04/10/2013
GIAP GENIE MILITAIRE VIETNAMIEN
Né le 25 août 1912 à An Xa, dans la province du Quàung Bin, décédé le 04 octobre 2013 à 102 ans.
Vo Nguyen Giap est un fils de mandarin. Il a été éduqué dans un lycée français et participe au mouvement communisme dès les années 1930. Il poursuit des études d’histoire, de droit et d’économie à Hué, puis à Hanoï.
En 1937, Giap devient professeur d’histoire à l’école Thang-Long à Hanoï et adhère au parti communiste en 1939. Lorsque celui-ci fut interdit, il s’enfuit en Chine, où il devient un des aide militaire d’Hô Chi Minch.
Après le coup de force des Japonais du 9 mars 1945, il profite de la disparition de l’administration française pour intensifier le recrutement de membres du Viet-Minh.
Vo Nguyen Giap est ministre, chargé des forces de sécurité, du premier gouvernement Hô Chi Minh. En 1946, il est nommé ministre de la Défense nationale de la république démocratique du Vietnam. C'est lui qui dirige les actions militaires contre les Français. Il est le vainqueur de la bataille de Diên Biên Phu (mai 1954).
En 1960, il prend la direction de la guérilla contre les Vietnamiens du Sud et des États-Unis. Il force les Américains à quitter le Sud du pays et participe à la réunification du Vietnam en 1975. Il démissionne du poste de ministre de la Défense en 1980, est exclu du bureau politique du parti communiste en 1982 tout en restant vice-premier ministre jusqu’en 1991.
Vo Nguyen Giap vivait retiré à Hanoï, mais s'exprimait régulièrement sur l'évolution politique de son pays. Vo Nguyen Giap est l’auteur de Guerre du peuple - Armée du peuple (François Maspero, 1967) et plus récemment a publié ses Mémoires (Anako, 2003-2004).
"MA STRATEGIE ETAIT CELLE DE LA PAIX" Entretien exclusif avec le journal l'Humanité
Vo Nguyen Giap Un entretien exclusif avec le général Vo Nguyen Giap, recueilli chez lui à Hanoï Hanoï, envoyée spéciale
À une trentaine de mètres en retrait de la rue Hoang Diêu, se situe la villa où vit le général Vo Nguyen Giap, entouré de sa femme Dang Bich Ha et de ses enfants et petits-enfants.
Un petit-fils passera la tête au cours de l’entretien que nous accorde le général, en uniforme, dans le salon du bâtiment " officiel " où s’entrecroisent les drapeaux. Sur les murs des photos de Hô Chi Minh et des messages de salutations brodés venus de tout le pays. Nous irons ensuite dans la villa familiale où nous attend Dang Bich Ha.
L’interview se déroule en français, langue que maîtrise parfaitement le général Giap. Ce sera aussi l’occasion d’exprimer son regret de ne jamais avoir pu aller en France.
" Je ne connais de Paris que son aéroport où j’ai fait escale quelques heures pour me rendre à Cuba "..
Il y a cinquante ans, la chute de Dien Bien Phu ouvrait la voie aux accords de Genève et à la fin de la première guerre du Vietnam. La France aurait, elle, pu éviter ce conflit ?
Général Giap. Nous avions proclamé notre indépendance le 2 septembre 1945 mais les colonialistes français ont voulu réimposer par la force leur domination sur la péninsule indochinoise.
De Gaulle avait déclaré à Brazzaville qu’il fallait restaurer le régime colonial par les forces armées. Nous avons toujours cherché à négocier pour éviter que le sang coule. Leclerc, envoyé à la tête de l’armée française pour reconquérir l’ancienne colonie s’est vite rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’une promenade militaire mais, a-t-il dit, du combat de tout un peuple. Leclerc était un réaliste.
Avec Sainteny, il faisait partie de ces gens raisonnables qui étaient en faveur de pourparlers, mais du côté du gouvernement français, on ne l’entendait pas ainsi. Nous avions conclu un accord en mars 1946 et fait une grande concession sur la Cochinchine, notre objectif final de l’indépendance totale et l’unité du pays.
À la mi-avril 1946, je participais à la conférence de Dalat. Les Français ne cachaient pas leur intention de rétablir leur domination en Indochine. Je leur ai dit alors clairement que l’ère des gouvernements généraux d’Indochine était close. J’ai quitté Dalat convaincu que la guerre était inévitable.
Une fois déclenchée, il y a eu pourtant quelques chances de l’arrêter. Le président Hô a plus d’une fois appelé le gouvernement français à négocier. Pour montrer notre bonne volonté, Hô Chi Minh n’ajourna pas sa visite en France pour participer à la conférence de Fontainebleau. Pendant ce temps, la situation ne cessait de s’aggraver, au Nord comme au Sud.
À la fin novembre 1946, les troupes françaises attaquèrent et occupèrent le port de Haiphong. Un mois plus tard, le général Morlière, commandant des troupes françaises au Nord de l’Indochine, lançait un ultimatum exigeant la présence française dans un certain nombre de positions, le droit de maintenir l’ordre dans la capitale, et le désarmement des milices d’auto-défense de Hanoi. Nous décidâmes de déclencher la résistance. 1946-1975, le Vietnam a connu trente ans de guerre.
Quelles ont été les différences entre les deux conflits ?
Général Giap. La guerre reste la guerre mais avec les Américains, ce fut autre chose, un conflit néocolonial avec d’abord une intervention de troupes américaines et, après, une guerre vietnamisée.
On a alors changé la couleur de peau des cadavres. Les Américains étaient naturellement sûrs de leur victoire et n’ont pas voulu entendre les conseils des Français qui avaient fait l’expérience de se battre contre les Vietnamiens. Les États-Unis avaient effectivement engagé des forces colossales et peu de gens, même parmi nos amis, croyaient en notre capacité de les vaincre. Mais les Américains n’avaient aucune connaissance de notre histoire, de notre culture, de nos coutumes, de la personnalité des Vietnamiens en général et de leurs dirigeants en particulier.
À MacNamara, ancien secrétaire à la Défense des États-Unis que j’ai rencontré en 1995, j’ai dit : " Vous avez engagé contre nous de formidables forces artilleries, aviation, gaz toxiques mais vous ne compreniez pas notre peuple, épris d’indépendance et de liberté et qui veut être maître de son pays. " C’est une vérité que l’histoire a de tout temps confirmée. Pendant 1 000 ans de domination chinoise, (jusqu’au Xe siècle), nous n’avons pas été assimilés.
Contre les B52, ce fut la victoire de l’intelligence vietnamienne sur la technologie et l’argent. Le facteur humain a été décisif. C’est pourquoi lorsqu’un conseiller américain du service de renseignements m’a demandé qui était le plus grand général sous mes ordres, je lui ai répondu qu’il s’agissait du peuple vietnamien. " J’ai apporté une contribution bien modeste, lui ai-je dit. C’est le peuple qui s’est battu ".
Brezjinski s’est aussi interrogé sur le pourquoi de notre victoire. Nous nous sommes rencontrés à Alger, peu après la fin de la guerre. " Quelle est votre stratégie ? " interrogea-t-il. Ma réponse fut simple : " Ma stratégie est celle de la paix. Je suis un général de la paix, non de la guerre. " J’ai aussi eu l’occasion de recevoir des anciens combattants américains venus visiter le Vietnam. Ils me posaient la question : nous ne comprenons pas pourquoi vous nous accueillez aujourd’hui si bien ? " Avant, vous veniez avec des armes en ennemis et vous étiez reçus comme tels, vous venez maintenant en touristes et nous vous accueillons avec la tradition hospitalière traditionnelle des Vietnamiens. " .
Vous avez fait allusion au fait que peu de personnes croyaient en votre victoire finale sur les Américains...
Général Giap. C’est vrai. C’est le passé, maintenant on peut le dire. Nos camarades des pays socialistes ne croyaient pas en notre victoire. J’ai pu constater lorsque je voyageais dans ces pays qu’il y avait beaucoup de solidarité mais peu d’espoir de nous voir vaincre.
À Pékin, où je participais à une délégation conduite par le président Hô, Deng Xiaoping, pour lequel j’avais beaucoup d’amitié et de respect, m’a tapé sur l’épaule en me disant : " Camarade général, occupez-vous du Nord, renforcez le Nord. Pour reconquérir le Sud, il vous faudra mille ans. " Une autre fois, j’étais à Moscou pour demander une aide renforcée et j’ai eu une réunion avec l’ensemble du bureau politique. Kossyguine m’a alors interpellé : " Camarade Giap, vous me parlez de vaincre les Américains.
Je me permets de vous demander combien d’escadrilles d’avions à réaction avez-vous et combien, eux, en ont-ils ? " " Malgré le grand décalage des forces militaires, ai-je répondu, je peux vous dire que si nous nous battons à la russe nous ne pouvons pas tenir deux heures. Mais nous battons à la vietnamienne et nous vaincrons.
" Licencié en droit et en économie politique, professeur d’histoire, vous n’aviez pas de formation militaire. Or, vous avez activement participé à l’élaboration de cette conception vietnamienne de la guerre. Comment êtes-vous devenu général ?.
Général Giap. Il aurait fallu faut poser la question au président Hô Chi Minh. C’est lui qui a choisi pour moi cette carrière militaire. Il m’a chargé de constituer l’embryon d’une force armée. Lorsque nous étions impatients de déclencher la lutte contre l’occupation française, Hô nous disait que l’heure du soulèvement n’était pas encore venue.
Pour Hô, une armée révolutionnaire capable de vaincre était une armée du peuple. " Nous devons d’abord gagner le peuple à la révolution, s’appuyer sur lui, disait-il. Si nous avons le peuple, on aura tout. " C’est le peuple qui fait la victoire et aujourd’hui encore si le parti communiste veut se consolider et se développer, il doit s’appuyer sur lui. .
Le Vietnam est aujourd’hui en paix, les conflits se sont déplacés sur d’autres continents. Que vous inspire la situation internationale ?
Général Giap. Nous sommes en présence d’une situation mondiale difficile dont on ne sait quelle sera l’évolution. On parle de guerre préventive, de bonheur des peuples imposé par les armes ou par la loi du marché. Il s’agit surtout pour certains gouvernements d’imposer leur hégémonie. C’est plutôt la loi de la jungle. On ne peut prédire ce qu’il peut se passer mais je peux dire que le troisième millénaire doit être celui de la paix.
C’est ce qui est le plus important. Nous avons vu de grandes manifestations pour le proclamer. La jeunesse doit savoir apprécier ce qu’est la paix. Le tout est de vivre et de vivre comme des hommes. Faire en sorte que toutes les nations aient leur souveraineté, que chaque homme ait le droit de vivre dignement..
L’Humanité fête son centenaire. Entre notre journal et le Vietnam, il y a une longue histoire de solidarité et de lutte commune pour la paix....
Général Giap. Nous avons beaucoup de souvenirs en commun avec l’Humanité et avec le PCF. Pendant les guerres française et américaine nous avons travaillé régulièrement avec les envoyés spéciaux et les correspondants du journal. Nos relations sont un exemple de solidarité et d’internationalisme.
J’adresse à tous nos camarades et à l’Humanité, mes salutations et mon optimisme pour un monde qui, à l’heure de la révolution scientifique et technique, doit permettre à chaque homme de ne plus souffrir de la faim et de la maladie.
Entretien réalisé par Dominique Bari. L'Humanité
15:58 Publié dans Actualité, Biographie, International, L'Humanité, Résistance | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : giap, viet nam, l'humanité, communiste | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |
27/09/2013
LE CINEMA SOUS L'OCCUPATION
La défaite de 1940 semblait devoir être fatale à un cinéma français qui avait déjà vu sa production réduite de près de la moitié en 1939. De nombreux acteurs et réalisateurs s'expatrient.
Jean Renoir, René Clair, Charles Boyer, Jean Gabin, Michèle Morgan rejoignent Julien Duvivier à Hollywood. Jacques Feyder se replie en Suisse.
Les Allemands s'installent à Paris et le flot de leurs films envahit les écrans. Goebbels défini la ligne de conduite : "Notre politique en matière de cinéma doit être identique à celle des Etats Unis envers l'Amérique du Nord et du Sud. Nous devons devenir le pouvoir cinématographique dominant sur le Continent Européen. Dans la mesure où des films seront produits dans d'autres pays ils devront garder un caractère purement local. Nous avons pour but d'empêcher, autant que possible, la création de toute industrie nationale du Cinéma". (1)
Pourtant malgré la création d'une société de production allemande, la Continental, les Nazis échouèrent.
Goebels se déclara ainsi furieux après la diffusion de la "Symphonie Fantastique", inspirée par la vie et l'oeuvre de d'Hector Berlioz de Christian-Jacque, produit par la Continental. "Je suis furieux que nos bureaux de Paris montrent aux Français comment représenter le nationalisme dans leurs films. J'ai donné des directives très claires pour que les Français ne produisent que des films légers, vides, et si possible, stupides. Je pense qu'ils s'en contenteront. Il n'est pas besoin de développer le nationalisme."
Paradoxalement la période de 1940-1944 apparait encore aujourd'hui comme un "âge d'or" pour le cinéma français qui, débarrassé de la concurrence américaine et contraint de composer avec lea censure de l'occupent, du trouver de nouvelles sources d'inspiration et aborder de nouveaux sujets qui rencontrèrent des succès auprès du public.
Deux cents films furent ainsi produits durant ces quatre ans dont plusieurs marquent l'histoire du cinéma :
- La Fille du Puisatier de Marcel Pagnol, Volpone de Jacques de Baroncelli, Les Inconnus dans la Maison d'Henri Decoin, La Nuit Fantastique de Marcel l'Herbier, Les Visiteurs du soir de Prévert et Marcel Carné, Goupi mains rouges de Jacques Becker, et bien d'autres comme L'Assassin habite au 21, Lumière d'été, Le Corbeau, L'éternel retour, Le Ciel est à vous et Les Enfants du Paradis.
(1) Journal intime du Dr Goebbels retrouvé après son suicide et la défaite d'Hitler
LAISSER PASSER !
Un film réalisé par Bertrand Tavernier en 2002 retrace cette période de l’histoire du cinéma
Avec Jacques Gamblin, Denis Podalydès, Christian Berkel plus
A Paris, le 3 mars 1942, sous l'Occupation allemande, deux hommes voient leurs destins se croiser et s'entremêler.
D'un côté, Jean-Devaivre, un assistant-metteur en scène, trouve le moyen de camoufler ses activités clandestines de résistant en travaillant pour la Continental, une firme cinématographique allemande dirigée par le Docteur Greven et qui produit des films français depuis 1940.De l'autre, Jean Aurenche, un scénariste-poète, refuse de travailler pour les Allemands et s'engage par la plume dans une lutte héroïque contre l'envahisseur nazi.
Critique de Jean Roy publié par l’Humanité
Le résultat est un film à l'ambition évidente mais discrète, ni poussiéreux ni clinquant, simplement moderne, un très beau film qu'il ne faut surtout pas manquer.
17:20 Publié dans Cinéma, Culture, Occupation, Vidéo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, occupation, le corbeau, les enfants du paradis | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |
21/09/2013
Le jour où la Provence tremblera
Séismes . Un siècle après le tremblement de terre de Lambesc, les études montrent que, dans cette région, à magnitude égale, le nombre de victimes et les dégâts seraient dix fois plus importants.
" Les montagnes se fendent par le milieu (…) de sorte que les pauvres gens ne peuvent être sûrs d'avoir retraite salutaire aux champs ni aux villes. " Cet extrait d'une lettre envoyée au comte de Tende par le fils de Nostradamus est l'un des rares documents écrits en possession des historiens à propos du terrible séisme de 1564 dans les Alpes du Sud, qui provoqua la mort d'environ huit cents personnes, chiffre épouvantable pour l'époque.
Trois villages de montagne furent rayés de la carte dont un noyé dans les eaux d'une rivière dont le cours fut stoppé par les éboulements provoqués par la secousse tellurique. Sur la côte, les témoins décrivent un tsunami : les ports d'Antibes notamment furent mis à sec avant qu'une gigantesque vague ne déferlât sur les jetées, écrasant tout sur son passage.
Des microséismes quotidiens
Depuis, le Sud-Est a été régulièrement affecté par les tremblements de terre. On dénombra 630 morts en Ligurie italienne et 10 morts sur la Côte d'Azur après la secousse de 1887 et 46 morts dans la région d'Aix-en-Provence en 1909 (lire ci-dessous).
De nombreux Provençaux ont encore en mémoire l'angoisse ressentie le 19 juillet 1963 lorsque se produisit un séisme de magnitude 5,8, accompagné d'un petit raz de marée. Ou encore pendant celui du 21 avril 1995, au large des côtes, de magnitude 4,7. Mais c'est quasi quotidiennement que cette région est sujette à des microséismes.
Le chevauchement des plaques tectoniques eurasienne et africaine (responsable de la formation des Alpes) se poursuit inexorablement… Et comme le dit Wolfgang Jalil, de l'Association française du génie parasismique, lors d'un colloque scientifique à Aix-en-Provence marquant, le 11 juin dernier, le centième anniversaire du séisme de Lambesc, " là où un séisme passe une fois, il repasse, mais on ne sait jamais quand… ".
Personne n'a pourtant osé imaginer les conséquences précises d'une telle catastrophe dans cette Provence aujourd'hui urbanisée à outrance et connaissant une forte poussée démographique, notamment dans l'arrière- pays. Un essai de simulation a toutefois été réalisé en 1982 par le conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur à partir des données plus ou moins précises du séisme de Lambesc. Il situait le nombre probable de morts à un millier, le nombre de blessés entre 2 000 et 6 000 et le total des dégâts matériels à 5 milliards de francs.
Vingt-cinq ans après, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a mené une étude similaire mais pour le seul département des Bouches-du-Rhône. Elle fait apparaître qu'en cas de secousse de magnitude 5,5 près de 730 logements subiraient des dommages graves et deviendraient inhabitables, 2 500 autres habitations devant être temporairement évacuées, ce qui générerait des dizaines de milliers de sans-abri. Le nombre de morts pourrait s'élever jusqu'à 400 et l'on compterait un millier de blessés. Des chiffres comparables à ceux du récent séisme de L'Aquila (Italie centrale) qui a fait 300 morts et près de 60 000 sans-abri.
préserver l'image de marque de la région…
Pendant longtemps, ces mises en garde des scientifiques ont été ignorées, voire tournées en ridicule par des autorités politiques locales soucieuses avant tout de préserver l'image de marque touristique de la région.
On se souvient de Jacques Médecin expliquant, sans rire, au lendemain d'un tremblement de terre dévastateur en Californie, que la région de Nice " était préservée d'une grande secousse grâce aux volcans italiens qui font office de soupape de sécurité ", ou traitant Haroun Tazieff, ministre délégué aux Risques majeurs, de " photographe de volcans ", au lendemain d'une conférence scientifique de ce dernier à l'université.
Depuis quelques années, malgré tout, et depuis que la gauche est aux affaires dans cette région, les mentalités semblent avoir évolué. Un " plan séisme " est mis en oeuvre depuis 2007 qui vise pour l'essentiel à informer objectivement le public dans un but de prévention, et à améliorer la prise en compte du risque sismique dans les constructions. Comme le dit Claire Arnal, chargée de mission au conseil régional PACA : " Ce n'est pas le séisme qui tue, c'est le bâti. "
En la matière, c'est la petite principauté de Monaco qui a montré l'exemple puisque, depuis 1966, toutes les constructions sont conçues pour faire face à un séisme de magnitude 7.
Certains promoteurs immobiliers en ont même fait un argument de vente. En revanche, chez le grand frère voisin, on a vite fait le tour des bâtiments et des ouvrages d'art où sont appliquées les normes parasismiques. Les ponts de l'A8, quelques hôpitaux, les derniers palais des congrès construits dans la région ou encore certaines résidences privées de prestige comme Marina Baie des Anges, à Villeneuve-Loubet, sont équipés pour résister à une secousse qui ne manquera pas de se produire.
" Dans le bâti récent cela va mieux, mais il est vrai que sur le bâti très ancien, non renforcé, on a une fragilité ", admet Claire Arnal. Une fragilité dont souffriraient, notamment, la plupart des immeubles HLM de la Provence parce que, à l'époque de leur construction, le surcoût du parasismique - de 5 % à 8 % du coût total - avait été jugé trop élevé.
13:23 Publié dans L'Humanité, Monde, Sciences, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : provence, tremblements de terre, séisme | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook |