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12/08/2015

Palestine, les traces de la mémoire

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Reportage aout 2014, Rosa Moussaoui pour l'Humanité :

Des militants israéliens œuvrent pour la reconnaissance de la Nakba. Ils perpétuent le souvenir des villages palestiniens détruits en 1948.

Tel-Aviv (Israël), envoyée spéciale. Depuis Shuk Ha’Carmel, vieux marché de Tel-Aviv, le quartier yéménite dégringole en ruelles animées. Sur le seuil des maisonnettes fleuries de bougainvilliers, les vieux juifs orientaux y parlent un hébreu musical, adouci par leur accent arabe. L’offensive militaire à Gaza, si proche, ne semble pas troubler la quiétude de ce quartier populaire.

Au détour d’une allée, surgit la ville nouvelle, avec ses tours de verre tutoyant le ciel. À l’ombre des grues, la spéculation immobilière va bon train, chassant toujours plus loin les habitants les plus modestes. Aux portes de la vieille cité arabe de Jaffa, l’orgueilleuse Tel-Aviv est-elle sortie des sables, bâtie en 1909 par des pionniers sur des terres désertées, comme le proclame le mythe ? Sous la légende, il y a l’histoire, celle de la Nakba, lorsqu’en 1948, les Palestiniens furent chassés de leurs terres après la proclamation de l’État d’Israël.

À Tel-Aviv même, quelques traces témoignent encore de l’existence passée de trois villages palestiniens détruits par les « conquérants ». Il y a plus d’une décennie, Eitan Bronstein est parti à la quête de ces traces ténues, partout en Israël, pour réhabiliter la mémoire de ces villages arabes rayés de la carte par la colonisation. Avec l’association Zochrot (« Elles se souviennent », en hébreu), il milite pour la reconnaissance, en Israël, de la Nakba. « Il fallait retrouver le fil d’une mémoire effacée, raconter l’histoire palestinienne qui est aussi la nôtre », explique-t-il.

Des archives brûlés dès 1948

Là, à la lisière du quartier yéménite, il désigne, au milieu d’un parc, le centre du village de Manshiya, aujourd’hui disparu. Quelques maisons palestiniennes s’élevaient encore là jusque dans les années 1970. Il n’en reste plus qu’une, guettée par les chantiers voisins.

Avec ses poutres apparentes, ses murs ocre et ses balcons ottomans, elle semble surgie d’un autre univers. À quelques pas, la mosquée Hassan Bek de Manshiya se dresse face à la mer. Détruite en 1948, elle a été réhabilitée par la communauté musulmane, qui a tenu à élever encore son minaret. En 2000, lorsque des émeutes ont éclaté dans les villes arabes d’Israël en écho à la seconde Intifada, la mosquée a été attaquée avec des engins incendiaires. Elle est aujourd’hui ceinte d’un muret surmonté de hautes grilles.

Au pied des marches menant à la salle de prière, une plaque d’égouts de la Société des eaux de Palestine témoigne de l’époque du mandat britannique. Plus loin, entre la plage et la route menant à Jaffa, les ruines encore apparentes d’une maison arabe servent de fondations à l’édifice aux vitres noires abritant le « musée des conquérants ». Un panneau, à l’entrée, arbore le symbole de l’Irgoun, milice sioniste née en 1931, dans la Palestine mandataire, d’une scission de la Haganah (l’ancêtre de l’armée israélienne).

En arrière-plan des initiales de cette organisation, une carte du « grand Israël » englobe les territoires palestiniens et même la Jordanie. « Lorsque ces miliciens ont conquis Jaffa en avril 1948, avant la proclamation de l’État d’Israël, leur premier geste fut de brûler les archives, il est donc très difficile de reconstituer l’histoire de ces ruines », explique Eitan Bronstein. Au nord de la ville, dans le quartier de Ramat Aviv, près de l’université, le militant de la mémoire vous guide encore sur les traces d’un autre village disparu, Sheikh Muwannis.

Il déambule entre les immeubles flambant neufs, désignant des lieux invisibles, faisant revivre par la parole le bourg arabe jadis entouré d’orangeraies. Là encore, une maison est restée debout. La bâtisse verte, rénovée dans les années 1990 par un architecte italien, tient aujourd’hui lieu de club universitaire ouvert aux conférences, fêtes et célébrations. C’était la demeure du mokhtar, le chef du village, Ibrahim Abu Kheel. Les polygones étoilés des carreaux au sol et les arcades ouvrant sur le patio ombragé attestent du passé arabe de cette maison au design contemporain. Étudiants et professeurs ont mené une lutte résolue pour faire apposer une plaque rappelant le passé palestinien de la Maison verte. Las, ils se sont heurtés, jusqu’ici, à l’intransigeance du président de l’université.

