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19/12/2014

Depuis 1959, les États-Unis ont multiplié les actions contre Cuba

cubahuma.jpgDès les premières victoires de la révolution cubaine, les États-Unis et leur représentant dans l’île, l’ambassadeur Earl T. Smith, manœuvrèrent pour la faire échouer. Depuis, la CIA a multiplié
les attentats, les tentatives d’assassinats, les bombardements et les interventions militaires.

Il est difficile de rencontrer quelqu’un qui ne connaisse pas l’image de Che Guevara portant son béret et l’étoile, et qui semble regarder vers l’infini. Très peu de personnes savent que ce regard est celui de l’impuissance et de la douleur. La photographie fut prise le 5 mars 1960, un an et deux mois seulement après le triomphe de la révolution cubaine. Le Che assistait aux funérailles des victimes de l’explosion du navire de guerre français, La Coubre.

Le bateau était arrivé avec 76 tonnes d’armes belges pour défendre la révolution des attaques terroristes qui étaient organisées depuis le territoire états-unien. Le cargo avait été saboté en pleine baie de La Havane. Plus d’une centaine de personnes moururent et environ deux cents furent blessées. Tout indique que cet acte fut préparé par la CIA. Le gouvernement français n’a jamais voulu déclassifier l’information existant sur cet acte terroriste.

On était en pleine guerre froide. Les États-Unis virent dans la révolution cubaine un satellite de l’Union soviétique à 90 kilomètres seulement de leurs côtes. Peu leur importait de constater que Fidel Castro et ses « barbus » avaient triomphé sans aide extérieure. Washington repoussait toute idée de rapprochement politique car désormais, il lui fallait respecter la souveraineté de Cuba. C’est pour cela que le président Eisenhower demanda à la CIA de préparer une stratégie intégrale pour en finir avec la révolution. Le 17 mars 1960, il signa la proposition et nomma le vice-président, Richard Nixon, responsable de son déroulement. Les attaques armées et terroristes s’intensifièrent car il y en avait déjà en cours. Depuis lors, et jusqu’à aujourd’hui, l’agression contre Cuba n’a jamais cessé.

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La tentative d’invasion par la baie des Cochons, le 17 avril 1961, est très connue. Presque deux mille mercenaires entraînés, armés et conseillés par l’armée états-unienne et la CIA furent mis en déroute en 70 heures. Ce fut la première défaite militaire de l’histoire des États-Unis (viendra ensuite celle du Vietnam). Cette « humiliation », ainsi que la définira le président John F. Kennedy, transforma en obsession l’agression contre la révolution. Washington a fait payer au peuple cubain son droit à l’indépendance par des milliers de morts et des milliards de pertes économiques.

Ces actions passaient par la pose de bombes dans des magasins, des théâtres et des centres d’éducation. Elles passaient aussi par des bombardements à base de phosphore blanc sur les raffineries de sucre et les plantations de canne à sucre, pour empêcher l’exportation de ce produit et l’entrée de devises. Des virus furent introduits, qui propagèrent des maladies étranges, laissant invalides des enfants et aveugles des adultes. L’ONU réussit à prouver que des maladies comme la méningite, la conjonctivite et la dengue hémorragique avaient été introduites depuis l’extérieur.

Tout cela fut dénoncé par le gouvernement cubain, qui montrait le responsable et apportait des preuves. Washington a toujours nié, et presque tout le monde le croyait, à commencer par les gouvernements d’Europe occidentale. Les États-Unis se turent même lorsque, en septembre 1984, un agent de la CIA d’origine cubaine reconnut devant un tribunal états-unien qu’il avait introduit des substances biologiques pour propager des maladies parmi la population sur ordre de l’Agence.

Plusieurs fonctionnaires diplomatiques furent blessés ou assassinés dans différents pays. En Argentine, par exemple, deux fonctionnaires ont été torturés, assassinés et leurs corps coulés dans le béton. Ricardo Alarcon, qui fut président du Parlement de Cuba, a échappé à un attentat à la bombe aux États-Unis quand il était diplomate dans ce pays. Les missions diplomatiques ont aussi été l’objectif des terroristes dans plusieurs pays.

C’est l’ambassade au Canada qui en souffrit le plus. La délégation de Paris a failli être détruite, mais la bombe explosa dans les mains de l’homme de la CIA, dans un hôtel d’Avrainville. C’était le 3 août 1973. L’action terroriste la plus infâme contre Cuba est sans doute celle du 6 octobre 1976. Deux agents vénézuéliens de l’Agence posèrent une bombe dans un avion de Cubana de Aviacion. Les 73 passagers moururent sur les côtes de la Barbade.

Grâce à toute l’information présentée par Cuba aux Nations unies et recueillie auprès de plusieurs gouvernements, on sait que même le Département d’État était au courant que cet acte terroriste se préparait. Les auteurs intellectuels, Luis Posada Carriles et Orlando Bosch, officiers de l’Agence, firent quelques années de prison et revinrent ensuite aux États-Unis. Bien qu’ayant des dettes envers la justice de ce pays et étant recherchés internationalement, ils furent « pardonnés » sur décision présidentielle.

Avec l’effondrement du bloc socialiste, les États-Unis et l’Europe en profitèrent pour resserrer le blocus. Cuba dirigea son économie vers le tourisme et c’est vers ce secteur que se produisirent des attentats terroristes dès 1993. Le 4 septembre 1997, cela déboucha sur l’assassinat, par bombe, du jeune Italien Fabio di Celmo. Plusieurs Centraméricains furent arrêtés. Ceux-ci ont avoué que Luis Posada Carriles les avait recrutés. Quand le New York Times a interviewé Posada, celui-ci ne l’a pas nié, et a de plus déclaré que la Fondation nationale cubano-américaine avait donné l’argent. La Fondation avait été créée par le Conseil national de sécurité de Ronald Reagan…

En décembre 2011, Fidel Castro est entré dans le livre Guinness des records comme « la personne qu’on a le plus souvent tenté d’assassiner ». De 1959 à l’année 2000, il a subi 638 projets et tentatives d’assassinat, en grande partie menés par la CIA. Et… le 6 mai 2014, les autorités cubaines ont annoncé l’arrestation de quatre résidents aux États-Unis. Ils ont reconnu qu’ils cherchaient à attaquer des installations militaires dans l’objectif de provoquer des actions violentes. Ces personnes étaient sous les ordres de Cubano-Américains, hommes de la CIA… N’oublions pas que la CIA est sous 
commandement direct du président des États-Unis.

Journaliste et écrivain Hernando Calvo Ospina, l'Humanité
 
Repères
  • 2 décembre 1956. Le bateau Granma, transportant 82 guérilleros du Mouvement du 26 juillet, aborde Cuba.
  • 31 décembre 1958. Batista s’enfuit à Saint-Domingue.
  • 4 mars 1960. Le bateau français La Coubre est saboté dans le port de La Havane.
  • 17 avril 1961. Tentative d’invasion par la baie des Cochons.
  • 6 octobre 1976. Une bombe dans un avion de Cubana de Aviacion provoque la mort des 73 passagers à La Barbade.
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13/12/2014

Ces femmes au service de la France en 14-18

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Durant la Première Guerre mondiale, les femmes ne se sont pas contentées d’être des mères et des épouses affectueuses et soucieuses de renforcer le moral de leur mari ou de leur(s) fils au front.

Devenues chefs de famille, elles se sont aussi mobilisées, ont participé à l’effort de guerre, qu’elles aient été paysannes ou ouvrières. Plusieurs d’entre elles ont apporté un soutien direct à l’armée comme infirmières, espionnes, « marraines de guerre » ou comédiennes. Nombreuses ont été les veuves.

LES PAYSANNES, « GARDIENNES DU TERRITOIRE NATIONAL »
Dès l’été 1914, les femmes remplacent les hommes partis au front. Elles permettent ainsi de nourrir les civils et les soldats. Les paysannes, « gardiennes du territoire national », comme le romancier Ernest Pérochon les surnommera en 1924, sont les premières sollicitées pour contribuer à cet effort. Le président du Conseil René Viviani les appelle, dès le début du conflit, à achever les moissons et à ne pas oublier les travaux de l’automne.

En plus d’assurer le quotidien de la ferme, elles se consacrent à la culture des champs. Bien qu’aidées par les personnes âgées et les enfants, elles dirigent les exploitations dans bien des cas aux limites du surmenage et de l’épuisement. Les travaux agricoles, auxquels elles n’ont pas été préparées, exigent une grande force physique. Les chevaux sont réquisitionnés pour le front et on voit des femmes se mettre à plusieurs pour tirer elles-mêmes une charrue.

À cela s’ajoute le poids de l’éloignement du mari ou du (des) fils. Les paysans sont envoyés prioritairement au front, les ouvriers et les employés étant affectés plutôt à des missions de soutien de l’armée. Les paysannes sont donc confrontées plus que les autres femmes au veuvage. Dans une France encore rurale, elles sont, en 1914, 3,2 millions agricultrices, ouvrières agricoles ou femmes d’exploitants.

LES OUVRIÈRES, DE LA CONFECTION À L’ARMEMENT
La mobilisation en 1914 entraîne une baisse de 20 % des effectifs de la main-d’œuvre masculine dans les usines. Les femmes travaillent déjà dans les ateliers de confection, notamment pour coudre des vêtements pour l’armée. On les trouve aussi dans les conserveries, les chocolateries et – à hauteur de 7 % – dans la métallurgie.

Après les premières semaines de guerre, au vu entre autres des faiblesses de l’artillerie française, il est décidé de développer la production d’armements, en particulier celle d’obus. Attirées par de meilleurs salaires (45 à 47 centimes de l’heure contre 40 ailleurs), les femmes sollicitent de plus en plus des postes dans les usines de la défense nationale. Mais il faut plusieurs circulaires du ministre de la guerre pour qu’elles soient davantage recrutées dans ce secteur.

À partir de juillet 1916, l’emploi des femmes y est déclaré prioritaire. Les ouvrières en usine d’armement travaillent dix heures par jour dans de mauvaises conditions, les lois sur l’insalubrité des locaux ayant été suspendues en 1915. Elles sont au contact de fumées toxiques, de gaz, de produits corrosifs et de machines coupantes utilisées sans gants.

Elles sont très nombreuses à participer, en 1917, aux grèves et aux manifestations lancées par leurs consœurs de la confection pour obtenir une augmentation des salaires et le retour des maris partis au front. Dès la fin de la guerre, les usines d’armement ferment et les femmes sont renvoyées dans leur foyer avec une maigre indemnité.

LES ESPIONNES, SOLDATS SANS ARMES
« En France, il a été parfois reproché par les soldats aux femmes de n’avoir pas su se mobiliser pour faire la guerre en 1914. Mais quand elles en ont accepté l’idée, aucune offre ne leur a été faite d’entrer dans l’armée », affirme l’historienne Chantal Antier. Elles sont ainsi plusieurs à demander, dès le début du conflit, la création d’un « service auxiliaire » féminin de la défense nationale. Un refus leur est opposé.

Des femmes vont cependant trouver une occasion de participer à une autre forme de combat en s’engageant comme espionnes. Bien que mené sans arme à feu, l’espionnage est très dangereux et peut entraîner le sacrifice de sa vie, comme l’a montré le destin tragique de la catholique lilloise Louise de Bettignies, morte dans un bagne allemand en septembre 1918, après avoir animé un vaste réseau depuis les territoires occupés du nord de la France et de la Belgique.

De part et d’autre du front, il est donc fait appel à des femmes, souvent polyglottes, pour devenir espionnes à partir de 1915. Les commandements veulent remplacer les hommes espions, plus facilement repérables que les femmes. Elles ne font pas l’unanimité dans l’opinion française, compte tenu des méthodes de séduction auxquelles quelques espionnes, comme Mata-Hari, ont recours.

Hormis ces quelques cas, les femmes espionnes ont, après avoir été formées par les services secrets, fait preuve d’un redoutable professionnalisme. Pour la France, on peut notamment citer Mathilde Lebrun, veuve, mère de trois enfants et agent double au service de la France, ainsi que Louise Thuliez ou Henriette Moriamé.

LES INFIRMIÈRES, CONSOLATRICES DES BLESSÉS
femme,première mondiale,ouvrière,paysanneLes personnels de santé ont rarement vu une telle accumulation d’horribles blessures et de corps fracassés que durant la Grande Guerre (1 697 800 morts militaires et civils et 4 266 000 blessés pour la seule France). Du côté français, au début du conflit, les structures militaires de santé sont légères. Comme on pense que la guerre sera brève, aucun hôpital n’a été prévu près de la frontière à l’est et au nord. Les régiments ne peuvent compter que sur les médecins et les unités d’infirmiers qui leur sont attachés.

Les autorités corrigent rapidement la situation. Les hôpitaux de campagne se multiplient le long de la ligne de front à partir du début de 1915. À l’intérieur du pays, beaucoup d’hôpitaux se créent. Un grand nombre d’infirmières sont engagées après une formation accélérée. Les candidates abondent. Parmi les premières à se porter volontaire: 1 000 religieuses, qui avaient été chassées des services hospitaliers après 1905 et qui sont rappelées. La Croix‑Rouge française forme 7 000 bénévoles.

Ces effectifs sont renforcés par des infirmières venues d’Angleterre, des États-Unis et du Canada. Outre les soins donnés dans des conditions pénibles, les infirmières apportent, comme des Poilus l’ont raconté dans leurs témoignages, la douceur qui console des hommes torturés par d’extrêmes douleurs. En reconnaissance, plusieurs d’entre elles sont décorées de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur.

LES VEUVES, UNE DIFFICILE RECONNAISSANCE
« Honneur aux femmes qui cherchent sur les champs de bataille la tombe de leurs maris… » Lors d’un discours prononcé après le 11 novembre 1918 en hommage aux héros de la guerre, le président de la République Raymond Poincaré n’a pas oublié les veuves. Elles sont 600 000. L’hommage présidentiel vise à consoler des femmes qui, en plus du malheur qui les accable, doivent multiplier les démarches pour faire reconnaître leur veuvage. L’annonce officielle de la mort du mari soldat n’intervient que plusieurs mois après. Il est vrai qu’il y a aussi beaucoup de tués non identifiables.

Les veuves se mettent en quête du corps de leur mari en se rendant dans les cimetières du front pour avoir accès aux fosses communes – mais cela n’est plus possible à partir de 1919 – ou en fouillant les champs de bataille. Pour avoir droit à la pension de veuve de guerre, la loi (votée en 1916) précise que le mari doit être tombé au front. Impossible, donc, de se prévaloir d’une disparition. Les cas de concubins ou fiancés ne sont pas non plus pris en compte.

La pension des veuves est de 800 francs par an, avec 500 francs supplémentaires par enfant mineur. Après la guerre, alors qu’il est demandé aux femmes de laisser les emplois aux hommes revenus du front, cette somme est jugée insuffisante par les concernées. Les associations de veuves protestent contre « une absence de véritable statut » dans la loi, qui leur retire la pension en cas de remariage. En 2007, l’historienne Stéphanie Petit a établi que 42 % des veuves de 14-18 se sont ensuite remariées (1).

LES « MARRAINES DE GUERRE », SOLIDAIRES DES POILUS
Les femmes manifestent, dès le début de la guerre, un grand élan de solidarité avec les soldats, dicté à la fois par la compassion et le patriotisme. Il prend plusieurs formes. Outre les infirmières qui s’engagent par milliers au front ou à l’arrière, se crée un vaste réseau féminin de soutien des poilus: celui des « marraines de guerre », initiative spécifique des Françaises, encouragée par les autorités dans un premier temps. La marraine entretient une correspondance avec le « filleul », qui est en principe choisi avec l’accord de l’officier commandant de l’unité.

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 Elle lui envoie des colis de denrées et, à partir de 1916, peut même le recevoir en permission dans sa famille. La presse passe des petites annonces de femmes et de soldats. Les autorités finissent par craindre que l’espionnage ne profite du phénomène. Ce mouvement, promu par Madeleine Clemenceau-Jacquemaire, fille de Georges Clemenceau, n’en concourt pas moins à la consolidation du moral des troupes en venant notamment en aide à de jeunes soldats sans attaches et à ceux des régions envahies. Les institutrices se révèlent des marraines très actives: elles connaissent l’art d’écrire des lettres et font adopter des filleuls par leurs élèves.

Cet engouement patriotique est aussi partagé par les stars féminines de la scène, qui participe à la distraction des soldats au front dans le cadre du Théâtre aux armées, fondé par le peintre Georges Scott. Parmi elles: Sarah Bernhardt, Béatrix Dussane ou Musidora.

Portraits rédigés par Antoine Fouchet (avec les historiennes Chantal Antier et Françoise Thébaud)

source http://www.la-croix.com/Actualite/France/Ces-femmes-au-service-de-la-France-en-14-18-2014-07-11-1177983#.U8BB2JRQGrw.facebook

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05/12/2014

ET ALI ENTRAIT DANS LA LEGENDE...

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Comme à chaque fois avant une rencontre, Mohammed Ali fait voltiger les mots. Mais cette fois-là, il touche au sublime. « J’ai lutté avec un alligator, je me suis battu avec une baleine, j’ai passé les menottes à un éclair et emprisonné la foudre. La semaine dernière encore, j’ai tué un rocher, blessé une pierre, fait hospitaliser une brique. Je suis si méchant que je rends la médecine malade. Je suis méchant. » Puis : « Je suis si rapide que la nuit derrière, j’ai éteint la lumière dans ma chambre d’hôtel. J’étais dans mon lit avant que la pièce soit plongée dans l’obscurité. Je suis rapide. » Ali volait dans les mots, Ali volait sur le ring. « Flotte comme un papillon. Pique comme une abeille. »

AUCUN VIETCONG NE M'A JAMAIS APPELE NEGRE

Ce 30 octobre 1974, il y a quarante ans donc, the Greatest ne flottera pas, allant jusqu’à stupéfier son propre entraîneur, Angelo Dundee. Tout a décidément été hors norme dans ce combat, surnommé the Rumble in the jungle. Il y a, pour commencer, le prosaïquement sportif. Ali a été fauché au sommet de son art, en 1967, lorsqu’il a refusé l’incorporation dans les forces armées envoyées au Vietnam, car « aucun Vietcong ne m’a jamais appelé nègre ».

Suspendu, déchu de son titre, il a finalement obtenu gain de cause sur le plan judiciaire auprès de la Cour suprême américaine en 1971. Sa reconquête du titre a commencé. Elle échoue, de peu, face à Joe Frazier, le 8 mars 1971 au Madison Square Garden, de New York, lors du « combat du siècle » : deux champions invaincus face à face. Ali perd aux points après être allé au tapis pour la première fois de sa carrière sur un crochet gauche d’anthologie de Smokin’ Joe dont c’était la grande spécialité. La traversée du désert est terminée mais le chemin vers l’oasis du titre est encore long, très long.

Il faudra, de manière strictement comptable, 14 combats officiels et 39 matchs exhibitions avant de se voir offrir une nouvelle chance. C’était une époque où on ne jouait pas un titre tous les quatre matins dans n’importe quel casino américain.

James Brown, BB King et
Manu Dibango seront du voyage

À sa grande surprise, ce n’est pas à Joe Frazier qu’il va devoir arracher la ceinture, mais à George Foreman qui a détruit ce dernier en deux rounds, le 22 janvier 1973 à Kingston en Jamaïque. Frazier est allé six fois au tapis sous les coups de pilon du colosse Foreman.

Mais Ali doit d’abord affronter Frazier pour gagner le droit de faire face au nouveau roi de la catégorie. Ce qu’il fait le 28 janvier 1974 au Madison Square Garden, de nouveau. Victoire aux points. Prochaine étape, donc : Ali-Foreman. C’est ici que commence à s’écrire la démesure. Pour organiser le combat, un nouveau venu dans le monde de l’organisation s’invite : un ancien taulard à la coiffure doigts-dans-la-prise-électrique, reconverti dans la promotion de combats qui s’est attiré les sympathies d’Ali, l’hirsute Don King. Il a emporté le morceau en promettant une bourse de 5 millions de dollars à chacun des pugilistes, alors qu’il n’a pas un cent en poche.

Qui peut bien disposer d’une telle somme en magasin ? Un État, pardi. En l’occurrence, le Zaïre et son despote Mobutu, qui y voit là les moyens d’un plan de communication hors du commun. Aucun des deux boxeurs ne voit d’inconvénient à aller s’affronter à des milliers de kilomètres de leur base dans une chaleur étouffante.

Le climat politique s’y prête. Après le mouvement des droits civiques dans les années 1950 et 1960, la fierté noire dans les sixties, le thème du retour à l’Afrique, dans ces années 1970 encore balbutiantes, s’impose, pour une partie de la communauté afro-américaine, comme une façon de s’affirmer. La preuve, James Brown, BB King et Manu Dibango seront également du voyage pour un festival de musique.

Lorsque les deux boxeurs posent le pied sur le sol africain, le match est déjà engagé. Foreman débarque avec sa morgue et un berger allemand, qui rappellent aux Zaïrois les bergers belges de l’ancien colonisateur… Bref, Foreman prête le flanc : il est le Noir vendu au pouvoir blanc.

Ali, lui, trimballe sa bonne humeur habituelle et n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour apparaître comme l’homme noir fier et fidèle à sa communauté et à ses valeurs. Le peuple de Kinshasa prend fait et cause pour celui que le système a tenté de broyer car il refusait d’aller taper sur ses « frères » : « Ali, boma ye ! » (Ali, tue-le !). Dès qu’Ali apparaît, c’est la rengaine qui surgit comme le prouvent les images du documentaire majestueux When We Were Kings de Leon Gast (voir ci-dessous) : le boxeur fait son jogging accompagné par des gamins qui crient aussi de concert : « Ali, boma ye ».

Plus personne ne peut plus affirmer qu’il n’est pas The Greatest

ali,boxeLe combat est programmé pour le 25 septembre. Seulement, lors d’un entraînement, Foreman se blesse à l’arcade. Il pense rentrer au pays mais Mobutu insiste. Combat reprogrammé pour le 30 octobre. Personne ne donne cher de la peau d’Ali, qui, sous le poids de l’âge (trente-deux ans), flotte un peu moins comme un papillon.

Foreman, en revanche, est une force de la nature. Dès qu’il aura coincé Ali dans un coin du ring, il va le démolir, brique par brique. Aucun doute. Et c’est bien le pari d’Ali : se laisser coincer dans un coin du ring. Pendant les entraînements, il a passé de longues séances à se faire pilonner le corps par son sparring-partner, Larry Holmes, qui deviendra, plus tard, champion du monde. Personne n’y prête attention. Mais Ali a un plan : user Foreman qui a gagné ses huit derniers combats en moins de deux reprises.

Le 30 octobre 1974, à 4 heures du matin (télévision américaines obligent : il est 22 heures aux États-Unis), 80 000 spectateurs garnissent les gradins du stade du 20 mai. Au bout de quelques rounds, ils assistent, médusés, à la tactique d’Ali. Foreman cogne, cogne, cogne. « Sors des cordes », lui intime Angelo Dundee. Ali glisse à l’oreille de son adversaire : « C’est tout ce que tu as, George ? Tu cognes comme une fillette. » À la fin de chaque round, Ali sort des cordes et « pique ». Au huitième, c’est la bonne : Foreman tombe et se relève une seconde trop tard. Le stade explose. Mohammed Ali est champion du monde des poids lourds pour la deuxième fois, le seul après Floyd Patterson à retrouver une ceinture perdue. Le ciel craque (véridique) et un déluge s’abat sur Kinshasa. Norman Mailer tient la conclusion dantesque de son livre The Fight. Mohammed Ali entre dans la légende. Plus personne ne peut plus affirmer qu’il n’est pas The Greatest.

Même muet, ali fait parler… Les nouvelles les plus fraîches de Mohammed Ali, soixante-douze ans, datent du 13 octobre et de la première de I Am Ali, 
à Hollywood. À la suite de la présentation du documentaire consacré au champion, son frère Rahman a confié qu’il ne pouvait « plus discuter avec (son) frère parce qu’il 
est malade ». Atteint de la maladie de Parkinson, diagnostiqué en 1984, l’ex-poids lourd n’avait pas assisté à la projection. Deux jours plus tard, une de ses filles, Laila, a apporté, sur Twitter, un correctif au propos de son oncle : « La santé de mon père est 
la même que d’habitude. Merci pour toutes ces préoccupations, mais toutes 
ces rumeurs sont fausses. »

Christophe Deroubaix, l'Humanité: http://www.humanite.fr/il-y-quarante-ans-ali-entrait-dans-la-legende-555738#sthash.4TizYat7.dpuf

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15:40 Publié dans Biographie, Etats Unis, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ali, boxe | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |