Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/06/2024

Amelia Earhart, le ciel était sa limite

Amelia Earhart avion 3.jpg

Le courage est le prix que la vie exige pour accorder la paix

Amelia Earhart

Elle avait fait construire son avion spécialement en vue de cette aventure. Qu’est devenu le Lockheed L-10 Electra aux commandes duquel la célèbre aviatrice américaine Amelia Earhart a disparu en 1937, alors qu’elle tentait de boucler un tour du monde par les airs? Plus de 80 ans plus tard, le mystère demeure. A l’été 2019, une nouvelle expédition s’est lancée à sa recherche, explorant un atoll situé au beau milieu de l’océan Pacifique, où les restes de l’avion auraient pu se trouver. Las, les importants moyens techniques et humains mis en œuvre n’ont pas suffi pour lever le voile sur cette affaire, l’une des plus emblématiques de l’histoire de l’aviation.

Lorsque Amelia Earhart entreprend son tour du monde, elle a près de 40 ans et une solide expérience de l’aviation. Cette pionnière – elle est seulement la seizième Américaine à obtenir son brevet de pilote – a même déjà plusieurs records à son actif. En 1922, elle vole à l’altitude de 4300 mètres, encore jamais atteinte par une aviatrice, ce qui lui apporte un début de renommée. En 1928, on lui propose de prendre place à bord d’un avion qui va survoler l’océan Atlantique. Reléguée à la tenue du journal de bord, tandis qu’un homme est aux commandes, elle décrira plus tard son rôle comme celui d’un «sac de patate». Elle n’en devient pas moins la première femme à traverser l’Atlantique à bord d’un avion. Et se promet qu’un jour elle reproduira la prouesse en tant que pilote; ce qu’elle fera en 1932, en solitaire de surcroît.

Une chronique évoquant Amelia Earhart: La disparition, une torture pour l’esprit

Un défi à sa mesure

Ces exploits font d’Amelia Earhart une star. Elle écrit des livres, donne des conférences, fréquente des célébrités, dont Eleanor Roosevelt, l’épouse du président américain. Elle crée même sa propre ligne de bagages et de vêtements – des modèles conformes à son image, c’est-à-dire élégants, mais aussi simples et faciles à entretenir. On imagine en effet mal Amelia s’obstinant avec un fer à repasser. Depuis qu’elle est toute petite, dit-on, elle s’intéresse plus à l’aventure qu’à la bonne tenue du foyer. On peut voir des photos d’elle enfant, en culotte bouffante et non en robe comme les autres fillettes, entraînant sa sœur dans des jeux téméraires. En 1931, lorsqu’elle se marie avec son éditeur, George Putnam, elle lui fait parvenir une lettre dans laquelle elle explique qu’elle n’entend pas exiger de sa part – ni respecter elle-même – le code de fidélité traditionnellement attaché au mariage.

Bien décidée à repousser les limites de ce que peut entreprendre une femme de son temps, Amelia Earhart trouve un défi à sa mesure dans l’idée d’un tour du monde. Certes, d’autres aviateurs l’ont déjà fait, mais pas comme elle l’entend: elle veut suivre l’itinéraire le plus long, autour de l’équateur. Elle devra couvrir des dizaines de milliers de kilomètres, avec de nombreuses étapes.

Une première tentative échoue, en raison d’avaries techniques, et un de ses coéquipiers jette l’éponge. Pas Amelia. Le 1er juin 1937, elle se relance depuis Miami, avec comme seul membre d’équipage le navigateur et aviateur Fred Noonan, chargé de l’orientation de l’aéronef. Le voyage se passe d’abord plutôt bien. Le tandem effectue des arrêts en Amérique du Sud, en Afrique, en Inde et en Asie du Sud-Est, avant d’atteindre Lae, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les trois quarts du trajet sont alors derrière eux. Mais le dernier tronçon, qui doit les amener à Hawaï en leur faisant survoler l’océan Pacifique, est risqué.

Bruit, inconfort et incertitudes

Il faut essayer de se représenter une telle épopée, à une époque où l’aéronautique n’en est encore qu’à ses débuts. La durée des trajets, l’exiguïté de la cabine, l’inconfort, le bruit… Mais aussi les incertitudes liées à l’orientation, puisque les GPS n’existaient pas. Fred Noonan navigue à l’estime, recourt à une boussole et observe les étoiles pour ajuster la trajectoire de l’avion. Une méthode qui laisse la porte ouverte aux imprécisions. Or, sur la dernière partie de leur trajet, Earhart et Noonan n’ont guère droit à l’erreur: ils doivent se poser sur la petite île de Howland, à quelque 4000 kilomètres de Lae. Un confetti dans l’océan Pacifique, où ils pourront se ravitailler avant de reprendre leur envol en direction d’Hawaï.

