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Le 22 juin 1941, l’armée allemande envahit le sol soviétique. S’ensuivent 47 mois de conflit d’une violence inouïe avec plus de 20 millions de morts côté soviétique. Le front russe sera déterminant dans la capitulation de l’Allemagne nazie.
La Pravda du 9 mai 1945 exulte. « Le peuple soviétique n’oubliera jamais ce jour. Comme il n’oubliera jamais le 22 juin 1941 ! Entre ces deux dates, on aurait dit qu’un siècle s’était écoulé (…) Nous attendions avec impatience le jour où le coup final viendrait abattre le monstre noir qui insultait la vie. Et nous avons porté ce coup (…) Et le ciel nocturne de Moscou semble refléter la joie qui emplit le pays soviétique. Nous avons été témoins d’événements qui pourraient remplir des volumes. Mais aujourd’hui, nous pouvons tous les résumer en un seul mot : victoire ! »
Cette victoire est fêtée le 24 juin 1945 avec un grand défilé des troupes couronnées de gloire sur la place Rouge à Moscou. Après la parade, Staline reçoit au Kremlin 2 500 généraux et officiers de l’Armée rouge. À la surprise générale, ce n’est pas à eux qu’il adresse son toast mais aux millions de citoyens soviétiques de l’arrière sans l’engagement et l’abnégation desquels la victoire eut été impossible.
L’URSS représente 85 % des pertes alliées en Europe
En attaquant l’URSS le 22 juin 1941, les Allemands comptaient sur la division entre les diverses nationalités que comptait l’Union soviétique et sur l’effondrement du régime lui-même. Il n’en fut rien : l’État multinational a résisté, mis à part quelques milliers, voire centaines de milliers de collaborateurs nationalistes dans les pays Baltes (annexés en 1940) et en Ukraine, qui ont prêté leur concours aux nazis dans les massacres de juifs, les représailles contre les populations civiles et les partisans. Les Soviétiques dans leur majorité ont fait bloc avec leur gouvernement, leur armée et le PCUS.
De 1941 à 1944, l’URSS est bien seule à supporter le poids de la guerre. Du 22 juin 1941 au 9 mai 1945, les pertes militaires soviétiques s’élèvent à 11 444 100 personnes, selon les statistiques russes de 2009. Le nombre de morts civils s’élevait à plus de 13 684 000. Parmi ces derniers, 7 420 370 ont été délibérément exterminés dans les territoires occupés, 4 100 000 personnes sont mortes des conditions cruelles du régime d’occupation (faim, maladie), 2 164 313 personnes dans les camps de travail forcé en Allemagne.
Les pertes militaires de l’Union soviétique représentent 85 % du total des pertes alliées en Europe (Royaume-Uni 3,7 %, France 2,9 %, États-Unis 2,6 %). Enfin, le front ouvert en juin 1944 en France a eu, militairement, environ 11 mois d’existence, contre 47 mois pour le front russe depuis juin 1941.
La gigantesque mobilisation des travailleurs soviétiques
L’Armée rouge a retenu sur son front jusqu’à 80 % des forces terrestres allemandes ; elle a dû faire face à 190 divisions en 1941, à 268 au moment de la bataille de Stalingrad, et à 189 au début de 1945 alors qu’elle avait déjà porté des coups décisifs à l’ennemi. À titre de comparaison, les Anglo-Américains n’ont eu à combattre que 15 divisions en 1941-1942 et de 60 à 75 après le débarquement en Normandie.
Au total, 1 700 villes, 70 000 villages et 32 000 entreprises industrielles furent rasés. Entre Brest (Biélorussie) à l’ouest et Moscou à l’est, entre Leningrad au nord et Sébastopol au Sud, le pays n’était plus qu’un champ de ruines. Une gigantesque mobilisation des travailleurs soviétiques avait permis, dès l’été 1941, d’évacuer des usines entières.
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Démontées et transportées en Sibérie ou dans l’Oural, elles continuent à produire des armes et des équipements essentiels dès l’automne 1941. Elles ont permis d’approvisionner les troupes qui ont repoussé les Allemands devant Moscou et jouer un rôle crucial dans la capacité de l’Union soviétique à soutenir un effort de guerre tout au long du conflit.
La tardive ouverture d’un « second front »
Dès les mois d’août-septembre 1941, Staline avait réclamé sans répit – mais en vain – l’ouverture d’un « second front » occidental à l’Ouest, en France par exemple. Il ne l’obtint qu’en juin 1944, alors qu’il était clair que Hitler avait perdu la guerre et que rien ne pouvait plus arrêter l’Armée rouge dans sa poussée à l’Ouest. L’opération « Bagration », du 22 juin – jour d’anniversaire de l’attaque allemande de 1941 – au 19 août 1944 en estun exemple.
Visant à libérer la Biélorussie et à éliminer le groupe d’armées Centre de la Wehrmacht, elle fixe aussi à l’Est des divisions allemandes qui, sans cela, se seraient portées au-devant des Alliés qui venaient de débarquer en Normandie. L’Armée rouge y enregistre là 178 507 tués et 587 308 blessés. Mais elle parvient à parcourir de 500 à 600 km, libérer la Biélorussie, terre de partisans mais aussi terre martyre aux 628 « Oradour ». Elle atteint la Vistule, en Pologne, libère Sandomierz et surtout Lublin, où va siéger le Comité polonais de libération nationale (PKWN).
Le 19 août 1944, l’Armée rouge est devant Varsovie. Elle n’est plus, alors, qu’à 600 km de Berlin. Ce même jour, à 1 500 km de là, l’insurrection parisienne commençait avec l’occupation de la préfecture de police dans l’île de la Cité, à plus de 1 000 km de la capitale du Reich.
Grand dirigeant communiste, résistant, parlementaire, plusieurs fois incarcéré pour ses activités politiques… la vie de Jacques Duclos est un roman. Il s’éteint en 1975, quelques années après avoir été un remarquable candidat à la présidentielle. Son parcours se confond avec les cinquante premières années du PCF.
Lorsque paru, le 1er janvier 1975, chez Grasset « Ce que je crois », de Jacques Duclos, on pouvait s’étonner qu’il lui faille, pour ainsi dire, ajouter une sorte de post-scriptum à ses Mémoires, dont le sixième et dernier tome avait été publié chez Fayard en 1973.
Nous ne savions pas que c’était là son dernier livre. Lui le savait. Et une phrase à la fin de l’ouvrage prit pour nous tout son sens quatre mois plus tard, quand Jacques – c’est ainsi que nous l’appelions – s’éteignit chez lui, le 25 avril 1975, il y a 50 ans, dans son petit pavillon de l’avenue du Président-Wilson, à Montreuil, séparé de celui de Benoît Frachon par la petite boutique d’un coiffeur, que nous connaissions bien pour y avoir, certaines nuits, « monté la garde », le chat Pom-Pom sur les genoux.
Cette phrase aurait dû nous prévenir : « Ce que mes yeux ne pourront peut-être pas voir, d’autres yeux le verront. Et la lumière l’emportera sur les ténèbres, la vie sera plus forte que la mort. »
Jacques, chef de guerre
Le 26 avril, un samedi, à la une de « l’Huma », un seul titre : « Jacques Duclos est mort » ; avec une superbe photo du dirigeant communiste et l’hommage du comité central du PCF : « Venu au Parti communiste français à la lumière de la grande révolution d’Octobre, par haine de la guerre qu’il venait de vivre, Jacques Duclos fut, avec Maurice Thorez, Marcel Cachin et Benoît Frachon, de ceux qui construisirent ce grand parti populaire et national et en firent l’avant-garde du combat de classe pour la démocratie et le socialisme… ».
Le 29 avril, 200 000 personnes se pressaient dans le cortège qui accompagnait cette grande figure du mouvement communiste international. Elles rendaient ainsi hommage à cet orateur sans pareil du Palais Bourbon depuis 1926 et du Palais du Luxembourg depuis 1959, ce dirigeant du PCF, qui, dans la clandestinité, pendant quatre ans, avait eu la lourde et périlleuse tâche de diriger le Parti et les forces de la Résistance qui lui étaient affiliées.
Les circonstances – la défaite de 1940, l’Occupation, l’absence de Maurice Thorez, réfugié à Moscou – avaient fait de Jacques un chef de guerre, lui, le petit pâtissier né le 2 octobre 1896 à Louey, un village des Hautes-Pyrénées de 477 âmes à l’époque, qu’il avait dû quitter à 18 ans, en 1915, pour l’uniforme, les tranchées de Verdun, la boue, le sang et la mort. Démobilisé avec son frère Jean, une « gueule cassée », il n’attend pas pour rejoindre l’Association républicaine des anciens combattants, l’Arac, que vient de fonder Henri Barbusse.
Jacques avait lu « le Feu ». Il lisait beaucoup d’ailleurs. Blessé en 1916, à l’hôpital, il dévorait Balzac. Il lira toute sa vie. Dans le dernier tome de ses Mémoires, il nous parle de Lautréamont. Dans « Ce que je crois », il revisite la guerre d’Espagne, au cours de laquelle il fut plusieurs fois missionné par l’Internationale communiste (IC) ou le PCF –, à travers Hemingway et Bernanos. Il était incollable sur Hugo. Il s’en inspira beaucoup comme orateur, comme évidemment de Jaurès. Ils furent ses pairs, mais il conquit lui-même ses galons de tribun.
Qu’il prononce un discours au Parlement, qu’il harangue la foule dans un meeting, ou encore qu’il intervienne dans une simple réunion, comme celles du comité de section de Montreuil-Sud, auxquelles il se faisait un devoir d’assister quand son agenda le lui permettait, il faisait partager passions, colères et rires à son auditoire.
La journaliste Dominique Desanti s’en souvient : « Entendre Duclos pour la première fois, quelle fête pour l’oreille amie de l’éloquence ! Période balancée, formule répétée en refrain, symbiose de la tradition oratoire du Midi et des rites du langage communiste qui gagnent de la saveur à rouler sur le gravier d’un accent. Rond le petit corps, ronde la grosse tête, rondes les lunettes ; tout rassure, tout fait penser au matou ronronnant quand soudain cette voix vous emporte et quand soudain le regard, perçant et froid, vous atteint. »1
Le « complot des pigeons »
Il émaillait son propos d’anecdotes, de digressions, souvent drôles. Il avait sa ponctuation : « eh bien ! », « n’est-ce pas ». Il recourait souvent à des citations, quelques fois assez crues, comme dans ce meeting à la mairie de Montreuil pendant la campagne des élections législatives de 1958 où, accrochant son adversaire, un certain, Jean-Pierre Profichet, un médecin inconnu mais qui allait le battre, il avait repris la saillie de Napoléon à Talleyrand au château des Tuileries, le 28 janvier 1809 : « Tenez, Monsieur, vous n’êtes que de la merde dans un bas de soie. »
Ce soir-là, il ne le savait pas encore, mais s’achevait sa carrière de député. Commencée avec éclat en 1926 à Paris, avec une victoire sur Paul Reynaud, le futur président du Conseil de la débâcle de 1940, suivi en 1928 d’une autre sur Léon Blum, dans le 20e arrondissement de Paris, elle est brièvement interrompue en 1932 quand Jacques Duclos est défait, dans ce même arrondissement, par Marcel Déat, en 1932. Quatre ans plus tard, en 1936, il retrouvera le Palais Bourbon comme député de Montreuil. La même année, il est vice-président de la Chambre, fonction qu’il retrouvera à la Libération à l’Assemblée nationale, jusqu’en 1951.
La carrière parlementaire de Jacques Duclos ne fut pas un doux chemin. Plusieurs fois arrêté, condamné, incarcéré, au total, ses condamnations équivalaient à quarante-sept ans d’emprisonnement. Et rebelote après-guerre, avec le lamentable « complot des pigeons ». Le 28 mai 1952, le PCF et les Jeunes communistes organisèrent à Paris une manifestation contre la venue du général américain Ridgway à Paris. Elle tourna à l’émeute.
Le soir même, alors qu’il quittait le siège de « l’Humanité » pour rentrer chez lui en voiture, Jacques, sa femme, Gilberte, son chauffeur et son garde du corps furent arrêtés. En dépit de son immunité, il fut incarcéré à la Santé et libéré seulement le 1er juillet. On avait trouvé dans la voiture deux pigeons, morts ! Un cadeau. Cela suffit à voir là la main de Moscou. La presse se déchaîna.
Depuis la fin des années 1920 et surtout les années 1930, l’activité internationale de Jacques Duclos, laquelle était fort importante, ne cessait de faire de lui un des boucs émissaires privilégiés de la droite, de l’extrême droite montante et de leur presse. C’était « l’agent de Moscou » tout désigné et, pour certains spécialistes de l’anticommunisme, ça l’est encore aujourd’hui.
Dirigeant du PCF au côté de Maurice Thorez, parfois seul quand ce dernier n’était pas en France, Jacques était également dirigeant de l’Internationale communiste, pour laquelle il assuma nombre de missions auprès d’autres partis de l’IC. Internationaliste convaincu, il avait parfaitement intégré la formule de Jaurès : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène. » C’est pourquoi la grande dame que fut Dolores Ibarruri, la « pasionaria », salua sa mémoire au Père-Lachaise, en avril 1975.
La campagne de l’élection présidentielle de 1969
C’était seulement six ans après l’un des plus grands faits d’armes de Jacques : la campagne de l’élection présidentielle de 1969. Le général de Gaulle ayant démissionné à la suite d’un référendum qu’il avait perdu, une élection fut organisée, fixée au 1er juin 1969. Au lendemain de Mai 1968, les conditions d’une alliance à gauche, comme en 1965 avec la candidature de François Mitterrand, n’étaient pas réunies.
Le PCF choisit Jacques Duclos. Les socialistes, Gaston Deferre, appuyé par Pierre Mendès-France, tandis que le jeune Rocard s’alignait lui aussi. Georges Pompidou, l’ancien premier ministre de De Gaulle et Alain Poher, le président du Sénat, se concurrençaient sur la droite. Beaucoup restaient sceptiques, même chez les communistes, face à la candidature d’un homme de 72 ans, certes bien connu des communistes, mais pas beaucoup au-delà, surtout dans les jeunes générations.
La journaliste Michèle Cotta, qui allait suivre Jacques en campagne, faisait part de ses doutes le 5 mai 1969 : « Il n’est pas de prime jeunesse, évidemment. Son apparence physique ne plaide pas en sa faveur. Et, vieux stalinien qu’il est, il est loin d’incarner le renouveau du PC. Defferre et Jean-Jacques Servan-Schreiber ne jugent pas dangereux le candidat communiste. Ils n’en ont nullement peur. » Elle reconnaissait, moins de vingt jours après, le 22 mai 1969 : « Je m’étais trompée en pensant que Duclos était un mauvais choix. Il fait au contraire une campagne formidable : il est partout (…) tout en gardant son énergie intacte pour les enregistrements télévisés. (…) Il rigole tout le temps, avec ses petits yeux pétillants sous ses lunettes ».
Le 1er juin 1969, Jacques Duclos prenait la troisième place, frôlant de justesse sa qualification pour le second tour (à moins de 500 000 voix près), avec 21,3 % des voix. Defferre atteignit péniblement les 5,0 % et Rocard 3,6 %. Refusant de soutenir Poher face à Pompidou, le PCF appela à l’abstention. Jacques lança son célèbre « Pompidou-Poher, c’est blanc bonnet et bonnet blanc ! ». Michèle Cotta fut séduite : « On ne peut pas mieux trouver : court, compréhensible par tous, impertinent, rigolo. Jacques Duclos aura mis de bout en bout les rieurs de son côté » (14 juin 1969).
Une dernière bataille, on pourrait dire un duel, attendait encore le sénateur de Seine-Saint-Denis. Le 22 octobre 1974, devant l’Association de la presse anglo-américaine, le ministre de l’Intérieur, Michel Poniatowski, avait déclaré que le Parti communiste était « un parti totalitaire et de caractère fascisant ». Le groupe communiste au Sénat déposa aussitôt une « question orale avec débat ».
Son président, Jacques Duclos, y demandait au ministre de l’Intérieur « comment il a pu qualifier de fascisant un parti dont le rôle dans la lutte contre le fascisme et dans la Résistance est historiquement reconnu et qui poursuit aujourd’hui dans la légalité et le respect de la Constitution une activité au service du peuple et de la nation ». La joute eut lieu le 12 novembre 1974. Jacques était déjà fatigué, malade. Ce ne fut pas son meilleur combat. Ce fut le dernier d’une vie faite par et pour l’engagement.
« La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat »
2 septembre 1924 à Wolomin (Pologne) - 24 janvier 2003 à Paris
Ajusteur ; militant des JC-MOI clandestines et résistant FTP-MOI à Paris ;
déporté ; dirigeant du PCF ; syndicaliste CGT, secrétaire de l’UD-CGT de la Seine
(1953-1960), directeur de La Vie Ouvrière (1960-1980), secrétaire de la CGT
(1960-1992), secrétaire général de la CGT (1982-1992).
Henri Krasucki était né dans la banlieue de Varsovie. Il avait quatre ans, en 1928,quand il quitta la Pologne avec sa mère Léa, pour rejoindre son père Isaac, émigré à Paris depuis 1926 pour des raisons économiques autant que politiques puisqu’il était recherché par la police. Isaac Karaucki né le 26 janvier 1902 à Varsovie, mort à Auschwitz le 9 février 1943 était de culture yiddish, d’une famille juive pieuse.
Henri Krasucki avait le goût de l’étude toutefois, à la fin de l’année scolaire 1938-1939, contre l’avis de ses parents, il décida d’interrompre ses études en raison de la situation de la famille. Sa petite sœur Liliane, avait en effet un lourd handicap qui nécessitait des soins coûteux.
Il décida alors de devenir ajusteur métallurgiste par la voie de l’apprentissage. À quinze ans, sur le conseil d’un ami, et à la lecture de la Vie de Beethoven de Romain Rolland, il découvrit les concerts, puis l’opéra, qu’il ne cessa dès lors de fréquenter avec assiduité.
Le 2 septembre 1939, à la veille de la mobilisation, Henri Krasucki adhérera aux Jeunesses communistes.
Résistant dans le groupe MOI, il est arrêté le 23 mars 1943. Il fut sauvagement battu, torturé longuement, y compris devant sa mère. C’est comme juifs et non comme résistants qu’ils furent déportés par le convoi 55, vers Auschwitz le 23 juin.
Son investissement syndical reconnu, Henri Krasucki devint permanent de la CGT à la fin de l’année 1947. Cinq ans après son entrée dans la clandestinité, Henri Krasucki quitta à nouveau la vie professionnelle, cette fois de son plein gré.
Il a subi parfois des attaques personnelles, comme en 1987, lors d’un Club de la presse, lorsqu'une journaliste du Figaro lui reproche d’être un « Français de fraîche date » qui, « naturalisé en 1947 », se permet de critiquer la politique de la France.
Il réplique en racontant l’histoire de son père. « Mes origines n’ont rien d’extraordinaire » explique-t-il, « il se trouve d’ailleurs qu’elles sont les mêmes que celles du cardinal archevêque de Paris (Jean Marie Lustiger) comme lui d'origine juive polonaise. Ses parents et les miens ont, à peu d’années d’intervalle, vécu la même histoire, bien qu’avec des idées différentes.
Je ne peux m’empêcher d’observer que si, par hypothèse, les circonstances de la vie m’avaient fait archevêque, on évoquerait aujourd'hui mes origines avec tact, sans insinuation perfide. Et si je comptais parmi mes ancêtres quelques grands princes polonais, alors là… » (allusion au prince Michel PoniatowskI, ministre français).