12/07/2015
Ils ont été fusillés d’avoir voulu vivre libres
Morts pour la France, la justice, la dignité et la liberté. Qui étaient-ils ? Grâce à un travail de mémoire salutaire, la réponse devient vive. La lecture de ces milliers de biographies ravive leur combat. Ils ne sont pas morts pour rien. La bête immonde a été vaincue. Combat colossal. L’ouvrage est hors normes. Fruit de huit ans de travail, 111 auteurs y ont contribué. Claude Pennetier, qui a codirigé les équipes, en souligne toute la portée : « Les fusillés occupent une place à part dans notre mémoire collective. Ils participent au grand mythe de la Résistance, au sens de vision collective génératrice d’action. La dimension exemplaire ne doit pas pour autant cacher l’épaisseur humaine et la complexité des itinéraires. »
De nombreuses rencontres prévues avec les auteurs dans toute la France
Le dictionnaire propose l’histoire sociale des fusillés. Il fallait pour que « cette entreprise éditoriale un peu folle » se concrétise le concours d’un éditeur et de nombreux partenaires. Bernard Stephan, directeur des éditions de l’Atelier, met l’accent sur une responsabilité liée à l’actualité : « Le passé n’est pas définitivement passé.
Nous voulions répondre en écho à la phrase de Georges Pitard, fusillé au Mont-Valérien le 20 septembre 1941 : “L’avenir nous redonnera la place qui nous convient.” A l’heure où un essai fait la part belle à Pétain, ce travail établit que le régime de Vichy a permis que des milliers d’opposants résistants soient fusillés. » Le projet, à l’initiative de l’historien Jean-Pierre Besse disparu au cours de sa réalisation en 2012, était de rédiger les biographies des exécutés (pour la plupart fusillés) par condamnation en France occupée.
Ce travail s’est alors tout naturellement inscrit dans la dynamique du Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social. Un grand nombre de ces victimes, plus de la moitié, peuvent être considérées comme des militants liés à des syndicats, des partis, des associations : syndicalistes, militants communistes, socialistes, chrétiens, issus du sport ouvrier, nombreux étrangers des FTP-MOI, etc.
Bien qu’un grand nombre de collectivités locales aient tenu à donner le nom de fusillés à des voies et lieux publics, de nombreux suppliciés demeurent encore dans l’ombre. Le mérite de ce dictionnaire est d’engager partout ce travail de mémoire.
De nombreuses rencontres autour de sa parution et en présence des auteurs vont se dérouler aux cinq coins du pays.
La première c'est tenue à l’Hôtel de Ville de Paris, grâce au soutien de la mairie et de la maire adjointe adjointe communiste Catherine Vieu-Charrier.
Autre initiative, celle de Nicolas Bonnefoix qui, en publiant un témoignage (Jean-René, fusillé le 11 août 1942, éditions de l’Atelier), rend hommage à son arrière-grand-père, Jean-René, et qui a reçu l’appui de la ville d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). « Ce passé de l’héroïsme surgit dans le présent comme imaginaire. Nous en avons un besoin politique et culturel vital, mais encore faut-il asseoir ce passé sur une connaissance historique solide », précise Claude Pennetier.
Outre les fusillés suite à une condamnation, un ensemble de biographies concernent les femmes exécutées hors de France et un autre est consacré aux morts sous la torture et suicidés. Et l’historien d’ajouter : « L’impôt du sang par fusillade est bien plus élevé, avec sans doute 20 000 exécutés et massacrés. » Au total, la répression peut être évaluée à 30 000 morts. Les notices des exécutés et fusillés sommaires seront publiées sur le site Maitron en ligne (code numéro d’accès dans le dictionnaire papier). Un site Internet verra le jour d’ici la fin de cette année du 70e anniversaire de la Libération.
"Les Fusillés, 1940-1944", dictionnaire sous la direction de Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier, Thomas Pouty et Delphine Leneveu. Éditions de l’Atelier. 1952 pages, 30 euros.
19:45 Publié dans Biographie, Deuxième guerre mondiale, Résistance | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fusillés, "les fusillés, 1940-1944", dictionnaire, jean-pierre besse | |
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09/06/2015
"Une vie de résistante, Marie-Claude Vaillant-Couturier"
Quand elle entre dans la salle du procès des dirigeants nazis à Nuremberg le 28 janvier 1946, Marie-Claude Vaillant-Couturier aimante tous les regards. Cette belle et grande femme blonde aux yeux bleus, plutôt que s’avancer vers la barre où le président du tribunal vient de l’appeler, se dirige droit vers les bancs des accusés.
Plantant ses yeux dans ceux des dignitaires nazis, cette femme sortie de l’enfer concentrationnaire sept mois auparavant défie les responsables de la solution finale. Avec elle, est entré dans cette salle le « terrible cortège de tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l’un des nôtres » (1).
À la barre, elle apostrophe les responsables nazis : « Regardez-moi car, à travers mes yeux, ce sont des centaines de milliers d’yeux qui vous regardent, par ma voix, ce sont des centaines de milliers de voix qui vous accusent. »
Par cette scène initiale, Gérard Streiff ouvre une biographie rapide et bien enlevée de cette communiste hors du commun à l’usage des jeunes lecteurs. Autant dire que, en suivant les pas de Marie-Claude Vaillant-Couturier, on arpente le monde du XXe siècle. Photographe, journaliste, militante infatigable, pacifiste et féministe, élue communiste, elle a voyagé de par le monde et traversé les classes sociales.
Issue de la bourgeoisie éclairée, elle rejoint les rangs des révoltés refusant les inégalités. Difficile avec un tel personnage, dans un texte si court, de ne pas verser dans l’hagiographie. L’auteur y parvient en refusant de l’enfermer dans la légende, mais en décrivant une femme « unique, engagée, habitée par la passion politique, d’une incroyable vitalité, élégante et discrète, humble mais tenace, simple et altière à la fois. Une sorte d’aristocrate rouge qui semble sortie d’un roman de Jean Vautrin ».
Marie-Claude Vaillant-Couturier n’entrera pas au Panthéon en ce mois de mai, François Hollande ayant choisi d’autres personnalités pour féminiser un peu ce temple républicain si masculin. À lire ce portrait, on comprend qu’il a fait une erreur. Raison de plus pour encourager sa lecture par les plus jeunes.
10:21 Publié dans Actualité, Biographie, Deuxième guerre mondiale, Résistance | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : résistance, panthéon, marie claude vaillant couturier | |
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02/06/2015
Le Vatican et la Croix-rouge ont aidé des milliers de Nazis à s'échapper
Gerald Steinacher, un chercheur à l’Université de Harvard, vient de publier un ouvrage : « How Hitler's henchmen fled justice » (Comment les hommes de main d'Hitler sont parvenus à fuir la justice). Ayant eu accès aux archives du Comité international de la Croix Rouge (CICR), il a découvert comment des criminels comme Adolf Eichmann, Josef Mengele et Klaus Barbie ont pu échapper aux alliés.
Ce serait le Haut Commissariat aux Réfugiés du Vatican qui aurait sciemment procuré des sauf-conduits aux nazis. Pourquoi ? Steinacher pense que le Vatican était motivé par son espoir de faire renaître la Chrétienté Européenne, et sa crainte de l’Union Soviétique.
Munis de ces papiers, les criminels de guerre pouvaient se présenter aux contrôles de la Croix Rouge. Celle-ci, dépassée par les millions de réfugiés, faisait confiance aux références du Vatican. Il est également probable que certains de ses employés aient sympathisé, humainement ou politiquement, pour ces individus. La Croix-Rouge aurait ainsi émis 120.000 des formulaires de voyage et permis à 90% des anciens nazis de fuir par l’Italie, et d’aller en Espagne, ou en Amérique du Nord ou du Sud, en particulier en Argentine. A certains points de passages, ils devaient être mêlés à des Juifs qui tentaient de gagner la Palestine en passant par l’Italie…
Steinacher estime qu’environ 8.000 Waffen-SS auraient pu trouver refuge en Angleterre et au Canada en 1947.
La Croix Rouge a refusé de commenter directement l’ouvrage de Steinacher, mais on peut lire sur son site qu’elle regrette que des criminels nazis aient abusivement utilisé les papiers qu’elle a pu leur fournir.
L’ouvrage de Steinacher est également intéressant parce qu’il permet de faire une importante incursion dans la pensée du Vatican. Les archives du Saint Siège sont toujours interdites d’accès depuis 1939, et pour l'instant le Vatican a refusé de commenter.
source http://www.express.be/joker/fr/platdujour/le-vatican-et-la-croix-rouge-ont-aide-des-milliers-de-nazis-a-sechapper/146982.htm
16:48 Publié dans Deuxième guerre mondiale, International, Occupation, Résistance | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vatican, hitler, nazis, croix rouge | |
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