avaient fermé les portes de la cage d'escalier et les sorties.

L'onde de choc sociale occasionnée par la catastrophe a suscité directement ou indirectement l'émergence de la plus grande œuvre législative à caractère social de l'histoire new-yorkaise et américaine en général, s'agissant notamment de l'amélioration des normes de sécurité dans les usines.

L'usine Triangle Shirtwaist était situé dans l’Asch Building, maintenant connu sous le nom de Brown Building of Science, un bâtiment lié à l'université de New York. Il a été désigné en tant que National Historic Landmark.

Sources Wikipédia

15:43 Publié dans Actualité, Etats Unis, International, Monde, Révolution | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 8 mars, origine | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

22/11/2013

50 ans de l'assassinat de JFK: Kennedy ou la nostalgie frelatée d’un "paradis perdu"

vietnam, histoire, Etats-Unis, john f. kennedy

L’assassinat de John Fitzgerald Kennedy symbolise le passage de l’apparente quiétude de l’après-guerre au vacarme des années 1960. Quant au premier président catholique de l’histoire du pays, il n’a pas eu le temps de laisser une trace tangible hors celle de son propre sang.

Ce sont, en définitive, trois histoires qui s’enchevêtrent tragiquement en une même journée automnale mais ensoleillée de Dallas, Texas : l’assassinat d’un président des États-Unis, le destin tragique d’une dynastie (1) et la projection d’un pays dans une autre époque. Il a tant été écrit sur les deux premières dimensions qu’il n’y a plus rien à ajouter. Il faut désormais attendre l’ouverture des archives qui permettra, peut-être, d’y voir clair entre la thèse du tireur unique (la conviction semble même avoir abandonné ses derniers défenseurs) et celle du complot ou plutôt des complots (mafia, mafia-CIA, castriste…). En attendant, on gardera pour livre de chevet American Tabloïd de James Ellroy : « La véritable trinité de Camelot était : de la Gueule, de la Poigne et de la Fesse. Jack (John Fitzgerald – NDLR) Kennedy a été l’homme de paille mythologique d’une tranche de notre histoire particulièrement juteuse. Il avait du bagou et arborait une coupe de cheveux classe internationale. C’était le Bill Clinton de son époque, moins l’œil espion des médias et quelques poignées de lard. » Et encore et surtout : « Jack s’est fait dessouder au moment optimal pour lui assurer sa sainteté. Les mensonges continuent à tourbillonner autour de sa flamme éternelle. (…) L’heure est venue de démythifier toute une époque et de bâtir un nouveau mythe depuis le ruisseau jusqu’aux étoiles. L’heure est venue d’ouvrir grand les bras à des hommes mauvais et au prix qu’ils ont payé pour définir leur époque en secret. »

L'Humanité du 23 novembre 1963 « Démythifier toute une époque »

En plein dans le mille. Aux États-Unis, nombre d’observateurs datent de ce lieu et de ce jour la fin de l’« insouciance ». Des organisations politiques, presque exclusivement de droite, ont cultivé cette nostalgie des années cinquante, censées représenter un petit paradis perdu. C’était l’époque des « unlocked doors » (portes non bouclées à double tour), les années bénies « when we liked Ike » (quand nous aimions Ike, le surnom d’Eisenhower, président de 1952 à 1960). A contrario, les années soixante seraient synonymes de « chienlit », de révoltes multiformes sapant l’autorité du « modèle américain ».

La « révolution conservatrice » reaganienne a largement mobilisé cette imagerie d’une Amérique tranquille et prospère que l’on est venue déranger. De même que le sens des paroles de la chanson de Springsteen Born in the USA, jouée dans les meetings républicains des années 1980, avait échappé aux stratèges reaganiens, un malentendu règne sur les années 1950. Si cette décennie représente une symbolique forte, c’est celle du New Deal triomphant. Même le Parti républicain ne conteste pas, à ce moment-là, l’héritage laissé par les présidences de Franklin Delano Roosevelt. C’est sous le général républicain Eisenhower que le taux d’imposition sur les plus hauts revenus atteint son pic (91 %) ou que le syndicalisme est à son diapason, imposant, notamment dans l’automobile, des accords avantageux pour ses membres. Mais comment oublier que les fifties furent aussi le temps de la paranoïa maccarthyste et de la chasse aux sorcières, de la guerre en Corée et de la naissance et de l’expansion du mouvement des droits civiques. Tout sauf une décennie républicaine et paisible…

Premier président catholique de l’histoire du pays, élu à 43 ans, personnage télégénique formant un couple people avec Jackie, JFK symbolise le passage à un « quelque chose d’autre » encore mal défini. En matière de politique étrangère, il poursuit l’œuvre de ses prédécesseurs, donne son feu vert à la désastreuse invasion de la baie des Cochons, retourne en sa faveur la crise des missiles de Cuba en 1962, amorce l’engrenage guerrier au Vietnam. Sur le plan intérieur, il apporte un soutien au mouvement des droits civiques et reçoit Martin Luther King lors de la marche sur Washington en août 1963, mais se montre prudent quant à la possibilité de légiférer. Il prépare un grand plan contre la pauvreté, mal endémique au pays du « rêve américain ». Au sens littéral, il promet la lune aux Américains. Incontestablement, la génération du baby-boom qui arrive à l’âge adulte en a fait son porteur d’espoirs. Pour autant, au soir du 22 novembre 1963, la « nouvelle frontière », promise lors de son discours à la convention démocrate en 1960, n’a encore connu aucune matérialité.

Et c’est finalement son vice-président détesté, Lyndon B. Johnson, vieux sudiste repenti, qui, par la force du mouvement de la société, entrera dans l’histoire du pays à la fois comme l’un de ses plus grands législateurs avec son projet de « grande société » (loi sur les droits civiques, guerre à la pauvreté, réforme de l’immigration) et comme celui qui a décuplé le déluge de fer et de feu au Vietnam. Quant à JFK, il est le seul des présidents panthéonisés sans grande réforme à son actif. « Jack s’est fait dessouder au moment propice pour lui assurer sa sainteté »…

(1) Voir à ce propos Il n’y a pas de Kennedy heureux, 
un film de Patrick Jeudy.


Le cerveau disparu. Aussi improbable que cela puisse paraître, personne ne sait où se trouve le cerveau du président assassiné. La disparition a été constatée dès 1966. En 1972, l’expert légiste Cyril Wecht constate que manquent également à l’appel des clichés aux rayons X, des photos et des prélèvements de tissus.Qui a donc subtilisé ces pièces essentielles à la compréhension du drame du 22 novembre 1963 ? Le propre frère de la victime, Robert Kennedy, répond l’écrivain et avocat James Swanson, dans un livre récemment publié End of days : the Assassination of John F. Kennedy. « Ma conclusion est que Robert Kennedy a récupéré le cerveau de son frère non pas pour dissimuler les preuves d’un complot, mais plutôt pour cacher les preuves de l’étendue réelle d’une maladie qui touchait le président Kennedy, ou peut-être pour cacher les preuves de la quantité de médicaments que le président prenait », a-t-il étayé.

Christophe Deroubaix, pour l'Humanité