De l’autre côté de la route, un terrain vague envahi de broussailles traîne sa désolation jusqu’au pied de l’immeuble blanc où est sis le siège du Shin Bet, les services israéliens. Ici et là, d’imposantes pierres tombales émergent des buissons d’épineux. C’est le cimetière de Sheikh Muwannis. Les curieux, vite repérés par les caméras de vidéosurveillance, sont aussitôt rappelés à l’ordre par des hommes en uniforme. Même ceux dont les aïeux reposent ici n’ont pas le droit de venir s’incliner sur leurs tombes. Rien ne signale ce lieu aux frontières floues, voué à l’oubli.

À Manshiya, à Sheikh Muwannis et partout en Israël, les militants de Zochrot ont entrepris un patient travail d’exhumation, localisant les villages palestiniens détruits, plaidant pour la préservation et la signalisation de leurs vestiges, insistant sur la portée politique et symbolique qu’aurait la reconnaissance du droit au retour des réfugiés. « C’est une démarche provocatrice, nous touchons à un tabou, à quelque chose de très sensible dans la constitution de l’identité d’Israël comme “État juif”, admet Eitan Bronstein. La réécriture de l’histoire a effacé la Nakba des imaginaires et des représentations. » Lui tient à retrouver, pour les faire connaître, « les signes manquants » d’une mémoire collective amputée.

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01/08/2015

Guerre du Vietnam. Il y a 40 ans, la chute de Saigon

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La chute de Saigon le 30 mai 1975 marque la fin de trente ans de guerre au Vietnam, d’abord entre la France et l’Indochine, puis entre le Nord-Vietnam pro communiste et ses alliés du Vietcong, et le Sud-Vietnam et ses puissants alliés américains qui se croyaient invincibles.

Le pouvoir vietnamien parle encore aujourd’hui d’une guerre de libération, payée au prix très fort : de 3 à 4 millions de morts, un pays dévasté.

Pour les Américains, la guerre du Vietnam reste surtout la première guerre qu’ils ont perdue, avec un bilan de 150 000 blessés et de 58 000 morts, auxquels il faut ajouter le même nombre de vétérans qui se sont suicidés dans les années qui ont suivi.

Utilisation massive de gaz défoliants, de la torture, pratiques de guérilla ultra-violentes qui devaient inspirer plus tard l’Apocalypse now de Coppola: la guerre du Vietnam reste synonyme de cauchemar aujourd’hui, qu’on retrouve dans les photos de l’époque.

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Sources Le Temps Galerie Photos

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12:13 Publié dans Actualité, International, Libération, Photos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vietnam, libération | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

27/07/2015

JOSEPH DE SAINT-GEORGE : LE VOLTAIRE DE LA MUSIQUE

mozartnoir2.jpgJoseph de Bologne de Saint-George, dit le chevalier de Saint-George, né le 25 décembre 1745 à Baillif en Guadeloupe et mort le 10 juin 1799 à Paris, fut un célèbre musicien et escrimeur français.

« Wateau de la musique », « Voltaire de la musique », comme le surnommait l'abbé Grégoire, ou « Mozart de la musique » les qualificatifs ne manquaient pas pour nommer ce génie de la musique trop méconnu. Il eut même droit au surnom de « Don Juan noir » par jalousie et préjugé raciste.

Saint-George est né esclave en Guadeloupe, sa mère, Anne, dite Nanon (née vers 1723 au Lamentin, en Guadeloupe) étant elle-même une esclave d'origine africaine. Son père, Georges de Bologne de Saint-George (1711-1774), colon protestant d'origine néerlandaise, lui donna une éducation soignée. Il excella très jeune dans plusieurs disciplines : équitation, escrime, danse et musique.

Arrivé définitivement en métropole en 1753, il y fut rejoint, deux ans plus tard, par ses parents et entra à l’académie de Nicolas Texier de la Boëssière afin de se préparer au métier d’officier. En 1761, il fut admis dans le corps prestigieux des gendarmes de la garde du Roi et devint rapidement célèbre pour ses remarquables capacités artistiques et sportives. Il se fit notamment connaître comme violoniste prodige et escrimeur hors pair.

mozartnoir3.jpgSaint-George dirigea l’orchestre des Amateurs et composa de nombreux concertos pour violon, des quatuors à cordes, des symphonies concertantes. Candidat pour diriger l’opéra (l'Académie royale de musique), il fut évincé lorsque deux chanteuses, Sophie Arnould et Rosalie Levasseur, ainsi qu'une danseuse, Marie-Madeleine Guimard, adressèrent un placet (pétition) à la reine pour « représenter à Sa Majesté que leur honneur et la délicatesse de leur conscience ne leur permettraient jamais d’être soumises aux ordres d’un mulâtre ».

Saint-George reçut le soutien de la communauté musicale parisienne. Louis XVI, pour trancher, attribua la responsabilité de l'opéra à son Intendant des Menus Plaisirs, Papillon de La Ferté. Ceci n'empêcha pas Saint-George d'être reçu à la cour et de devenir l'intime de Marie-Antoinette, ce qui explique, peut-être, une tentative d’assassinat menée par des hommes de la police secrète de Versailles.

En 1777, il fit jouer Ernestine, une comédie à ariettes en trois actes dont le livret avait été rédigé par Choderlos de Laclos. Protégé par la maison d'Orléans et ami du futur Philippe-Égalité, Saint-George se lia, à l'occasion de ses séjours à Londres, avec un autre grand escrimeur, le chevalier d'Éon.

À la Révolution, Saint-George s'installa à Lille et s’engagea dans la Garde nationale avec le grade de capitaine. Le 7 septembre 1792, il devint colonel de la légion franche des Américains et du Midi, en partie composée d'Afro-Antillais ; il y fit nommer lieutenant-colonel son protégé Alexandre Dumas, futur général et père de l’écrivain.

La Légion se forma à Laon avant de rejoindre Lille et l'armée du Nord sous la nouvelle désignation de 13e régiment de chasseurs à cheval où elle fut engagée dans les combats contre les Autrichiens et les immigrés, et participe à la libération de Lille.

Il devint le premier colonel noir de l'armée Française. C'est lui qui arrête, à Lille, l'avant-garde des troupes que Dumouriez a envoyées sur Paris, après sa trahison pour rétablir la monarchie.

Plusieurs fois dénoncé et accusé de royalisme — notamment au moment de la trahison de dumouriez — le chevalier fut pourtant destitué de son commandement par Bouchotte, ministre de la Guerre.

Le 4 novembre 1793, il fut arrêté à Château-Thierry, malgré le soutien de la municipalité. Incarcéré d'abord à Chantilly, puis au château d'Hondainville (Oise) il fut enfin libéré, après presque une année de détention, par ordre du Comité de sûreté générale. Tombant sous le coup d'une loi visant à épurer l'armée de ses officiers royalistes après l'insurrection de Vendémiaire (octobre 1795), il fut définitivement révoqué.

Une légende affirme que le chevalier de Saint-George se serait rendu de 1795 à 1797 à Saint-Domingue où il aurait rencontré Toussaint Louverture.

Il est mort à Paris le 10 juin 1799 d'une infection de la vessie consécutive à une blessure reçue à la jambe durant la Révolution. Contrairement à ce qui a pu être écrit, sa mort est honorée dignement et tous les journaux de l'époque lui ont rendu hommage. Membre de la célèbre Loge des Neuf Sœurs du Grand Orient de France, il fut sans doute l'un des rares anciens esclaves à être reçu maçon.

Saint-George connût une deuxième mort quand le général Bonaparte, premier consul de la première République française (et non pas encore l'empereur Napoléon Ier), après avoir rétabli illégalement l’esclavage aux Antilles le 20 mai 1802, fit brûler toutes ses œuvres le même jour. Napoléon Ier interdit par la suite aux « noirs et gens de couleur » l'entrée à l'armée (29 mai 1802), l'accès au territoire métropolitain (2 juillet 1802) et — pour ceux qui s'y trouvaient déjà — par l'intermédiaire de Claude Régnier, les mariages entrent les Noirs et les Blancs (8 janvier 1803).

Plus question alors de reconnaître qu'un noir, ravalé au rang de bétail, puisse composer de la musique. Saint-George est impitoyablement rayé des répertoires.

La destruction de ses œuvres plus les lois raciales qui fûrent édictées par la suite ont conduit à l'oubli total de Saint-George.

Saint-George revint à la mode à l'époque romantique, et fut notamment cité par Balzac, Alexandre Dumas et surtout le dandy Édouard Roger de Bully (dit Roger de Beauvoir) qui lui consacra un roman adapté au théâtre.


SON OEUVRE
Elle se compose de sept opéras, plus de 100 concertos, trois symphonies, douze quatuors à cordes, et plusieurs sonates.

Ce sont ses quatorze concertos « à violon principal » qui témoignent le mieux de sa technique hardie et pleine d’éclat (batteries, grands écarts mélodiques, contrastes de registres). Instrumentés pour cordes et vents (deux flûtes, deux hautbois et deux cors ad libitum), ils adoptent le plan vivaldien (Allegro où alternent Tutti et Soli, Adagio ou Largo expressif et influencé par l’écriture lyrique, Rondeau).

Son Œuvre musical relève encore du domaine de la Recherche. Il fut bien l’un des meilleurs représentants de l’esthétique concertante des Lumières et l’un des maillons essentiels de la chaîne musicale qui, de Rameau à Berlioz, assura la transition du Baroque au Romantisme.

 

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