A proximité de Howland, un navire des gardes-côtes américains les attend. Mais le temps passe et aucun avion n’apparaît à l’horizon. Sur leur radio, les gardes-côtes entendent finalement Amelia Earhart. Elle les recherche: «Nous devrions être au-dessus de vous, mais nous ne vous voyons pas. Le carburant commence à baisser», dit-elle. Les opérateurs lui parlent mais l’aviatrice ne les entend apparemment pas. Et l’avion reste toujours invisible. «Nous cherchons vers le nord et vers le sud», indique encore l’aviatrice sur sa radio. Le ciel reste cependant désespérément vide. Les gardes-côtes doivent se rendre à l’évidence: le Lockheed L-10 Electra est en difficulté et n’atterrira pas à l’endroit prévu. Ils partent à sa recherche. Durant deux semaines, des navires et des hydravions écument les environs. Mais on ne retrouvera aucune trace de l’avion et de ses occupants.

«Cet avion existe. Ce n’est pas le monstre du Loch Ness, et il va être trouvé»

Robert Ballard, explorateur, découvreur de l’épave du Titanic

Selon l’hypothèse la plus vraisemblable, Earhart et Noonan ont dévié de leur trajectoire et se sont égarés. A court de carburant, leur avion se serait écrasé dans l’océan, loin de toute terre. D’autres théories plus ou moins fantaisistes, voire complotistes ont circulé: Amelia aurait été enlevée par les Japonais, ou serait en mission dans le Pacifique pour les espionner (il y avait alors déjà de vives tensions entre les Etats-Unis et le Japon dans cette région du monde); ou encore, elle serait retournée incognito aux Etats-Unis pour y vivre sous une identité d’emprunt. Une autre possibilité enfin, légèrement moins farfelue, voudrait que les deux aviateurs se soient trompés de cap et se soient retrouvés non pas aux abords de Howland, mais de l’atoll Nikumaroro (qui appartient aujourd’hui aux Kiribati), à quelque 600 kilomètres plus au sud, où ils auraient pu poser le Lockheed L-10 Electra.

Etranges artefacts

Plusieurs éléments viennent appuyer cette hypothèse. D’abord, il y a une photo aérienne de cet atoll inhabité, prise en 1940 par un officier anglais, où l’on peut distinguer une forme évoquant les restes de l’appareil. Par ailleurs, des ossements humains et des traces d’un campement ont été retrouvés sur Nikumaroro, quelques années après la disparition d’Amelia Earhart (ces restes ont depuis été égarés, empêchant toute analyse ADN). Sur la base de ces indices, une organisation de passionnés américains, le Groupe international pour la récupération d’avions historiques (The International Group for Historic Aircraft Recovery, Thigar), a mené plusieurs campagnes de prospection sur Nikumaroro. Ils y ont mis la main sur d’étranges artefacts pouvant être reliés à l’aviatrice: des instruments de navigation, un morceau de tôle et même un pot de crème pour le visage.

S’il est bien possible que son avion ne soit jamais retrouvé, ce n’est pas pour autant qu’il ne reste rien d’Amelia Earhart. Belle, courageuse et affranchie, elle a été une source d’inspiration pour de nombreuses femmes

De quoi convaincre l’explorateur américain Robert Ballard, connu notamment pour avoir retrouvé l’épave du Titanic, de lancer une campagne de recherche autour de Nikumaroro, sur les traces du Lockheed et de ses occupants. «Cet avion existe. Ce n’est pas le monstre du Loch Ness, et il va être trouvé», a déclaré le célèbre «chasseur d’épaves» au New York Times. Sponsorisées par la National Geographic Society, qui en a tiré un documentaire, les recherches ont eu lieu en août 2019, pendant deux semaines. A bord d’un navire équipé d’un sonar, Robert Ballard et son équipe ont cartographié les fonds marins autour de l’atoll. Des robots sous-marins ont aussi été envoyés de par le fond, à la recherche d’indices, tandis que des drones faisaient des relevés aériens sur les récifs entourant Nikumaroro. En vain. L’épave du Lockheed n’a pas refait surface.

S’il est bien possible que son avion ne soit jamais retrouvé, ce n’est pas pour autant qu’il ne reste rien d’Amelia Earhart. Belle, courageuse et affranchie, elle a été une source d’inspiration pour de nombreuses femmes et continue aujourd’hui de fasciner: des ouvrages, films et chansons lui sont consacrés. Elle apparaît même dans un épisode des Simpson, dans lequel Monsieur Burns reconnaît avoir commandité l’abattage de son avion. Une hypothèse de plus…

Le premier vol

A voir: Le documentaire «Expédition Amelia» retrace l’expédition de Robert Ballard autour de l’atoll Nikumaroro en août 2019. A voir sur National Geographic TV. Disponible en replay sur Mycanal.

A lire: Amelia Earhart était elle-même une auteure à succès. Elle a notamment publié «20 Hrs., 40 Min.» en 1928, dans lequel elle raconte sa première traversée de l’Atlantique en tant que passagère, et «The Fun of It», un essai sur les femmes dans l’aviation, en 1932.

Source Le Temps

Amelia Earhart avion.jpg

L'avion d'Amelia Earhart, disparu il y a 87 ans, pourrait avoir été retrouvé à 5000 mètres sous l'eau. Une image sonar prise dans le Pacifique pourrait représenter le Lockheed 10-E Electra qui aurait pu permettre à «Lady Lindy» d'être la première femme à réaliser un tour du monde en avion en 1937.31 janv. 2024
 
 
Diego DIAZNombre de pages : 13220 €
Format(s) : Papier EPUB PDF
 

28/12/2021

CUBA SANTA CLARA : UNE VICTOIRE DECISIVE

Che 2.jpg

Le 28 décembre, il y a 63 ans, la colonne de Che Guevara partait en direction de Santa Clara.
Au cours des 48 heures suivantes, sous son commandement, les Barbudos réussirent l'exploit de stopper le train blindé de Batista « Tren Blindado » et de capturer les soldats ennemis.
Ils sortirent victorieux de la bataille de Santa Clara, un moment clé de la révolution cubaine. Dans les 12 heures qui suivirent la prise de la ville, Batista fuit Cuba, et les forces de Fidel Castro remportèrent la victoire générale.
 
