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28/10/2015

L'ADIEU AUX BRIGADES INTERNATIONALES

espbi.jpgÀ la demande du comité de non-intervention, le gouvernement républicain de Juan Negrín consentit à retirer du front ses volontaires étrangers des Brigades internationales pendant que l'Allemagne Nazie et l'Italie fasciste continuaient à équiper et aider Franco, le gouvernement français de Léon Blum fermant les yeux devant ce marché de dupes.

Une parade d'adieux a lieu à Barcelone le 29 octobre 1938.

espasionaria1.jpgExtraits émouvant du discours de Dolores Ibarruri (La Pasionaria)

"Mères ! Femmes ! Lorsque les années auront passé et que les blessures de la guerre seront cicatrisées ; lorsque le souvenir des jours de détresse et de sang se sera estompé dans un présent de liberté, d'amour et de bien-être ; lorsque les rancœurs seront mortes et que tous les espagnols sans distinction connaîtront la fierté de vivre dans un pays libre, alors, parlez à vos enfants. Parlez leur des hommes des Brigades Internationales.

capa1.jpgDites-leur comment, franchissant les océans et les montagnes, passant les frontières hérissées de baïonnettes, épiés par des chiens dévorants avides de déchirer leur chair, ces hommes sont arrivés dans notre pays comme des croisés de la liberté. [...]
Ils abandonnèrent tout : tendresse, patrie, foyer, fortune, mères, épouses, frères, sœurs et enfants, et vinrent nous dire : Nous voici. Votre cause, la cause de l'Espagne, est la nôtre. C'est la cause de toute l'humanité éprise de progrès !

Aujourd'hui, ils s'en vont. Beaucoup d'entre eux, des milliers, restent ici, avec comme linceul, la terre espagnole, et tous les espagnols se souviennent d'eux avec une émotion profonde. [...]

brigade.jpgCamarades des Brigades Internationales ! Des raisons politiques, des raisons d'État, l'intérêt de cette même cause pour laquelle vous avez offert votre sang avec une générosité sans limites, font que vous repartez, certains de vous dans leur pays, d'autres vers un exil forcé.

Vous pouvez partir la tête haute. Vous êtes l'histoire, la légende, l'exemple héroïque de la solidarité et de la démocratie universelle[...]. Nous ne vous oublierons pas ; et quand l'olivier de la paix se couvrira de nouveau de feuilles mêlées aux lauriers victorieux de la République espagnole, revenez ! "

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LES BRIGADES INTERNATIONALES

Dès le mois d'août 1936, en dépit des accords dits de non intervention, l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste soutiennent activement les troupes de Franco. Celui-ci proclame qu'il prendra Madrid avant le 12 octobre.
La passivité des pays démocratiques indigne les antifascistes du monde entier. Le 1er octobre 1936, le premier noyau de volontaires appelés à former les Brigades Internationales arrive à Alicante.
On en comptera 35.000 accourus d'Europe et d'Amérique pour défendre la jeune République Espagnole. 10.000 d'entre eux y feront le sacrifice de leur vie.

Des volontaires venus du monde entier
Les réfugiés italiens (3 500), allemands et autrichiens (5 000) voient dans la guerre civile espagnole leur première chance de prendre leur revanche sur le fascisme.
Les Français (qui représentent le contingent le plus nombreux avec 10 000 hommes, dont 3 000 seront tués), les Britanniques (200 volontaires) et les volontaires d'Amérique du Nord (au nombre de 2 800) viennent en Espagne pour stopper l'agression fasciste, à l'encontre de l'attitude officielle de leurs gouvernements respectifs, lesquels optent pour la neutralité officielle en signant l'accord de non-intervention du 28 août 1936.

Les volontaires sont rassemblés par la IIIe Internationale ou Komintern qui décide le 18 septembre de procéder au recrutement, parmi les ouvriers de tous les pays, de volontaires ayant une expérience militaire, en vue de leur envoi en Espagne. 23 bataillons forment 6 Brigades internationales.
Les Soviétiques, dont le nombre est certainement inférieur à 2 000 et ne dépasse jamais plus de 500 à la fois, occupent des positions relativement importantes : par exemple, à l'état-major général ou comme instructeurs sur les aérodromes militaires. Les premiers volontaires passent la frontière franco-espagnole clandestinement dès le mois d'octobre 1936.

Après un entraînement rudimentaire à Albacete, où le Français André Marty est inspecteur des Brigades, les premières unités sont engagées pour défendre Madrid assiégée le 8 novembre, à la Casa del Campo. Ces volontaires sont alors amalgamés aux défenseurs espagnols dans la proportion d'un homme pour quatre, dans le but de les soutenir moralement et de pouvoir transmettre leur expérience du service militaire aux civils.

Le rôle militaire des Brigades internationales
Les Brigades internationales représentent une force vitale pour la défense de Madrid. Au début de 1937, elles contribuent à empêcher, en subissant des pertes énormes, l'encerclement de Madrid par les troupes nationalistes, notamment lors de la bataille de Jarama en février, où elles gardent le contrôle de l'axe routier Madrid-Valence.
Les pertes sont toujours importantes. En mars 1937, les Brigades sont aussi impliquées dans la bataille de Guadalajara.

Elles jouent un rôle substantiel dans les offensives ultérieures, comme la prise de Belchite et de Teruel. Dans la phase défensive finale de la guerre, les Brigades jouent un rôle stratégique dans l'attaque de diversion spectaculaire des républicains sur l'Èbre, afin de tenter de rétablir le contact avec la Catalogne. Cependant, malgré leurs premiers succès et après avoir subi trois mois de bombardements d'artillerie intenses sous une chaleur torride, les républicains doivent se retirer.

Le nombre total des étrangers qui ont ainsi combattu ainsi est de 40 000, représentant cinquante-deux nationalités différentes. Pourtant, les effectifs n’ont jamais dépassé plus de 18 000 hommes à la fois. En tout, 9 934 membres des Brigades internationales sont morts et 7 686 ont été sérieusement blessés. Nombre d’entre eux sont arrêtés et internés dans des camps en France après qu’ils ont passé la frontière.

Parmi les étrangers engagés qui sont devenu célèbres, Josip Brosz, le futur Tito, qui se charge à Paris du passage vers l'Espagne des Brigades internationales ; Walter Ulbricht, qui a été président de la RDA ; Palmiro Togliatti, le chef du Parti communiste italien (PCI) ; Gueorgui Dimitrov, le futur chef du gouvernement bulgare ; Klement Gottwald, qui est devenu président de la République tchécoslovaque ; les communistes français André Marty, Charles Tillon et Rol-Tanguy, chefs des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTP ou FTPF) en 1944. André Malraux dépendait du commandement aérien central et non des Brigades.

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L'épopée de la Brigade Abraham Lincoln
De janvier 37 à novembre 38, plus de 2800 volontaires américains ont combattu aux côtés des républicains espagnols au sein des Brigades Internationales.

Marins de San Francisco, étudiants et professeurs du Wisconsin ou de l'Illinois, mineurs de Pennsylvania et de l'Ohio, ouvriers, poètes, artistes-peintres de New York et du New Jersey, ils venaient des quatre coins des Etats-Unis. Modèle d'intégration antifasciste, 30% des brigadistes américains étaient d'origine juive et 90 volontaires d'origine noire, dont un commandant . Tous ensemble, ils formaient la légendaire Brigade Abraham Lincoln

L'American Medical Service comptait 125 médecins, infirmières et ambulanciers.
Environ huit cent volontaires américains tombèrent en Espagne.

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17/10/2015

Rivesaltes, mémoire des camps français

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Vendredi 16 octobre a été inauguré le mémorial du camp de Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales, où furent internés réfugiés espagnols républicains, juifs, tziganes en 1941-1942, puis harkis en 1962. Entretien avec l'historien Denis Peschanski, directeur 
du conseil scientifique 
du mémorial.

Quand le camp de Rivesaltes a-t-il été créé ? À quoi devait-il servir ?

Denis Peschanski Les premiers convois d’internés arrivent le 14 janvier 1941. Il était déjà envisagé, depuis quelque temps, de se servir de ce vaste espace de 600 hectares qui n’était encore qu’un camp militaire. La crise des camps français à l’automne 1941, avec une croissance spectaculaire de la mortalité, va pousser les autorités françaises, sous la pression des pays étrangers et des œuvres d’assistance, à trouver cette solution. Le camp était en dur et l’on s’imaginait que des internés affaiblis supporteraient la vie dans cette plaine de Rivesaltes battue par le vent, terrible, le froid l’hiver et la chaleur suffocante l’été. Comme si la pénurie alimentaire allait être réglée parce qu’on changeait de lieu ! Les premiers mois dans le camp ont pourtant montré la dure réalité.

Avec l’arrivée des réfugiés républicains espagnols, le camp a-t-il changé d’échelle et de fonction ?

Denis Peschanski En fait, à la différence de ceux qu’on appelle les « camps de la Retirada », construits ou mobilisés juste après la défaite de la République espagnole en 1939, Rivesaltes ouvre plus tardivement. Pourtant, les Espagnols représentent 53 % de la population internée à Rivesaltes entre janvier 1941 et novembre 1942, soit 9 000 des 17 500 personnes passées par le camp. Ils furent alors internés au nom de la logique d’exclusion qui était au cœur du régime de Vichy. Pour les gouvernants de l’État autoritaire, rien ne servait de lutter contre l’occupant, il fallait régénérer la société française de l’intérieur, et rassembler les éléments dits « purs » autour des valeurs traditionnelles et exclure les éléments dits « impurs » considérés comme responsables de la défaite. Ces figures de « l’anti-France » pour reprendre les mots de Pétain, avaient pour noms : l’étranger, le juif, le communiste et le franc-maçon. En cela, les Espagnols et les juifs étrangers présents à Rivesaltes étaient bien sûr des cibles.

Pendant l’Occupation, Rivesaltes devient l’antichambre 
de la Shoah. Est-il devenu un maillon de l’extermination nazie ?

Denis Peschanski Le camp de Rivesaltes joue en effet un rôle crucial et singulier. Un changement majeur s’opère à l’été 1942 : ce n’est plus la logique d’exclusion de Vichy qui prime mais la logique de déportation pour l’extermination des juifs de France voulue par l’occupant nazi. Au nom de la collaboration, Vichy va accepter de cogérer la mise en œuvre de la solution finale en France. Il faut savoir que, entre août 1942 et novembre 1942, près de 10 000 juifs de zone sud sont livrés aux Allemands 
par Vichy, soit avant l’entrée du premier soldat allemand dans « la zone libre ».

Neuf convois partiront de Rivesaltes jusqu’à sa fermeture. Mais le camp de Rivesaltes devient, début septembre, centre interrégional de déportation : dès lors et jusqu’en novembre, tous les juifs de zone sud livrés aux Allemands seront d’abord rassemblés à Rivesaltes qui, pour reprendre l’expression de Serge Klarsfeld, devient « le Drancy de zone libre ». Au total, près de 2 300 juifs sont déportés du camp. Mais on retiendra aussi qu’ils étaient près de 5 000 à être rassemblés à Rivesaltes durant ces mois terribles.

C’est le camp dont le plus de juifs ont pu échapper à la déportation. Phénomène exceptionnel dû à la mobilisation des œuvres d’assistance (Secours suisse aux enfants, OSE, Cimade, YMCA, etc.) qui ont su associer action légale, qui leur permettait d’être acceptées dans le camp, et action illégale, pour aider au sauvetage. Elles étaient aidées par un personnage étonnant, Paul Corazzi, envoyé par le préfet pour le représenter dans ces opérations, et qui va immédiatement travailler main dans la main avec les œuvres. Ils ont tout fait, en particulier pour sauver les enfants et, effectivement, très peu d’enfants (mais trop) sont partis de Rivesaltes vers les chambres à gaz.

L’un des moyens était simple en apparence : il fallait que les mamans signent un papier par lequel elles abandonnaient leurs enfants qui, dès lors, étaient confiés aux œuvres et exfiltrés immédiatement. Imaginez ce qu’a pu être ce double traumatisme, 
chez la mère et chez l’enfant.

En 1962, 20 000 harkis sont regroupés dans le camp de Rivesaltes... Ce camp a servi à interner des populations très différentes. N’est-il pas difficile aujourd’hui d’en faire un lieu de mémoire commun à tous ces gens ?

Denis Peschanski De fait, l’originalité de ce camp est de rendre compte des deux traumatismes du second XXe siècle français : la Seconde Guerre mondiale et la guerre 
d’Algérie. Plus de 21 000 harkis, ces supplétifs de l’armée française en Algérie, sont passés par ce camp entre 1961 et 1964. Quelques voix se sont alors élevées parmi les anticolonialistes pour dénoncer le sort qui leur était fait, comme Pierre Vidal-Naquet. Au sortir de la guerre d’indépendance, ils étaient rejetés par l’Algérie, non désirés par le gouvernement français, marginalisés par une opinion française. La principale difficulté fut donc de trouver un récit partagé d’histoires et de mémoires si différentes. Pas question de mettre un signe d’égalité entre ces populations. Pourtant, il y a unité de lieu (le camp) et même logique de déplacements forcés de population. Au-delà, cela signe la dimension humaniste revendiquée de ce mémorial : ceux qui viennent comprendre une histoire qui leur est proche vont découvrir d’autres destins passés par le lieu.

L’inauguration du mémorial a lieu alors que, à nouveau, des réfugiés convergent vers l’Europe. L’histoire de Rivesaltes peut-elle aider la population française à trouver les bonnes réponses ?

Denis Peschanski Oui. Profondément oui. Le dernier film que nous présentons dans le parcours a été tourné en juin dernier. Nous avions décidé de mettre en scène un 
dialogue entre Philippe Leclerc, le représentant en France du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), et moi-même. La question était simple : le XXe siècle a été celui des guerres, des camps, des déplacements forcés de population.

Qu’en est-il en ce début 
de XXIe siècle ? Et Philippe Leclerc nous alerte : avec 60 millions de déplacés, singulièrement autour de la guerre de Syrie, le monde connaît un pic inégalé ; et l’Europe ne doit pas rechigner devant l’accueil de quelques centaines de milliers d’entre eux quand on sait, 
par exemple, que ces réfugiés représentent près du cinquième de la population du Liban ! Alors, je n’ajouterai qu’une chose : debout les consciences !

Denis Peschanski est  Historien, directeur 
du conseil scientifique 
du mémorial

Entretien réalisé par Dany Stive, L'Humanité

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18:09 Publié dans Actualité, Guerre d'Espagne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rivesaltes, déportation, camps | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

28/09/2015

Anciens et nouveaux « collabos ». Ils sont une offense à notre pays. Ils le déshonorent.

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Des dizaines de milliers de descendants de Républicains espagnols, fils, filles, petits-fils (filles) du premier exode massif du 20 siècle, vivent avec douleur l’attitude de « la France officielle », macronisée, dans la « crise des migrants »... que nous sommes tous.

Cette France des classes dominantes, prêtes à tout, et d’abord aux « réponses sécuritaires », pour conserver pouvoir, privilèges, hégémonie, est celle des féodaux, des Versaillais, des émigrés de Coblentz, de la Cagoule, des Maîtres des Forges, des « Croix de Feu », des anti-Dreyfusards, de la « milice », des pétainistes, celle qui depuis le début des années 1930, fascinée par le « modèle allemand », prépara la fascisation de la démocratie et la liquidation de la République, cette « gueuse ».
Tout fut volontaire, organisé, délibéré... Le vernis démocratique vite jeté aux orties par intérêt de classe.
Lorsque nos parents, ces premiers antifascistes, vaincus, abandonnés par toutes les « démocraties », arrivèrent par milliers à la frontière catalane, la France officielle ne fut pas dépassée. Elle savait que la Catalogne tombée, la « Retirada » provoquerait un exode très nombreux. Face au drame annoncé, Elle, qui par la « non intervention » préféra Franco au « Frente-crapular », promut le « chaos », la xénophobie, parlant y compris « d’invasion »... au lieu de simple humanité. Les mêmes, toujours les mêmes !
La France des « élites » avait depuis longtemps, par « anti-bolchévisme », choisi la défaite, donc son camp : celui de Franco. Voilà pourquoi elle humilia nos parents et en parqua 275.000, sur près de 500.000, dans des camps dits à l’époque « de concentration », entourés de barbelés et surveillés par d’arrogants gendarmes et des forces militaires « coloniales » fanatisées. Ces camps : Argelès, Barcarès, Gurs, Collioure, le Vernet, Setfonds, Saint-Cyprien, Rieucros... Aujourd’hui , nous les « héritiers », portons encore en nous cette blessure originelle, et ce traumatisme fondateur.
 
Le gouvernement Daladier, « de gauche », « queue du Front populaire », à majorité radical-socialiste, investi le 10 avril 1938, menait à la fois une guerre anti-ouvrière (« Plan de redressement économique et financier », « assouplissement de la loi des 40 heures », tiens , tiens !), une répression ciblée, contre les communistes, et criminalisait les « étrangers », surtout « les mauvais étrangers », les « rouges ». Valls n’a rien inventé...
Dès le 12 avril 1938, (puis en novembre) des décrets répriment les « propagandes étrangères » et engagent la chasse à tous les « mauvais étrangers », aux « indésirables »... Plus tard, les décrets-lois des 12 et 19 avril 1939, renforcent cette traque aux « indésirables » : les antifascistes de la MOI, les militants de diverses nationalités réfugiés en France, traités comme des chiens, et qui seront les premiers à prendre les armes (en France, cette France qui foula aux pieds leur dignité), pour continuer un combat antifasciste sans frontière, porteurs d’une « patrie d’idéal ».
 
Ces « envahisseurs » furent, par internationalisme, par antifascisme, plus « patriotes » que beaucoup de Français « de souche » !
Par haine de classe, le 12 novembre 1938, fut adopté un décret sur « l’internement des étrangers indésirables » dans des « centres (bien) spéciaux » (déjà !). La première réaction de cette France des « élites », de la « synarchie », des collabos, et de quelques brebis « de gauche » faussement égarées, fut de renvoyer ces « rouges dangereux » en Espagne, donc à la mort. A la fin 1939, les deux-tiers des réfugiés des « camps de la honte », avaient, le plus souvent sous la contrainte, repris le chemin du retour. Les autres furent contraints au travail forcé, dans des « Groupes de travailleurs étrangers » (GTE) militarisés, surveillés par les services français, les franquistes et les agents nazis.
 
La France versaillaise, fébrilement « germanophile », nomma ambassadeur en Espagne franquiste (choix ô combien symbolique), un certain Philippe Pétain. Choix délibéré. La France reconnut le gouvernement putschiste de Burgos avant même la fin officielle de la Guerre (premier avril 1939). Un inédit dans les relations internationales !
 
Par les «accords Bérard-Jordana » (27 février 1939) , un « deuxième Munich », la France de « la bonne société » une nouvelle fois capitula délibérément, devança même la demande, et s’engagea à livrer à Franco les 50 tonnes d’or que les autorités espagnoles avaient déposé en 1931 à Mont-de-Marsan (annexe de la Banque de France), et qu’elle avait refusé aux gouvernements républicains (au nom de la « non intervention » !) lorsqu’ils en firent la demande. Ah, la farce de cette si interventionniste « non intervention » !!
 
Pétain ambassadeur allait « s’occuper » de ces antifascistes étrangers gênants, « subversifs », et travailler à ce que des milliers soient refoulés et livrés de force à l’ami, l’allié, Franco. Pétain alla jusqu’à vanter le régime franquiste.
 
Début août 1939, il adressa un message officiel au « caudillo » « par la grâce de Dieu » et d’Hitler, louant l’architecture d’une Espagne « pacifiée et pacifique, une, grande, libre » (Voir le lumineux « De Munich à Vichy », de Annie Lacroix-Riz, éditions Armand Colin,  p. 121)
 
La « grande presse » française se déchaînait contre ces « hordes d’envahisseurs » espagnols.
 
esprefugiés.gifLe 9 février, la semaine même où des milliers de combattants de la liberté, de femmes, d’enfants, épuisés, affamés, bombardés en permanence, arrivaient à la frontière de ce qu’ils croyaient « le pays des droits de l’homme », l’éditorialiste du « Patriote des Pyrénées », quotidien à grand tirage, écrivait : « En un siècle où ne règne que la force, où la moindre faiblesse se paie par le sang, il est déjà bien que nous n’ayons pas refoulé la « horde wisigothique ».
 
Pagès dénonçait « le danger de contagion morale et physique, sans compter les femmes, plus indésirables que leurs compagnons, qui vont rôder dans tout le sud-ouest ». La France vit les évènements d’Espagne par procuration. La guerre idéologique fait rage. L’opinion publique, chauffée à blanc, est majoritairement hostile à « l’invasion », avale la xénophobie officielle et l’austérité pour les « classes dangereuses ».
 
Seules la CGT, beaucoup de mairies de gauche, le parti communiste, des militants d’autres partis de gauche, le Secours Rouge, des associations et organisations humanitaires, le Comité international pour l’aide à l’Espagne républicaine, des intellectuels comme Paul Langevin, le libertaire comité « Solidarité internationale antifasciste », etc. sauvent l’honneur de la France en organisant, par solidarité de classe, et/ou simple humanisme, un accueil solidaire.
 
Oui, disons-le et répétons-le, crions-le jusqu’à satiété, les mêmes, toujours les mêmes !
 
Jean Ortiz, l'Humanité
 
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