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29/06/2013

Fête de l'Humanité 2013 : C'est parti !

Cl'humanité, austérité, Patric Le Hyaric, la courneuve, fête de l'Humanité 2013oncerts, solidarité internationale, caisse de résonance des débats à gauche pour une autre politique… Le Café de la danse, à Paris, accueillait, hier, une soirée avec Francesca Solleville et HK et les Déserteurs, en soutien à l’Humanité et de présentation 
de sa Fête par 
Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité.

Dans quatre-vingt-dix jours va s’ouvrir la Fête de l’Humanité, les 13, 14 et 15 septembre prochain. Il y a un an, c’est avec beaucoup d’espoirs en l’avenir que les centaines de milliers de visiteurs parcouraient, joyeux et confiants, les allées du parc de La Courneuve. Ce ne sera pas le cas cette année.

La déception, les doutes, parfois même la colère ont pris le pas sur la confiance. Comment pourrait-il en être autrement quand la récession touche tout le continent et que les politiques d’austérité, présentées comme des remèdes par les responsables de la crise, s’avèrent pires que les maux qu’elles prétendent guérir ? Seule l’exigence d’un changement de cap, suffisamment partagée par le monde du travail et de la création, peut ramener cet indispensable besoin d’espoir qui donne aux peuples la force de s’unir pour déplacer des montagnes.

Pas un espoir rêvé, inaccessible, éloigné des réalités. Non. Un espoir raisonné, tout entier fondé sur la conviction qu’en privilégiant l’humain, ici comme en Europe et dans le monde, ensemble, nous trouverons les chemins de sortie d’une crise qui puise son origine précisément dans cette froide inhumanité d’une finance qui asservit tout, à l’exception de la poignée d’oligarques qui s’en repaissent.

Tout naturellement, je vous propose donc que l’exigence d’un changement de cap à gauche soit le fil rouge qui parcourt toute la préparation et la tenue de la populaire Fête de l’Humanité. Radicalement opposé à celui pour lequel agissent le Medef et la droite qui font, jour après jour, une pression considérable pour démanteler les droits sociaux et rendent plus dure encore la vie de celles et ceux qui n’ont que leur travail, leurs pensions ou leurs indemnités pour vivre, tandis que les privilégiés de la fortune pavoisent.

Le changement de cap qui peut rassembler toute la gauche, l’écologie et les progressistes s’avère du même coup le barrage le plus efficace pour endiguer la résistible ascension d’une extrême droite que de sordides calculs politiciens et les duretés de la vie dans la crise placent au centre de la vie publique. Vous l’aurez compris !

Il s’agit de voir grand et large, de construire une grande Fête de l’Humanité en s’adressant à toutes celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont chassé Nicolas Sarkozy il y a treize mois.

Ils partagent aujourd’hui la même question : comment donner un autre tour à une évolution qu’aucun d’entre eux n’a souhaitée ? Que la Fête de l’Humanité leur permette, dans la diversité de leurs approches et sensibilités, de la poser en grand et de commencer, modestement, à y apporter des éléments de réponse : tel est, je crois, l’ambition collective la plus élevée que nous puissions avoir pour cet original et unique rassemblement populaire que constitue la Fête, mise à la disposition de toutes celles et de tous ceux qui ne s’accommodent pas de la situation actuelle.

Face au rouleau compresseur du toujours moins pour l’emploi, les retraites, les salaires, les services publics, la santé, il s’agit non pas de défendre l’existant qui ne donne satisfaction à personne, mais bien de proposer des réformes progressistes de structures qui s’attaquent à la domination qu’exerce l’argent roi sur toute la société.

Les multiples débats sur la Fête vont montrer qu’il n’y a pas comme réponses possibles que celles des grands patrons, des banquiers, ou de ceux qui, dans la basse-cour de la droite, se sont baptisés pigeons ou poussins. C’est-à-dire tous ceux qui portent une responsabilité énorme dans les cinq millions de chômeurs que connaît notre pays, ainsi que les milliers de celles et ceux frappés par la pauvreté. Que n’a-t-on écouté davantage les organisations syndicales, le monde associatif et professionnel plutôt que ceux qui ont préféré les dividendes pour les actionnaires au développement de leurs entreprises.

Quelques jours avant que le Parlement ne soit saisi à nouveau d’un projet de contre-réforme des retraites, la Fête va, tout à la fois, être celle de la jeunesse qui refuse l’avenir bouché qu’on lui impose, celle de la défense du travail et de l’emploi, lieu de convergence de toutes les forces sociales, syndicales et politiques qui veulent une réforme des retraites juste, c’est-à-dire dont le coût ne soit pas supporté par les salariés et les retraités, comme ce qui se prépare.

Dans le contexte politique et social actuel si particulier, la Fête de l’Humanité va être un immense forum d’élaboration de propositions neuves pour une gauche qui ne se résigne pas, et qui en appelle à un immense mouvement populaire pour résister aux diktats des institutions financières et de la Commission européenne. Des dizaines de débats se tiendront en ce sens.

La Fête va être une nouvelle fois cette alchimie unique de convivialité, de confrontation d’idées, de culture, de politique, de musique. Pour un tarif que nous essayons de contenir afin de le rendre accessible au plus grand nombre, la Fête de l’Humanité proposera cette année une très belle affiche de concerts et de spectacles pour des publics larges et divers : Une affiche multiculturelle qui va allier l’électro-rock des Britanniques d’Archive (Arkaïve), la voix rauque et haut perchée du chanteur folk rock israélien Asaf Avidan, l’orchestre world music Staff Benda Bilili, originaire de Kinshasa et principalement composé de personnes handicapées.

Nous serons également très heureux d’accueillir, pour la première fois, ce grand chanteur français au style unique : M, dont le concert va sans nul doute décoiffer le public de la Fête. Tryo, HK et les Saltimbanks feront se tendre les mains et se dresser les poings en rythmes et en révoltes. Les Zebda nous font le plaisir et l’honneur de retracer en chansons, sur la grande scène de la Fête de l’Humanité, le coup d’État de Pinochet au Chili et l’assassinat du président Salvador Allende, le 11 septembre 1973, il y a quarante ans.

Nous accueillerons aussi mon ami Yvan Le Bolloc’h, Sanseverino, Féfé, Empire Dust, Erik Marchand et Demi-Mondaine, le lauréat du Grand Zebrock 2013.

La musique classique sera une nouvelle fois bien présente avec l’Orchestre national de France, en partenariat avec Radio France, mais également avec l’orchestre Divertimento, dirigé par notre amie Zahia Ziouani.

Enfin, nous sommes très heureux d’accueillir le dimanche après-midi, sur la grande scène de la Fête de l’Humanité, Jamel Debbouze, pour un final tout en rire et en fraternité populaire.

Cette belle, éclectique et populaire, programmation de concerts et de spectacles nous promet une belle Fête de l’Humanité 2013.

Sa réussite se joue dès maintenant avec la vente de la vignette-bon de soutien à l’Humanité, occasion exceptionnelle de rencontrer ses amis, ses voisins et ses collègues de travail, de faire le point avec eux dans une situation à bien des égards complexe et inédite. De leur montrer l’esprit d’ouverture et de dialogue dont nous voulons que la Fête 2013 soit l’expression.

Cet esprit d’union qui marqua toute l’œuvre du fondateur de notre journal, Jean Jaurès, dont nous célébrerons l’année, avec d’autres, jusqu’au 31 juillet 2014, date du centième anniversaire de son assassinat.

Rendez-vous de la solidarité internationaliste, des libertés et du codéveloppement humain, la Fête débattra des solidarités indispensables à construire avec les peuples et la jeunesse latino-américaine, avec ceux des pays arabes qui cherchent les voix de la justice, de la liberté et de l’émancipation humaine.

La Fête 2013 fera un sort particulier au combat international engagé pour la libération de Marwan Barghouti et des prisonniers politiques palestiniens.

Une nouvelle fois, la Fête va être le grand carrefour des débats, de la culture et de tout ce que la générosité humaine peut porter de meilleur pour bâtir un monde de justice, de liberté et de paix. Ensemble, maintenant, partons à la rencontre de nos voisins, de nos proches, de nos collègues au travail, pour faire connaître le sens, le programme de cette Fête, en leur proposant le bon de soutien pour construire ensemble une belle, une grande Fête de l’Humanité.

C’est parti ! La Fête portera l’exigence 
d’un changement de cap à gauche

22/06/2013

INDONESIE, LE GENOCIDE OUBLIE !

indonesia.jpgLe 30 septembre 1965, le putsch de Suharto, réalisé avec le soutien de la CIA, déclenche une véritable tuerie des communistes et des démocrates indonésiens, qui fait entre 500 000 et 2 millions de victimes.

LE PARTI COMMUNISTE INTERDIT
Le 30 septembre 1965 débutait en Indonésie " l'un des pires meurtres de masse du XXe siècle ", au propre dire de la CIA, qui fut l'instigatrice du massacre.
En ces années de guerre froide, le régime indépendantiste de Sukarno, l'un des fondateurs du Mouvement des non- alignés, soutenu par le Parti communiste indonésien (PKI), constitue, selon Washington, un foyer " d'infection " susceptible de " s'étendre à l'ouest ", et d'autant plus inquiétant que le PKI se renforce d'une élection à l'autre.
Il compte à l'époque 3,5 millions de membres (sur une population alors d'une centaine de millions d'habitants) et d'importantes organisations de masse, parmi les paysans, les femmes et les jeunes, capables de rassembler quelque 15 millions de personnes.

REVELATIONS SUR UN MASSACRE
Des révélations du Washington Post en 1990 font état de déclarations d'un ancien membre de la section politique de l'ambassade américaine à Jakarta, Robert J. Martens. Ce dernier explique qu'il y dirigeait un groupe de fonctionnaires du département d'État et de la CIA, qui, précise-t-il, ont consacré deux ans à la constitution de ces listes de communistes. Cette révélation confirme que, dès 1963, Washington préparait une action subversive en Indonésie.

Le silence qui s'est abattu depuis quatre décennies sur les événements du 30 septembre 1965 a contribué à épaissir le mystère de l'origine du déclenchement de cette action.
Il y aurait eu une tentative de putsch par une poignée d'officiers proches du PKI, voulant " protéger le président Sukarno " contre des éléments réactionnaires de l'armée préparant un coup d'État.
En 2000, le colonel Latief, commandant une brigade d'infanterie implantée dans la capitale Jakarta et qui fut incarcéré en 1965 et libéré en 1999, témoigne que Suharto, alors commandant des forces stratégiques de l'armée, avait été mis au courant du complot contre Sukarno, dans lequel trempaient sept généraux. Ces derniers ont été enlevés dans la nuit du 30 septembre et assassinés. Débute alors une campagne de propagande minutieusement préparée accusant les communistes d'être les auteurs du rapt. S'enchaîne alors une méthodique et sanglante chasse aux " athées ".
L'Indonésie vécut une sorte de génocide dans la quasi-indifférence mondiale. Le PKI, et toutes les organisations qui lui étaient proches : syndicats, fédération des enseignants, organisations de jeunesse, des femmes, etc., furent anéantis en quelques semaines.
En mars 1966, Sukarno fut écarté officiellement du pouvoir par Suharto. Dans un rapport datant de 1983, la CIA a estimé qu'il y eut 250 000 morts. Des généraux indonésiens comme Sudomo et Sarwo Edhie, proches de Suharto, ont avancé des chiffres allant de 500 000 à 2 millions de tués.

LA LISTE MAUDITE
Toujours selon les révélations du Washington Post, les listes dressées par les fonctionnaires américains ont concerné des milliers de personnes, " allant des responsables communistes indonésiens, depuis les échelons supérieurs jusqu'aux cadres locaux dans les villages ".
Ces listes ont, par la suite, été remises aux militaires indonésiens pour perpétrer leurs massacres. En retour, l'ambassade recevait des putschistes la liste des personnes assassinées, permettant " un pointage systématique par la direction de la CIA à Washington, des exécutions qui avaient été menées à bien ".
" Vers la fin de janvier 1966, les noms rayés sur les listes étaient si nombreux que les analystes de la CIA ont conclu à la destruction de la direction du PKI ", a expliqué au journal Joseph Lazarsky, ancien chef adjoint de la CIA en Indonésie. Le quotidien précise qu'il n'a jamais pu être prouvé que les communistes indonésiens aient été impliqués dans l'assassinat des généraux. Tout au long des trente-trois années de dictature, la répression n'a jamais faibli.
Entre 1985 et 1990, Suharto a fait exécuter dans la clandestinité 22 dirigeants communistes, syndicalistes et militaires progressistes, qui croupissaient en prison depuis vingt-cinq ans.

Condamnés à mort après la prise du pouvoir du dictateur, aucune grâce ne leur fut accordée.
Il y eut aussi plus d'un million de personnes incarcérées ou déportées dans l'île de Buru. Emprisonnées sans jugement durant dix à quinze ans. Estampillées ensuite " ex-prisonniers politiques " (les tapols), elles restèrent complètement marginalisées au sein de la société indonésienne.
Ce sont des millions d'Indonésiens qui furent frappés par cette exclusion durant trois décennies en vertu, du décret de 1966 pris par l'Assemblée constituante interdisant le " communisme ".
Tous les condamnés politiques pour " faits de communisme ", leur famille et leurs descendants sont frappés d'indignité nationale et interdits de recrutement dans aucun des postes de la fonction publique et dans de nombreuses activités relevant du secteur privé. Ces victimes ont représenté une catégorie de " sous-Indonésiens ", exclus de la citoyenneté, juste autorisés à survivre comme ils le pouvaient dans le cadre d'une étroite et permanente surveillance.

TOUJOURS LA REPRESSION
Ce décret n'est toujours pas aboli. Les droits politiques de millions de personnes n'ont pas été rétablis.
L'ostracisme qui les frappe perdure, profondément ancré dans la conscience intime de la nation indonésienne elle-même. Le président Abdurrahman Wahid (Gus Dur), le premier président démocratique de la période post-Suharto, avait fait oeuvre, en 2001, à titre personnel, de repentance et présenté aux victimes et à leurs descendants tous ses regrets pour la participation des milices musulmanes à l'exécution des massacres sous la direction des forces militaires.
Mais, en tant que président, il se montra incapable de lancer un débat national sur la période écoulée. Sa proposition au Parlement de lever l'interdiction frappant tout ce qui touche de près ou de loin au marxisme et au communisme - tous les livres sur le sujet sont interdits depuis plus de trente ans - s'est heurtée à une puissante opposition, animée par les militaires et le président de l'Assemblée consultative du peuple de l'époque, Amien Rais. Ce dernier a reconstitué un Nouveau Front anticommuniste (FAK), qui dénonce, entre autres, " l'athéisme insupportable des communistes dans un pays à 90 % musulman et leur manque d'attachement à la nation indonésienne et leur allégeance à Pékin et Moscou.
" L'un des objectifs du FAK est de bloquer toutes les initiatives lancées depuis la chute de Suharto par les démocrates pour faire éclater la vérité sur le coup d'État. En annonçant en avril 1999 la création d'un " institut d'études sur les massacres de 1965-1966 ", un comité d'anciens tapols, dont le célèbre écrivain Pramoedya, s'est donné pour but de rassembler toutes les informations pouvant être collectées à travers le pays sur les massacres et de cerner au plus juste le nombre des victimes. Des équipes ont déjà repéré des charniers, mais les autorisations pour les examiner ne sont toujours pas délivrées.

PAS DE LIBERTE
Pour mettre véritablement un terme à la dictature, " il faut un jugement ", estiment les fondateurs de l'Institut, pour lesquels la capacité des successeurs de Suharto à revenir sur ces événements marquera véritablement ou non le changement réel du nouveau régime et l'instauration d'un État de droit.
On en est encore très loin.
À l'approche du quarantième anniversaire du putsch de 1965, des violents articles écrits par des militaires ont été publiés dans la presse indonésienne avec tout un arsenal d'arguments d'un autre temps, qui ont aussi pour objectifs de freiner le processus de démocratisation politique, syndical et judiciaire. Les espaces de liberté sont encore singulièrement réduits pour le monde du travail.
Écrire " classe ouvrière " dans un journal est passible de douze années de prison pour " incitation à la propagande communiste ".

Dominique Bari, l'Humanité du 01/10/2005

15:44 Publié dans International, L'Humanité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : indonésie, génocide, communiste | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook |

16/05/2013

Marcel Trillat: "Tant que l’Huma est là, il y a de l’espoir"

l'humanité, Souscription pour L'Humanité , marcel trillatUrgence pour l'Humanité Féru d’histoire, Marcel Trillat, journaliste et documentariste, demeure attaché à l’Humanité pour la parole qu’elle donne à la classe ouvrière et aux intellectuels.

L'Humanité et l'Humanité Dimanche sont en grand danger. Des difficultés de trésorerie les menacent gravement. Pour faire face à cette situation, l'Humanité et ses équipes font appel à leurs lectrices et lecteurs, aux organisations progressistes et démocratiques, à toutes les personnes attachées au pluralisme des idées et de la presse

L’Humanité est dans une situation de trésorerie très délicate. Comment réagissez-vous à l’idée qu’elle soit menacée 
de disparaître?

Marcel Trillat. Mes raisons d’être attaché à l’Huma sont multiples et évidentes. D’abord, c’est le journal fondé par Jaurès, pour qui j’ai toujours eu une grande admiration. Ce titre est né avec l’apport de la classe ouvrière, à laquelle il était d’abord destiné, mais aussi avec celui des grands intellectuels de l’époque. C’était quelque chose, dans le contexte ! Mais je songe également à l’Huma durant la Seconde Guerre mondiale, clandestine, avec ses exemplaires ronéotés avec les moyens du bord, par des gens qui risquaient leur vie. Tout cela a une valeur sentimentale. Et puis, je suis né à la politique pendant la guerre d’Algérie, j’avais quatorze ans en 1954. Avec d’autres jeunes, on se battait comme des chiens contre les horreurs de cette guerre. Et je me souviens de l’Huma paraissant avec des grands espaces blancs sur la première page, à l’emplacement d’articles censurés parce que jugés trop fraternels. Nous avions eu des parents résistants, nous faisions le rapprochement. Cette période d’horreurs, de tortures en Algérie m’a définitivement marquée. Et l’Huma, malgré des moments moins glorieux, dus aux aveuglements du Parti communiste à une époque, participe de cet imaginaire-là.

Pour la réalisation de vos films historiques, il vous a été précieux de consulter ses archives?

Marcel Trillat. Oui, je m’y suis replongé souvent! Mais mon attachement a aussi des raisons plus actuelles. Je lis tous les journaux. Je cherche mon miel un peu partout, il faut admettre que j’en trouve de moins en moins. Qu’est-ce qui resterait comme journal de gauche s’il n’y avait plus l’Huma?

Justement, que serait, selon vous, le monde médiatique sans l’Humanité?

Marcel Trillat. Ce serait un véritable désastre. Certes, le manque de moyens se ressent parfois à la lecture. Je me mets parfois à votre place, me disant que ne plus avoir les moyens de multiplier les reportages doit être un crève-cœur. Mais, malgré cela, vous avez réussi à continuer à faire un grand journal. En faisant participer de grands intellectuels, notamment. Cela apporte énormément de choses. Je me jette dessus! Et puis, j’adore le supplément Cactus du jeudi et le suivi des grandes luttes sociales. L’Huma est souvent désespérément seul pour défendre ceux dont la vie est en train d’être bousillée par la finance. L’Huma leur donne la parole et explique pourquoi tout cela est insupportable et comment les choses pourraient se passer autrement. Ça, c’est irremplaçable! Oui, pour tous les gens qui se battent aujourd’hui, l’Huma est irremplaçable. Laisser disparaître ce journal aujourd’hui, ce serait comme leur mettre un bâillon sur la bouche. Tant que l’Huma est là, il y a de l’espoir!