La bataille de Santa Clara
La Bataille de Santa Clara a eu lieu entre 5h00 le matin du 29 Décembre 1958 et midi le 1er Janvier 1959. Elle a été décisive pour la Victoire des Révolutionnaires.
Après l'échec de l'opération Verano (en raison de la supériorité militaire adverse) et les succès dans les combats de La Plata et Las Mercedes (grâce à la ruse), Fidel Castro était convaincu qu’il fallait porter la lutte de la campagne dans les grandes villes.
Fidel décida de diviser son armée en deux colonnes: l'une (dirigée par lui, son frère Raúl et Juan Almeida) pour s’attaquer aux provinces de l'est et l'autre (sous le commandement de Camilo Cienfuegos, Che Guevara et Jaime Vega) pour s’attaquer à Yaguajay, Santa Clara et La Havane.
Malheureusement Vega est pris dans une embuscade et meurt avec toute sa section. Fidel organise une nouvelle division : Cienfuegos part sur Yaguajay alors que le Che se dirige vers Santa Clara et plus tard La Havane.
La bataille
Avec 320 hommes le Che arrive le 28 Décembre dans le port de Caibarién (province de Villa Clara) et atteint la ville de Camajuaní, située à mi-chemin entre Caibarién et Santa Clara. Ils sont bien accueillis par la population locale, principalement des paysans, et l'arrivée de 1000 volontaires supplémentaires persuadent les combattants rebelles que la victoire décisive est imminente.
Les troupes gouvernementales, en infériorité numérique, ont investi Santa Clara et se sont positionnés près de l'université, située à la périphérie de la ville.
Che Guevara, blessé au bras gauche à la suite d'une chute, divise ses forces en deux colonnes : la troupe placée plus au sud est la première à répliquer au feu lancé par les hommes du colonel Joaquín Casillas Lumpuy, qui ne peut concrétiser sa supériorité numérique.
Batista a envoyé un train chargé d'armes et de munitions, pour renforcer ses divisions, mais il doit nécessairement passer par un tronçon accidenté. Che Guevara alors donne l'ordre au « peloton suicide » (habitué aux actions dangereuses) mené par un jeune homme de 23 ans, Roberto Rodríguez Fernández dit El Vaquerito, d’atteindre les collines et d’attaquer le train : El Vaquerito, grâce à une action soutenue par l’utilisation massive de grenades, force le convoi à changer de direction, et le dirige dans le centre-ville.
Dans la ville l'autre colonne dirigée par Rolando Cubela, poursuit l'action avec une série d'escarmouches contre l'armée gouvernementale qui, bien que soutenue par des avions et des chars, est submergée grâce aussi à la population locale qui contribue à la bataille révolutionnaires en lançant des cocktails Molotov contre l’armée de Batista.
Prendre le train
Guevara sait que, à ce moment-là la prise du train chargé d'armes et de munitions est une priorité : Che se saisit du bulldozer qui était à la Faculté de l'Agriculture et soulève les rails, ce qui oblige le convoi à arrêter. Tout son contenu est saisi et les 350 officiers qui se trouvent à l'intérieur sont arrêtés.
Le train contient une quantité considérable d'armes qui constitue un grand avantage pour les forces révolutionnaires. Le butin sert à de nouvelles attaques menées par Guevara et le commandant (appartenant à Segundo Nacional avant) Américain William Alexander Morgan contre les troupes régulières.
Beaucoup de batistiens se rendent, mais d'autres préférent continuer à se battre, en utilisant le train maintenant comme abri : Guevara a donne l'ordre de lancer des cocktails Molotov à travers les fenêtres d’où partent les tirs gouvernementaux afin que le train devienne, selon ses propres mots, « un vrai four pour les soldats ». Cette tactique est couronnée de succès.
La capture du train a été considérée rétrospectivement comme un événement symbolique : il représentait la défaite du sommet de l'Etat cubain devant la Révolution de Fidel Castro, bien que le lendemain de la bataille, des journaux de droite annoncèrent la « victoire de Batista. » Cependant, ces nouvelles furent rapidement démenties par les faits, puisque les insurgés, après avoir laissé une garnison à Santa Clara, continuèrent leur marche sur La Havane.
Prendre la ville
Bientôt les rebelles occupèrent le centre et l'ensemble de la zone nord-ouest de la ville. Ils ont pris 31 casernes, la prison, la Cour, le Palais du gouvernement provincial, le Grand Hôtel, le plus grand bâtiment et le poste de police. Dans ces combats, le régiment batistien « Leoncio Vidal » montra une résistance farouche, mais la victoire n’était plus qu’une question d'heures.
Pendant l'assaut du poste de police, El Vaquerito est tué : L'attitude courageuse et téméraire du jeune homme fut ensuite jugée décisive pour le sort de la bataille, car sans le succès de son « attaque depuis les collines », l'affrontement aurait duré beaucoup plus longtemps. El Vaquerito, un héros qui « a joué un nombre incalculable de fois avec la mort dans le combat pour la liberté. »
Les dernières poches de résistance matérialisée dans une forteresse où étaient réunis tous les anti-Castristes, avaient confiance dans la tentative de coup d'Etat le 1er Janvier par le général Eulogio Cantillo : celui-ci échoua, il ne restait plus que leur capitulation sans condition (24:00 heures).
Les résultats et les conséquences
Ce fut la dernière grande bataille de la révolution cubaine. Fidel Castro avait gagné et le 8 Janvier, après une série de rassemblements dans différentes villes, il est arrivé à La Havane et prit les rênes du pays.
La bataille de Santa Clara a couronné Che Guevara d’une gloire militaire considérable : le mythe du « Comandante Che Guevara » est né de ces circonstances. Aujourd'hui, s’élève à Santa Clara un monument à sa gloire célébrant le succès militaire décisif du médecin argentin.
Les wagons originaux sont toujours au bord de la ligne de chemin de fer dans la ville.
Michel Taupin

19:27 Publié dans Etats Unis, Guerre, Monde, Révolution | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cuba, santa clara | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

11/08/2021

Les vaccinations obligatoires qui déclenchaient une émeute à Montréal en 1885

Monreal vaccins.jpg

Plus de 2 000 émeutiers violents – certains armés de pierres, d’autres de revolvers – ont fait irruption dans les rues pour protester contre les vaccinations obligatoires.

« Tuez les vaccinateurs », ont-ils crié.

La scène se passait à Montréal dans la nuit du 28 septembre 1885, après que la ville a décidé d’imposer des vaccinations obligatoires pour lutter contre une épidémie de variole.

Les manifestants étaient des résidents du quartier canadien français de Montréal, où la méfiance à l’égard du gouvernement à majorité anglaise était profonde.

L’épidémie de variole à Montréal commença au début de 1885 lorsqu’un conducteur du chemin de fer du Grand Tronc arriva dans la ville avec la maladie et se porta soigner à plusieurs endroits. Alors que ce qu’on a appelé la « mort rouge » se propageait, Montréal a lancé un programme d’inoculation volontaire, mais les Français résidents canadiens ont résisté.

Bien que l’inoculation contre la variole ne soit pas nouvelle, certains craignaient que les vaccinations soient dangereuses. Certains ne comprenaient pas à quel point la maladie était contagieuse. Certains croyaient aux rumeurs selon lesquelles les vaccinateurs de la ville allaient dans les chambres à coucher et attachaient les enfants pour qu’ils soient vaccinés.

Une brochure anti-vaccination disait « Stop!! Les gens sont conduit comme des animaux muets à l’abattoir ». Certains groupes religieux ont appelé la variole la « marque de la bête » biblique – la même affirmation faite par les théoriciens du complot sur les vaccins contre le coronavirus sur les réseaux sociaux de certains groupes chrétiens.

Alors que les décès dus à la variole à Montréal avaient dépassé les 3 000 résidents, le Conseil de santé de la ville a décidé de rendre les vaccinations obligatoires à compter du 28 septembre 1885. Le président du conseil d’administration a tenté de contrer les fausses craintes.

« Cela ne signifie pas que les gens doivent être saisis et bloqués et donc vaccinés par la force », a-t-il déclaré. « Cela signifie que le vaccinateur se rendra à la porte d’une maison et demandera la preuve que tous [qui y résident] sont vaccinés. » Si ce n’est pas le cas et qu’ils refusent d’être vaccinés, ils seront condamnés à une amende, a rapporté la Gazette de Montréal.

Pourtant, des foules hystériques ont commencé à se former l’après-midi du 28. Trois Français membres du conseil municipal canadien « ont proféré la menace de brûler la ville et de tirer sur tous ceux qui sont favorables à ce que la vaccination soit rendue obligatoire », a rapporté le Detroit Free Press.

Le résultat a été rapporté à travers le Canada et les États-Unis sous des titres tels que « MONTREAL’S MAD MOB ».

Vers 19 heures, «une foule hurlante » a attaqué une succursale du ministère de la Santé et « détruit le bâtiment », a rapporté le Philadelphia Inquirer. La foule, de plus en plus nombreuse, a ensuite marché jusqu’à l’hôtel de ville. Quelques policiers étaient de service, mais « la foule les a chassés de leur chemin comme des moutons ».

« Un élément remarquable de l’émeute a été l’effondrement total de la police et la preuve de son incapacité à faire face à la foule », a rapporté la Gazette de Montréal. « Les émeutiers ont agi avec une nonchalance qui montrait leur indifférence à la présence de la police. »

La foule des émeutiers s’est tournée à côté du poste de police central. « Des coups de revolver ont été tirés librement sur la police », a déclaré le Boston Transcript. « Pour effrayer les hommes, la police a tiré au-dessus de leurs têtes ce qui a été accueilli par des railleries et des rires. »

Le maire de Montréal était malade chez lui lorsqu’il a appris la protestation. Il a pris le téléphone et a fait sonner les cloches de la cathédrale Notre-Dame « pour que les policiers des différents postes de la ville se rassemblent » au poste central de police, rapporte la Gazette de Montréal.

Le maire et le chef de la police se sont dirigés vers le bureau de la santé, qui a de nouveau été attaqué. Lorsque le chef a essayé de se précipiter à l’intérieur à travers la foule, il « a été renversé d’un coup de bâton et a reçu des coups de pied jusqu’à ce qu’il soit presque évanoui », a déclaré la Gazette. Finalement, un groupe important de policiers est arrivé : « Les policiers ont chargé la foule, les matraquant à droite et à gauche, et ont réussi à les disperser. »

À 1 .m, la ville était calme.

Un journaliste du Detroit Free Press était sur les lieux. « Votre journaliste à 13 heures ce matin vient de rentrer de l’est, qui est entièrement habité par des Français-Canadiens. Deux mille personnes y sont rassemblées dans une totale et frénétique excitation. Ils ont déclaré qu’ils préféreraient mourir plutôt que d’être vaccinés et qu’ils ne se soumettront pas aux « chiens anglais ».

Deux manifestants auraient été tués au cours de la mêlée et les dégâts matériels ont été importants. Le maire a appelé l’armée la nuit suivante et le calme a été rétabli dans la ville.

Lors d’une réunion du conseil municipal, les trois représentants canadiens français ont continué de dénoncer les vaccins plutôt que les émeutiers. « Ce sont des élus qui représentent les paroisses où la variole est la plus répandue et qui prennent cette voie pour gagner les faveurs de leurs électeurs », a déclaré le New York Times.

Deux semaines plus tard, le Dr Alexander Ross, l’un des membres du conseil municipal anti-vaccination qui avaient incité les manifestants, a été arrêté à bord du train Chicago Express en provenance de Montréal par un inspecteur de la santé canadien, a rapporté le St. Louis Post Dispatch. Une perquisition a révélé que « le grand défenseur de la partie ignorante de la lutte contre la vaccination avait été vacciné récemment ».

19:38 Publié dans Monde, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : montréal, vaccins | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |