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29/06/2014

Il y a cent ans, François-Ferdinand était assassiné à Sarajevo

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Il est fréquent de lire que le vingtième siècle commence et se termine à Sarajevo. Le démantèlement de la Yougoslavie et la tragédie bosniaque au début des années 1990 feraient écho à juin 1914 et l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, une des « grandes » dates retenues classiquement, « l’étincelle » qui allait mener à la grande conflagration mondiale.

De nombreuses commémorations, d’orientations diverses, sont organisées tout au long du mois de juin dans la capitale bosniaque pour revenir sur cet événement capital. Que l’on se garde néanmoins de toute lecture rétrospective : ce sont deux contextes bien différents qui expliquent comment à chaque fois des événements ont mené à des conflits militaires et, surtout, les responsabilités des grandes puissances ne doivent pas être occultées au profit d’une banalisation de la « balkanisation » (terme dont on connaît bien le sens en français !).

En 1908, l’Empire austro-hongrois avait annexé la Bosnie-Herzégovine, soutenu par l’Allemagne. Les guerres balkaniques en 1912-1913 permettent un affaiblissement considérable de la domination ottomane, tandis que la Serbie s’impose comme une puissance régionale de première importance. Nouveaux faits qui vont, selon certains historiens, entraîner une série de conflits et rivalités entre la Serbie et l’Autriche-Hongrie menant à la guerre, et l’assassinat de l’archiduc ne fut, dans ce cadre, qu’un détonateur d’une situation déjà bien établie. À l’inverse, d’autres ont souligné la prégnance de la diplomatie et les efforts de paix entre 1912 et 1914 qui auraient pu empêcher la guerre, l’emballement des nationalismes après la crise de Sarajevo ayant court-circuité ces tentatives pacifistes et accélérer un processus dont nul ne sait ce qu’il aurait donné quelques mois, voire quelques années plus tard…

Dans tous les cas, il n’est pas raisonnable de réécrire l’histoire en expliquant ce qu’il se serait passé si l’archiduc n’avait pas été assassiné. Ce qu’il est nécessaire de souligner, c’est que, jusqu’au bout, ont existé des tentatives et projets pour contrecarrer les nationalismes.

Un an avant l’assassinat de l’archiduc, Jaurès avait prévenu, dans l’Humanité, dans un article intitulé « Sinistres Leçons » (12 juin 1913) : « Si chauvins de France et chauvins d’Allemagne réussissaient à jeter les deux nations l’une contre l’autre, la guerre s’accompagnerait partout de violences sauvages qui souilleraient pour des générations le regard et la mémoire des hommes. Elle remuerait tous les bas-fonds de l’âme humaine, et une vase sanglante monterait dans les cœurs et dans les yeux. » Jaurès n’oublie pas à ce moment-là qu’il ne s’agit pas de défendre la « France » contre « l’Allemagne », mais bien d’écarter les forces bellicistes qui pourraient déclencher la guerre.

Les articles publiés dans l’Humanité qui séparent l’assassinat de l’archiduc de celui de Jaurès peuvent donner lieu, là aussi, à des lectures contradictoires : tantôt Jaurès paraît envisager le ralliement à la défense nationale, tantôt il ne peut admettre qu’il s’agisse de la seule issue possible. Dans le socialisme international, depuis la parution du Capital financier de Rudolf Hilferding (1910), les débats sur la nature de l’impérialisme et ses mutations récentes font rage : la gauche du mouvement socialiste pense que le capitalisme et ses développements les plus contemporains mèneront fatalement à la guerre et condamnent les « gesticulations » diplomatiques et ceux qui les soutiennent. D’autres développent des projets politiques visant à résoudre la brûlante question nationale qui agite les Empires centraux, tout particulièrement donc au cours des conflits de 1912-1913, et avancent l’idée d’un État fédératif et multinational qui ne soit pas dominé par un peuple.

Entre 1910 et 1912, plusieurs conférences furent organisées par des socialistes originaires des Balkans, notamment à Belgrade, dans l’optique d’élaborer un projet de fédération. Un an après le déclenchement de la guerre, en 1915, une autre conférence sera convoquée à Bucarest proposant une « République fédérative des Balkans » qui tienne compte des spécificités nationales. Mais cette conférence se tient déjà dans un tout autre contexte, même si la Bulgarie, la Roumanie et la Grèce ne sont pas encore entrées en guerre…

Puisse cet anniversaire du 28 juin 1914 permettre, plutôt que de déplorer l’engrenage fatal des nationalismes, de réfléchir et de réexaminer aujourd’hui les projets débattus à l’époque par les différents courants socialistes et sociaux-démocrates dans toute l’Europe, dont certains paraissent – hélas ! – encore d’une grande modernité : quelles solutions politiques pour éviter l’émiettement et la multiplication de petits États rivaux, proies toutes désignées des grandes puissances environnantes ou même lointaines ?

Un événement pacifique à sarajevo

Du 6 au 8 juin derniers, un grand événement pacifique était organisé à Sarajevo avec le soutien de la Fondation Rosa-Luxemburg (proche de Die Linke). Parmi les ateliers organisés, l’un d’entre eux – coorganisé par le réseau Transform ! – était consacré à la gauche en Europe à la veille de la Première Guerre mondiale. Des intervenants de tous les pays sont revenus sur le sujet : Jean-Numa Ducange (Rouen), Derek Weber (Vienne), Holger Politt (Berlin), Ankica Cakardić (Zagreb), Krunoslav Stojaković (Fondation R.-Luxemburg), Husnija Kamberović (Institut d’histoire, Sarajevo), Andreja Zivković (sociologue, Londres), Miloš Bakovic-Jadzić (Belgrade), Olga Manojlović-Pintar (historienne contemporaine, Belgrade)…
 
Jean-Numa Ducange, maître de conférences en histoire contemporaine (Normandie université GRHIS-Rouen) pour l'Humanité

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05/06/2014

Le débarquement et la Résistance sur les ondes de la liberté

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A partir de radio Londres, les ondes radiophoniques se font l’écho du discours en appelant à la libération nationale, à la Résistance et jouent un grand rôle dans les préparatifs du 6 juin 1944.

Petite chronique de cette marche de l’histoire.

Le chef de la France combattante refuse de parler à la BBC immédiatement après le commandant suprême des forces expéditionnaires interalliées. Le général de Gaulle s’exprimera non à 10 heures, après le général Eisenhower, mais dans le quart d’heure français de l’après-midi, à 17h30.

Son discours sera diffusé une seconde fois en début de soirée : « La bataille suprême est engagée ! Après tant de combats, de fureurs, de douleurs, voici venu le choc décisif, le choc tant espéré. Bien entendu, c’est la bataille de France et c’est la bataille de la France ! D’immenses moyens d’attaque, c’est-à-dire, pour nous, de secours, ont commencé à déferler à partir des rivages de la vieille Angleterre.

Devant ce dernier bastion de l’Europe à l’ouest fut arrêtée naguère la marée de l’oppression allemande. Il est aujourd’hui la base de départ de l’offensive de la liberté.

La France, submergée depuis quatre ans, mais non point réduite, ni vaincue, la France est debout pour y prendre part. » Des préparatifs aux discours Le débarquement se prépare depuis plusieurs années. En janvier 1944, Winston Churchill accède à la proposition du général de Gaulle selon laquelle l’insurrection nationale en France peut jouer un rôle déterminant le moment venu de la Libération.

Le chef de la France Combattante défend ce point de vue depuis les premières évocations en 1942 d’un débarquement allié (1). Ce revirement d’opinion du premier ministre du Royaume-Uni crée le changement à la BBC.

Un des « objectifs fondamentaux » du service français de la radio de Londres est, selon les nouvelles directives du Political Warfare Executive, de « préparer » les Français « pour le jour où ils pourront coopérer activement avec les forces alliées de la Libération. » (2)

La BBC parle de l’importance des maquis et retransmet les appels du conseil national de la résistance (CNR), qui appelle à la mobilisation.

En vidéo : extraits des émissions "Les Français parlent aux Français" et "Honneur & Patrie", diffusée par la France Libre sur la BBC à destination de la France occupée L’appel du CNR du 11 mars « demande aux patriotes de briser l’offensive contre le maquis, en désorganisant les transports de l’ennemi, en harcelant ses troupes, en éliminant les miliciens, en organisant des grèves de solidarité ».

Le 27 mars, le CNR lance un nouvel appel, avant toute une série, jusqu’au discours du 6 juin. Le général de Gaulle parle d’un combat « en bon ordre ! », au sein d’une « seule et même volonté », d’une « seule et même espérance ». « Derrière le nuage si lourd de notre sang et de nos larmes voici que reparaît le soleil de notre grandeur » clame Charles de Gaulle, le 6 juin 1944, à la radio de Londres.

En vidéo :le discours du Général de Gaulle prononcé aux Français dans l'après-midi du 6 juin 1944 De la radio à la France libérée Des bouleversements en mai 1944 montrent l’importance du rôle joué par la BBC dans l’organisation, de l’extérieur, de la résistance de l’intérieur, à l’approche du débarquement. Le 2 mai, l’émission « Honneur et Patrie » fusionne avec le programme « Les Français parlent aux Français ».

Le 9, le contrôle des émissions à destination des Français passe sous la direction d’un condominium franco-britannique, qui décide en session interalliée hebdomadaire des directives à adresser aux Français. Les États-Unis préconisent une occupation militaire alliée des territoires français libérés d’une durée de six mois à un an. Le Royaume-Uni s’y oppose, car ces plans vont à l’encontre de la volonté du peuple de France, trop fier pour accepter de telles conditions de libération.

Des négociations franco-américaines commencent dans le sens de la mise en place d’une administration française remplaçant l’administration de Vichy lors de la Libération. À la veille du Jour J, les désaccords sont tels que de Gaulle fait savoir à Churchill qu’il ne souhaite pas que des officiers de Liaison français accompagnent les forces alliées.

Le rôle de ces officiers a été décidé grâce à un accord écrit et signé par le comité français de libération nationale (CFLN), mais de Gaulle envisage leur retrait de l’opération Overlord.

Leur rôle consiste à indiquer aux commandants alliés, une fois en France, les bonnes personnes auprès desquelles confier la responsabilité des affaires civiles françaises. Le chef de la France Combattante ne met pas sa menace à exécution : vingt officiers de Liaison français accompagnent les forces alliées lors du débarquement en Normandie (3).

À Londres, le journaliste et producteur radio André Gillois remplace Maurice Schumann comme porte-parole de la France Combattante, quand ce dernier part sur le front en Normandie, aux côtés du général de Gaulle.

Audrey Vedel Bonnéry, université Charles de Gaulle Lille 3 (1) Jean-Louis Crémieux-Brilhac, La France libre. De l’appel du 18 juin à la Libération, p.431 (2) Centre des archives écrites de la BBC, R34/654/2, directive pour les services français de la BBC, 3-30 janvier 1944 (3) Archives nationales britanniques, cabinet de guerre britannique, 13 juin 1944, 1 L’enjeu des télécommunications. « L’aviation alliée, depuis quelques jours, avait démoli les stations allemandes de radiolocalisation. Les Allemands ont été surpris à tel point qu’en certains endroits ils n’ont pas eu le temps de faire sauter les ponts. »

Jean Oberlé, créateur du célèbre slogan « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand », était à la radio de Londres, quatre ans plus tôt, quand le général Charles de Gaulle vint prononcer l’Appel du 18 juin 1940. À 21 h 52, ce 6 juin 1944, il commente : « Français, notre belle Normandie est un champ de bataille, bataille qui va sans doute être dure. On se bat dans Caen, mais bien d’autres villes et villages normands vont souffrir. Souffrir pour votre libération.

L’armée de la libération est déjà sur le sol français où l’ennemi la défiait de débarquer. »

Quelques dates historiques : 18 juin 1940, l’Appel, premier discours prononcé par le général de Gaulle à la radio de Londres, ondes de la BBC.

10 juillet 1940, publication du texte du Parti communiste français intitulé Peuple de France, signé Thorez-Duclos

15 mars 1944, adoption du programme du Conseil national de la Résistance (CNR) intitulé Les jours heureux. La majorité des propositions fut effectivement adoptée entre la Libération de 1944 et le début de 1946.

Audrey Vedel Bonnery pour l'Humanité - See more at: http://www.humanite.fr/le-debarquement-et-la-resistance-sur-les-ondes-de-la-liberte-543717#sthash.wzLog1lZ.dpuf

30/05/2014

CATHERINE II, LA GRANDE, L'AGE D'OR DE LA RUSSIE !

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Cette année la Russie célèbre le 285e anniversaire de l’impératrice, dont le règne est considéré comme l’" âge d’or » de l’Empire russe par les historiens. C’est sous Catherine II la Grande qu’étaient menées les réformes à la manière de celles des Lumières en France, et que les fondements de la société civile moderne russe ont été posés. En politique étrangère, l'impératrice a réussi à transformer la Russie en une puissance européenne de premier plan.

Les contemporains voyaient en Catherine La Grande une impératrice énergique et sage. Les historiens sont du même avis. En nourrissant un vif intérêt pour les sciences et la politique, l'impératrice a pu mener avec succès non seulement des réformes internes du pays, s’inscrivant dans l’esprit des réformes des Lumières, mais aussi défendre les intérêts de la Russie sur l'arène internationale. Elle a brillamment mené deux guerres contre l’Empire Ottoman, ce qui lui a permis de renforcer les positions de la Russie en mer Noire. Ainsi le littoral Nord de la mer Noire, la Crimée et la région de Kouban ont été attachés à la Russie. Par ailleurs, la Géorgie orientale a été mise sous le protectorat russe. Ensemble avec l’Autriche et la Prusse, Catherine II a également participé à trois partages de la Pologne. À la suite de ces partages, l’Empire russe a pu non seulement récupérer ses régions occidentales, mais a également mis la main sur de nouveaux territoires, souligne le chercheur de l’Institut d'histoire générale de l’Académie des sciences de Russie, docteur en histoire, Vadim Roguinski.

" Ce furent des opérations brillamment réussies. Si l’on observe la carte de la Russie du milieu du 17e siècle, lorsque Catherine II est arrivée au pouvoir, et on la compare à 1796, l’année de sa mort, on peut voir que les frontières se sont élargies, ce qui est très important du point de vue des représentations de l’époque.»

Rôle crucial pour l’indépendance de l’Amérique

Catherine II a également joué un rôle important dans le processus de création des États-Unis. En automne 1775 le roi anglais George III a envoyé un message à l'impératrice russe lui demandant d'envoyer 20.000 soldats russes pour réprimer la rébellion en Amérique. Mais Catherine, en dépit de son opposition aux émeutes contre les monarques légitimes de l'Angleterre, a refusé d’aider l’Angleterre, rétorquant qu’elle ne vend pas ses sujets.

" Catherine a largement contribué à l’indépendance de l’Amérique », raconte le docteur en sciences historiques Igor Kouroukine. " Nous n’avons pas combattu aux côtés des Américains, mais la Russie a refusé d’aider les Anglais. Ces derniers ont notamment demandé des soldats à l'Empire russe pour les transférer vers leur colonie pour qu’ils puissent combattre contre les Américains. Mais l'impératrice a refusé".

Une impératrice " éclairée "

Catherine avait la réputation d’être une femme éclairée. Elle correspondait avec les grands philosophes et écrivains du Vieux Monde, composait elle-même des pièces de théâtre, écrivait des romans. C’est elle, qui a posé les fondements de la société russe moderne.

" C’est elle qui a fondé ce que nous appelons aujourd’hui société civile", explique l’historien russe Alexandre Kamenski. " Cela a également influencé la vision du monde par les Russes. L'apparition du sens de civisme, et la formation des sentiments patriotiques – tout cela lui est dû. Les Russes ont commencé à se sentir non seulement comme sujets, mais aussi comme citoyens".

Ce n’est pas un hasard que le règne de Catherine II est considéré comme l’" âge d’or " de l'Etat russe. C’est sous l’impératrice, une armée forte et une flotte puissante ont été créées. Sa période de règne était accompagnée par un essor de l’artisanat, de l’art, et la formation d’un système d’enseignement primaire. Toutes ces institutions se sont conservées en Russie aujourd’hui.

Par Ksenia Melnikova, La Voix de la Russie – RIA Novosti

La Voix de la Russie

19:13 Publié dans Actualité, Biographie, International, Russie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : catherine ii, russie | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |