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28/12/2021

CUBA SANTA CLARA : UNE VICTOIRE DECISIVE

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Le 28 décembre, il y a 63 ans, la colonne de Che Guevara partait en direction de Santa Clara.
Au cours des 48 heures suivantes, sous son commandement, les Barbudos réussirent l'exploit de stopper le train blindé de Batista « Tren Blindado » et de capturer les soldats ennemis.
Ils sortirent victorieux de la bataille de Santa Clara, un moment clé de la révolution cubaine. Dans les 12 heures qui suivirent la prise de la ville, Batista fuit Cuba, et les forces de Fidel Castro remportèrent la victoire générale.
 
La bataille de Santa Clara
La Bataille de Santa Clara a eu lieu entre 5h00 le matin du 29 Décembre 1958 et midi le 1er Janvier 1959. Elle a été décisive pour la Victoire des Révolutionnaires.
Après l'échec de l'opération Verano (en raison de la supériorité militaire adverse) et les succès dans les combats de La Plata et Las Mercedes (grâce à la ruse), Fidel Castro était convaincu qu’il fallait porter la lutte de la campagne dans les grandes villes.
Fidel décida de diviser son armée en deux colonnes: l'une (dirigée par lui, son frère Raúl et Juan Almeida) pour s’attaquer aux provinces de l'est et l'autre (sous le commandement de Camilo Cienfuegos, Che Guevara et Jaime Vega) pour s’attaquer à Yaguajay, Santa Clara et La Havane.
Malheureusement Vega est pris dans une embuscade et meurt avec toute sa section. Fidel organise une nouvelle division : Cienfuegos part sur Yaguajay alors que le Che se dirige vers Santa Clara et plus tard La Havane.
La bataille
Avec 320 hommes le Che arrive le 28 Décembre dans le port de Caibarién (province de Villa Clara) et atteint la ville de Camajuaní, située à mi-chemin entre Caibarién et Santa Clara. Ils sont bien accueillis par la population locale, principalement des paysans, et l'arrivée de 1000 volontaires supplémentaires persuadent les combattants rebelles que la victoire décisive est imminente.
Les troupes gouvernementales, en infériorité numérique, ont investi Santa Clara et se sont positionnés près de l'université, située à la périphérie de la ville.
Che Guevara, blessé au bras gauche à la suite d'une chute, divise ses forces en deux colonnes : la troupe placée plus au sud est la première à répliquer au feu lancé par les hommes du colonel Joaquín Casillas Lumpuy, qui ne peut concrétiser sa supériorité numérique.
Batista a envoyé un train chargé d'armes et de munitions, pour renforcer ses divisions, mais il doit nécessairement passer par un tronçon accidenté. Che Guevara alors donne l'ordre au « peloton suicide » (habitué aux actions dangereuses) mené par un jeune homme de 23 ans, Roberto Rodríguez Fernández dit El Vaquerito, d’atteindre les collines et d’attaquer le train : El Vaquerito, grâce à une action soutenue par l’utilisation massive de grenades, force le convoi à changer de direction, et le dirige dans le centre-ville.
Dans la ville l'autre colonne dirigée par Rolando Cubela, poursuit l'action avec une série d'escarmouches contre l'armée gouvernementale qui, bien que soutenue par des avions et des chars, est submergée grâce aussi à la population locale qui contribue à la bataille révolutionnaires en lançant des cocktails Molotov contre l’armée de Batista.
Prendre le train
Guevara sait que, à ce moment-là la prise du train chargé d'armes et de munitions est une priorité : Che se saisit du bulldozer qui était à la Faculté de l'Agriculture et soulève les rails, ce qui oblige le convoi à arrêter. Tout son contenu est saisi et les 350 officiers qui se trouvent à l'intérieur sont arrêtés.
Le train contient une quantité considérable d'armes qui constitue un grand avantage pour les forces révolutionnaires. Le butin sert à de nouvelles attaques menées par Guevara et le commandant (appartenant à Segundo Nacional avant) Américain William Alexander Morgan contre les troupes régulières.
Beaucoup de batistiens se rendent, mais d'autres préférent continuer à se battre, en utilisant le train maintenant comme abri : Guevara a donne l'ordre de lancer des cocktails Molotov à travers les fenêtres d’où partent les tirs gouvernementaux afin que le train devienne, selon ses propres mots, « un vrai four pour les soldats ». Cette tactique est couronnée de succès.
La capture du train a été considérée rétrospectivement comme un événement symbolique : il représentait la défaite du sommet de l'Etat cubain devant la Révolution de Fidel Castro, bien que le lendemain de la bataille, des journaux de droite annoncèrent la « victoire de Batista. » Cependant, ces nouvelles furent rapidement démenties par les faits, puisque les insurgés, après avoir laissé une garnison à Santa Clara, continuèrent leur marche sur La Havane.
Prendre la ville
Bientôt les rebelles occupèrent le centre et l'ensemble de la zone nord-ouest de la ville. Ils ont pris 31 casernes, la prison, la Cour, le Palais du gouvernement provincial, le Grand Hôtel, le plus grand bâtiment et le poste de police. Dans ces combats, le régiment batistien « Leoncio Vidal » montra une résistance farouche, mais la victoire n’était plus qu’une question d'heures.
Pendant l'assaut du poste de police, El Vaquerito est tué : L'attitude courageuse et téméraire du jeune homme fut ensuite jugée décisive pour le sort de la bataille, car sans le succès de son « attaque depuis les collines », l'affrontement aurait duré beaucoup plus longtemps. El Vaquerito, un héros qui « a joué un nombre incalculable de fois avec la mort dans le combat pour la liberté. »
Les dernières poches de résistance matérialisée dans une forteresse où étaient réunis tous les anti-Castristes, avaient confiance dans la tentative de coup d'Etat le 1er Janvier par le général Eulogio Cantillo : celui-ci échoua, il ne restait plus que leur capitulation sans condition (24:00 heures).
Les résultats et les conséquences
Ce fut la dernière grande bataille de la révolution cubaine. Fidel Castro avait gagné et le 8 Janvier, après une série de rassemblements dans différentes villes, il est arrivé à La Havane et prit les rênes du pays.
La bataille de Santa Clara a couronné Che Guevara d’une gloire militaire considérable : le mythe du « Comandante Che Guevara » est né de ces circonstances. Aujourd'hui, s’élève à Santa Clara un monument à sa gloire célébrant le succès militaire décisif du médecin argentin.
Les wagons originaux sont toujours au bord de la ligne de chemin de fer dans la ville.
Michel Taupin

19:27 Publié dans Etats Unis, Guerre, Monde, Révolution | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cuba, santa clara | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

20/12/2021

Les lettres émouvantes des députés communistes incarcérés sous Vichy

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Tandis que le PCF est interdit en France fin 1939, 46 députés du Parti condamnés pour « trahison » échangent des mots de soutien depuis leur prison – ces messages seront interceptés par le gouvernement collaborationniste.

L’historien et expert en technologie des communications Antoine Lefébure vient de faire paraître Conversations secrètes sous l’Occupation aux éditions Tallandier, passionnant essai centré autour des méthodes de surveillance de la population employées par le régime vichyste entre 1940 et 1944.

Avec son aimable autorisation, nous en publions un extrait, retraçant les parcours de plusieurs députés communistes français incarcérés pour leurs convictions politiques à partir de 1939 – et les lettres qu’ils ont écrites à leurs proches, dont les autorités collaborationnistes se sont emparées.

En situation de guerre, les écoutes peuvent avoir des conséquences judiciaires dramatiques. Le gouvernement dispose d’un arsenal législatif redoutable : d’abord, le décret-loi du 26 septembre 1939 qui dissout le parti communiste et interdit toute propagande en sa faveur ; celui du 20 janvier 1940 qui fait des « propos défaitistes » un délit d’opinion puni comme une forme de sabotage ; enfin, le décret Sérol du 9 avril 1940 qui punit de mort tout individu « coupable de trahison », étant considérée comme trahison « la participation à une entreprise de démoralisation de l’armée ou de la nation ayant pour but de nuire à la défense nationale ».

Ce décret exceptionnel est envoyé dans les circonscriptions militaires, complété par une circulaire de Daladier qui signe en tant que ministre de la Défense :

« Ce nouveau texte légal atteint, en fait, tous les actes particulièrement graves de propagande, accomplis par des individus qui s’efforcent de ruiner le moral du pays et notamment par les agitateurs communistes ainsi que par leurs complices. »

La raison pour laquelle les communistes deviennent une cible privilégiée vient du pacte germano-soviétique d’août 1939. Jusque-là considérés comme antifascistes, ils passent depuis l’alliance Hitler-Staline dans le camp ennemi. Une vague anticommuniste déferle, le gouvernement Daladier fait saisir L’Humanité et dissout le PCF le 26 septembre. Les militants sont soupçonnés de pacifisme, voire de défaitisme, de saboter l’effort de guerre.

Il est frappant de constater que l’extrême gauche est beaucoup plus surveillée que la cinquième colonne nazie. Pourtant, les militants, avertis, se méfient et la commission de contrôle postal de Blois ne peut que le constater en février 1940 :

« L’attention des membres de la Commission a été maintes fois attirée et orientée sur la surveillance de la propagande communiste. Des listes de nombreux suspects de communisme sont en notre possession ; l’examen de leur courrier, attentivement fait, permet d’affirmer que la propagande par lettre est inexistante.

Que sont les pensées intimes de ces gens ? Mystère, car le silence total sur ces questions paraît être la règle. »

S’appuyant sur la loi portant dissolution du parti communiste, le gouvernement défère devant le tribunal militaire de Paris 44 députés communistes, poursuivis pour tentative de reconstitution de la ligue dissoute.

C’est de ce procès dont parle le sergent Boussingault, militant communiste que l’armée a voulu envoyer au bagne en 1935 et qui y a échappé après une campagne de propagande musclée du Parti. Parlant du procès monté contre les députés communistes, Boussingault le commente pour son ami Frevez du syndicat des techniciens de Denain :

« As-tu vu le procès ? 3 dégonflés sur 44, le reste ne se laisse pas faire, et pour faire le procès à huis clos faut-il qu’ils aient la frousse.

Tous les jours, on nous dit morts, mais j’ai l’occasion de lire des journaux de toutes couleurs et aussi fascistes (car mon peloton est presque au complet composé de ces éléments) et ces journaux réclament à cor et à cri la plus dure répression, même le peloton d’exécution.

Pour un parti mort, nous nous portons bien, il est vrai qu’il est des morts qu’il faut qu’on tue. Comme tu dis, nous, il faut nous préparer à tout, même au pire, et c’est avec confiance que nous pouvons envisager l’avenir.

Pour toi, comme ça doit être dur de faire le boulot que tu fais, mais je sais que tu dois prendre cela avec courage car ça changera.

Je termine, mon cher Henri, en t’envoyant mes meilleures amitiés et mon accolade fraternelle.

–Jules »

Résistant, Boussingault sera arrêté par la police française, livré aux Allemands et décédera dans le camp de concentration de Mauthausen. Une rue porte son nom à Valenciennes.

Les députés communistes emprisonnés ont également droit à une surveillance particulièrement étroite. La commission de contrôle postal de Lille rend compte du courrier d’Arthur Musmeaux, un député communiste du Nord incarcéré à la Santé. Nous sommes le 10 avril 1940, il écrit à sa femme et à son fils :

« Ma chère Zélia, mon cher petit Jean,

Tu auras été stupéfaite en apprenant le résultat du procès, toi qui dans toutes tes lettres espérais me voir acquitté, ou tout au moins condamné à une peine légère, combien j’avais raison de te dire de ne pas te bercer d’illusions, ce que l’on voulait c’était pour nous empêcher de donner notre opinion sur les événements pendant toute la durée de la guerre. [...]

J’aurais été un homme infâme si, pour obtenir ma liberté, j’avais renié mon passé, renié mes idées, mon idéal, mes amis, je me suis défendu devant mes juges avec énergie, tout en continuant à affirmer mes idées, mes principes, mes espoirs en un régime meilleur, c’est peut-être là qu’est mon véritable crime. »

Incarcéré dans plusieurs prisons pendant la guerre, déporté en Algérie, Musmeaux survivra à l’Occupation et sera réélu député de 1945 à 1973.

Conseiller municipal de Paris, Maurice Gardette a été interné administrativement en décembre 1939. En juillet 1940, il se trouve enfermé dans le fort de l’île d’Yeu d’où il écrit à sa femme :

« Ici, la vie devient intenable tellement les brimades se succèdent : deux camarades las de cette vie se sont évadés cette semaine. [...]

Ici, il ne faut pas être malade, il y a ici un camarade qui est en train de perdre la vue sans qu’il lui soit donné aucun soin, d’autres sont tuberculeux et bien malades. Il y a également de grands mutilés et invalides de guerre. [...]

Par ailleurs, on fait tout pour pousser à la guerre des nerfs à son maximum, espérant ainsi une rébellion qui retarderait notre libération. »

Il n’y aura pas d’issue pour Gardette, transféré deux fois avant d’être interné à Châteaubriant dans la Loire-Atlantique. Désigné comme otage, il sera fusillé avec vingt-six autres communistes par les Allemands, le 22 octobre 1941.

Secrétaire général des Jeunesses communistes, Jean Rieu est arrêté le 20 mai 1940 par la police. Interné au fort du Hâ à Bordeaux, il est déféré devant la justice militaire pour avoir fait de la propagande communiste, délit assimilé à la trahison et pouvant entraîner la peine capitale. Il écrit à son avocat le 1erjuin :

« Aux différents interrogatoires que j’ai subis, j’ai affirmé ma fierté d’être membre de la Jeunesse communiste et d’avoir des responsabilités dans cette organisation, car les documents dont j’étais porteur ne laissaient aucun doute sur mon activité. Évidemment, j’ai refusé de bénéficier des articles du Code pénal qui prévoient une atténuation de peine si l’inculpé fait preuve de repentir ou s’il aide la Justice.

J’avais pressenti un avocat de Bordeaux pour assurer ma défense. Après avoir pris connaissance de mon dossier, il m’a déclaré que si je ne modifiais pas mes réponses aux interrogatoires, je serais son premier condamné à mort depuis trente-cinq ans de métier.

Il est évident qu’à 19 ans, on ne s’avance pas le cœur joyeux vers le poteau d’exécution. Mais un combattant révolutionnaire songe avant tout à sa classe, à son Parti. À l’audience, je défendrai la politique des Jeunesses communistes, quelles qu’en soient les conséquences pour mon avenir. »

Condamné à vingt ans de prison par le tribunal militaire français de Clermont-Ferrand en janvier 1941, Jean Rieu s’évade en octobre 1943 de la prison de Saint-Étienne. Arrêté à nouveau en mars 1944, il est déporté à Dachau d’où il revient. Il sera ensuite membre du Comité central du PC.

Les avocats spécialisés dans la défense des communistes sont une cible évidente pour les écoutes qui les suivent dans la moindre de leurs activités. Dans les dossiers revient souvent le nom d’une avocate particulièrement active, Juliette Goublet. Le personnage vaut une mention.

Avec un père préfet et un grand-père capitaine du port de Landerneau, Juliette Goublet fut vite initiée aux affaires publiques. À 22 ans, elle était déjà avocate au barreau de Paris ; elle partit aider les républicains en Espagne avant de prendre en charge les dossiers des élus et des militants communistes inculpés à partir de 1938. La surveillance de son courrier était constante.

En 1942, elle vira de bord et s’afficha comme une partisane de la collaboration franco-allemande. Avec beaucoup de publicité, elle partit travailler en Allemagne comme « ouvrier soudeur ». Condamnée à la Libération, elle fit ensuite une carrière littéraire.

Conversations émouvantes entre Juliette Goublet et une de ses confrères, toutes deux chargées de défendre des militants communistes. Juliette téléphone à Odette Moreau qui accompagnera plus tard au poteau d’exécution Gabriel Péri.

En ce 31 mai 1940, elles parlent d’un autre condamné à mort, fusillé pour sabotage sur des moteurs d’avion Farman :

« Bonjour, Odette. J’ai beaucoup pensé à votre petit client.

– Ma chère, il ne s’est pas réveillé de la nuit. Son frère s’est réveillé, mais personne n’a fait de bruit. Les guichets étaient fermés. Ce qu’il y a de plus terrible, c’est qu’on va de la Santé au fort d’Ivry, moi l’avocat et l’aumônier, et qu’aussitôt arrivés sur les lieux, on a juste le temps de faire trois pas et qu’il est mort. C’est extraordinaire, ma chère. On arrive dans le fort, il y a un grand chemin, une haie et on descend de voiture près du poteau, on fait deux pas, l’aumônier et l’avocat pour se préserver et c’est tellement rapide, on entend une fusillade, le corps tombe à terre et il est mort.

– On n’a pas le temps de réaliser. Mais tu as bien vu s’il était vraiment mort au moins ?

– Bien sûr qu’il était mort. Ensuite, on l’achève par une balle de revolver dans l’oreille.

– Eh bien, c’est rassurant.

– Je suis partie de chez moi à 3 heures, et à 4 heures on quittait la Santé. »

« Pour ne pas leur donner l’impression que je sollicite d’eux une faveur, je leur dirai qu’il y a intérêt qu’un rapport médical soit annexé à la demande de recours en grâce et surtout je vais tâcher d’obtenir un examen mental. Puis j’irai voir le général Héring, en lui suggérant la même chose. J’indiquerai que l’enquête a été mal faite par la police, qu’elle s’est trompée parce qu’elle est impuissante à trouver les coupables. Ils n’ont pas eu l’idée de mettre un ou deux policiers dans l’usine, de les embaucher avec le personnel afin de savoir quels étaient les auteurs du sabotage. Il fallait bien, tu comprends, que la police trouvât un coupable. Je vais demander un complément d’enquête en suggérant de faire embaucher des policiers dans l’usine de façon à mieux dépister les actes criminels qui peuvent s’y commettre.

– Pendant ce temps, ça fera durer l’affaire. »

Lors d’une conversation téléphonique, le 6 juin 1940, il apparaît que Juliette Goublet continue à exercer son métier d’avocat sans faiblir. À sa correspondante, elle demande un service :

« J’ai actuellement deux infanticides et trois ou quatre condamnés à mort dont je m’occupe de toute mon âme. Avez-vous votre voiture ? Nous pourrions monter ensemble demain à Fresnes sous réserve de vous payer une partie de vos frais d’essence. »

Son interlocutrice lui demande si un de ses clients emprisonnés, Rambeau, « est vraiment communiste » alors qu’il est accusé de sabotage. Juliette répond, furieuse :

« Ma chère, je tiens à vous déclarer que le parti communiste, même clandestin, n’a jamais donné d’ordre de sabotage et qu’il s’élève de toutes ses forces contre de tels actes. »

Conversations secrètes sous l’Occupation est publié aux éditions Tallandier.

Source Retronews

19:18 Publié dans Occupation, PCF | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : députés communistes, vichy, prisonniers | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

11/08/2021

Les vaccinations obligatoires qui déclenchaient une émeute à Montréal en 1885

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Plus de 2 000 émeutiers violents – certains armés de pierres, d’autres de revolvers – ont fait irruption dans les rues pour protester contre les vaccinations obligatoires.

« Tuez les vaccinateurs », ont-ils crié.

La scène se passait à Montréal dans la nuit du 28 septembre 1885, après que la ville a décidé d’imposer des vaccinations obligatoires pour lutter contre une épidémie de variole.

Les manifestants étaient des résidents du quartier canadien français de Montréal, où la méfiance à l’égard du gouvernement à majorité anglaise était profonde.

L’épidémie de variole à Montréal commença au début de 1885 lorsqu’un conducteur du chemin de fer du Grand Tronc arriva dans la ville avec la maladie et se porta soigner à plusieurs endroits. Alors que ce qu’on a appelé la « mort rouge » se propageait, Montréal a lancé un programme d’inoculation volontaire, mais les Français résidents canadiens ont résisté.

Bien que l’inoculation contre la variole ne soit pas nouvelle, certains craignaient que les vaccinations soient dangereuses. Certains ne comprenaient pas à quel point la maladie était contagieuse. Certains croyaient aux rumeurs selon lesquelles les vaccinateurs de la ville allaient dans les chambres à coucher et attachaient les enfants pour qu’ils soient vaccinés.

Une brochure anti-vaccination disait « Stop!! Les gens sont conduit comme des animaux muets à l’abattoir ». Certains groupes religieux ont appelé la variole la « marque de la bête » biblique – la même affirmation faite par les théoriciens du complot sur les vaccins contre le coronavirus sur les réseaux sociaux de certains groupes chrétiens.

Alors que les décès dus à la variole à Montréal avaient dépassé les 3 000 résidents, le Conseil de santé de la ville a décidé de rendre les vaccinations obligatoires à compter du 28 septembre 1885. Le président du conseil d’administration a tenté de contrer les fausses craintes.

« Cela ne signifie pas que les gens doivent être saisis et bloqués et donc vaccinés par la force », a-t-il déclaré. « Cela signifie que le vaccinateur se rendra à la porte d’une maison et demandera la preuve que tous [qui y résident] sont vaccinés. » Si ce n’est pas le cas et qu’ils refusent d’être vaccinés, ils seront condamnés à une amende, a rapporté la Gazette de Montréal.

Pourtant, des foules hystériques ont commencé à se former l’après-midi du 28. Trois Français membres du conseil municipal canadien « ont proféré la menace de brûler la ville et de tirer sur tous ceux qui sont favorables à ce que la vaccination soit rendue obligatoire », a rapporté le Detroit Free Press.

Le résultat a été rapporté à travers le Canada et les États-Unis sous des titres tels que « MONTREAL’S MAD MOB ».

Vers 19 heures, «une foule hurlante » a attaqué une succursale du ministère de la Santé et « détruit le bâtiment », a rapporté le Philadelphia Inquirer. La foule, de plus en plus nombreuse, a ensuite marché jusqu’à l’hôtel de ville. Quelques policiers étaient de service, mais « la foule les a chassés de leur chemin comme des moutons ».

« Un élément remarquable de l’émeute a été l’effondrement total de la police et la preuve de son incapacité à faire face à la foule », a rapporté la Gazette de Montréal. « Les émeutiers ont agi avec une nonchalance qui montrait leur indifférence à la présence de la police. »

La foule des émeutiers s’est tournée à côté du poste de police central. « Des coups de revolver ont été tirés librement sur la police », a déclaré le Boston Transcript. « Pour effrayer les hommes, la police a tiré au-dessus de leurs têtes ce qui a été accueilli par des railleries et des rires. »

Le maire de Montréal était malade chez lui lorsqu’il a appris la protestation. Il a pris le téléphone et a fait sonner les cloches de la cathédrale Notre-Dame « pour que les policiers des différents postes de la ville se rassemblent » au poste central de police, rapporte la Gazette de Montréal.

Le maire et le chef de la police se sont dirigés vers le bureau de la santé, qui a de nouveau été attaqué. Lorsque le chef a essayé de se précipiter à l’intérieur à travers la foule, il « a été renversé d’un coup de bâton et a reçu des coups de pied jusqu’à ce qu’il soit presque évanoui », a déclaré la Gazette. Finalement, un groupe important de policiers est arrivé : « Les policiers ont chargé la foule, les matraquant à droite et à gauche, et ont réussi à les disperser. »

À 1 .m, la ville était calme.

Un journaliste du Detroit Free Press était sur les lieux. « Votre journaliste à 13 heures ce matin vient de rentrer de l’est, qui est entièrement habité par des Français-Canadiens. Deux mille personnes y sont rassemblées dans une totale et frénétique excitation. Ils ont déclaré qu’ils préféreraient mourir plutôt que d’être vaccinés et qu’ils ne se soumettront pas aux « chiens anglais ».

Deux manifestants auraient été tués au cours de la mêlée et les dégâts matériels ont été importants. Le maire a appelé l’armée la nuit suivante et le calme a été rétabli dans la ville.

Lors d’une réunion du conseil municipal, les trois représentants canadiens français ont continué de dénoncer les vaccins plutôt que les émeutiers. « Ce sont des élus qui représentent les paroisses où la variole est la plus répandue et qui prennent cette voie pour gagner les faveurs de leurs électeurs », a déclaré le New York Times.

Deux semaines plus tard, le Dr Alexander Ross, l’un des membres du conseil municipal anti-vaccination qui avaient incité les manifestants, a été arrêté à bord du train Chicago Express en provenance de Montréal par un inspecteur de la santé canadien, a rapporté le St. Louis Post Dispatch. Une perquisition a révélé que « le grand défenseur de la partie ignorante de la lutte contre la vaccination avait été vacciné récemment ».

19:38 Publié dans Monde, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : montréal, vaccins | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |