28/12/2013
Fabre d'Églantine, blanc mouton
1750- 1794 . Philippe-François-Nazaire Fabre, plus connu sous le pseudonyme de Fabre d'Églantine, est un acteur, dramaturge, poète et homme politique français né le 29 juillet 1750 à Carcassonne et guillotiné à Paris le 5 avril 1794. Il avait voté la mort de Louis XVI. Fils d'un avocat au Parlement de Toulouse, Fabre d'Églantine, passionné par la poésie, obtient un lys d'argent pour un Sonnet à la vierge présenté aux jeux floraux de Toulouse.
«Il pleut, il pleut, bergère, presse tes blancs moutons. Allons sous ma chaumière, bergère, vite, allons. » C'est lui ! Georges Brassens n'a finalement presque rien inventé. Fabre d'Églantine avait fait la moitié du chemin pour ce qui est de tirer parti de l'orage. À ceci près que la chute de sa chanson, extraite d'un opéra-comique joué pour la première fois en 1780, consistait en une très sage demande en mariage auprès du père.
On ne saurait manier l'ironie à propos d'un dramaturge dont l'une des plus hautes fonctions a été d'occuper, en 1785, le poste de directeur du théâtre d'Avignon, lequel n'était pas encore aussi prestigieux que de nos jours, mais il a sans doute fallu des fondations avant que ne se pointe le grand architecte Jean Vilar, si l'on peut dire. Mais il occupa, au même moment, les mêmes fonctions à Nîmes où les mauvaises langues disent qu'il ne laissa pas un souvenir impérissable, sans doute pressé de retourner faire valoir ses qualités à la capitale.
Plusieurs de ses pièces, en tout cas, recueillent un petit succès d'audience. Et son nom d'artiste, qui deviendra un nom de révolutionnaire type, commence à être un peu connu. Il le tire d'une récompense acquise à ce qu'il dit lors du concours de poésie des jeux Floraux de Toulouse. Fils d'un marchand drapier de Carcassonne, Philippe-François-Nazaire Fabre, pour ce qui est de son nom de baptême, parcourt la France à la Molière, et même un peu les Pays-Bas. Et dans une lettre de courtisan adressée à Turgot, il vante de Louis XVI « les moeurs et les vertus ».
Fin 1789, voyant la Révolution s'installer dans la durée, il rejoint le club des Cordeliers, sis dans son quartier, mais sans oublier le club des Jacobins. En 1790, il produit son oeuvre la plus connue, illustrant l'inspiration révolutionnaire : le Philinte de Molière ou la Suite du Misanthrope. Il y mène une critique en règle contre l'égoïsme.
Au mois d'août 1792, Danton devient ministre de la Justice, il engage la plume aux blancs moutons comme secrétaire, lui assurant de quoi assumer de façon plus tranquille son train de vie un peu dispendieux. Il publie un journal mural, Compte rendu au peuple souverain, dans lequel il contribue au climat de tension qui conduira aux massacres de septembre. Et devient député parisien à la Convention.
Le plus clair de son activité se déroule dans les couloirs obscurs où il aime à jouer les intrigants - se doute-t-il que l'exercice est périlleux ? L'homme semble de surcroît peu regardant lorsqu'il s'agit de glaner un peu d'argent, se livrant à des spéculations. Il vote la mort du roi, mais, pour le reste, on ne saurait trop s'avancer pour définir sa ligne directrice. On le soupçonne d'ailleurs, d'avoir, en 1790, mis sur la table une somme de trois millions pour que les Jacobins défendent la monarchie.
La Convention le charge cependant de travailler avec le mathématicien Romme à la « confection du calendrier républicain ». En tant que poète, c'est à lui qu'il revient de proposer les mots nouveaux chargés de reléguer aux oubliettes ceux des temps passés.
Devant la Convention, il prononce donc le rapport instituant le changement. Heure de gloire pour Fabre d'Églantine. « La régénération du peuple français, l'établissement de la république ont entraîné nécessairement la réforme de l'ère vulgaire, commence l'orateur. Nous ne pouvions plus compter les années où les rois nous opprimaient, comme un temps où nous avions vécu. » Et de préciser : « Une longue habitude du calendrier grégorien a rempli la mémoire du peuple d'un nombre considérable d'images qu'il a longtemps révérées, et qui sont encore aujourd'hui la source de ses erreurs religieuses ; il est donc nécessaire de substituer à ces visions de l'ignorance les réalités de la raison, et au prestige sacerdotal la vérité de la nature. » Et d'égrener avec gourmandise les nouveaux mois républicains : vendémiaire, brumaire, frimaire, nivôse, pluviôse, ventôse, germinal, floréal, prairial, messidor, thermidor, fructidor.
Explication de l'auteur : « Les noms des mois qui composent l'automne ont un son grave et une mesure moyenne, ceux de l'hiver ont un son lourd et une mesure longue, ceux du printemps un son gai et une mesure brève, et ceux de l'été un son sonore et une mesure large. » Fallait-il s'en arrêter là ? Les décades remplacent la semaine, le primidi remplace le lundi... Et les cinq jours qui restent au final pour boucler une année (six pour les années bissextiles) seront nommés sanculottides.
En portrait de maître, sa chemise émerge d'un fier foulard blanc que l'on croirait sorti du Sahel, élégamment glissé sous une gabardine sombre. « Il coupe et fait lui-même ses habits de caractère, et sa garde-robe est magnifique », rapporte un observateur de théâtre.
Regard de chien battu, sourire un brin désabusé, il semble avoir épuisé sa part de rêve. Élu au Comité de sûreté générale, il est soupçonné d'avoir trempé dans le scandale de la Compagnie des Indes, qu'il finit par dénoncer avec la dernière vigueur.
Robespierre le honnit, détestant son influence sur Danton. Selon lui, il a « l'art de donner aux autres ses propres idées et ses propres sentiments à leur insu ». On l'accuse, blanc mouton, d'avoir falsifié un décret de la Convention relatif à la Compagnie des Indes. Il nie que ce fût son intention et répond : « surveillance aux intérêts de la nation ».
Le 17 germinal an II, puisque la vanité n'a pas tout à fait eu raison de lui, il fait partie de la charrette qui emmenait Danton, Desmoulins et quelques autres « indulgents » jusqu'aux marches de l'échafaud.
On a répété et amplifié beaucoup de propos tenus sous la contrainte du bourreau. Il se dit que Fabre d'Églantine se serait écrié : « Tu peux faire tomber ma tête, Fouquier, mais non pas mon Philinte. » Soit. Il se dit également que, se lamentant sur le trajet, de n'avoir pu achever la composition d'un poème, il se serait attiré une cinglante réplique de Danton, son mentor : « Ne t'inquiète donc pas, dans une semaine, des vers, tu en auras fait des milliers... » Deuxième quatrain du premier couplet : « J'entends sur le feuillage, l'eau qui tombe à grand bruit. Voici, voici l'orage, voilà l'éclair qui luit. »
Pierre Dharréville, l'Humanité
19:34 Publié dans Biographie, Révolution | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fabre eglantine, calendrier, révolution française | |
del.icio.us |
Imprimer |
|
Digg |
Facebook |
19/12/2013
Le vrai visage de Robespierre
Par Guillaume Mazeau, historien, Institut d’Histoire de la Révolution française, membre du Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire.
"Il n’en finit pas de faire le buzz. Un peu plus de deux ans après la mise en vente de manuscrits inédits de Robespierre, des spécialistes de la reconstruction faciale en 3D viennent d’annoncer avoir reconstitué le «vrai visage» de celui qui, dans la mémoire nationale, incarne toujours le sanglant dictateur de la «Terreur». Massivement diffusé depuis quelques jours à l’occasion d’une grande opération médiatique, le visage numérique s’offre au regard des Français, invités à enfin juger par eux-mêmes, d’un coup d’œil, de la «vraie nature» de l’Incorruptible. En théorie parée de toutes les garanties scientifiques, l’équipe de Philippe Froesch, déjà responsable de la reconstruction du visage d’Henri IV, inspire spontanément confiance et laisse croire qu’il est possible, grâce à la technique numérique la plus pointue, d’accéder à une réalité du passé jusqu’ici cachée.
Authenticité mise en cause
Pourtant, de nombreuses raisons nous incitent à garder la tête froide devant cette « découverte scientifique ». Ce visage a été reconstitué à partir d'une copie d’un masque mortuaire moulé par madame Tussaud, dont l’authenticité a depuis longtemps été mise en cause ou rejetée. A la fin du 18e siècle, les vrais, les copies et les faux moulages pullulaient d’ailleurs dans toute l’Europe tant ils étaient une source de profit, jusqu’à se confondre, rendant leur authentification aujourd’hui extrêmement difficile. D’autre part, le visage ici dévoilé est bien surprenant : ni l’épaisseur des traits, ni la largeur de l’ossature, ni la profondeur des marques de la petite vérole ne correspondent avec l’extrême majorité des dizaines de descriptions, de dessins, de gravures, de peintures ou de sculptures dont nous disposons depuis très longtemps et qui évoquent, au contraire, un visage plutôt longiligne voire anguleux et légèrement ponctué de trous. De ce point de vue ce visage en 3D, décrit avec horreur dans les commentaires laissés sur internet, s'inscrit clairement dans une iconographie monstrueuse de Robespierre.
Fantasme
Ainsi, malgré le battage médiatique, l’intérêt historique de cette modélisation numérique a toutes les chances d’être bien faible… sauf si l’on s’intéresse aux fantasmes que cette figure continue d’inspirer: «Lorsque j'ai ouvert les yeux de Robespierre, son regard était glaçant, inquiétant. Pas de doutes cet homme faisait peur », explique Philippe Froesch dans Le Parisien du 13 décembre. On ne saurait mieux avouer que des procédés de moulage de la fin du 18e siècle à la biométrie actuelle, les techniques les plus sophistiquées des époques successives restent discrètement et puissamment guidées par les imaginaires politiques et sociaux que charrient les individus qui les utilisent. C’est d’ailleurs ici que se situe probablement le plus grand intérêt de cette vraie fausse découverte : montrer à quel point, plus de deux siècles après sa mort, la figure de Robespierre reste une source d’erreurs historiques et de fantasmes négatifs dans l'imaginaire collectif.
- A consulter:
Le site du Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire
- A lire aussi:
Guillaume Mazeau « Discréditer la Révolution sert à écarter des politiques égalitaires »
17:36 Publié dans Actualité, Révolution, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : robespierre, visage, histoire | |
del.icio.us |
Imprimer |
|
Digg |
Facebook |
01/12/2013
Louis-Antoine Saint-Just, la conscience de la Révolution
1767-1794 . Par son désir d’un ordre social juste, par son talent d’orateur, par l’acuité de sa pensée, Louis-Antoine Saint-Just mérite bien mieux que cette image d’Épinal de nostalgiques de la monarchie qui ont brossé de lui le portrait d’un « archange de la mort ».
Souvent, Saint-Just est représenté sous les traits d’un exalté. D’une sorte de vampire assoiffé de sang, ou, dans le meilleur des cas, d’un puriste à la limite de la folie et de la neurasthénie. Exemple avec le Danton, de Wajda, ou encore avec le personnage de Lambert Wilson dans les Chouans.
Pourtant, hormis sa jeunesse, rien dans le parcours éclair de Louis-Antoine Saint-Just ne justifie cette iconographie. Fougueux, le jeune homme l’était sans doute : à tout juste vingt-cinq ans, en 1792, il est le plus jeune député de la Convention. Il en est aussi l’un de ses orateurs les plus brillants. Une sorte de rêveur, pour qui la Révolution est un moyen de concrétiser une utopie : une société plus équitable. En le tuant, la Convention s’est privée de celui qui aura incarné l’avenir.
On possède peu d’éléments sur sa vie avant la Révolution. On sait qu’il est né le 25 août 1767 à Decize, dans la Nièvre. Son père était un ancien militaire, qui avait obtenu le grade de capitaine et la distinction de chevalier de l’ordre de Saint-Louis en récompense de ses services. Lorsqu’il quitte l’armée, en 1777, il prend possession, avec sa famille (deux filles et Louis Antoine), d’une demeure dont il vient d’hériter, à Blérancourt, dans l’Aisne.
Mais il meurt alors que son fils n’est encore qu’un enfant de douze ans. La mère de l’adolescent l’envoie en pension chez les Oratoriens de Soissons, avant qu’il ne fasse son droit à Reims, à la même époque que Brissot et Danton.
Jusque-là, son parcours était plutôt linéaire. Mais lorsqu’il revient à Blérancourt, tout bascule : en 1787, tout juste âgé de vingt ans, et désoccupé, le jeune homme fait une fugue à Paris en « empruntant » l’argenterie familiale. Ce qui n’est guère du goût de sa mère : elle obtient une lettre de cachet qui le fait interner durant quelques mois dans la maison de correction de Picpus. C’est peut-être là, selon les historiens, qu’est née chez lui la haine de l’arbitraire et de la toute-puissance.
En prison, en 1789, il écrit son premier ouvrage Organ, une sorte de poème érotico-blasphématoire qui condamne, déjà, la monarchie. Ce qui n’est pas anodin dans un système où le roi a un pouvoir absolu. Même si les huit mille vers d’Organ restent anecdotiques, ils dénotent déjà un tempérament prompt à la rébellion.
Quand éclate la révolution, Saint-Just a à peine vingt-deux ans, il est aux premières loges, à Paris. Lorsqu’il regagne Blérancourt, il s’engage à fond : dès juillet 1789, il est lieutenant-colonel de la Garde nationale. Et il fera partie de l’escorte qui raccompagne le roi de Varenne à Paris. Mais les frontières de sa province ne lui suffisent pas. En1790, il écrit à Robespierre une lettre de supplique où il l’informe de problèmes d’impôts à Blérancourt. Mais une lettre aussi qui transpire l’admiration et qui ne laisse pas Maximilien Robespierre indifférent.
Qui commence par « Vous que je ne connais comme Dieu que par des merveilles, je m’adresse à vous. » L’engagement de Saint-Just est tel qu’il est élu, en septembre 1791, à l’Assemblée législative. Mais il est trop jeune et doit reprendre le chemin de sa province. C’est l’année suivante simplement, en 1792, qu’il est élu député de l’Aisne à la Convention nationale. Il rallie aussitôt les Montagnards, dont il devient très vite un des plus brillants orateurs. C’est le procès du roi, en novembre 1792, qui rend Saint-Just célèbre. Alors que le débat fait rage, Saint-Just, avec ses formules lapidaires, le ramène à l’essentiel : « Pour moi, je ne vois point de milieu : cet homme doit régner ou mourir », dit-il. « On ne peut régner innocemment : la folie en est trop évidente. Tout roi est un rebelle et un usurpateur », continue-t-il. « Lorsqu’un peuple est assez lâche pour se laisser mener par des tyrans, la domination est le droit du premier venu, et n’est pas plus sacrée ni plus légitime sur la tête de l’un que sur celle de l’autre », assène-t-il devant un auditoire médusé et vite conquis. Sa conclusion est presque visionnaire sur la façon dont on nous fait pleurer depuis deux cents ans sur Louis XVI et Marie-Antoinette : « Louis a combattu le peuple : il est vaincu. C’est un barbare, c’est un étranger prisonnier de guerre. Vous avez vu ses desseins perfides ; vous avez vu son armée ; le traître n’était pas le roi des Français, c’était le roi de quelques conjurés. (…) Il doit être jugé promptement : c’est une espèce d’otage que conservent les fripons. On cherche à remuer la pitié. On achètera bientôt des larmes ; on fera tout pour nous intéresser, pour nous corrompre même. Peuple, si le roi est jamais absous, souviens-toi que nous ne serons plus dignes de ta confiance et tu pourras nous accuser de perfidie. »
Il joue ensuite un rôle important dans la rédaction de la Constitution de 1793. Membre du Comité de salut public, avant Robespierre, il travaille à un projet montagnard de Constitution. En s’opposant frontalement à Condorcet et Héraut de Seychelles. « Tous les tyrans avaient les yeux sur nous, lorsque nous jugeâmes un de leurs pareils : aujourd’hui que, par un destin plus doux, vous méditez la liberté du monde, les peuples, qui sont les véritables grands de la Terre, vous contemplent à leur tour », dit-il à la Convention en avril 1793. « Si vous vous voulez la République, attachez-vous au peuple et ne faites rien que pour lui. La forme de son bonheur est simple, et le bonheur n’est pas plus loin des peuples qu’il n’est loin de l’homme privé. Un gouvernement simple est celui où le peuple est indépendant sous des lois justes et garanties, et où le peuple n’a pas besoin de résister à l’oppression, parce qu’on ne peut point l’opprimer », préconise-t-il. La Constitution de l’An I, finalement, ne sera jamais appliquée. Mais d’emblée Saint-Just essaie de lui donner une inflexion sociale et égalitaire très forte. Avec Robespierre et Couthon, il forme au sein du Comité de salut public une sorte de triumvirat. C’est d’ailleurs le même Comité de salut public qui l’envoie sur le front comme représentant aux armées du Rhin et du Nord. L’année 1793 a été épouvantable pour les Français : la Vendée s’est soulevée, les Anglais ont pris Toulon… et la France est en très mauvaise posture.
À Strasbourg, il montre à la fois son courage physique, et ses aptitudes militaires. La situation est périlleuse. Le Comité de salut public a une devise : vaincre ou mourir. Saint-Just va se montrer inflexible : il fait fusiller les déserteurs, il congédie les officiers responsables de défaites. Il galvanise les troupes, aussi. À Strasbourg, il applique la terreur mais fait aussi arrêter l’accusateur public. Les victoires militaires de Landau, puis de Fleurus (26 juin 1794), lui doivent beaucoup.
Dans le même temps, Saint-Just se retrouve dans tous les procès des factions de l’époque, des Girondins aux Hébertistes et aux Indulgents. C’est cet acharnement qui lui vaut le nom d’ange exterminateur. C’est oublier un peu rapidement que le même homme préconisait de redistribuer les fortunes des riches aux plus indigents, comme il propose dans ses deux ouvrages, l’Esprit de la révolution et les Fragments sur les institutions républicaines. Michel Vovelle estime à son sujet qu’il « est l’un de ceux qui poussent le plus loin la réflexion sociale de la Montagne ».
Il présente d’ailleurs le 8 ventôse an II des lois pour redistribuer les biens des suspects aux indigents : « Les malheureux sont les puissances de la Terre, ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernements qui les négligent. » C’est Robespierre qui rappelle Saint-Just à Paris, pendant ses campagnes militaires. Le jeune homme trouve son ami très isolé au sein du Comité. Il tente des réunions de conciliation, en vain. Il prend alors le parti de Robespierre.
Le 9 Thermidor, il tente de lire à l’Assemblée un texte beaucoup moins sévère que celui prononcé la veille par Robespierre. Il est interrompu au bout de deux paragraphes et n’essaie même pas de reprendre la parole. Il reste d’ailleurs d’un calme olympien et d’un mutisme total jusqu’à l’échafaud le lendemain. Il avait laissé, dans le préambule de ses fragments, une sorte de défi : « Je méprise la poussière qui me compose et qui vous parle. On pourra la persécuter et faire mourir cette poussière ! Mais je défie que l’on m’arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et les cieux. » Ni ange de la mort ni forcené, Saint-Just était juste un homme qui a mis sa vie au service de la Révolution. Un utopiste idéaliste ?
Pour qui « la révolution doit s’arrêter à la perfection du bonheur ».
Caroline Constant, pour l'Humanité
17:15 Publié dans Biographie, Révolution | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : saint just, robespierre, révolution française | |
del.icio.us |
Imprimer |
|
Digg |
Facebook |