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04/04/2018

MARTIN LUTHER KING, LE REVE ASSASSINE !

martin luther king.jpgLe 4 avril 1968, le pasteur animateur du mouvement des droits civiques était abattu. Cinquante ans plus tard, l’émancipation des Noirs américains demeure une question d’actualité.

Martin Luther King junior, né à Atlanta, est originaire d'une famille de pasteurs et bénéficie d'un milieu social plutôt favorable. En 1954 il devient pasteur baptiste et exerce à Montgomery, dans l’Alabama. En 1955, il prend la tête du mouvement de soutien à Rosa Parks arrêtée par la police pour avoir refusé de céder sa place à un blanc dans un bus, et lance un appel au boycott de la compagnie de bus de la ville. Malgré les intimidations, le boycott durera un an jusqu'à ce que la Cour Suprême donne tort à la compagnie de bus.

L'impact médiatique de cette victoire amène Martin Luther King à fonder le SCLC (conférence des leaders chrétiens du sud) avec d'autres personnalités noires et à en devenir le président. Partisan de la non-violence, il décide d'étendre la lutte pour les droits civiques des Noirs à l'ensemble des Etats-Unis.

Inspiré par Henri-David Thoreau (1817-1862), auteur de "La désobéissance civique", et admirateur de Gandhi (1869-1948), Martin Luther King effectue en 1959 un voyage en Inde pour approfondir sa connaissance du Satyagraha, les principes de Gandhi.

En 1963, il est à la tête de grandes campagnes pour les droits civiques, le droit de vote des Noirs, la fin de la ségrégation, une meilleure éducation. Il est arrêté à plusieurs reprises. Dans son discours du 28 août 1963, "I have a dream", devant 250000 personnes, il lance un appel pour un pays où tous les hommes partageraient les mêmes droits dans la justice et la paix. La violence des forces de l'ordre et le harcèlement des ségrégationnistes face aux luttes pacifiques engendrent une vague de sympathie au sein de l'opinion publique pour le mouvement des droits civiques.

En 1964, Martin Luther King reçoit le Prix Nobel de la Paix dont il est le plus jeune lauréat. La plupart des droits pour lesquels il milite sont votés comme lois avec le Civil Rights Act de 1964 et le Voting Rights Act de 1965.

Après ses succès dans le sud des Etats-Unis, Martin Luther King s'installe à Chicago en 1966 et cherche à étendre le mouvement dans le nord du pays. Les manifestations qu'il organise à Chicago suscitent une réaction encore plus violente que dans le sud.

En 1967, il se déclare contre la guerre au Vietnam, estimant que les Etats-Unis "occupent le pays comme une colonie américaine". Il s'engage dans la lutte contre la pauvreté et organise la "Campagne des pauvres" pour s'attaquer aux problèmes de justice économique.

Martin Luther King meurt assassiné par un ségrégationniste blanc le 4 avril 1968 à Memphis alors qu'il soutenait une grève d'éboueurs.

Sources La Toupie

CITATIONS
"Une loi ne pourra jamais obliger un homme à m’aimer mais il est important qu’elle lui interdise de me lyncher."
Martin Luther King - 1929-1968 - Wall Street Journal - 13 novembre 1962

"Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier."
Martin Luther King - 1929-1968 - Lettre, 1963

"Tant qu’un homme n’a pas découvert quelque chose pour lequel il serait prêt à mourir, il n’est pas à même de vivre."
Martin Luther King - 1929-1968 - Discours à Detroit - 23 juin 1963

"La non-violence est une arme puissante et juste, qui tranche sans blesser et ennoblit l’homme qui la manie. C’est une épée qui guérit."
Martin Luther King - 1929-1968 - Why we can’t wait

"Les barricades sont les voix de ceux qu'on n'entend pas."
Martin Luther King - 1929-1968

"Depuis que je suis en Inde, je suis plus convaincu que jamais que la méthode de résistance non-violente est l'arme la plus puissante disponible pour les peuples opprimés dans leur lutte pour la justice et la dignité humaine."
Martin Luther King - 1929-1968

15/11/2017

EVRY 16 NOVEMBRE 1943 ARRESTATION DE MISSAK MANOUCHIAN ET DE JOSEPH EPSTEIN

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Cet évènement est en fait l’épisode terminal de trois filatures.

La première avait visé, en janvier 1943, l’organisation politique de la jeunesse juive et le filet s’était refermé le 18 mars sur 57 jeunes gens qui furent déportés. Parmi eux, le futur syndicaliste, Henri Krasucki.

Une deuxième filature aboutira, en juin 1944 à l’arrestation de la plupart des membres du 2 ème détachement de la FTP-MOI, dit aussi détachement juif. Sur plus de 150 militants filés, 71 seront arrêtés et eux aussi en grande partie déportés.

Quant à la troisième filature, qui s’acheva ici-même, elle sera le fait de la Brigade spéciale et durera cent jours pour permettre l’arrestation de 68 militants de la FTP-MOI sous la forme d’un vaste coup de filet.

Missak et Joseph se retrouvaient chaque mardi pour échanger des informations et la police le savait.

Ce mardi 16 novembre, le commissaire Barrachin est en personne sur le terrain, assisté de quatre inspecteurs.

Ils suivent Missak depuis la gare de Lyon et descendent tout comme lui à la petite gare d’Evry-Petit-Bourg. Quand Joseph aperçoit Missak, il commence à marcher en direction de la Seine. Ils se suivent à une cinquantaine de mètres. Joseph est convaincu d’être filé.

Il descend toutefois sur la berge, grasse et détrempée en ce mois de novembre, et Missak le suit. Lorsqu’il aperçoit les policiers, Joseph se met à courir. L’inspecteur Chouffot tire alors à plusieurs reprises et finit par le neutraliser en le menottant, malgré une forte résistance. Et c’est bientôt le tour Missak : il ne fera pas usage du 6.35 qu’il cachait dans son manteau et se rendra à la 2 ème sommation.

Les 68 personnes arrêtées seront remises par les policiers français aux autorités d’occupation. 45 d’entre elles seront déportées en Allemagne. Pour les autres, un procès se tiendra le 16 février 1944 devant une cour martiale.

Les 22 participants seront condamnés à mort et fusillés le 21 février au Mont Valérien. Joseph Epstein le sera à son tour le 11 avril.

La seule femme du groupe, Olga Bancic, sera quant à elle déportée en Allemagne où elle subira la décapitation le 10 mai 1944.

Avant d’être fusillés, certains militants de la FTP-MOI purent écrire une courte missive à leur famille.

En voici quelques extraits pour le moins émouvants :

«Je voudrais que mon fils ait une belle instruction». Celestino Alfonso, fusillé à 28 ans.

«Il n’est rien de plus beau que de mourir pour la France». Georges Cloarec fusillé à 21 ans.

«Je n’ai jamais manqué de rien et vous avez toujours été pour moi le Paradis, c’est pourquoi j’ai sacrifié ma vie…j’embrasse tout Argenteuil du commencement à la fin…envoie le bonjour et l’adieu à tout le Red Star». Rino Delle Negra, fusillé à 21 ans.

«Vous ne devez pas vous attrister mais être gais au contraire, car pour vous viennent les lendemains qui chantent». Thomas Elek, fusillé à 19 ans.

«Je vous écris ces derniers mots de ma main pour vous dire mes adieux à la vie que je voulais plus belle qu’elle n’a été». Maurice Fingercwejg, fusillé à 21 ans.

«Je m’étais engagé dans l’armée de la libération et je meurs quand la victoire éclate…Je garde le maillot de papa pour que le froid ne me fasse pas trembler ». Spartaco Fontano, fusillé à 22 ans.

«Je n’ai pas peur de mourir. Je trouve quand même que c’est un peu trop tôt. Comme cadeau d’anniversaire, c’est réussi, n’est-ce pas ?...Vive la France. Léon Goldberg, fusillé à 20 ans.

«Jusqu’au dernier moment, je me conduirai comme il convient à un ouvrier juif;». Szlomo Grzywacz, fusillé à 35 ans.

«Je meurs pour la Liberté». Stanislas Kubacki, fusillé à 36 ans.

«J’aime tout le monde et vive la vie». Marcel Rayman, fusillé à 21 ans.

«Je meurs en soldat de la Libération et en Français patriote…Vive la France». Roger Rouxel, fusillé à 19 ans.

«Les derniers trois jours après ma condamnation, j’ai été avec deux jeunes Français ensemble et j’ai appris à aimer le France davantage». Willy Szapiro, fusillé à 34 ans.

«Bientôt la vie sera plus belle ». Robert Witchitz, fusillé à 20 ans.

«Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter à la douceur de la Liberté et de la Paix de demain». Missak Manouchian, fusillé à 38 ans.

Il y aura bien sûr aussi les poignants écrits de Missak à son épouse Mélinée et la si belle lettre de Joseph à son petit garçon.

Lettre d'Olga Bancic, décapitée à l’âge de 32 ans destinée à sa fille «Ma chère petite fille, mon cher petit amour, ta mère écrit la dernière lettre, ma chère petite, demain à 6 heures, le 10 mai, je ne serai plus. Mon amour, ne pleure pas, ta mère ne pleure pas non plus. Je meurs avec la conscience tranquille et avec toute la conviction que demain tu auras une vie et un avenir plus heureux que ta mère. Tu n’auras plus à souffrir. Sois fière de ta mère, mon petit amour. J’ai toujours ton image devant moi. Je vais croire que tu verras ton père, j’ai l’espérance que lui aura un autre sort. Dis-lui que j’ai toujours pensé à lui comme à toi. Je vous aime de tout mon cœur. Tous les deux vous m’êtes chers. Ma chère enfant, ton père est, pour toi, une mère aussi. Il t’aime beaucoup. Tu ne sentiras pas le manque de ta mère. Ma chère enfant, je finis ma lettre avec l’espérance que tu seras heureuse pour toute ta vie avec ton père, avec tout le monde. Je vous embrasse de tout mon cœur, beaucoup, beaucoup. Adieu mon amour. Ta mère.»

Jacques Longuet Historien d'Evry

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01/10/2017

Odette Roux, une vie de luttes et d'espoir

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Première femme maire des Sables-d'Olonne de 1945 à 1947, Odette Roux fut de tous les combats du XXe siècle. Cette inlassable militante communiste s'est éteinte le 30 janvier 2014 à 96 ans.

En partenariat avec Chansons Rouges Mosaik Radio vous pourrez découvrir un document sur Odette Roux diffusé dans le magazine Histoire le jeudi 05 octobre à 15h, et le dimanche 08 octobre à 20h et sa biographie que vous pouvez écouter en podcast sur le site web de la radio}}}

C'était une rebelle, une batailleuse depuis toute petite. Odette Roux est née le 25 octobre 1917 à La Boissière-des-Landes, une commune vendéenne encore plus royaliste que le roi. Les parents de Dédée, comme on la surnomme, sont des laïcards purs et durs. Parce que La Boissière ne compte qu'une école privée de filles, ils l'inscrivent à l'école publique de garçons. Un scandale. La mère est excommuniée. Le père, artisan menuisier, perd tous ses clients. Elle aime tôt les livres mais à l'école, elle n'accepte déjà pas l'injustice, les « chouchous » de la bonne soeur, dont elle ne fait bien sûr jamais partie.

Odette poursuit ses études à l'École normale supérieure. Décroche à 19 ans son brevet d'institutrice. 1936 : le Front pop', les congés payés. Un « bouillonnement sans pareil » qu'elle évoquait régulièrement avec des brillants dans ses petits yeux marron clair : « On chantait. On campait. Le ministre de la Jeunesse était Léo Lagrange. Et moi, je voulais agir, lutter... », raconte-t-elle. Elle milite au Syndicat national des instituteurs. Tombe amoureuse d'Alfred, son futur mari, qui est communiste. Pour le retrouver chaque soir après la classe, elle parcourt Les Sables-d'Olonne-Bretignolles à vélo. 40 km le matin, autant le soir. Mais par esprit d'indépendance, elle refuse d'entrer, comme lui, au Parti communiste. « Je ne voulais pas qu'on dise que je le suivais... »

Maire ! Femme ! Communiste !

Janvier 1941. Odette Roux entre dans la Résistance avec son mari. Ils sont arrêtés en mars 1943. Alfred Roux meurt fin juin, épuisé par la torture et les interrogatoires. Odette en réchappe miraculeusement. Devenue Odette Petit dans la clandestinité, elle poursuivra la guerre seule avec sa fille, pédalant rageusement sur les routes de Vendée, les sacoches pleines de tracts, en évitant les patrouilles allemandes.

Dès la libération de la Vendée, en août 1944, les événements se précipitent : à la demande du préfet, elle intègre le conseil municipal des Sables-d'Olonne. La liste d'Union patriotique de la résistance antifasciste à laquelle elle participe, l'emporte. Il faut un maire. À 27 ans, elle s'y risque. Femme ! Communiste ! Elle en prend « plein la gueule », raconte-t-elle un jour à la journaliste Fanny Proust (1). Mais elle tient bon. Sur les murs de la ville, des affiches la diffament : « Derrière le sourire se cache le pillage, l'incendie, le crime, le viol... »

Pendant ces deux ans et demi de mandat, celle qui est devenue la première femme maire de France n'hésite pas à aller au charbon. Il y a fort à reconstruire aux Sables : jetée détruite, plage minée, rues obstruées. La ville se dote d'un centre médico-social, de cantines, de centres de loisirs. Elle aménage un jardin public sur la poussiéreuse Place d'armes dans le centre-ville. Un espace boisé que les gens appellent encore aujourd'hui le Jardin d'Odette.

Légion d'honneur

En 1947, elle perd son mandat mais n'abdique pas : jusqu'en 1973, elle sera candidate à chaque élection locale. Les défaites succèdent aux défaites. Elle dit avec humour « qu'elle a dû être la femme la plus battue de France ». Retraitée de l'Éducation nationale depuis 1972, elle a continué de militer sans arrêt pour les droits des femmes du monde. Ou au service du Secours populaire. Elle est restée fidèle jusqu'au bout au Parti communiste, rêvant encore, les jours derniers, d'une société où il n'y aurait « que des clochards par goût ». En janvier 2009, elle est nommée au grade de chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur. « Une distinction qui récompense votre engagement fidèle au service de la France, lui écrit Nicolas Sarkozy. Elle vient couronner votre dévouement et votre brillant parcours. »

Odette Roux est décédée jeudi soir dans sa 97e année. La cérémonie d'au revoir aura lieu au Crématorium Lemarchand à Olonne-sur-Mer, mercredi prochain à 10 h 30.

(1) Le jardin d'Odette, chronique d'une Vendéenne engagée, de Fanny Proust, éditions arts et Grains de mémoire, deux volumes (15 et 20 €).

Sources Ouest France