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11/08/2021

Les vaccinations obligatoires qui déclenchaient une émeute à Montréal en 1885

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Plus de 2 000 émeutiers violents – certains armés de pierres, d’autres de revolvers – ont fait irruption dans les rues pour protester contre les vaccinations obligatoires.

« Tuez les vaccinateurs », ont-ils crié.

La scène se passait à Montréal dans la nuit du 28 septembre 1885, après que la ville a décidé d’imposer des vaccinations obligatoires pour lutter contre une épidémie de variole.

Les manifestants étaient des résidents du quartier canadien français de Montréal, où la méfiance à l’égard du gouvernement à majorité anglaise était profonde.

L’épidémie de variole à Montréal commença au début de 1885 lorsqu’un conducteur du chemin de fer du Grand Tronc arriva dans la ville avec la maladie et se porta soigner à plusieurs endroits. Alors que ce qu’on a appelé la « mort rouge » se propageait, Montréal a lancé un programme d’inoculation volontaire, mais les Français résidents canadiens ont résisté.

Bien que l’inoculation contre la variole ne soit pas nouvelle, certains craignaient que les vaccinations soient dangereuses. Certains ne comprenaient pas à quel point la maladie était contagieuse. Certains croyaient aux rumeurs selon lesquelles les vaccinateurs de la ville allaient dans les chambres à coucher et attachaient les enfants pour qu’ils soient vaccinés.

Une brochure anti-vaccination disait « Stop!! Les gens sont conduit comme des animaux muets à l’abattoir ». Certains groupes religieux ont appelé la variole la « marque de la bête » biblique – la même affirmation faite par les théoriciens du complot sur les vaccins contre le coronavirus sur les réseaux sociaux de certains groupes chrétiens.

Alors que les décès dus à la variole à Montréal avaient dépassé les 3 000 résidents, le Conseil de santé de la ville a décidé de rendre les vaccinations obligatoires à compter du 28 septembre 1885. Le président du conseil d’administration a tenté de contrer les fausses craintes.

« Cela ne signifie pas que les gens doivent être saisis et bloqués et donc vaccinés par la force », a-t-il déclaré. « Cela signifie que le vaccinateur se rendra à la porte d’une maison et demandera la preuve que tous [qui y résident] sont vaccinés. » Si ce n’est pas le cas et qu’ils refusent d’être vaccinés, ils seront condamnés à une amende, a rapporté la Gazette de Montréal.

Pourtant, des foules hystériques ont commencé à se former l’après-midi du 28. Trois Français membres du conseil municipal canadien « ont proféré la menace de brûler la ville et de tirer sur tous ceux qui sont favorables à ce que la vaccination soit rendue obligatoire », a rapporté le Detroit Free Press.

Le résultat a été rapporté à travers le Canada et les États-Unis sous des titres tels que « MONTREAL’S MAD MOB ».

Vers 19 heures, «une foule hurlante » a attaqué une succursale du ministère de la Santé et « détruit le bâtiment », a rapporté le Philadelphia Inquirer. La foule, de plus en plus nombreuse, a ensuite marché jusqu’à l’hôtel de ville. Quelques policiers étaient de service, mais « la foule les a chassés de leur chemin comme des moutons ».

« Un élément remarquable de l’émeute a été l’effondrement total de la police et la preuve de son incapacité à faire face à la foule », a rapporté la Gazette de Montréal. « Les émeutiers ont agi avec une nonchalance qui montrait leur indifférence à la présence de la police. »

La foule des émeutiers s’est tournée à côté du poste de police central. « Des coups de revolver ont été tirés librement sur la police », a déclaré le Boston Transcript. « Pour effrayer les hommes, la police a tiré au-dessus de leurs têtes ce qui a été accueilli par des railleries et des rires. »

Le maire de Montréal était malade chez lui lorsqu’il a appris la protestation. Il a pris le téléphone et a fait sonner les cloches de la cathédrale Notre-Dame « pour que les policiers des différents postes de la ville se rassemblent » au poste central de police, rapporte la Gazette de Montréal.

Le maire et le chef de la police se sont dirigés vers le bureau de la santé, qui a de nouveau été attaqué. Lorsque le chef a essayé de se précipiter à l’intérieur à travers la foule, il « a été renversé d’un coup de bâton et a reçu des coups de pied jusqu’à ce qu’il soit presque évanoui », a déclaré la Gazette. Finalement, un groupe important de policiers est arrivé : « Les policiers ont chargé la foule, les matraquant à droite et à gauche, et ont réussi à les disperser. »

À 1 .m, la ville était calme.

Un journaliste du Detroit Free Press était sur les lieux. « Votre journaliste à 13 heures ce matin vient de rentrer de l’est, qui est entièrement habité par des Français-Canadiens. Deux mille personnes y sont rassemblées dans une totale et frénétique excitation. Ils ont déclaré qu’ils préféreraient mourir plutôt que d’être vaccinés et qu’ils ne se soumettront pas aux « chiens anglais ».

Deux manifestants auraient été tués au cours de la mêlée et les dégâts matériels ont été importants. Le maire a appelé l’armée la nuit suivante et le calme a été rétabli dans la ville.

Lors d’une réunion du conseil municipal, les trois représentants canadiens français ont continué de dénoncer les vaccins plutôt que les émeutiers. « Ce sont des élus qui représentent les paroisses où la variole est la plus répandue et qui prennent cette voie pour gagner les faveurs de leurs électeurs », a déclaré le New York Times.

Deux semaines plus tard, le Dr Alexander Ross, l’un des membres du conseil municipal anti-vaccination qui avaient incité les manifestants, a été arrêté à bord du train Chicago Express en provenance de Montréal par un inspecteur de la santé canadien, a rapporté le St. Louis Post Dispatch. Une perquisition a révélé que « le grand défenseur de la partie ignorante de la lutte contre la vaccination avait été vacciné récemment ».

19:38 Publié dans Monde, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : montréal, vaccins | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

26/03/2020

Histoire. 1860, Nice et Savoie, rattachement ou annexion ?

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Par le traité de Turin du 24 mars 1860, la France de Napoléon III récupère le duché de Savoie et le comté de Nice. Un crève-cœur pour le combattant de l’unité italienne Giuseppe Garibaldi.

La bataille fait rage, ce 24 juin 1859 à Solférino, entre les troupes franco-piémontaises de Napoléon III et celles de l’empereur François-Joseph d’Autriche. Toujours en Lombardie, près du lac Majeur, des « Chasseurs des Alpes » harcèlent le flanc droit de l’occupant. À leur tête, Giuseppe Garibaldi, nommé général par le roi de Piémont-Sardaigne, Victor-Emmanuel II. Le héros des deux mondes a mis sa conscience républicaine en veilleuse : « Je m’étais convaincu que l’Italie devait marcher avec le roi pour se libérer de la domination étrangère. » Il sera ainsi de tous les combats pour réaliser l’unité de cette Italie, charcutée depuis le traité de Vienne de 1815 en trois duchés et cinq États régionaux.

Le pacte secret entre Napoléon III et le ministre de Piémont-Sardaigne, Camille Cavour

Savoie 2.jpgEn Lombardie, les Piémontais et leurs alliés prennent le dessus sur les Autrichiens qui se replient en Vénétie. Encouragés en sous-main par l’empereur français qui craint une intervention de la Prusse, ils signent l’armistice, le 11 juillet 1859. Ce, au grand dam de Camille Cavour, ministre bourgeois de Piémont-Sardaigne qui, se disant trahi par Napoléon III, donne sa démission.

C’est que l’empereur français et le ministre italien avaient, en juillet 1858, conclu un pacte, complété en janvier 1859 à Plombières (Vosges) par un volet secret : Napoléon III aiderait le roi de Piémont-Sardaigne à se débarrasser de l’occupant à condition que l’Autriche tire le premier coup de feu. En récompense de quoi, le duché de Savoie et le comté de Nice seraient cédés à la France.

Mais l’armistice accordé par Napoléon sauvait la mise à François-Joseph. C’est donc logiquement que le nouveau gouvernement piémontais dénonce le pacte secret. Néanmoins, durant cette période confuse, le parti francophile se renforce, autant à Nice qu’en Savoie. Journal fondé par un banquier, Augustin Carlone, l’Écho des Alpes-Maritimes effectue, en français, un efficace travail de propagande pour le retour du comté à la France. La bourgeoisie commerçante s’inquiète de la mutation du port, soumis depuis 1852 aux règles douanières ordinaires, donc à la concurrence de Gênes, alors que depuis deux siècles c’était un port franc. Elle tourne donc des regards intéressés vers cette France en pleine révolution industrielle.

En janvier 1860, Cavour reprend le pouvoir à Turin. Pragmatique, il sait que le voisin français est l’allié indispensable d’une Italie en devenir. Mais il doit composer avec une opinion publique devenue très antifrançaise après la trahison de Napoléon III. Il va donc discrètement donner des gages à la France catholique, en empêchant le diable rouge Garibaldi de se lancer à l’assaut de Rome et des États pontificaux.

Giuseppe Garibaldi, contre l’annexion, dit non au « parti de l’ordre », clérical et royaliste

« Vous m’avez fait étranger dans mon propre pays ! » s’exclame, amer et déçu, le député de Nice, en parlant, le 12 avril 1860, du « caractère italien » de sa ville natale, devant le Parlement de Turin. Lequel entérine finalement le traité de cession signé le 24 mars précédent. Les 15 et 16 avril, un plébiscite se solde dans le comté de Nice par 25 743 « oui » (soit 83 % des inscrits) au « rattachement » à la France. En Savoie, la semaine suivante, c’est « oui » à 96 % ! Dans une dernière lettre adressée au Parlement turinois, Garibaldi s’indigne : « À Nice, les prêtres et quelques hommes vendus ou égarés ont conduit les foules ahuries à l’urne. L’annexion de Nice fut par conséquent un délit… »

Cette réaction virulente de Garibaldi a des raisons sentimentales. « Peppino » a passé son enfance sur les quais du port de Nice. Anita, sa première épouse brésilienne, morte, en 1849, alors qu’elle était enceinte de six mois, est enterrée à Nice. Mais le fond de son refus est, bien sûr, politique. Car, avant d’être niçois, italien ou français, le franc-maçon Garibaldi est profondément républicain. Il ne vote « non » qu’à une certaine France, celle du second Empire autocratique, celle de la diplomatie fourbe de Napoléon III, celle du « parti de l’ordre », clérical et royaliste.

Son refus de « l’annexion » ne le fait pas basculer dans le camp irrédentiste. Tout au contraire, c’est au secours de la France, mais de la France républicaine, que ce grand ami de Victor Hugo se porta, pendant la guerre de 1870, à la tête d’une troupe formée, entre autres, des Ours de Nantes et des bataillons de l’Égalité de Marseille… C’est encore au nom d’une certaine idée de la France que Garibaldi prit position en 1871, depuis son île de Caprera (Sardaigne), pour le socialisme naissant « contre le triple despotisme des monarchies, des prêtres et du privilège » et aussi en faveur de la Commune « parce qu’elle proclame la fraternité des hommes quelle que soit la nation à laquelle ils appartiennent ».

Quelques repères

3 mai 1859. Le royaume de Piémont-Sardaigne provoque une déclaration de guerre de l’Empire autrichien qui occupe le nord-est de l’actuelle Italie. Napoléon III à la rescousse. 24 juin 1859. Bataille décisive de Solferino (Lombardie). 11 juillet 1859. Armistice de Villafranca. 10 novembre 1859. Traité de Zurich. L’Autriche cède la Lombardie à la France qui la rétrocède au Piémont-Sardaigne. 24 mars 1860. Traité de Turin. 14 juin 1860. Alpes-Maritimes, Savoie et Haute-Savoie deviennent des départements français.

Encadré

Création de 3 nouveaux départements : Savoie, Haute-Savoie et Alpes-Maritimes. Le traité de Turin a pour conséquence politique la création en France de trois départements, annoncée officiellement le 14 juin 1860. Le duché de Savoie, qui forma le département du Mont-Blanc après son annexion en 1792, est découpé en Savoie (préfecture Chambéry) et Haute-Savoie (Annecy). L’arrondissement de Grasse, pris au département du Var, est ajouté au comté de Nice pour former les Alpes-Maritimes (préfecture Nice), département qui retrouve ainsi sa configuration de 1793.

18:28 Publié dans L'Humanité, Monde | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nice, savoie, annexion | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

07/09/2018

L'histoire vraie du "Cuba libre"

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Michel Taupin
Le Cuba Libre est né juste après la guerre entre les Etats-Unis et l'Espagne lors de la 2e Guerre d’Indépendance (1895 à 1898). Deux ans après la guerre, en 1900, un Capitaine et sa troupe de soldats américains se retrouvent dans un bar du Vieux Quartier de La Havane. Le capitaine avait commandé du rhum et du Coca-Cola (qui venait d'être importé à cuba) sur glace, avec un quartier de citron vert.

Cela éveilla la curiosité des soldats qui l'entouraient. Ils demandèrent au barman de leur servir ce même cocktail. Lorsque les soldats commandèrent une nouvelle tournée, un soldat suggéra de porter un toast "¡Por Cuba Libre!" (À Cuba libre !), pour fêter la libération de Cuba. Le capitaine leva son verre et prononça ce cri de guerre qui avait si bien su motiver les troupes durant la guerre d'Indépendance : Le Cuba Libre était né.

La recette fut gardée par quelques barmen mais ne connut un véritable succès que plus tard, pendant la prohibition aux USA entre 1919 et 1933. La fabrication, le transport, l'importation, l'exportation et la vente de boissons alcoolisées étaient prohibés. Cette loi anti-alcool fut un vecteur de croissance pour la mafia italo-américaine qui s'est rapidement aperçue que Cuba était un endroit stratégique pour faire entrer et exploiter de l'alcool aux USA et ce pour deux simples raisons : Cuba produisait du rhum et les côtes américaines n'étaient qu'à 200 km.

Le trafic de cuves de rhum commença, mais sur les ports américains il y avait souvent des contrôles par les autorités et le rhum était vite décelé, transformant certaines importations en fusillades. Les parrains mafieux avaient des ressources et ils entreprirent d'importer des cuves pleines de "Cuba Libre", coupant ainsi l'odeur et le goût du rhum, passant plus facilement les contrôles.

Dans les bars américains contrôlés par la mafia, on buvait donc beaucoup de "Cuba Libre", l'origine de la recette et même son nom y ont laissé des plumes car aussi bien la mafia que les consommateurs clandestins, inspirés par quelques Cocktails, aimaient jouer à des jeux de mots et raconter des blagues, jouant sur le fait que phonétiquement "Cuba libre" voulait aussi dire "cuve libre" en Cubain, narguant par la même occasion les autorités trompées sur les importations des cuves clandestines.

Le succès du "Cuba Libre" commença.

cuba libreRECETTE DE LA BOISSON

  1. Etape 1

    Réalisez la recette "Cuba libre" directement dans le verre.
  2. Etape 2

    Verser citron et rhum sur des glaçons. Compléter avec le coca cola. Remuer lentement.
  3. Etape 3

    Servir dans un verre de type "tumbler".
  4. Etape 4

    Décorer avec une tranche de citron vert.

Note de l'auteur

Très en vogue. Simple et prestigieux.

18:19 Publié dans Culture, Histoire insolite, Monde, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cuba libre | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |